CAP-VERT
Indicateurs et conjoncture
L’archipel, isolé, sans ressources naturelles et pauvre en eau douce, est largement dépendant de l’extérieur tant pour ses ressources financières (principalement les transferts de la diaspora qui ont représenté 270 M USD en 2023, soit supérieur à 10%, et l’aide au développement) que pour ses approvisionnements (déficit commercial structurel, qui atteint 32,6% du PIB en 2023). Le PIB (environ 2,5 Mds USD en 2023) est dominé par le tourisme et le commerce des biens importés, secteurs fortement impactés par la crise sanitaire. Le secteur primaire (5% du PIB en 2022) est quasiment inexistant au Cap-Vert. Le secteur secondaire (19% du PIB) dont l’industrie est à la recherche de débouchés extérieurs pour des activités de sous-traitance. Le secteur tertiaire (76% du PIB) est tiré par le tourisme et les services financiers.
Le Cap-Vert a cependant su s’imposer comme l’un des pays les plus dynamiques de la région, voire à certains égards un modèle pour l’Afrique de l’Ouest : croissance annuelle moyenne de près de 7% au début des années 2000, bonne gouvernance et faible niveau de corruption (30ème place sur 180 pays en 2023), PIB par habitant 2,5 fois plus élevé que la moyenne d’Afrique subsaharienne (4368 USD en 2023), 1er indice de développement humain en Afrique de l’Ouest – 131ème sur 193 au classement général 2023 du PNUD.
Cependant, le pays est marqué par des écarts sociaux importants avec le maintien d’un niveau élevé de chômage notamment chez les jeunes entre 15 et 24 et d’un niveau de pauvreté relativement élevé (11% de la population dispose de moins de 1,90 USD / jour en 2022 et vit donc en état d’extrême pauvreté) même si celle-ci a fortement baissé depuis 2015 (22,6%). L’éradication de l’extrême pauvreté à l’horizon 2026 fait partie des objectifs du gouvernement.
En outre, les contraintes structurelles liées au manque de diversification de l’économie et à sa vulnérabilité aux fluctuations des prix des biens importés et aux chocs extérieurs demeurent importantes. En effet, la dépendance au tourisme et aux dépenses du secteur public reste marquée.
Evolution de la croissance économique
Le Cap-Vert a été touché ces dernières années par plusieurs crises qui ont fortement impacté son économie : la crise sanitaire l’ayant particulièrement affectée du fait de sa dépendance au tourisme, la guerre en Ukraine impactant le coût de ses importations, et une sécheresse importante depuis 5 ans.
Le Cap-Vert a connu une récession historique en 2020 de 19,3% du PIB réel du fait de l’impact de la crise sanitaire sur le tourisme, moteur de l’économie du pays (qui représente près de 25% du PIB). Le rebond économique a été important en 2021 et 2022, avec un niveau de croissance estimé respectivement à 6,4 % et 17 %. En 2023, la croissance a atteint 5,1%, plus élevée que les prévisions initiales, principalement grâce à la forte performance du secteur du tourisme, qui a dépassé ses niveaux pré-pandémiques.
Les finances publiques ont été en conséquence fortement touchées à partir de 2020. Alors que le déficit budgétaire était sur une trajectoire descendante depuis 2011 (1,8% du PIB en 2019), celui-ci a crû à 9% du PIB en 2020, et s’est établi à 7,4% en 2021. La situation budgétaire s'est considérablement améliorée en 2023. L'activité économique et les mesures politiques ont soutenu une augmentation des recettes fiscales. En conséquence, le solde primaire a enregistré un excédent de 2 % du PIB en 2023, le plus élevé depuis 20 ans. Ce solde primaire s’explique aussi par une baisse des dépenses d’investissements.
Sur le plan externe, le déficit de la balance courante a fortement baissé en 2023 à 2,9% du PIB, en raison d’une plus forte reprise que prévue du tourisme et une croissance des importations limitée. La guerre en Ukraine a entrainé une forte augmentation de l’inflation en 2022 à 7,9% en moyenne annuelle, tirée principalement par les prix alimentaires, de l’énergie et des transports, en lien avec la hausse des cours mondiaux. L’inflation a néanmoins fortement baissé en 2023, à 3,7% en moyenne annuelle et 1,3% à fin 2023, et devrait se stabiliser autour de 2% à moyen-terme.
Endettement public
L’endettement public est historiquement élevé au Cap-Vert (la dette publique du pays dépasse ainsi depuis 2013 la barre des 100 % du PIB) et a fortement augmenté depuis les chocs de 2020 pour atteindre 144,6 % du PIB en 2021. En lien avec la croissance élevée en 2022 et la bonne performance budgétaire, le taux d’endettement a baissé à 127,1 % du PIB en 2022 et à 113,8 % du PIB en 2023. Pour 2024, il devrait atteindre 110% du PIB. L’analyse de viabilité de la dette a maintenu la dette totale du Cap-Vert en risque élevé de surendettement, tandis que la dette externe est en risque modéré de surendettement. La dette est néanmoins considérée comme soutenable du fait d’un endettement majoritairement concessionnel et de réserves de changes adéquates.
L’endettement extérieur constitue l’essentiel de la dette publique cap-verdienne, atteignant 78,4 % du PIB en 2023 (soit près de 70 % de l’encours), répartis entre créanciers multilatéraux (40% de l’encours), bilatéraux (13% %), et privés (15 %). Les principaux créanciers multilatéraux sont la Banque mondiale, le FMI et la BAfD. Le Portugal est le principal créancier bilatéral (150 M USD, 5,8 % du PIB). La part des créanciers du Club de Paris (principalement France et Japon) est de 7,3 % du PIB.
Le Cap-Vert et le Portugal sont par ailleurs parvenus à un accord de restructuration de la dette sous forme de remise de dette contre des investissements (les dettes annulées viendraient alimenter un fonds souverain « Climate and Nature fund », pour une valeur moyenne de 6,6 M USD par an). Les appels d’offre seraient néanmoins restreints à des entreprises portugaises.