ÉGYPTE
Commerce Extérieur de l'Egypte
Le commerce extérieur sur l'exercice 2022/23
Les échanges commerciaux de l’Egypte affichent une baisse de 16 % à 110,4 Md USD sur l’exercice budgétaire 2022/23 (juillet à juin), après trois années de hausse consécutive post crise sanitaire (dont +32 % à 131,2 Md USD en 2021/22). Le déficit commercial traditionnel du pays s’affiche quant à lui en baisse de 28,5 % à - 31,2 Md USD et représente désormais 8 % du PIB (contre 9,1 % à 43,2 Md USD en 2021/22). La contraction du commerce extérieur de l’Egypte et la réduction de son déficit, en dollars, reflètent le ralentissement économique, la dépréciation de la monnaie et la pénurie de devises. Les tensions sur le change alimentent également les pressions inflationnistes et pèsent sur les importations. Si l’UE reste le principal partenaire de l’Egypte (31 % du total des exportations), la place de premier fournisseur du pays revient à nouveau à l’Asie (24 % du total des importations). La France conserve sa part de marché qui progresse même légèrement de 2,4 à 2,6 %.
Le volume d’échanges de l’Egypte en baisse principalement du fait des restrictions aux importations
Une baisse du déficit commercial du fait de la contraction orchestrée des importations.
Du fait de la crise économique égyptienne, notamment suite aux répercussions de la guerre en Ukraine, la dépréciation de la livre égyptienne (EGP) face au dollar explique pour partie le recul marqué en valeur des échanges de 16 % passant de 131,2 Md USD en 2021/22 à 110,4 Md USD en 2022/23. Sur le précédent exercice, la parité moyenne était de 16,5 EGP/USD contre 25,9 EGP/USD en 2022/23 soit une dépréciation de 51,5 % en un an. Les exportations comme les importations s’inscrivent ainsi en baisse en glissement annuel, respectivement de 10 % et 19 %. A l’inverse sur l’exercice précédent, la hausse des exportations était de +53,1 % (43,9 Md USD), principalement portée par la forte progression de 109,1 % à 18 Md USD des exportations d’hydrocarbures. En 2022/23, les exportations (39,6 Md USD) demeurent toujours nettement inférieures aux importations (70,8 Md), dont la baisse s’explique en grande partie par les difficultés d’accès aux devises sur le marché officiel. De facto, le déficit commercial structurel s’améliore artificiellement pour atteindre 31,2 Md USD (-28,1 % en g.a), solde systématiquement négatif depuis 1960. La balance énergétique conserve pour une deuxième année consécutive son solde positif qui chute toutefois de 90 % à 410 M USD (après 4,4 Md USD en 2021/22). Ce résultat est dû à un effet volume négatif du fait des difficultés égyptiennes à exporter son gaz (chute de 4,9 % en volume en 2022) dans un contexte de raréfaction des réserves et de problèmes techniques sur le principal champ, conjugué à un effet prix, lié à la chute du cours du gaz sur les marchés.
Figure 1 : Le commerce extérieur égyptien
Source : Banque Centrale d'Egypte.
La poursuite du déficit commercial du fait de postes d'importations incompressibles.
Les importations d’hydrocarbures représentent à elles seules 14 % des importations égyptiennes, part qui est portée à près de 20 % si l’on on ajoute le pétrole non raffiné, soit un total de 14,2 Md USD. Ce poste connaît une quasi-stagnation en valeur mais, relativement au total des importations, l’augmentation est de 4 points de pourcentage sur un an. Les importations hors-hydrocarbures représentent 81 % des importations totales et s’établissent à 57,4 Md USD. Les importations égyptiennes non pétrolières sont constituées à 32 % de produits intermédiaires nécessaires à la production locale (accessoires automobiles, composés organiques, plastiques, etc.), à 19 % de biens de consommation (produits pharmaceutiques, véhicules, appareils électroniques, textile, etc.), à 11 % de biens d’équipement (équipements informatiques, matériaux de chantier…) et à 11 % de matières premières (blé, maïs, minerai de fer, etc.). L’importation de céréales (blé, maïs, riz) représente à elle seule plus de 9 % du total des importations pour un montant de 6,4 Md USD. Les exportations égyptiennes ne parviennent pas à compenser cette dépendance structurelle aux importations. Les exportations d’hydrocarbure représentent 35 % du total et ont rapporté 14 Md USD à l’Egypte en 2022/23 soit tout juste de quoi couvrir les importations de ce même poste. Les exportations hors-hydrocarbures représentent 65 % des exportations totales et s’établissent à 25,6 Md USD, à un niveau équivalent à l’exercice précédent. Elles sont constituées à 39,7 % de produits finis (phosphates, engrais, produits textiles, produits pharmaceutiques, etc.), à 14,9 % de produits semi-finis (or, produits organiques et de plastique, etc.), enfin à 9,7 % de matières premières (produits agricoles et coton). Ainsi, du fait de la baisse « artificielle » des importations, le déficit commercial s’améliore pour passer de 9,1 % à 8 % du PIB soit 31,2 Md USD.
