Indicateurs et conjoncture

 Structure de l'économie

Si l’économie camerounaise est la plus importante et la plus diversifiée de la région – elle représentait 45 % du PIB de la CEMAC en 2021 selon le FMI–, elle reste toutefois dépendante de produits bruts même si les dernières années ont connu une augmentation des exportations de quelques produits transformés (notamment dérivés du cacao). Faisant face aux nombreuses crises qui affectent la région, l’économie camerounaise affiche tout de même une croissance annuelle moyenne de 4 % depuis les années 1980. Elle a par ailleurs mieux résisté à la crise des matières premières de 2014 que les autres pays d’Afrique centrale.

Selon les données de la Banque mondiale, l’agriculture représentait 16,9 % du PIB en 2021. Elle comprend des cultures de rente très variées (cacao, café, banane, coton, palmier à huile, canne à sucre, caoutchouc) et un important secteur vivrier (banane plantain, maïs, manioc…). Les filières du cacao et du coton, qui revêtent une importance économique et sociale majeure au Cameroun, enregistrent des hausses de leur production, notamment grâce à la mise en œuvre d’un plan de relance de la société publique Sodécoton depuis 2017. Le dynamisme des plantations de banane, palmier à huile et caoutchouc –contrarié par la crise anglophone- est limité par la présence d’entreprises publiques en crise, aux côtés d’entreprises privées performantes. Le secteur bois, tiré par les importations de la Chine, connaît une croissance soutenue, au détriment des productions certifiées. La filière caféière s’essouffle depuis plusieurs années et souffre depuis 2017 de l’insécurité dans les régions anglophones.

Le secteur secondaire représente 23,3 % du PIB. Les hydrocarbures demeurent une ressource importante, toutefois, leur poids dans le PIB et dans les exportations s’est réduit (4,1 % du PIB en 2019 contre 6,7 % en 2015 et 38,5 % des exportations de biens en 2019 contre 41,7 % en 2015). La production pétrolière, après avoir atteint un maximum de près de 180 000 barils/jour en 1985, a décru à 61 000 barils/jour en 2011. Elle représente en 2022 environ 68 000 barils/jour. L’exploitation du gaz, en revanche, est en plein essor grâce à l’installation fin 2015 par Perenco, d’une unité de liquéfaction de gaz dont la production en 2018 a atteint 35 000 barils équivalent pétrole/jour.

Enfin, le secteur des services (51,1 % du PIB en 2021) est dominé par les transports, le commerce, l’hôtellerie et la restauration et les services financiers. Le secteur bancaire s’est globalement relevé de la crise sanitaire, qui a négativement impacté le portefeuille des banques concernant le secteur du commerce, du transport. Le risque de crédit s’est ainsi stabilisé, avec un taux de créances brutes en souffrance qui reste cependant élevé à 15 % des crédits bruts en 2022. La rentabilité bancaire s’est améliorée, et le ratio de fonds propres reste relativement solide, bien que quelques banques soient sous-capitalisées. Par ailleurs, l’exposition des banques à la dette souveraine dans la sous-région, qui a fortement augmenté, de 18,4 à 25,6% des actifs entre fin 2019 et fin 2020, s’est stabilisé à ce niveau, en raison de la politique de la COBAC de diminuer les niveaux d’exposition maximale des banques, plafond à laquelle plusieurs banques se trouvent. Les banques camerounaises, qui étaient globalement en surliquidité, ont en effet été très actives dans le financement régional des titres.

L’essentiel des exportations du pays (environ 85 %) est le fait de produits pas ou encore trop peu transformés (pétrole brut, cacao, grumes et sciages, gaz naturel liquéfié, coton, aluminium brut), et la balance commerciale apparaît structurellement déficitaire. La Chine reste le premier fournisseur du Cameroun en 2021 (17 % des parts de marché), suivie de la France (9 %). La Chine est également le premier client à l’exportation du Cameroun (26 % des exportations camerounaises), suivie des Pays-Bas (12 %), de l’Inde (10 %), de l’Italie (7 %), et de l’Espagne (6 %). La France occupe en 2021 la 9ème place avec 3 % des achats.

