Les relations économiques bilatérales entre la France et la République tchèque

Résumé : Les échanges commerciaux entre France et Tchéquie, en croissance continuelle depuis l’entrée du pays dans l’UE, ont atteint 17 Md€ (biens et services) en 2022, avec un déficit en défaveur de la France de 2,7 Md€, relativement stable depuis une dizaine d’années. En 2022, la France n’était que le 8ème fournisseur de la Tchéquie avec une part de marché de 2,7% mais elle est son 4ème client après l’Allemagne, la Slovaquie et la Pologne. Les investissements français en Tchéquie, dont la valeur est estimée entre 8,5 et 12,5 Md€ (soit 7% du stock d’IDE, faisant de la France le 3ème investisseur étranger ultime), couvrent des secteurs d’activité très variés et représentent entre 500 et 700 filiales employant près de 70 000 salariés. Les transitions numérique et écologique du pays présentent de nombreuses opportunités pour l’offre française, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la mobilité.

1. Echanges commerciaux de biens  

La dynamique des échanges de biens entre la Tchéquie et la France depuis l’entrée du pays dans l’UE en 2004 a suivi le rythme du commerce extérieur tchèque[i], avec une croissance moyenne annuelle de +7%. En 2022, malgré un environnement économique et énergétique difficile, les échanges ont atteint un plus haut historique de 14,46 Md€ soit +14% sur un an[ii]. Si nos échanges bilatéraux sont structurellement déséquilibrés en faveur de la Tchéquie depuis 2004, une tendance au rééquilibrage s’observe depuis une dizaine d’années, grâce à une meilleure dynamique des exportations françaises par rapport à celle de nos importations de produits tchèques, permettant une stabilisation de notre déficit bilatéral autour de -2,7 Md€, et une meilleure couverture des importations par les exportations, autour de 70% (contre seulement 56% en 2011). Les 5 premiers mois de 2023 montrent une hausse de 12% (g.a.) des échanges bilatéraux avec une dégradation du déficit bilatéral (-3,2 Md€ sur les 12 derniers mois en mai 2023). (voir annexe 1).

La France reste en 2022 le 4ème client de la Tchéquie, après l’Allemagne, la Slovaquie et la Pologne. C’est aussi le 8ème fournisseur, après l’Allemagne, la Chine, la Russie, la Pologne, la Slovaquie, l’Italie, les Pays-Bas. La part de marché de la France est modeste (2,7%), mais elle s’est mieux maintenue en 2022 que d’autres pays européens face à la poussée de la Chine (3,8% pour l’Italie, 18,9% pour la Chine et 19,8% pour l’Allemagne). Vue de France, la Tchéquie est un partenaire commercial significatif, figurant dans le Top 20 de nos partenaires, avec des volumes d’échanges comparables à ceux observés avec des pays tels que l’Irlande, le Portugal, la Suède, ou encore l’Inde, la Corée ou le Maroc.

Au plan sectoriel, nos échanges de biens sont surtout des échanges intra-branche, concernant à 98% des produits manufacturés, dont 60% sont des équipements mécaniques et matériels électriques, électroniques et informatiques et des matériels de transport. Les secteurs affichant de bonnes performances à l’export pour la France sont les produits chimiques, parfums et cosmétiques (17% des exportations, 1 Md€, croissance de +9% par an sur les 10 dernières années), les produits pharmaceutiques (10%, 0,6 Md€, croissance de +8% par an), les produits agro-alimentaires (6%, 0,3 Md€, croissance de +5% par an), les produits métallurgiques et métalliques (11%, 0,7 Md€, croissance de +5% par an), les équipements mécaniques, électriques et électroniques (24%, 1,4 Md€, croissance de +3,5% par an). Les exportations de matériels de transport dont automobile (16%, 0,9 Md€, croissance de +6% par an) progressent à l’inverse moins vite que nos importations (40 % des importations, 3,3 Md€, +7,5% par an).

 

2. Echanges de services

Les échanges bilatéraux de services[iii] ont également progressé régulièrement depuis 2004, sauf en 2020/2021 du fait de la crise Covid (Annexe 2). En 2022, les échanges ont retrouvé leur niveau d’avant Covid atteignant 1,9 Md€ (contre 1,7 Md€ en 2021 et 1,4Md€ en 2020) avec un quasi-équilibre entre exportations (962 M€) et importations (963 M€)[iv]. Les principaux secteurs d’exportation de services sont les transports (24%), le tourisme (13%) les frais d’utilisation de propriété intellectuelle (11%) ainsi que les services de télécommunications (9%) (Annexe 3).

 

3. Investissements croisés (IDE) et présence française en Tchéquie

Avec un stock d’IDE estimé entre 8,5 Md€ (Banque de France – 2022) et 12,5Md€ (CNB - 2021) soit 7% du stock d’IDE en Tchéquie, la France serait le 3ème investisseur en Tchéquie après l’Allemagne et l’Autriche (selon la règle de l’investisseur ultime). Après une forte croissance dans les années 2000, ce stock est relativement stable depuis 2010. Ces IDE génèrent un flux net de dividendes vers la France d’environ 600 M€ en moyenne sur la dernière décennie (en 2022 : 700M€ selon Banque de France, 1Md€ selon CNB), qui ne compensent que partiellement le déficit commercial bilatéral.

