Le commerce extérieur de l’Espagne au 1er semestre 2018

Le déficit commercial espagnol se creuse de 31,5 % (g.a) au premier semestre 2018. Le solde commercial hors énergie enregistre également un déficit (2,3 Md €), principalement en raison de la perte de dynamisme des exportations. Les exportations dans le secteur automobile, en revanche, augmentent de nouveau au S1 2018 (+2,2 % g.a), même si la part du secteur dans les exportations totales espagnoles est loin du niveau atteint il y a deux ans (17,1 % contre 18,9 % au S1 2016). Géographiquement, la France se positionne comme le principal contributeur à la croissance des échanges commerciaux espagnols.   

 

Evolution du commerce extérieur espagnol depuis 1995, en milliards d’euros

graphique 1

                                                                                                                        Source: Datacomex 

Evolution du solde commercial espagnol depuis 1995, en milliards d’euros

graphique 2

                                                                                                                        Source: Datacomex

1. Le déficit commercial espagnol se creuse début 2018 à cause de la baisse du rythme d'augmentation des exportations et de la hausse du prix du pétrole.

Les exportations espagnoles sont moins dynamiques en ce début d’année 2018. Ayant constitué un moteur important pour l’économie espagnole pendant et après la crise, et même si elles ont une nouvelle fois atteint un niveau record au premier semestre 2018 avec 145 Md € de biens exportés, les exportations espagnoles ralentissent leur croissance. Les ventes espagnoles à l’extérieur sont en effet en hausse de 2,9 % g.a au S1 2018, contre +10 % l’année précédente à la même période (Cf. Annexe 1). Celles-ci augmentent ainsi à un rythme similaire à celui du PIB, contribuant de façon moindre à la croissance de l’économie espagnole.

Cette baisse de régime des exportations espagnoles contraste avec la vitalité de la croissance des importations, qui augmentent de 5 % g.a entre janvier et juin 2018, pour s’élever à près de 160 Md € (Cf. Annexe 1). Même si cette croissance est nettement plus faible que l’année dernière (11,8 % au S1 2017), l’impact de la dynamique importatrice sur le déficit commercial reste important début 2018 en raison principalement de la hausse du prix du pétrole et de l’appréciation de l’euro.  

Le déficit commercial sur le premier semestre 2018 se creuse de 31,5 % g.a. Du fait d’une croissance des importations plus soutenue que celle des exportations, le déficit commercial espagnol s’établit à 14,6 Md €, alors qu’il atteignait 11,1 Md € au premier semestre 2017 (Cf. Annexe 1).

2. L’excédent commercial hors énergie dégagé chaque premier semestre depuis 2012 se transforme en déficit.

Le déficit commercial hors énergie s’élève à 2,3 Md € au premier semestre 2018 (contre un excédent de 262 M € au S1 2017). De 2012 à 2017, l’Espagne avait dégagé un excédent commercial hors énergie chaque premier semestre résultant de la chute des importations en période de crise, excédent qui s’était malgré tout effrité depuis 2013 et qui s’était transformé en déficit sur l’ensemble des années 2016 et 2017 (Cf. Annexe 2).  

L’année 2018 devrait être marquée par un ralentissement des échanges commerciaux (hors énergie) après une année 2017 particulièrement dynamique. La dynamique importatrice enregistrée sur le premier semestre 2018 est inférieure à celle de l’année dernière sur la même période (+4,3 % contre +7,0 % g.a hors énergie). En parallèle, les exportations affichent un rythme de croissance en nette baisse par rapport à 2017 (+2,3 % contre +6,7 %).    

3. Les biens semi-manufacturés constituent le principal pilier du secteur extérieur espagnol.

Les biens semi-manufacturés et, dans une moindre mesure, les produits énergétiques tirent les exportations espagnoles. Représentant les premiers types de biens exportés par l’Espagne (1/4 des exportations totales), les biens semi-manufacturés, et en particulier les produits chimiques, sont les principaux contributeurs à la croissance des exportations espagnoles au premier semestre 2018 (exportations en hausse de 5 % g.a pour une contribution de 1,2 p.p). Les exportations en produits énergétiques, ne représentant au S1 2017 que moins de 7 % des exportations espagnoles totales, contribuent également assez fortement à la croissance des exportations (exportations en hausse de 11 % g.a pour une contribution de 0,7 p.p). A l’inverse, les produits alimentaires connaissent une baisse de leurs exportations (Cf. Annexes 1 et 3).

