Relations économiques et commerciales bilatérales

Échanges commerciaux France-Égypte en 2023 : retour aux fondamentaux

Le volume total des échanges bilatéraux sur l’année 2023 s’établit à 2,9 Md EUR, soit un niveau très largement inférieur à celui observé en 2022 (4,5 Md EUR, résultat porté principalement par nos exportations céréalières) et légèrement supérieur à la moyenne annuelle des dix dernières années (2,8 Md EUR). Nos exportations retrouvent leur niveau d’avant crises sanitaire et ukrainienne à 1,8 Md EUR tandis que nos importations depuis l’Égypte totalisent 1,1 Md EUR, soit 50 % de moins qu’en 2022 mais 20 % de plus que sur la moyenne annuelle de la décennie. La forte dépréciation de la livre égyptienne en 2023 (-60 % de parité EGP/USD en g.a.) n’aura pas permis de relancer les exportations du pays en raison (i) de la faiblesse de l’appareil exportateur égyptien, (ii) des difficultés d’importation des intrants indispensables à la production et (iii) de la chute du cours et des volumes du GNL. Pour autant, la France ne renoue que partiellement avec son traditionnel excédent en année pleine (1,1 Md EUR en moyenne depuis 2015), avec un solde commercial de 663 M EUR, notamment du fait de la pénurie de devises qu’a connu l’Egypte. Le commerce franco-égyptien renoue ainsi avec une structure plus habituelle.

Des exportations en baisse mais qui retrouvent un niveau et une structure plus traditionnels au profit du matériel de transport et au détriment des céréales

Un net recul de la plupart de nos postes d’exportation

La quasi-totalité de nos exportations à destination de l’Égypte présente une baisse en 2023. Au total, la variation annuelle est de -24 % pour des exportations s‘élevant à 1,8 Md EUR (après 2,3 Md EUR un an plus tôt). Cette baisse s’explique avant tout par les répercussions de la dégradation de la situation économique et financière de l’Égypte, la pénurie de devises limitant la capacité des importateurs à payer les marchandises étrangères et la forte dépréciation de la monnaie locale face à l’euro les renchérit (la monnaie égyptienne a, en moyenne annuelle, perdu 60,6 % de sa valeur passant de 20,2 EGP/EUR à 33,3 EGP/EUR entre 2022 et 2023).

Si les données en année calendaire ne traduisent qu’imparfaitement la réalité des échanges céréaliers, plutôt quantifiés en campagnes de récolte, le net recul du poste céréalier de 81 % en g.a. à 92 M EUR, explique l’essentiel de la baisse de nos exportations et un solde commercial moins important qu’anticipé. Le volume exceptionnellement élevé de blé français vendu à l’Égypte en 2022 (1,2 Mt) pour répondre aux besoins de l’Égypte suite à l’invasion russe en Ukraine, avait entrainé une hausse de 675 % en g.a. de nos exportations de céréales en 2022 (487,8 M EUR). D’autres postes d’exportation traditionnels accusent également un réel recul : les produits et préparations pharmaceutiques baissent de 27 % en g.a. à 216 M EUR tout comme les fromages et produits laitiers qui affichent une baisse de 31 % en valeur à 49 M EUR, notamment du fait de la chute de l’EGP et des incertitudes liées aux nouvelles exigences de certification Halal. De même, le poste « autres produits industriels », qui compte pour 35 % du total de nos ventes, accuse une baisse de 25 % en g.a. à 612 M EUR. Ces postes de ventes traditionnels sont en baisse comparativement à 2022 mais retrouvent les niveaux des années précédentes. Ainsi, les produits pharmaceutiques comptent pour 12 % du total de nos exportations correspondant à un retour aux niveaux des années pré-crise sanitaire et ukrainienne, de même pour les produits sidérurgiques de base et ferroalliages (-28 % en g.a. mais seulement -4 % comparativement à 2021).

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Une accélération des ventes françaises de matériel aéronautique et de transports

A contrecourant, le poste matériel de transport s’affiche en hausse de 21 % en g.a à 548 M EUR et représente 31 % du total des exportations. Ce poste se décompose essentiellement en deux sous-ensembles : les « aéronefs et engins spatiaux », constitués par la livraison en leasing des sept Airbus A321 destinés à la compagnie aérienne nationale Egyptair au cours de l’année 2023 (le poste est le premier contributeur de nos exportations à 303 M EUR soit 17,4 % du total). Nos exportations automobiles représentent près de 12 % du total de nos exportations (205 M EUR soit +151 % en g.a). Le poste matériel de transports est donc largement contributeur à notre excédent commercial bilatéral.

