RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Analyse des résultats 2022 du commerce extérieur tchèque et des échanges bilatéraux avec la France (échanges de biens)
Résumé : En 2022, l’excédent commercial tchèque (biens) a chuté à 121 Md CZK (4,9 Md€, contre 12,3 Md€ en 2021) en raison d’une hausse plus forte des importations (+19,6%, à 224,5 Md€) tirée par la facture énergétique, que celle des exportations (+14,3%, à 229 Md€). Selon la méthodologie de la balance des paiements, le solde des biens enregistre même un déficit de 198,1 Md CZK (8,3 Md€) jamais vu depuis 2004. Les résultats du commerce extérieur tchèque montrent également une stabilisation de sa part au sein du commerce intra-UE mais une baisse relative dans les échanges de l’UE avec les pays tiers (commerce extra-UE), une progression spectaculaire de la part de marché de la Chine (à 18,9%) qui talonne désormais l’Allemagne dont la part de marché a reculé de 5 points depuis 2019 (à19,8%), une nette progression en valeur des importations depuis la Russie (hausse des prix des hydrocarbures) parallèlement à l’effondrement des exportations (sanctions).
Echanges bilatéraux avec la France : nos exportations ont augmenté de +18,1% à 5,9 Md€, et nos importations de +12,1% à 8,6 Md€, soit un total d’échanges de 14,4 Md€ après 12,6 Md€ en 2021. Ces évolutions se traduisent pas une meilleure couverture des importations par les exportations et une stabilisation de notre déficit bilatéral à -2,7 Md€, en dépit d’une légère érosion de notre part de marché, observée également pour les autres pays de l’UE. Les secteurs porteurs à l’export demeurent les produits chimiques, parfums et cosmétiques, les produits pharmaceutiques et les produits du secteur automobile.
1. Commerce extérieur tchèque (échanges de biens) : l’excédent commercial s’effondre sous l’effet de la facture énergétique (voir données et commentaires détaillés en annexe 1)
[i] Comme dans les autres pays de l’UE, les échanges commerciaux tchèques ont connu une nette hausse en 2022, de + 14,3% pour les exportations (5637 Md CZK, soit 229 Md€) et + 19,6% pour les importations (5516 Md CZK, soit 224,5 Md€), tirées par l’inflation et la flambée de la facture énergétique ; la hausse des importations est toutefois restée contenue comparativement aux autres pays de l’UE (18ème rang). 8ème exportateur et 8èmeimportateur au sein de l’UE, la Tchéquie présente le 5ème meilleur solde commercial (6ème en 2021). Au sein de l’UE, la Tchéquie voit sa part dans les échanges commerciaux rester stable en termes d’exportations totales (environ 3,4% des exportations totales de l’UE) mais elle diminue s’agissant des exportations extra-UE (de 1,72% en 2021 à 1,65% en 2022).
Alors que l’excédent commercial avait connu une hausse tendancielle depuis 2005, avec un record en 2016 à 479 Md CZK (17 Md€), il s’est nettement contracté en 2021 (à 316 Md CZK soit 12,2 Md€, -34% sur un an, en lien avec les perturbations d’approvisionnement de l’industrie) puis encore davantage en 2022, à 121 Md CZK (4,9 Md€) soit -62% sur un an, un plus bas depuis plus de 10 ans. Le solde des biens de la balance des paiements enregistre quant à lui un déficit record (depuis 2004) à -198,1 Md CZK soit - 8,3 Md€ ou 3% du PIB (contre -60,3 M€ en 2021).
