Investissements étrangers et français à Djibouti (novembre 2021)

Selon les derniers chifres disponibles, en 2019, les flux entrants nets (181,9 MUSD ; 5,4 % du PIB), ont augmenté de 7,0 % par rapport à 2018. Le stock d’IDE étrangers à Djibouti s’établit à 1,8 Md USD (54,1 % du PIB), en hausse de 10,4 %. Si le secteur des services est celui qui attire le plus d’IDE, la stratégie de Djibouti en matière d’IDE se concentre surtout sur les secteurs de l’énergie – renouvelables, distribution, hydrocarbures – et des transports, tirant ainsi partie de son emplacement géostratégique, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Les principaux détenteurs d’IDE sont les pays du Golfe, l’Éthiopie, le Yémen, la Chine et les États-Unis. Afin d’attirer davantage les investisseurs étrangers, le gouvernement offre des réductions d’impôt significatives aux investisseurs étrangers.

Les flux nets d’IDE vers Djibouti ont augmenté de 7,0 % en 2019 pour s’établir à 181,9 MUSD (5,5 % du PIB contre 5,6 % en 2018). Les flux nets d’IDE, qui ont connu une forte hausse entre 2000 (3,3 MUSD) et 2008 (228,9 MUSD) avec un pic en 2013 (286 MUSD), connaissent une diminution constante depuis 2014 (153 MUSD).

En 2019, le stock des investissements directs étrangers (IDE) à Djibouti s’établit à 1,8 Md USD (54,5 % du PIB), en hausse de +10,4 % par rapport à 2018.

La répartition sectorielle des stocks d’IDE se décompose principalement en trois pôles : i) les infrastructures (portuaires, routières, aéroportuaires) ; ii) l’énergie (hydrocarbures, éolien, géothermie, solaire) ; iii) l’immobilier avec principalement des projets de construction de complexes hôteliers.

Après deux années consécutives de fortes entrées nettes d’IDE français à Djibouti (8,0 MEUR en 2016 et 6,6 en 2017), les flux d’IDE français se tarissent en 2018 et s’établissent à 0,8 MEUR. Cette diminution s’explique par le retrait de capitaux de certaines entreprises françaises et un climat des affaires en deçà des attentes qui se traduit dans le classement du Doing Business 2020 (Djibouti se positionne à la 112ème place). Les principales entreprises française porteuses de ces IDE sont BRED-BCIMR, Rubis, Vinci, Bolloré Transport & Logistics. Néanmoins, les entreprises françaises ont été très fortement concurrencées, depuis les années 2010, par des investisseurs chinois présentant une offre globale (financement + entreprises)– aujourd'hui la Chine  représente 70 % de la dette extérieure djiboutienne –, mais également par des investisseurs turcs, marocains, japonais et américains.

Malgré un déclassement de 13 places au dernier classement Doing Business de la Banque mondiale (BM) (112ème position[1] contre 99ème position en 2019), Djibouti s’oriente toujours vers une plus grande ouverture aux investissements étrangers en mettant en place des politiques volontaristes, largement soutenues par les bailleurs dont la BM[2] et l’Union européenne.[3] Ces politiques se traduisent notamment par : i) la mise en place d’un guichet unique pour la création d’entreprises ; ii) la création de départements dédiés aux affaires commerciales dans les tribunaux de première instance ; iii) des mesures en faveur des investisseurs minoritaires ; iv) la possibilité d’investir dans la quasi-totalité des secteurs, à l’exception du secteur des assurances, sans créer de joint-venture.

De grands projets d’infrastructures financés totalement ou partiellement par des investisseurs étrangers ont vu le jour au cours des dernières années. C’est le cas du port de Doraleh, une extension du port international de Djibouti (composée d'une offre conteneurs et vrac et d’un terminal pétrolier) construite par deux entreprises chinoises.

En 2018 la zone de libre-échange de Djibouti a été inaugurée. Ce projet de 3,5 Mds USD largement financé par la Chine au titre de sa stratégie des nouvelles routes de la soie a pour ambition de faire de la zone de libre-échange de 4 800 hectares la première du continent. La même année, la ligne de chemin de fer reliant Djibouti à Addis-Abeba a ouvert grâce une offre globale chinoise – et notamment un prêt de 3 Mds USD de l’Exim Bank of China en 2013, ainsi que des prêts supplémentaires de la China Development Bank et de l’Industrial and Commercial Bank of China. Si le montant des revenus est pour l’instant largement insuffisant pour couvrir les coûts opérationnels et rembourser les emprunts (40 MUSD pour le fret et les passagers en 2019), la ligne ferroviaire pourrait permettre à terme d’accroître le volume de fret transitant par Djibouti.

 

Figure 1: Stock et flux d’IDE, 2000 – 2019, Mds USD (stocks), MUSD (Flux) - CNUCED

Stock et flux d’IDE, 2000 – 2019, Mds USD (stocks), MUSD (Flux) - CNUCED

 



[1] Avec un score de 60,5, soit une surperformance par rapport aux autres pays d’Afrique subsaharienne (score moyen de 51,8) et proche de la moyenne mondiale (63).

[2] Dans la cadre du Country Partnership Framework FY22-FY26, la BM soutiendra les réformes du cadre des affaires en partenariat avec la Chambre de Commerce de Djibouti.

[3] Soutien aux instituions pour renforcer la gouvernance économique et financière dans le cadre de la programmation conjointe 2021-2027 (4 MEUR).

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