Indicateurs et conjoncture

L’archipel, isolé, sans ressources naturelles et pauvre en eau douce, est largement dépendant de l’extérieur tant pour ses ressources financières (principalement les transferts de la diaspora qui ont représenté 16% du PIB en 2021, et l’aide au développement, estimée à 12,4% du PIB la même année) que pour ses approvisionnements (déficit commercial structurel, qui atteint 29,5% du PIB en 2021). En raison de la faiblesse des activités d’origine domestique, le PIB est dominé par le tourisme et le commerce d’importation, secteurs fortement impactés par la crise sanitaire. Le Cap-Vert a cependant su s’imposer à certains égards un modèle pour l’Afrique de l’Ouest : croissance annuelle moyenne de près de 7% au début des années 2000, bonne gouvernance et faible niveau de corruption (39ème place sur 180 pays en 2021), PIB par habitant deux fois plus élevé que la moyenne d’Afrique subsaharienne (3 456 USD en 2021), 13ème indice de développement humain en Afrique et premier d’Afrique de l’Ouest – 126ème sur 189 au classement général 2020 du PNUD. Les contraintes structurelles liées au manque de diversification de l’économie demeurent toutefois importantes avec une forte dépendance au tourisme et aux dépenses du secteur public. De même, le pays reste marqué par de forts écarts sociaux avec un maintien d’un niveau élevé de chômage chez les jeunes entre 15 et 24 ans (50,4% en 2019 selon la BM) entrainant la persistance de petite et moyenne criminalité.

Evolution de la croissance économique

Le Cap-Vert a connu une récession historique en 2020, avec une rétractation du PIB de 14,8%, en raison notamment de l’arrêt du tourisme, qui représente 25% de l’économie cap-verdienne. Les finances publiques ont été en conséquence fortement touchées, avec un déclin des ressources et une diminution des dépenses d'investissement. Alors que le déficit budgétaire était sur une trajectoire de forte amélioration depuis 2011 (1,8% du PIB en 2019), celui-ci a crû à 9,1% du PIB en 2020, et s’est établi à 8,5% en 2021.

Si le rebond a été important en 2021, avec une croissance estimée à 6,9%, le Cap-Vert est de nouveau fortement touché par les impacts de la guerre en Ukraine et le taux de croissance devrait s’établir à 4% en 2022 (contre une prévision initiale de 6%). L’inflation devrait fortement augmenter en 2022, 6,5% en moyenne annuelle) contre 2,3% prévu il y a quelques mois par le FMI, malgré des mécanismes de contrôle mis en place par le gouvernement pour contenir la hausse des prix.

Le gouvernement du Cap-Vert a déclaré le 20 juin 2022 une situation d'urgence sociale et économique. Avec la perte de pouvoir d'achat, 9% de la population serait en situation d'insécurité alimentaire alors que seulement 2% était dans cette situation en 2020. En déclarant la situation d'urgence, le gouvernement entend obtenir plus de soutien et de financement de la part de la communauté internationale et des bailleurs ; le coût des mesures prises en 2022 pour faire face à la crise s’élevant à 9 Mds CVE (82 M EUR).

Le pays a mis en place plusieurs plans de développement économique tel le Plan Stratégique de Développement Durable (PEDS), dont la 1ère phase s’est déroulée sur la période 2017-2021, et a permis un développement économique important avant d’être entravée par la crise covid. La deuxième phase du PEDS est en cours d'élaboration pour la période 2022-2027. Les principaux axes de développement économique concernent (i) la diversification économique et le renforcement du tourisme ; (ii) le développement de l’économie verte et bleue ; (iii) le développement de l’économie digitale.

Un objectif primordial du pays, appuyé en ce sens par les recommandations du FMI et certains programmes de la Banque mondiale, est également de privatiser de nombreuses entreprises publiques. Cela doit permettre à la fois d’attirer des investisseurs étrangers, d’apporter des financements privés et d’améliorer les prestations de services.

 

Endettement public

L’endettement public a fortement augmenté depuis 2020 et le pays est classé en risque de surendettement élevé par le FMI. Alors qu’il était sur une trajectoire stable voire légèrement orientée à la baisse depuis 2016 autour de 125% du PIB, il a enregistré une importante progression et a atteint 158,8% en 2020, même s’il reste considéré comme soutenable par le FMI, car majoritairement concessionnel et multilatéral. L’encours de la dette publique s’élève en 2021 à 154,1% du PIB et devrait progresser à 159,2% en 2022 d’après le FMI avant de connaitre, à moyen terme, une trajectoire à la baisse pour s’établir aux alentours de 129% du PIB à l’horizon 2026.

L’endettement extérieur constitue l’essentiel de la dette publique cap-verdienne, atteignant près de 125% du PIB en 2021(soit près de 80% de l’encours de la dette), étant réparti entre de créanciers multilatéraux (50%), bilatéraux (25%), et privés (25%). 

Le Cap-Vert a obtenu en juin 2022 la mise en place d’un nouveau programme FMI de Facilité Elargie de Crédit. Ce programme sur 36 mois permet un accès à 190% de la quote-part du pays, soit 45,03 M DTS (environ 60 M USD), et un décaissement immédiat d’environ 15 M USD.

Publié le