La Tchéquie accueillerait entre 500 et 700 filiales contrôlées par des groupes ou entités françaises, selon les sources disponibles. L’enquête OFATS[v] comptabilise 493 filiales en 2020 (476 en 2019) qui représentent 66 000 salariés et un chiffre d’affaires de 11,9 Md€. L’enquête IFATS[vi] comptabilise en 2020 662 filiales de groupes français dans le pays réalisant 14 Md€ de chiffre d’affaires. Ces filiales sont présentes dans de nombreux secteurs (voir annexe 4) en particulier : l’automobile et les matériels de transport (17 000 emplois) ; l’énergie, l’eau et l’économie circulaire (10 000 emplois) ; la construction et le BTP (12 000 emplois) ; l’industrie agroalimentaire (3000 emplois) ; le secteur pharmaceutique (2000 emplois) ; les autres industries manufacturières (2000 emplois) ; les services financiers (10 000 emplois) ; la distribution spécialisée (5000 emplois) ; les services de transport et la logistique (3000 emplois) ; les services informatiques, la communication, les autres services aux entreprises.

Les investissements tchèques en France restent à l’inverse encore limités (stock d’IDE estimé entre 0,5 Md€ et 1 Md€, soit 1,6% du total des IDE tchèques à l’étranger[vii]). Cette asymétrie dans nos investissements croisés est observable également avec les autres grands pays d’Europe de l’Ouest[viii]. Toutefois, la présence tchèque en France se développe depuis 2018, notamment avec les investissements du groupe EPH et de son principal actionnaire M. Daniel Kretinsky, dans les secteurs de l’énergie (Gazel Energie), la presse et l’édition (groupe de presse Czech Media Invest, Editis) et la distribution (FNAC-Darty, Casino). Par ailleurs, le groupe agrochimique Agrofert finalise l’acquisition de la branche engrais azotés du groupe autrichien Boréalis comprenant plusieurs usines en France.

 

4. Perspectives de développement de la relation économique bilatérale

Si la croissance tchèque a ralenti depuis la crise Covid (perturbations dans l’approvisionnement de l’industrie, crise énergétique, crise inflationniste), l’offre française dispose d’atouts sur le marché tchèque, notamment pour répondre aux besoins d’investissement considérables du pays pour accomplir sa double transition énergétique et numérique : énergie nucléaire, énergies renouvelables, technologies de l’hydrogène, et de décarbonation de l’industrie, rénovation thermique des bâtiments, infrastructures ferroviaires (projet de réseau LGV, rénovation du réseau classique actuel, transports urbains…).

 

[i] Depuis l’entrée dans l’UE en 2004, le commerce extérieur tchèque a connu une croissance de +7% par an en moyenne, dopé par l’intégration industrielle du pays dans les chaînes de valeur européennes (le marché intra-UE représente 80% des exportations tchèques et 73% des importations). Déficitaire en 2004, le solde commercial s’est amélioré progressivement jusqu’à atteindre un excédent de 18 Md€ en 2020, avant de se contracter en 2021, à 12 Md€ en lien avec les perturbations d’approvisionnement de l’industrie, puis davantage encore en 2022, à 4,9 Md€[i]. Les 5 premiers mois de 2023 montrent un fort redressement des exportations tchèques (+10% en g.a.) et une stabilité des importations permettant le redressement de la balance des biens (excédent de +10 Md€).

[ii] Selon les Douanes françaises ; selon les données douanières tchèques, les échanges auraient atteint 16,8Md€ avec un déficit bilatéral de 4,5 Md€.

[iii] Statistiques de la banque centrale tchèque (CNB)

[iv] Selon la Banque de France (rapport annuel 2022 de la balance des paiements), les échanges bilatéraux de services entre la France et la Tchéquie aurait atteint 3 Md€ (1,5 Md€ d’exportations et 1,5 Md€ d’importations).

[v] Publiée par Eurostat, enquête OFATS réalisée par l’INSEE auprès des groupes français– résultats publiés en février 2023.

[vi] Publiée par Eurostat, enquête IFATS réalisée par l’Office statistique tchèque auprès des groupes étrangers présents dans le pays.

[vii] Selon la Banque de France, le stock d’IDE tchèque en France s’élevait en 2022 à 500M€, contre 695 M€ en 2021 et 316 M€ en 2015. Selon l’OCDE le stock d’IDE tchèque en France s’élève à 800 M€ en 2021 contre 185 M€ en 2015.

[viii] Selon la CNB (chiffres 2021), les principaux destinataires des stocks d’IDE tchèques sont : les Pays-Bas (12,6 Md€), le Luxembourg (10Md€), le Royaume-Uni (4,3Md€), Chypre (4,2Md€), la Slovaquie (3,5Md€), l’Italie (2Md€).

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