En termes géographiques, les échanges restent concentrés sur les pays de l’UE, avec une situation de plus en plus différenciée depuis 2019 (situation avant-Covid) entre les exportations et les importations. Ainsi, les flux intra-UE représentent une part croissante des exportations (81,5% en 2022, contre 79% en 2019) alors que les importations intra-UE ne représentent plus que 54,5% du total des importations (contre 60,8% en 2019). En ce qui concerne les exportations, l’Allemagne reste de loin le premier client (33% du total des exportations), suivie par la Slovaquie (8,4%) et la Pologne (7,1%). La France reste le 4ème client avec 4,6% des exportations tchèques, mais sa part relative tend à diminuer (5,1% en 2019). Le Royaume-Uni passe du 5ème rang en 2019 (4,5%) au 8ème en 2022 (3,6%) sous l’effet du Brexit ; les Etats-Unis (2,5%) et la Chine (1,1%) restent des clients secondaires, alors que les exportations vers la Russie reculent de 62,0% sur un an pour ne représenter plus que 0,6% des exportations tchèques (contre 2,2% en 2019)[ii]. En ce qui concerne les importations, l’Allemagne demeure le 1er fournisseur (19,8% de part de marché, contre 24,6% en 2019) mais est désormais talonnée de près par la Chine dont la part de marché augmente nettement à 18,9% (contre 15,8% en 2019) avec une hausse de 37% des importations de produits chinois sur une année[iii]. A la 3ème place, la Pologne conforte sa position de fournisseur (8%, après 7,6% en 2019) ; la Russie passe de la 6ème à la 4ème place (4,8% contre 2,8% en 2019) en raison de la hausse du prix du gaz et du pétrole. La France recule de la 7ème à la 8ème place avec une part de marché de 2,73%, en léger recul (2,85% en 2021 et 3,1% en 2019), derrière la Slovaquie (5ème à 4,2%), l’Italie (6ème à 3,8%), les Pays-Bas (7ème à 2,8%). La part de marché des Etats-Unis augmente légèrement à 2,6% après 2,4% en 2021 (importations de GNL).
S’agissant des soldes bilatéraux, le premier excédent bilatéral est réalisé avec l’Allemagne (à 757 Md CZK soit 31 Md€, en forte progression : +31% par rapport à 2021 et +70% par rapport à 2019) ; le second est réalisé avec la Slovaquie (240 Md CZK soit 10 Md€, en hausse de 45% par rapport à 2019). Le principal déficit bilatéral reste la Chine (-977 Md CZK soit 40 Md€, en hausse de 40% sur un an). Avec la France, la Tchéquie réalise son 4ème excédent bilatéral (après Allemagne, Slovaquie et Royaume-Uni).
Au niveau sectoriel, les principaux postes contributeurs à la hausse des exportations tchèques sont les machines et matériel de transport (55% des exportations ; hausse de +14% par rapport à 2021), les autres produits manufacturés (26% ; +14%) et les combustibles minéraux, lubrifiants et matériaux connexes (3,6% ; +81%). Concernant les importations, les principaux contributeurs à la hausse sont également les machines et matériel de transport (45% des importations ; +16%) et les combustibles minéraux, lubrifiants et matériaux connexes (9,5% ; +97%). La hausse de la facture énergétique explique une bonne partie de la baisse de l’excédent commercial[iv].
Les échanges bilatéraux avec la France ont atteint un niveau record en 2022 à 14,45 Md€ (après 12,6 Md€ en 2021, soit une hausse de 14,7%, du même ordre que celle du commerce extérieur tchèque, mais inférieure à celle du commerce extérieur français[v]). Nos exportations vers la Tchéquie ont augmenté de +18,1%, à 5,9 Md€ (soit 1% des exportations françaises, 20ème client), et nos importations de +12,1%, à 8,6 Md€ (soit 1,1% des importations françaises, 15ème fournisseur). Le déficit bilatéral se maintient à - 2,7 Md€, soit le même niveau qu’en 2021, meilleur que celui d’avant pandémie (-3,2 Md€ en 2019). Le taux de couverture des importations par les exportations progresse de 64% à 69%. Si la part de marché de la France recule sur le marché tchèque de 0,12 point entre 2021 et 2022 (de 2,85% à 2,73%), ce recul est moindre que pour les autres pays de l’UE, hors Pays-Bas[vi].
Au niveau sectoriel, 98% des échanges bilatéraux concernent des produits manufacturés, dont 31% de matériels de transports, et 27% d’équipements mécaniques, électriques, électroniques et informatiques.
La France dégage structurellement un excédent bilatéral sur les produits chimiques, parfums et cosmétiques (+0,75Md€, après +0,57Md€ en 2021), les produits pharmaceutiques (+0,51Md€ après +0,50Md€), les produits métallurgiques et métalliques (+0,12 Md€), les produits agroalimentaires (+0,1 Md€). A l’inverse, la France enregistre un déficit bilatéral avec les matériels de transports (-2,47 Md€, après -2,15 Md€), les machines industrielles (- 0,66 Md€).
