L’Éthiopie constitue le premier récipiendaire d’APD en Afrique

L’Éthiopie est aujourd’hui le 1er bénéficiaire d’APD nette en Afrique sub-saharienne et le troisième au monde derrière la Syrie et le Yémen, avec une APD total nette de 4,9 Mds USD en 2018. L’arrivée du Premier ministre Abiy au pouvoir en 2018 et son discours réformateur ont conduit les bailleurs à encore davantage se mobiliser.

L’action des bailleurs suit les différentes stratégies du gouvernement, les plans quinquennaux Growth and Transformation Plans jusqu’à 2020, et le Homegrown Economic Reforms à partir de 2019. Elle s’appuie sur la volonté de réforme économique du gouvernement, la libéralisation d’un certain nombre de secteurs et sur le rééquilibre des comptes externes.

Sur la décennie écoulée, l’Éthiopie est devenue un bénéficiaire incontournable de l’APD, reflet de son rôle de stabilisateur dans la région et de sa forte capacité d’absorption. Le premier bailleur du pays est la Banque mondiale avec plus de 40 % de l’aide versée en 2018 (2,1 Mds USD), soit un doublement par rapport à l’année précédente à la faveur de l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Abiy. L’Éthiopie a bénéficié de la plus importante enveloppe au niveau mondial sous IDA18 (4,7 Mds USD) et de la seconde en Afrique sub-saharienne sous IDA19 (5,3 Mds USD). La Banque mondiale intervient dans l’ensemble des secteurs et fait office de moteur pour le reste de bailleurs. USAID constitue le second bailleur (21% de l’APD nette au cours des cinq dernières années) et affiche ses priorités dans les secteurs de la modernisation de l’économie, de la santé et de l’assainissement et de la réponse aux crises humanitaires.

L’appui des bailleurs a permis de faire chuter rapidement le taux de pauvreté, passant de 30 % en 2011 à 24 % en 2016. Pour autant, les 10 % des plus pauvres, vivant en majorité dans les zones rurales, n’ont pas vu leurs revenus augmenter depuis 2005, ce qui les a conduits à se trouver dans une situation plus précaire en 2016 que dix ans auparavant. Alors que 75 % de la population continue de vivre de l’agriculture, le taux de pauvreté en zone rurale s’élève à 26 % en 2016 (15 % dans les villes). Le PIB par tête – 878 USD en 2019 – reste faible du fait de la croissance démographique (2,6 % par an), alors que la croissance demeure très peu inclusive - le coefficient Gini est passé de 0,3 en 2004 à 0,35 en 2015.

L’Éthiopie est classée dans la catégorie des pays les moins avancés et affiche un risque de surendettement élevé sur sa dette extérieure. A ce titre, 63 % de l’aide décaissée correspond à des subventions. En raison du non-respect par l’Éthiopie de la limite d’endettement non-concessionnelle et de retards de déclaration de ces derniers, la Banque mondiale a imposé des sanctions. De ce fait, la moitié des enveloppes IDA Éthiopie correspondent à des prêts concessionnels alors que le statut du pays pourrait lui permettre de bénéficier intégralement de subventions. En revanche, la très grande capacité d’absorption institutionnelle éthiopienne permet d’absorber l’aide apportée par les bailleurs.

Néanmoins, des difficultés émergent depuis quelques mois sur le front des décaissements. En effet, l’Éthiopie constitue également le 2ème débiteur de la Chine (11,7 Mds USD de prêts octroyés depuis 2007/08) sur le continent Africain derrière l’Angola et doit désormais faire face à ses engagements financiers. A ce titre, plusieurs décaissements d’appuis budgétaires sont actuellement en attente de rééchelonnements des dettes bilatérales par les créditeurs hors Club de Paris.

 

 Profil de l’APD de l’Ethiopie (source OCDE)

Classification (BM, 2020) : PMA

Programme FMI en cours : oui

APD en part de RNB (BM, 2018) :  5,9 %

APD par habitant :  45,1 USD

Niveau d’endettement selon le FMI: élevé

 

APD reçue dans le cadre de la Covid19

L’Éthiopie a bénéficié de 2,1 Mds USD d’appuis budgétaires en réponse à la crise de la Covid-19 – sans conditionnalité – des principaux bailleurs entre mars et juin 2020. La BM a contribué à hauteur de 996 M USD, le FMI de 411 M USD, la BAfD de 160 M USD et l’Allemagne de 131 M USD. Au total, le gouvernement estimait à fin juin 2020, le besoin de financement lié à la crise à 4,5 Mds USD. Le DPO d’urgence de la BM (500 MUSD) demeure à ce stade bloqué (cf supra). L’AFD devrait contribuer à hauteur de 70 M EUR dans le cadre d’un programme conjoint avec l’UE pour la défense de l’emploi et la préparation d’une reprise durable fondée sur le développement des PME et le travail décent.

Focus sur un projet clé

La BM est engagée dans un programme d’appui budgétaire en soutien aux réformes économiques de trois ans dont les 2 premières tranches ont déjà été décaissées (1,95 Md USD). L’incertitude subsiste quant au calendrier du décaissement de la 3ème tranche qui vise 500 M USD et qui devrait clôturer ce programme (qui pourrait être suivi d’un 2nd). Ce programme entend : (i) maximiser le financement pour le développement, (ii) améliorer le climat des affaires et développer le secteur financier, (iii) renforcer la transparence publique et la comptabilité nationale.

L’AFD soutient également ces réformes grâce à un appui budgétaire (85 M EUR) et un programme d’assistance technique (15 M EUR).

           

 

 

 

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