Les relations économiques bilatérales entre la France et la République tchèque en 2023

Les échanges commerciaux de biens et services entre la France et la Tchéquie, en croissance continuelle depuis l’entrée du pays dans l’UE, ont atteint 18,2 Md€ en 2023 contre 16,5 Md€ en 2022, soit une progression de 11,2 %. La part française s’élève à 40 % avec un déficit 2023 à 3,5 Md€ contre 2,7 Md€ l’an passé. En 2023, si la France a amélioré son positionnement en devenant le 6ème fournisseur de biens de la Tchéquie avec une part de marché à 2,9%, elle est son 4ème client après l’Allemagne, la Slovaquie et la Pologne. Les investissements français en Tchéquie, dont la valeur est estimée entre 8,5 et 12,5 Md€ (soit 7,1 % du stock d’IDE, faisant de la France le 3ème investisseur étranger ultime), couvrent des secteurs d’activité très variés et représentent plus de 550 filiales employant plus de 70 000 salariés avec un chiffre d’affaires estimé à 13,4 Md€. Les transitions numérique et écologique du pays présentent de nombreuses opportunités pour l’offre française, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la mobilité.
 

1/ Echanges commerciaux de biens à 15,76 Md€ en 2023, soit + 9 % par rapport à 2022

La dynamique des échanges de biens entre la Tchéquie et la France depuis l’entrée du pays dans l’UE en 2004 a suivi le rythme du commerce extérieur tchèque[1], avec une croissance annuelle moyenne de + 7 %. Malgré un environnement économique difficile en 2023, les échanges ont progressé de 9 % sur un an pour atteindre 15,7 Md€, les exportations françaises progressant de 5 %, quand celles de la Tchéquie se sont accrues de 9 %[2]. Compte tenu de ce dynamisme le déficit bilatéral 2023 s’est dégradé atteignant - 3,3 Md€ après - 2,7 Md€ en 2022. Si nos échanges bilatéraux sont structurellement déséquilibrés en faveur de la Tchéquie depuis 2004, la part française demeure stable autour des 40 % des volumes échangés. Par ailleurs, sur les dix dernières années la dynamique des exportations françaises est légèrement meilleure (+6 % de croissance annuelle moyenne) que celle des exportations tchèques (+5 % de croissance annuelle moyenne).
Si en 2023 la France est restée le 4ème client de la Tchéquie, après l’Allemagne, la Slovaquie et la Pologne, elle est devenue le 6ème fournisseur, après l’Allemagne, la Chine, la Pologne, la Slovaquie, l’Italie, dépassant ainsi les Pays-Bas et la Russie. La part de marché de la France a progressé à 2,9 % contre 2,7 % l’an passé. La part de la Chine a diminué à 17,2 % contre 18,9 % en 2022. L’Italie et l’Allemagne ont vu leurs parts progresser respectivement à 4 % et 20,9 % contre 3,8% et 19,8% précédemment. Vue de France, la Tchéquie est un partenaire commercial significatif, figurant dans le Top 20 de nos partenaires, avec des volumes d’échanges comparables à ceux observés avec des pays tels que l’Irlande, le Portugal, la Suède, ou encore l’Inde, la Corée du Sud ou le Maroc. 
Au plan sectoriel, nos échanges de biens sont surtout des échanges intra-branche, concernant à 98 % des produits manufacturés, dont 60% sont des équipements mécaniques et matériels électriques, électroniques et informatiques et des matériels de transport. Les principaux secteurs affichant de bonnes performances à l’export pour la France sont les produits chimiques, parfums et cosmétiques, les produits pharmaceutiques, les produits agro-alimentaires, les produits métallurgiques et métalliques, les équipements mécaniques, électriques et électroniques, ainsi que l’automobile.
 

2/ Les échanges de services culminent à 2,49 Md€ en 2023

Les échanges bilatéraux de services[3] ont progressé de 8 % en moyenne par an depuis 2004. En 2023, le volume d’échanges représente 2,49 Md€, en hausse de 29 % par rapport à 2022 (1,9 Md€). La France présente un déficit de 231,6 M€ résultant d’exportations tchèques plus dynamiques (+ 40 % à 1,35 Md€) que les exportations françaises (+ 18% à 1,14 Md€). Les principaux secteurs d’exportation de services sont les transports (20 %), le tourisme (17 %) les frais d’utilisation de propriété intellectuelle (11%) ainsi que les services de télécommunications (8 %).
 