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Une baisse de moitié des importations en provenance d’Égypte dans plusieurs secteurs 

La baisse marquée des importations d’hydrocarbures et d’engrais 

Nos importations depuis l’Egypte atteignent 1,1 Md EUR sur l’année 2023, soit une baisse de 50 % en g.a. La chute des cours mondiaux de certaines ressources a particulièrement affecté l’Egypte. Les importations françaises depuis l’Egypte sont en effet constituées d’hydrocarbures naturels et autres produits des industries extractives à hauteur de 15 %. Ce poste enregistre toutefois une baisse de plus de 80 % à 166 M EUR en 2023. Si la chute du cours du pétrole conjuguée à celle du GNL explique pour partie cette variation, la baisse de la production locale de GNL de l’ordre de 11 % en 2023 couplée à la hausse de la demande intérieure (pics de chaleurs de la saison estivale et baisse des importations de gaz israélien) demeure le facteur principal : ce poste chute de 83 % en variation annuelle à 130 M EUR passant de 38 % à 12 % du total de nos importations en provenance de l’Egypte. Enfin, 85 % de nos achats de GNL ont été effectués sur les six premiers mois 2023. Par ailleurs, les engrais et composés azotés, premier poste d’importation en 2023 pour 19 % du total et 207 M EUR, affichent une baisse de 57 % en variation annuelle après avoir connu une forte hausse en 2022 (+154 % à 482 M EUR).

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A l’exception des produits agricoles et agroalimentaires, des vêtements et des produits chimiques, toutes les importations en provenance d’Égypte sont en baisse.

Plus de 50 % des importations en valeur sont réalisées par le poste « autres produits industriels » qui baisse de 30 % à 591 M EUR. Le second poste d’achat est constitué des hydrocarbures (15 % du total), suivi de ceux d’équipements électriques, informatiques et électroménagers dont la part relative dans les importations croît sensiblement (de 8 % en 2022 à 13 % en 2023) mais qui accuse parallèlement une baisse de 16 % en valeur. Seuls les achats de produits agricoles et des industries agroalimentaires augmentent respectivement de 91 % et 63 %. Parmi les produits qui réalisent les meilleures performances, les agrumes connaissent une progression notable (+191 % en g.a.) ainsi que les légumes et melons (+ 78 %). Les produits chimiques de base et les vêtements connaissent aussi une forte progression annuelle, respectivement + 53 % et + 10 %. Tous les autres postes d’importations s’affichent en baisse, du fait des difficultés macroéconomiques égyptiennes, conjoncturelles et structurelles, qui ont contribué à renchérir le coût des intrants importés. Sur l’exercice 2022/23, près d’un tiers des importations égyptiennes non pétrolières étaient constituées de biens intermédiaires nécessaires à la production locale (accessoires automobiles, composés organiques, plastiques, etc.).

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Présence économique française et investissements

En 2021/22 les flux d’investissements directs français en Égypte ont atteint 550 M USD, faisant de la France le 10ème investisseur en Égypte. Avec environ 180 filiales qui emploient directement plus de 50 000 personnes pour un stock d'investissement total estimé à environ 5 Mds EUR, les entreprises françaises ont su s’inscrire durablement dans le paysage économique égyptien avec une présence diversifiée :

  • Construction & Industrie : Air Liquide, Vinci, Bouygues, Saint Gobain, Arkema, Vicat, Consolis etc…
  • L’énergie : TotalEnergies (Distribution, Total Eren), Engie, Voltalia, EDF Energies renouvelables, etc.
  • Eau & Assainissement : Véolia, Suez etc, etc.
  • Les transports : Alstom, RATP Dev, Colas Rail, ETF, Systra, Poma, Thalès, Valéo, NGE-TSO, etc.
  • La production manufacturière d’équipements électriques, électroménager ou automobiles : Schneider Electric, Legrand, Nexans, Groupe Seb, Groupe Atlantic,  etc.
  • L’agroalimentaire : Lactalis, Danone, Bel, Savencia, Lesaffre, Soréal, etc.
  • L’industrie pharmaceutique et cosmétique : Servier, Ceva, L’Oréal, Sanofi, etc.
  • Les services : Orange, Crédit Agricole, Axa, Téléperformance, ATOS, Cegedim, Gide, etc.
  • La logistique : CMA-CGM, Bolloré, etc.
  • La grande distribution : Carrefour, Décathlon, etc.
  • Les franchises : Paul, Brioche Dorée, 5àSec, Fauchon, Yves Rocher, GoSport, Intersport etc.
  • Le tourisme : Air France, Groupe Accor, etc.

Retrouvez en vidéo plus d’informations sur 18 des principaux investissements d’entreprises françaises réalisés en Égypte ces trois dernières années pour un montant de près de 2 milliards d’euros : Cliquez ici

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