Technologies pour la protection de l’environnement à Djibouti

Djibouti accorde une importance non négligeable à la protection de l’environnement qu’il intègre de manière organique à sa stratégie de développement économique et social au regard de sa forte exposition aux risques climatiques. Malgré une gestion actuellement carencée par le manque de moyens et de données, la préservation des ressources et de la biodiversité djiboutiennes se doit d’être prioritaire pour Djibouti qui mise sur son patrimoine naturel pour développer le tourisme.

 

La Constitution djiboutienne de 1992 ne contient pas de mention spécifique à l’environnement. Toutefois, le climat semi-désertique du pays (86 % du territoire est désertique) ainsi que sa forte exposition aux risques climatiques (sècheresses fréquentes, fortes inondations, hausse du niveau de la mer et salinisation des ressources en eau) impliquent une intégration organique de la protection de l’environnement dans la stratégie de développement du pays comme consacré dans le Code Environnemental de Djibouti de 2009. Plusieurs stratégies nationales ont été élaborées : la stratégie nationale pour une économie verte (SNEV), la stratégie nationale pour la biodiversité, la stratégie nationale sur les changements climatiques et le programme « Vision 2035 » qui prône la transition verte, l’adaptation aux changements climatiques et la gestion durable de l’eau.

Les mécanismes de gestion de l'environnement à Djibouti sont pilotés par le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Environnement et sa direction de l’Environnement. Les autres institutions susceptibles d'avoir recours aux technologies de l'environnement sont le ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche et de l’Elevage ; l’Office national de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti – ONEAD (intervenant uniquement sur l’agglomération de Djibouti-ville) ou encore l’Agence Nationale de la Météorologie de Djibouti. Djibouti a, par ailleurs, développé un programme spatial dans le cadre duquel a été permis la mise en orbite de son premier nanosatellite en novembre 2023 ; un deuxième lancement est prévu au premier semestre 2024. Construits dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement djiboutien et le Centre Spatial Universitaire de Montpellier (CSUM), ces deux satellites se destinent à des applications concrètes économiques et environnementales, notamment la collecte de données climatiques.

La mobilisation des technologies vertes est notamment envisagée à Djibouti dans une logique d’adaptation aux contraintes climatiques du pays. C’est notamment le cas dans le secteur agroalimentaire qui a reçu un soutien de la Banque mondiale (prêt de 15 MUSD) en 2023 pour le déploiement de technologies agricoles climato-intelligentes.

Des opportunités existent pour développer des initiatives technologiques axées sur une gestion durable des ressources notamment dans le secteur météorologique (en termes de réseaux d'observation, de systèmes d'information intégrés de systèmes d'alerte, notamment pour la gestion des risques d'inondation, et la fourniture d'équipements) et le secteur de l'eau (l’inventaire sur les ressources en eau souterraine et de surface daterait des années 1980). A noter que l’entreprise française Hydroterra Engineering est active à Djibouti via des prestations de cartographie, conception de bases de données climatiques et hydrologiques. CityTaps a, quant à elle, été approchée par l’ONEAD pour remplacer 45 000 capteurs (soit l’ensemble de son parc) par des capteurs intelligents à horizon 3 à 5 ans, ce qui permettra de gérer notamment les problématiques de fuite d’eau chronique pour une meilleure gestion de la ressource à l’échelle de la capitale. Une phase pilote concernant 750 compteurs est en cours de déploiement et devrait être opérationnelle d’ici fin 2022.  Le secteur de l'économie bleue, tout juste émergent à Djibouti[1] malgré le fort potentiel du pays dans le secteur, peut constituer un marché porteur pour les technologies vertes au regard des ambitions touristiques du pays axées notamment sur la mise en valeur de son patrimoine naturel.

 

 Mai 2024.


[1] Un projet de stratégie nationale de l’Economie Bleue est en gestation au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Environnement (MHUE) qui est actuellement le point focal au niveau national.

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