3/ Investissements croisés (IDE) et présence française en Tchéquie

Avec un stock d’IDE estimé entre 8,5 Md€ (Banque de France – 2022) et 12,57 Md€ (CNB - 2021) soit 7,1 % du stock d’IDE en Tchéquie, la France serait le 3ème investisseur en Tchéquie après l’Allemagne et l’Autriche (selon la règle de l’investisseur ultime). Après une forte croissance dans les années 2000, ce stock est relativement stable depuis 2010. Ces IDE génèrent un flux net de dividendes vers la France d’environ 600 M€ en moyenne sur la dernière décennie (en 2022 : 700M€ selon Banque de France, 1,1 Md€ selon CNB), qui ne compensent que partiellement le déficit commercial bilatéral.
La Tchéquie accueillerait entre 500 et 700 filiales contrôlées par des groupes ou entités françaises, selon les sources disponibles. La dernière enquête OFATS [4] comptabilise ainsi 552 filiales en 2021 (493 en 2020) employant 70 k salariés pour un chiffre d’affaires de 13,4 Md€. L’enquête IFATS [5] comptabilise en 2021 : 762 filiales de groupes français dans le pays réalisant 13,8 Md€ de chiffre d’affaires. Ces filiales sont présentes dans de nombreux secteurs en particulier : l’automobile et les matériels de transport (17 k emplois) ; l’énergie, l’eau et l’économie circulaire (10 k emplois) ; la construction et le BTP (12 k emplois) ; l’industrie agroalimentaire (2,5 k emplois) ; le secteur pharmaceutique (2 k emplois) ; les autres industries manufacturières (2 k emplois) ; les services financiers (10 k emplois) ; la distribution spécialisée (5 k emplois) ; les services de transport et la logistique (3 k emplois) ; les services informatiques, la communication, les autres services aux entreprises.
Selon les derniers chiffres disponibles (2021), les investissements tchèques en France restent à l’inverse encore limités (stock d’IDE estimé en 2021 entre 0,5 Md€ et 1 Md€, soit 2,2 % du total des IDE tchèques à l’étranger[6]). Cette asymétrie dans nos investissements croisés est observable également avec les autres grands pays d’Europe de l’Ouest. La présence tchèque en France se développe néanmoins régulièrement depuis 2018, avec notamment les investissements du groupe EPH et de son principal actionnaire M. Daniel Kretinsky, dans les secteurs de l’énergie (Gazel Energie), la presse et l’édition (groupe de presse Czech Media Invest, Editis) et la distribution (FNAC-Darty, Casino). Par ailleurs, le groupe agrochimique Agrofert a finalisé en 2023 l’acquisition de la branche engrais azotés du groupe autrichien Boréalis comprenant plusieurs usines en France.
 

4/ Perspectives de développement de la relation économique bilatérale

Si la croissance tchèque n’a toujours pas retrouvé le niveau du dernier trimestre 2019 depuis la crise Covid (perturbations dans l’approvisionnement de l’industrie puis crises énergétique et inflationniste), l’offre française dispose d’atouts sur le marché tchèque, pour répondre aux besoins d’investissement considérables du pays pour accomplir la transition énergétique et numérique. Ainsi concernant l’énergie nucléaire : EDF participe à la phase finale de l’appel d’offres concernant la construction d’un à quatre réacteurs de puissance sur les deux centrales nucléaires existantes de Dukovany et Temelin. Les autorités tchèques souhaitent également développer un parc de SMR, les énergies renouvelables et l’hydrogène afin de pouvoir décarboner l’industrie très carbonée du pays. La coopération nucléaire se développe avec la fourniture de combustible par Orano pour les deux centrales du pays[8]. La rénovation thermique des bâtiments et la modernisation des infrastructures urbaines, routières et ferroviaires (projet de réseau LGV, rénovation du réseau classique actuel, transports urbains…) sont également des secteurs où les entreprises françaises peuvent se positionner.

 

 

 

[1]Depuis l’entrée dans l’UE en 2004, le commerce extérieur tchèque a connu une croissance de +7% par an en moyenne, dopé par l’intégration industrielle du pays dans les chaînes de valeur européennes (le marché intra-UE représente 80% des exportations tchèques et 73% des importations). Déficitaire en 2004, le solde commercial s’est amélioré progressivement jusqu’à atteindre un excédent de 18 Md€ en 2020, avant de se contracter en 2021, à 12 Md€ en lien avec les perturbations d’approvisionnement de l’industrie, puis davantage encore en 2022, à 4,9 Md€[1]. Les 5 premiers mois de 2023 montrent un fort redressement des exportations tchèques (+10% en g.a.) et une stabilité des importations permettant le redressement de la balance des biens (excédent de +10 Md€).

[2] Selon les Douanes françaises ; selon les données douanières tchèques, les échanges auraient atteint 17,7 Md€ avec un déficit bilatéral de 5,2 Md€.

[3] Statistiques de la banque centrale tchèque (CNB)

[4] Publiée par Eurostat, enquête OFATS réalisée par l’INSEE auprès des groupes français– résultats publiés en février 2024.

[5] Publiée par Eurostat, enquête IFATS réalisée par l’Office statistique tchèque auprès des groupes étrangers présents dans le pays.

[6] Selon la CNB, le stock d’IDE en France en 2021 s’élevait à 1,09 Md€. Selon la Banque de France, le stock d’IDE tchèque en France s’élevait en 2022 à 500 M€, contre 695 M€ en 2021 et 316 M€ en 2015. Selon l’OCDE le stock d’IDE tchèque en France s’élève à 800 M€ en 2021 contre 185 M€ en 2015.

[7] 2 contrats signés, l’un fin 2023 pour la centrale de Temelin, l’autre le 5/3/2024 pour la centrale de Dukovany.

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