DJIBOUTI
L’industrie agroalimentaire : une industrie embryonnaire mais placée au cœur des enjeux de souveraineté et de diversification économique
La faible contribution des secteurs agricole et industriel à l’économie djiboutienne (25% du PIB à eux deux en 2018) pèse sur la capacité du pays à développer une filière agroalimentaire, elle-même dépendante des intrants agricoles et de conditions structurelles favorables. Djibouti est alors presque totalement tributaire de ses importations pour nourrir sa population. Face à une insécurité alimentaire structurelle, Djibouti a fait de l’agriculture commerciale et de l’agro-industrie une priorité pour assurer sa résilience alimentaire et la diversification de son économie.
Une dépendance quasi-totale aux importations pour les produits non transformés comme transformés
Compte tenu d'un contexte climatique et pédo-hydrologique défavorable, le secteur agricole est peu développé. Bien que 22% de la population soit rurale, l’agriculture n’emploie que 1,22% de la population active djiboutienne en 2022 et représenterait, en moyenne sur la décennie précédente, entre 1% (Banque Mondiale) et 2% (FAO) du PIB, une part qui pourrait être abaissée à l’avenir en raison de l’impact de la sécheresse qui sévit dans la Corne de l’Afrique.
La production végétale est faible, 9 896 t en 2019/2020[1], et se limite à la pratique ponctuelle du maraichage et de l’arboriculture le long des cours d’eau. Le manque d'eau (taux de précipitations annuel de 13 cm), les limitations en terre arable (1000 km2 soit 4,3% du territoire) et la salinité des sols rendent difficile le développement de céréales.
L’élevage, la principale activité agricole du pays (3/4 du PIB agricole) représenterait une production de 11 500 t (BAD, 2017). Le déficit d’infrastructures de transformation (1 seul abattoir formel à l’échelle du pays) et de conservation empêche le développement d’une filière viande et limite le potentiel d’exportation du pays. La production halieutique nationale, elle, est en moyenne de 2 232 T par an (FAO, moyenne 2018-2020).
Ainsi, sans compter les produits d'élevage et de la pêche (issus de filières plus développées en comparaison mais ne garantissant toutefois pas l’autosuffisance du pays sur ces produits), la production agricole ne couvre que 10% de la consommation alimentaire nationale[2].
Des filières de l’industrie agroalimentaire peu nombreuses
Conséquence d’une dépendance quasi-totale aux importations pour ses besoins alimentaires, Djibouti ne dispose pas d’une filière agroalimentaire importante malgré une demande intérieure relativement élevée (la présence de plusieurs enseignes de la grande distribution dans la capitale facilite la diffusion de produits transformés et ultra-transformés).
L’industrie agroalimentaire à Djibouti consiste essentiellement en la transformation de quelques produits importés[3]. Les principales entreprises sont : i) Golden Africa Djibouti, filiale du négociant malaisien Pacific Inter-Link, spécialisée dans le raffinage et le conditionnement de l’huile de palme à partir d’intrants extérieurs (capacité de traitement de 9 000 t /mois ; production destinée au marché intérieur mais aussi à l’exportation vers les pays voisins) ; ii) Douda Tazwid Industries fabriquant des jus de fruits et des produits laitiers à partir de matières premières importées ; iii) Djibah Seafood qui effectue le traitement et le conditionnement des produits de la mer et exporte ses produits en Europe, États-Unis, Émirats arabes unis et en Arabie Saoudite notamment. S’agissant des boissons, le groupe Coubèche dispose d’une activité industrielle qui s’articule autour de trois lignes de production bouteilles (Coca-cola ; eau minéralisée) et d’une usine de glace.
L’industrie agroalimentaire : une priorité pour le développement du pays
Dans son plan stratégique « Vision 2035 », le gouvernement fonde le développement du secteur industriel et la diversification de l’économie djiboutienne sur les perspectives de croissance de l’industrie agroalimentaire aussi bien pour renforcer sa résilience alimentaire que stimuler ses exportations. En synergie avec sa politique de lutte contre l’insécurité alimentaire, le gouvernement vise le développement de l’agriculture commerciale et agroindustrielle via quatre potentielles filières proposées dans le « Pacte national » issu du Sommet de Dakar (janvier 2023) : i) la viande caprine ; ii) les dattes ; iii) les produits maraîchers ; iv) l’aquaculture marine. L’agro-industrie associée à ces filières concernerait l’abattage des animaux et la chaîne du froid pour les produits maraîchers. Le coût total de l’investissement dans ces quatre filières est évalué à 199,6 MUSD[4]. A noter que les principaux bailleurs actifs dans le secteur agricole sont la BAD, le FIDA, l’UE et la Banque mondiale.