Indicateurs et conjoncture

Septième économie latino-américaine (en termes de PIB courant en 2023 – ranking IDH 83) et économie complètement dollarisée, l’Equateur a affiché en 2023 un PIB de 122 Md USD, confirmant le retour aux niveaux d’avant pandémie (le niveau d’activité est – en termes réels – 8,3 % supérieur à celui pre-COVID).

Le pays offre un marché de plus de 18 millions d’habitants et possède d’abondantes ressources naturelles (pétrole, minerais, produits agricoles et aquacoles) et un secteur exportateur dynamique, qui font de lui l’un des principaux exportateurs de bananes, de crevettes, de roses et de cacao fin dans le monde. L’économie reste majoritairement tertiarisée (60 % de la VA), suivi de la manufacture (15 %) et l’agriculture et pisciculture (10 %). Le secteur pétrolier reste un élément essentiel de l’économie représentant 33 % des recettes de l’Etat et 25 % des exportations en 2023.

Le pays traverse une période de transition politique avec l’élection du Président Daniel Noboa, suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président Lasso et à la convocation à des élections générales en octobre 2023 et en vue de nouvelles élections générales en 2025. Après un rétablissement salué par les institutions multilatérales dans le cadre du programme FMI ayant pris fin en 2022, et permettant l’atteinte d’un équilibre budgétaire, la situation budgétaire s’est toutefois fortement et rapidement dégradée en 2023. Cette dégradation s’est déroulée dans le cadre de la hausse des coûts de financement, d’une forte baisse des recettes pétrolières (66 % en 2023, baisses concomitantes de la production et des prix) et de l’adoption de mesures tant en recettes qu’en dépenses sous la période 2021 – 2023 allant à l’encontre de soutenabilité budgétaire. Le pays affiche une croissance atone (0,1% en 2024 – prévisions FMI), et des besoins de financement importants, estimés à 8,5 Md USD en 2024.

Dans ce contexte, le FMI a approuvé un accès exceptionnel (EFF) pour l’Equateur équivalent à 4 Md USD. Ce nouveau programme qui s’étalera sur 48 mois a pour objectif de rétablir les équilibres fiscaux, macroéconomiques et financiers, tout en préservant les groupes les plus vulnérables de la population en renforçant les aides monétaires et en mieux ciblant les populations.  L’Etat a passé de mesures fiscales ambitieuses, mettant ainsi en place l’augmentation du taux normal de TVA qui passe de 12 % à 15 %, une augmentation de l’impôt à la sortie des devises de 3,25 % à 5 %, un impôt exceptionnel sur les profits des banques en 2023 et une contribution unique des entreprises générant d’importants chiffres d’affaires. L’Etat a par ailleurs procédé au rééchelonnement du règlement de ses créances vis-à-vis de la Banque centrale.

Le gouvernement reste ouvert aux échanges, et  la priorité est la signature d’une dizaine d’accords commerciaux (ALE) avec des partenaires aussi divers que les Etats-Unis, le Guatemala, la République dominicaine ou le Qatar. L’Equateur a signé en 2023 des ALE avec la Chine (entrée en vigueur le 1 mai 2024), avec la Corée du Sud et avec le Costa Rica.

Par ailleurs, le gouvernement de Noboa souhaite faire du secteur privé un moteur de la croissance, en développant des projets d’infrastructures sous la modalité de partenariats public-privé dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, les infrastructures, le pétrole et les mines. L’Equateur a rejoint en 2021 le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), après 11 années d’absence, donnant ainsi un signal fort aux investisseurs privés, même si l’environnement juridique pour les investissements reste complexe. La priorité du Président est la lutte contre le chômage et l’informalité qui touchent aujourd’hui sept actifs sur dix dans le pays.

Le gouvernement est confronté à plusieurs défis. Sur le plan politique, le gouvernement devra faire face à l’insécurité galopante, tout en essayant de mettre en place des mesures nécessaires à l’amélioration de la compétitivité du secteur privé (loi des investissements et réforme du code du travail) qui ont été rejetées lors du référendum d’avril 2024. Côté budgétaire, l’appui du FMI et des multilatéraux se fait en parallèle d’ambitieuses réformes visant à rétablir la soutenabilité budgétaire, à l’aube des élections de 2025. Le gouvernement ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale et se heurte à une opposition systématique face à ses initiatives.

Sur le plan énergétique, l’Équateur connait depuis octobre 2023 une crise qui se traduit par des périodes de coupures d’électricité quotidiennes, et ce malgré les changements depuis 2007, lui ayant permis de devenir exportateur net d’électricité jusqu’en 2021, avec un mix énergétique à plus de 72 % d’hydroélectrique, 24 % de thermique, 1,5 % d’énergies « alternatives » (éoliennes, géothermiques et photovoltaïques), outre des appoints ponctuels de Colombie. Un plan d’action pour pallier à cette crise a été annoncé : remise en état du parc thermique, contrats avec des fournisseurs privés de production thermique à partir de barges offshore, réforme du cadre juridique pour favoriser les investissements privés et campagne incitant la population à réduire sa consommation électrique.

A terme, le ministère souhaite développer le gaz naturel, en ouvrant les importations (besoins des grandes industries de 60 000 pieds3/jour alors que la production actuelle du « Campo Amistad » offshore est de 21 000 pieds3/jour), en réactivant la centrale thermique à gaz de Machala et en réalisant le projet gazier « Cycle Combiné » (PPP, environ 1,5 Md USD – toutefois sans calendrier à ce stade).

 

 

2023

2024 (prev)

2025 (prev)

PIB (prix courants) en Mds USD

119

122

126

PIB/hab. (prix courants) en USD

6694

6806

6982

Croissance (%)

2,4

0,1

1,2

Inflation (%, moyenne sur l’année)

2,2

2,4

2,2

Endettement public (%)

55,3

56,3

56,4

Balance courante (% du PIB)

1,9

2,1

2,2

 

Source : FMI

 

Publié le