En 2022, la hausse des exportations résulte principalement des secteurs suivants : (i) pour 36% des matériels de transport, essentiellement automobile (+48% sur un an, à 1 Md€) ; (ii) pour 24% des produits chimiques, parfums et cosmétiques (+29%, à 964 M€) ; pour 12% des produits métallurgiques et métalliques (+20%, à 664 M€).
La hausse des importations concerne pour près de 70% les matériels de transport, essentiellement automobile (+23% sur un an, à 3,5 Md€)[vii] et pour 10% les produits métallurgiques et métalliques (+21%, à 540 M€).
[i] Les statistiques du commerce extérieur tchèque présentées dans ce chapitre sont celles publiées par le Czech Statistical Office selon la méthodologie dite « du franchissement de frontière » fondée sur l’exploitation des données douanières, reprises par Eurostat et utilisée pour les comparaisons internationales. Elles diffèrent significativement de la méthode dite « changement de propriété économique » utilisée pour l’élaboration de la balance des paiements, et communément utilisée par les autorités tchèques pour communiquer sur les résultats du commerce extérieur ; ces données intègrent donc par exemple certaines transactions commerciales sans franchissement de frontière (telles que le négoce international) et excluent les mouvements transfrontières sans changement de propriété (mouvements de produits semi-finis au sein d’un même groupe multinational par exemple). Dans le cas de la Tchéquie en 2022, la première méthode aboutit à un excédent commercial (d’environ 5 Md€) alors que la seconde conduit à un déficit (env. -8,3 Md€). Voir détails sur ces méthodologies en annexe 1.
[ii] On observe à l’inverse une hausse des exportations tchèques vers les autres pays de la CEI, laissant penser à un effet de diversion des flux : + 344% vers le Kazakhstan (de 194 M€ à 667 M€), +88% vers la Géorgie, +38% vers la Moldavie, +67% vers l’Azerbaïdjan, +172% vers l’Arménie, +80% vers l’Ouzbékistan. En termes de montants, ces hausses d’exportations vers ces pays riverains de la Russie ne représentent toutefois qu’une part minoritaire (environ un tiers) de la baisse d’exportations vers la Russie elle-même (baisse de 2,2 Md€).
[iii] Dans le détail, les produits chinois dont les importations augmentent le plus d’une année sur l’autre sont les équipements de télécommunications (de 218 Md CZK à 340 Md CZK), les machines et appareils électriques (de 110 Md CZK à 185 Md CZK).
[iv] En ce qui concerne le secteur « combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes », la hausse entre 2021 et 2022 est de +257 Md CZK pour les importations, et de 91 Md CZK pour les exportations, soit une contribution de la facture énergétique à la baisse du solde commercial de 166 Md CZK, pour une dégradation totale du solde de 195 Md CZK.
[v] Les exportations françaises ont progressé de 18,5% en 2022 par rapport à 2021, et les importations de 29,1%.
[vi] La part de l’Allemagne sur le marché tchèque recule entre 2021 et 2022 de 2,31 points (de 22,07% à 19,76%), celle de l’Italie de 0,40 point (de 4,21% à 3,82%), celle de l’Espagne de 0,16 point (de 1,77% à 1,61%), celle de la Hongrie de 0,24 point (de 2,53% à 2,29%), celle de l’Autriche de 0,14 point (de 2,81% à 2,68%), celle de la Pologne de 0,16 point (de 8,15% à 7,98%). Seuls les Pays-Bas voient leur part de marché augmenter de 0,18 point (ce qui peu masquer un possible « effet Rotterdam » avec des produits chinois dédouanés au Pays-Bas).
[vii] Dans le secteur des matériels de transport, la Tchéquie est un partenaire commercial important de la France. Comme fournisseur, la Tchéquie se positionne ainsi au 6ème rang pour les produits de la construction automobile (2,35 Md€ en 2022 soit 4,8% de nos importations, contre 1,87 Md€ en 2021), au 7ème rang pour les équipements automobiles (1 Md€ en 2022 soit 5,3% de nos importations, après 0,83 Md€ en 2021), et au 2ème rang pour les matériels ferroviaires (105 M€ en 2022, soit 12,5% de nos importations, après l’Allemagne à 18%).