Le commerce extérieur de l’Espagne au premier semestre 2019

Le solde commercial espagnol des biens est structurellement déficitaire. Au premier semestre 2019, le déficit commercial s’est encore creusé de 0,9 % g.a pour atteindre près de 15 Md€, le solde commercial hors énergie restant déficitaire (2,6 Md € au S1 2019). Les exportations dans le secteur automobile affichent la plus forte baisse (-5,7 % g.a), et leur part dans les exportations totales espagnoles se réduit (15,8 %/17,1 % au S1 2018). Géographiquement, les Etats-Unis se positionnent au premier semestre comme le principal contributeur à la croissance des échanges commerciaux espagnols, dans un contexte marqué depuis fin 2018 par des annonces d’augmentation des droits de douane sur un certain nombre de produits phares. Depuis ces résultats, qui concernent le S1 2019 uniquement, certains risques se sont matérialisés, notamment pour le secteur agroalimentaire (765 M € d'exportations du secteur concernés, dont l'huile d'olive, le vin, les olives de table, les fromages et la viande de porc), et d'autres pourraient suivre (secteur automobile).

1. Le déficit enregistre une légère hausse, les exportations de biens ralentissent

La croissance des exportations espagnoles ralentit au premier semestre 2019. Moteur important de la reprise depuis 2014, et même si elles ont une nouvelle fois atteint un niveau record au premier semestre 2019 avec plus de 147 Md € de biens exportés, les exportations espagnoles ralentissent leur croissance. Elles sont en effet en hausse de 1,7 % g.a au S1 2019 (cf. tableau 1), contre +2,9 % g.a au S1 2018 et encore +10 % g.a en 2017. Le ralentissement des exportations espagnoles fait écho à l’atonie des importations, qui augmentent de 1,6 % g.a entre janvier et juin 2019, pour s’élever à près de 162,1 Md € (cf. Tableau 1). Les importations suivent ainsi une évolution similaire aux exportations, après des résultats dynamiques au S1 2018 (+5 % g.a) et au S1 2017 (+11,8 %).

Le déficit commercial sur le premier semestre 2019 augmente de 0,9 % g.a, du fait d’une croissance en volume des importations légèrement supérieure à celle des exportations, le déficit commercial espagnol progresse faiblement et s’établit à 14,7 Md € alors qu’il atteignait 14,6 Md € au premier semestre 2018 (cf. Tableau 1). 

Le déficit commercial hors énergie s'élève quant à lui à 2,6 Md € au premier semestre 2019 (contre 2,3 Md € au S1 2018).

 

2. Les biens semi-manufacturés et alimentaires, piliers du secteur extérieur

Les biens semi-manufacturés et les produits alimentaires tirent les exportations espagnoles. Premiers types de biens exportés par l’Espagne (1/4 des exportations), les biens semi-manufacturés, et en particulier les produits chimiques, sont les principaux contributeurs à la croissance des exportations espagnoles au premier semestre 2019 (+ 2,9 % g.a, contribution de 0,7 p.p). Les exportations en produits alimentaires, représentant au S1 2019 presque 17 % des exportations totales, contribuent également à la croissance des exportations (+ 3,5 % g.a, pour une contribution de 0,6 p.p). A l’inverse, les matières premières et le secteur automobile connaissent une baisse de leurs exportations (cf. Tableau 1 et Graphique 4).

Après avoir augmenté l'année dernière, les exportations dans le secteur automobile stagnent de nouveau au S1 2019 (-5,7 % g.a): selon l’Anfac (association des professionnels du secteur), la production de véhicules automobiles en Espagne a diminué de 5,6 % g.a sur les 6 premiers mois de 2019. Ce sont surtout les exportations d’automobiles et de motos qui ont fortement diminué (-7,3 % g.a) alors que celles de composants automobiles l’ont fait dans une moindre mesure (-1,9 % g.a). La part du secteur automobile dans les exportations espagnoles diminue de nouveau et atteint 15,8 %, contre 17,1 % au S1 2018 (cf. Graphique 5).

Les importations espagnoles sont tirées principalement par les biens d'équipement (21,3 % des importations espagnoles totales) tandis que les importations de matières premières (-10,9 %), du secteur automobile (-2,5 %) et de biens alimentaires (-2,1 %) diminuent sur la période (cf. Tableau 1 et Graphique 4).

 

3. Depuis la reprise économique, le commerce est tiré par les échanges avec l’UE

L'Union européenne demeure le partenaire historique et principal de l'Espagne: au premier semestre 2019, 65,4 % des exportations espagnoles se font à l’intérieur de l’UE et 52,3 % de ses importations proviennent de cette zone (cf. Tableau 4). La France, l’Allemagne et l’Italie sont ses principaux clients et fournisseurs, puis suivent le Portugal et le Royaume-Uni (cf. Tableau 2). En dehors de l’UE, les Etats-Unis continuent d’occuper une place de choix parmi ses fournisseurs [1]. Par ailleurs, depuis les années 2000, la Chine est devenue un partenaire privilégié de l’Espagne [2] : le 3ème fournisseur de l’Espagne devant l’Italie (Cf. Tableau 3).

Le dynamisme du commerce exérieur espagnol reste dépendant de l'UE. Durant la crise économique, les entreprises avaient diversifié leurs marchés à l’exportation pour faire face à la récession européenne en se tournant notamment vers l’Amérique Latine. Néanmoins, avec le retour de la croissance européenne et le marasme économique des grands pays d’Amérique Latine, la croissance des échanges a été le fait des pays européens jusqu’au premier semestre 2018. Depuis, les échanges de l’Espagne avec les pays de l’UE sont de moins en moins dynamiques. Parmi ses cinq principaux partenaires européens, seules les exportations vers le Portugal ont augmenté de plus de 1,5 % (+4,8 % g.a). Ainsi, la contribution portugaise aux exportations totales est la même que celle des Etats (Unis (0,3 p.p). Par ailleurs, les importations en provenance de ces mêmes partenaires sont à la baisse, totalisant une contribution négative de -1,3 p.p (cf. Tableau 4). La Chine est le pays avec lequel l’Espagne entretient le plus gros déficit commercial et celui-ci se creuse au S1 2019 (10,9 Md € soit +1,6 Md € en g.a).



[1] Contribuant à la croissance des exportations (4,6 % des exportations totales ; 0,3 p.p de contribution) et surtout à celle des importations (4,8 % des importations totales ; 0,8 p.p de contribution).

[2] Part de marché : passée de 2 % dans les années 1990 à plus de 6 % dans les années 2000 pour atteindre près de 9 % aujourd’hui.

 

Publié le