Après avoir stagné l’année dernière, les exportations dans le secteur automobile augmentent de nouveau au S1 2018 (+2,2 % g.a). Selon l’Anfac, la production de véhicules automobiles en Espagne a augmenté de 4,2 % g.a sur les 6 premiers mois de 2018, alors que les exportations espagnoles dans ce secteur ont été particulièrement dynamiques vers la France, l’Allemagne, l’Europe de l’Est ainsi que vers l’Algérie et l’Egypte. Ce sont surtout les exportations de composants automobiles qui ont augmenté (+5,9 % g.a) alors que celles d’automobiles et de motos sont restées quasi stables (+0,7 % g.a). La part du secteur automobile dans les exportations espagnoles diminue malgré tout pour la deuxième année consécutive et atteint 17,1 % contre 17,2 % au S1 2017 et 18,9 % au S1 2016 (Cf. Annexe 4).

La hausse du prix du pétrole dynamise les importations. Les importations énergétiques augmentent de plus de 9 % au premier semestre 2018 (+1,9 Md €) mais elles n’expliquent pas à elles seules la hausse des importations totales (Cf. Annexes 1 et 3). Les importations espagnoles sont en effet tirées principalement par les biens semi-manufacturés (1,7 p.p de contribution; 7,5 % de croissance) et également, dans une moindre mesure, par le secteur automobile (0,9 p.p de contribution; 7,0 % de croissance). Les importations de biens manufacturés de consommation, elles, diminuent sur la période.

4. Depuis la reprise économique européenne, le commerce est tiré par les échanges avec l’UE.

L’Union européenne demeure le partenaire historique de l’Espagne. Au premier semestre 2018, 66 % des exportations espagnoles se font à l’intérieur de l’UE et 54 % de ses importations proviennent de cette zone (Cf. Annexe 5). La France, l’Allemagne et l’Italie sont ses principaux clients et fournisseurs. Au classement de ses principaux clients suivent le Portugal et le Royaume-Uni (Cf. Annexe 6), en sachant que les exportations et les importations de l’Espagne vers et depuis ce dernier pays, sous l’effet probable du Brexit, ont nettement diminué au S1 2018 (-3 % g.a et -4,2 % g.a, respectivement). De leur côté, les Etats-Unis continuent d’occuper une place de choix parmi ses fournisseurs, même si la part de marché étasunienne en Espagne diminue et se trouve désormais au même niveau que celle des Pays-Bas. Par ailleurs, depuis les années 2000, la Chine est devenue un partenaire privilégié de l’Espagne, sa part de marché ayant bondi de 2 % dans les années 1990 à plus de 6 % dans les années 2000 pour atteindre près de 8 % aujourd’hui. La Chine est ainsi devenue le troisième fournisseur de l’Espagne devant l’Italie (Cf. Annexe 7).

Le dynamisme du commerce extérieur espagnol reste dépendant de l’UE. Durant la crise économique, le gouvernement espagnol avait mené une stratégie de diversification des marchés à l’exportation pour faire face à la récession européenne ; les entreprises s’étaient notamment tournées vers l’Amérique Latine. Néanmoins, avec le retour de la croissance européenne et le marasme économique des grands pays d’Amérique Latine, la croissance des échanges est actuellement le fait des pays européens. Ce sont principalement le Portugal, la France et l’Allemagne qui soutiennent la croissance des exportations espagnoles vers l’UE au S1 2018 ; et la France, l’Allemagne et l’Italie qui contribuent le plus à celle des importations (Cf. Annexe 5). A noter que la Chine est le pays avec lequel l’Espagne entretient le plus gros déficit commercial et que celui-ci se creuse légèrement au S1 2018 (9,3 Md € soit +145 M € en g.a).

 

 

 

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