Des secteurs globalement déficitaires mais un rééquilibrage géographique des échanges
Selon la nomenclature utilisée en comptabilité nationale égyptienne, sur les huit postes composant son commerce extérieur, six affichent un déficit en 2022/23. Seuls les produits textiles (+142,5 M USD) et la balance énergétique affichent un léger surplus (+410 M USD) grâce aux exportations de GNL pour 7,2 Md USD en 2022/23. Les échanges commerciaux de l’Egypte sont à l’image de son tissu industriel, centrés sur des productions à faible valeur ajoutée ou à forte intensité capitalistique, avec comme principaux produits excédentaires les engrais (2,2 Md USD, +127 % en un an) et les fruits et légumes (2 Md USD, +60 % en un an). Ainsi l’ensemble des grands postes commerciaux en dehors des hydrocarbures s’affiche en déficit ; malgré un ralentissement marqué des importations, le poste des produits et équipements électriques continue d’être le plus déficitaire (-8,5 Md malgré une amélioration de 22,1 % en g.a), suivi par les céréales et oléagineux (-6 Md malgré une amélioration de 20% en g.a). Les exportations d’hydrocarbures (34,9 % des exportations totales) sont en forte baisse de 6 points en g.a tandis que les importations d’hydrocarbures (18,9 % des importations totales) affichent une quasi stabilité à 13,4 Md USD. La consommation égyptienne de pétrole a en effet très fortement augmenté (+16,6 % en 2022) affectant la baisse de l’excédent énergétique du pays.
Un poids croissant des pays arabes comme facteur d'équilibre dans les échanges commerciaux.
Tant pour les importations que pour les exportations, la hiérarchie des principales régions partenaires est quasiment identique en 2022/23 à 2021/22 et la seule évolution notable est la place croissante des pays arabes dans le commerce égyptien. L’UE se maintient en 1ère position parmi les régions-clients de l’Egypte, absorbant 31,1 % de ses exportations (+2,5 % en g.a) à 12,3 Md USD. Cette bonne performance cache en réalité une légère baisse en valeur des échanges de 2 % en g.a (-243 M USD). A l’inverse, la relation avec les pays arabes s’accroit puisqu’ils conservent leur 2ème position, absorbant 21 % des exportations égyptiennes à 8,3 Md USD (+3,6 % en g.a), suivis en 3ème position par les autres pays européens qui totalisent 16 % des exportations égyptiennes. En valeur, les exportations à destination des pays arabes progressent de 8,8 % en un an tandis qu’elles chutent de 23,4 % en direction de l’Asie. Au niveau bilatéral, les principaux clients sont les Emirats arabes unis (8,9 %) qui passent devant les Etats-Unis (8,6%), suivis par la Turquie (7,3 %), l’Italie (5,6 %) et le Royaume-Uni (5,6 %). La France perd 4 places pour devenir le 11ème client de l’Egypte (2,5 %).
Tableau 1 : Les principaux clients de l'Egypte (en % des exportations)
Source : Banque Centrale d'Egypte.
Côté fournisseurs, comme l’an dernier, l’UE n’est plus le premier de l’Egypte avec 21 % des importations, dépassée par l’Asie (24 %), mais repasse très légèrement devant les pays arabes (20,5 %). La Chine conserve la première place mais voit sa part de marché passer pour la première fois depuis 2019 sous la barre des 10 % (9,3%), suivie par deux pays du golfe que sont les Emirats arabes unis (7,1 %) et l’Arabie saoudite (7 %), alors que le Koweït atteint 4 % de part de marché (2,4 % l’an dernier). Parmi les pays occidentaux, les Etats-Unis dominent toujours (6 %) suivis de l’Allemagne (4,5 %) puis, à 3 %, l’Italie. La France préserve sa part de marché (2,6 %) avec un total de 1,8 Md USD d’exportations vers l’Egypte (contre 2,1 Md USD en 2021/22).
Tableau 2 : Les principaux fournisseurs de l'Egypte (en % des importations)
Source : Banque Centrale d'Egypte.