Relations bilatérales

Le commerce extérieur de la Colombie en 2019

 

La balance commerciale de la Colombie s’est significativement dégradée en 2019, principalement du fait d’un ralentissement des exportations de produits miniers, mais aussi du faible dynamisme d’autres secteurs comme l’agriculture. Ce déficit désormais bien installé traduit les difficultés du pays à diversifier une base exportatrice encore largement dépendante des matières premières, dans le prolongement d’un mouvement de « reprimarisation » de l’économie depuis les années 2000.

 

Le déficit commercial s’accentue, alimenté par la chute des exportations de produits miniers, de charbon en particulier

Après avoir déjà augmenté de 17% en 2018, le déficit commercial s’accentue substantiellement en 2019, augmentant de 53% pour atteindre 10,8 Mds USD. Tandis que les importations ont augmenté de 2,7% (pour atteindre 50,3 Mds USD), c’est surtout la chute des exportations de 5,7% (pour atteindre 39,5 Mds USD) qui explique cette dégradation.

La chute des exportations est principalement liée à celle des combustibles et produits des industries extractives, qui ont baissé de 11,1% (à 22 Mds USD, elles représentent 56% des exportations). Au sein de cette catégorie, la plus forte chute est celle des exportations de houille (-24%) qui s’explique notamment par le tarissement de la demande en charbon de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne. Les exportations des autres secteurs sont stagnantes, avec une faible augmentation pour les produits agroalimentaires (+0,8%, 7,4 Mds USD) - notamment attribuables à l’augmentation des ventes de bananes (+7,9%) -, et une légère baisse pour les produits manufacturés (-0,4%, à 8,3 Mds USD).

S’agissant des importations, il convient de souligner, paradoxalement, la forte progression des combustibles[1] (+28%, à 4,5 Mds USD). Les produits manufacturés restent le principal poste d’importation (76%).

La balance commerciale reste ainsi déficitaire depuis 2014, soit depuis la fin du « super cycle » des matières premières.


[1] Liée à une hausse de la demande que ne peuvent satisfaire les capacités installées et au besoin de diluants

 

Les Etats-Unis restent le premier partenaire commercial, les déficits avec la Chine et les Etats-Unis se creusent

Les Etats-Unis captent la part la plus importante des exportations (28,6%) et des importations (25,2%) colombiennes. Suivent ensuite l’Union européenne (11,6% des exportations, en diminution) et la Chine (11%).

Si le déficit commercial avec les Etats-Unis se réduit (à -1,3 Md USD), les déficits avec la Chine (à -6,1 Mds USD) et l’Union européenne (à -3,2 Mds USD) s’accentuent.

 

Ces chiffres traduisent les difficultés de la Colombie à diversifier ses exportations et plus généralement son économie

Le ralentissement des exportations de la Colombie illustre la dépendance de l’appareil exportateur vis-à-vis des produits miniers-énergétiques, charbon et pétrole en particulier (et ferro-nickel dans une moindre mesure). En outre, les difficultés liées à ce secteur ne sont pas compensées par d’autres secteurs qui pourraient prendre le relais comme l’agriculture. Les exportations agricoles n’ont ainsi augmenté que de 4% depuis 2011, malgré l’entrée en vigueur de nombreux accords de libre-échange[1].

Il s’agit d’une tendance de long terme : la concentration des exportations sur les secteurs traditionnels s’est renforcée et la nécessaire diversification souvent mise en avant politiquement peine à se réaliser. Ainsi, les produits d’exportation dits traditionnels (café, charbon, pétrole, minerais métalliques), qui représentaient 47% des exportations en 1995, en représentent aujourd’hui 62%.  

On peut y voir, comme pour d’autres pays de la zone, la conséquence d’un phénomène de « reprimarisation » de l’économie depuis le début les années 2000, engendré par l’augmentation des cours des matières premières qui a conduit à une perte de compétitivité des secteurs potentiellement exportateurs (agriculture, industrie manufacturière), hors industries extractives.

A plus court terme, l’OCDE pointe des coûts d’exportations et d’importations qui restent très élevés (infrastructures et logistiques défaillantes, barrières tarifaires et non tarifaires encore élevées) et limitent l’intégration du pays au commerce international, engendrant peu d’incitations à l’innovation et à la création de valeur ajoutée pour l’exportation.


[1] Etats-Unis, Canada, Union européenne, Alliance du Pacifique, Corée, Mercosur

 


L’année 2020 devrait à la fois accélérer cette tendance au creusement du déficit et diminuer l’ensemble des échanges. La chute des prix et de la demande du pétrole pèsera à la baisse sur les exportations, tandis que la chute de la demande liée à la crise pèsera sur les importations, notamment de biens d’équipement.

 

 

 

 

 

 

 

Publié le