Indicateurs et conjoncture

Avec un PIB de 33,57 Mds€ en 2024 pour une population de 933 000 habitants, Chypre se classait au 13ème rang de l'UE en termes de PIB/habitant de 35976 € en 2024. Chypre a rejoint l'Union Européenne en 2004 et a adhéré à la zone euro en 2008 : l’île ne fait pas partie de l’espace Schengen, mais y est candidate.  

L’économie chypriote est avant tout une économie de services (plus de 75% du PIB). L’île dispose notamment d’une offre touristique attractive en Méditerranée orientale, ainsi que d’un savoir-faire dans le domaine des services professionnels (audit, comptabilité, avocat) et financiers (banque, assurance). Dernièrement, Chypre se positionne aussi comme une destination de choix pour les entreprises du secteur des TIC cherchant à se relocaliser dans la région.

Le pays a traversé une crise bancaire en 2013, marquée par une augmentation significative des niveaux de prêts non performants (NPLs), atteignant près de 50% pendant le pic de la crise et la fermeture de plusieurs établissements bancaires. Néanmoins, le secteur financier a depuis lors progressivement retrouvé sa stabilité. Le pays se distingue ces dernières années par une forte croissance et une constance dans l’équilibre de ses comptes publics.

Le plan national de relance et de résilience post-COVID identifie plusieurs réformes comme prioritaires : double transition énergétique et digitale, traitement des NPL.

L'économie chypriote a enregistré un rebond notable à la sortie de la crise pandémique, affichant une croissance de +6,6 % en 2021, +5,6 % en 2022, +2,4 % en 2023, dépassant ainsi les prévisions initiales qui prévoyaient une croissance comprise entre 2 et 3 %. Ce dynamisme est attribué en partie à la robustesse du secteur touristique, ainsi qu'à l'installation de nombreuses compagnies étrangères dans le secteur technologique.

Le PIB chypriote a progressé de 3,4 % en 2024, soit près de 4 fois plus rapidement que la moyenne de l’UE (0,9 %). En termes de croissance, Chypre se classe troisième pays européen derrière la Croatie et le Danemark, grâce notamment à une forte consommation privée (+3,8 %) et à un investissement soutenu (+2,5 %). Selon les dernières prévisions de la Commission européenne, la croissance devrait rester soutenue, malgré un léger ralentissement à 3,0 % en 2025 et 2,5 % en 2026. Cette dynamique est portée par la progression du pouvoir d’achat (hausse des salaires, désinflation), la reprise de l’investissement grâce aux fonds européens (le PNRR, dont Chypre poursuit le décaissement et l'absorption, s’élève à 1,2Md€)[1] et la poursuite des grands projets d’infrastructure. L’inflation, bien qu’encore élevée début 2025, devrait ralentir et converger vers 2 % en 2026, grâce à la stabilisation des prix de l’énergie et des salaires. Le chômage a s’est établi à 4,9 % fin 2024, son plus bas niveau depuis 15 ans, et devrait atteindre 4,7 % en 2025, contenu par l’attractivité du pays : les nombreuses arrivées d’entreprises étrangères favorisent la création d’emplois locaux. Le pays est traditionnellement ouvert à la main d’œuvre étrangère : on estime que 30 % des travailleurs ne détiennent pas la nationalité chypriote.

La croissance est portée par le secteur des TIC (14 % du PIB) et du tourisme (7 % du PIB). Chypre cherche à s’imposer comme hub technologique régional en capitalisant sur une fiscalité attractive (impôt sur les sociétés à 12,5 %, exonérations fiscales ciblées), une main-d'œuvre diplômée (61,6 % des 25-34 ans) et des fonds européens (près de 200 M€ pour la numérisation entre 2021 et 2025). Entre 2017 et 2024, le pays est passé de la 19ème à la 10ème place au classement européen de l'innovation. Par ailleurs, avec près de 4 M de visiteurs en 2024, le tourisme joue un rôle clé dans l’économie : il reste néanmoins exposé aux risques géopolitiques et climatiques.

En 2024, Chypre a enregistré un excédent budgétaire de 4,3 % du PIB, porté par la vigueur des recettes fiscales. Ce surplus devrait rester élevé, à 3,5 % en 2025 puis 3,4 % en 2026. Cette trajectoire favorable permet une réduction rapide de la dette publique, qui est passée de 73,7 % du PIB fin 2023 à 65,3 % fin 2024, avec une poursuite attendue à 58,0 % en 2025 et 51,9 % en 2026.

En 2024, Chypre a enregistré un déficit commercial de biens de 8,26 Mds€, qui contribue au déficit du compte courant. Ce déficit structurel des biens résulte de la forte dépendance aux importations de pétrole, représentant 80 % du mix énergétique chypriote, ainsi que des capacités limitées du tissu productif national. Ces facteurs, combinés au rapatriement hors de Chypre des revenus des entreprises étrangères, pèsent également sur le déficit courant, qui reste négatif mais s’améliore légèrement (–6,2 % du PIB en 2024, attendu à –5,9 % en 2026), porté par la dynamique des services (TIC, tourisme, maritime).



[1] La 3ème demande de paiement chypriote a été déposée le 3 juillet 2024 et a reçu une évaluation préliminaire favorable de la Commission le 11 février 2025, d’un montant de 8 M€ de subventions. Avec ce 3ème décaissement, Chypre aura reçu 37 % (450 M€) des fonds qui lui ont été octroyés.

Prévisions macroéconomiques chypriotes

Prévisions économiques de la Commission Européenne (source)

Indicateurs

2024

2025

2026

Croissance du PIB (%, en glissement annuel)

3,4

3

2,5

Inflation (%, en glissement annuel)

2,3

2

2

Taux de chômage (%)

4,9

4,7

4,6

Solde budgétaire général (% du PIB)

4,3

3,5

3,4

Dette publique brute (% du PIB)

65

58

51,9

Solde du compte courant (% du PIB)

-7

-6,5

-5,9

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