 

Conjoncture économique

Après avoir traversé la crise sanitaire sans avoir connu de récession, l’activité économique du Cameroun a amorcé une reprise progressive, atteignant 3,6 % en 2021, en s’appuyant sur le dynamisme des secteurs secondaire (principalement industrie manufacturière et BTP) et tertiaire (reprise des activités de service de transport, hôtellerie et restauration). La croissance aurait atteint 3,7 % en 2022, elle est projetée à 4 % en 2023, et à 4,5 % à moyen terme, selon les dernières projections du FMI. La hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, de l’énergie et des intrants agricoles et industriels imputable à la guerre en Ukraine a toutefois accentué les tensions inflationnistes dans le pays. Selon les dernières estimations du FMI, l’inflation a atteint 7,2 % fin 2022, et devrait se maintenir à 6,2 % en 2023, en raison des effets induits par le rehaussement des prix des carburants, avant de diminuer progressivement et s’établir autour de 3% à moyen terme.

 

Croissance du PIB (prix constants)

Croissance PIB

 Source : FMI, WEO (avril 2023), et  4ème revue (mai 2023)

 

Le Cameroun a initié une politique de consolidation budgétaire dans le cadre de son programme FMI précédent, que le pays poursuit. Le déficit budgétaire (dons inclus) a été ramené de -6,1 % en 2016 à -2,9 % en 2021. Cette tendance se poursuit, bien qu’en 2022, les finances publiques camerounaises aient été prises en étau entre la nécessaire consolidation des comptes publics et le soutien à l’économie face aux pressions inflationnistes. Ainsi, les recettes budgétaires supplémentaires liées à la vente de pétrole brut, ont été en 2022 entièrement consommées par les subventions aux prix des carburants, qui ont atteint 800 Mds FCFA, soit près de 3 % du PIB. Par ailleurs, le service de la dette publique pour le Cameroun augmente progressivement, il atteignait 1 739 Mds en 2022 (+ 179 Mds), principalement de dette extérieure. A l’inverse, le budget d’investissement public poursuit sa tendance à la baisse, avec une diminution de 2,3% à 1 387 Mds. Rapporté au PIB, en 5 ans, le Cameroun a perdu 2,5 points de PIB en investissements, tandis que le service de la dette en a gagné 1,5 point, et les charges courantes sont restées relativement stables. Pour limiter le coût des subventions pétrolières, les autorités camerounaises ont annoncé début 2023 une hausse des prix des carburants à la pompe, accompagnée de mesures de compensations permettant d’en limiter la portée pour les ménages les plus modestes (hausse du SMIG, et de revenus pour les fonctionnaires). En 2023, les prévisions du FMI tablent sur un déficit budgétaire se situant à 1,2 % du PIB.

Relations avec la communauté financière internationale

Le Cameroun a conclu le 26 juin 2017 un programme de Facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans avec le FMI d’un montant de 483 M DTS (environ 400 Mds FCFA, ou 600 M EUR) correspondant à 175 % de sa quote-part, conformément aux résolutions du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEMAC le 23 décembre 2016 à Yaoundé. Les cinq premières revues ont été approuvées par le Conseil d’administration. Comme de nombreux pays frappés par l’épidémie de coronavirus, le Cameroun a bénéficié de deux décaissements de la Facilité de crédit rapide (FCR) : une première le 4 mai 2020 de 136 Mds FCFA (soit 60 % de sa quote-part), une seconde ayant été octroyée en octobre, pour 91 Mds FCFA (40 % de la quote-part).

La sixième revue, qui devait initialement être présentée en juin 2020 a été plusieurs fois décalée du fait des contraintes liées à Covid et finalement annulée, Le programme a ainsi expiré à l’automne 2020. Les discussions pour la conclusion d’un nouveau programme FEC triennal ont abouti en juillet 2021, avec un nouvel accord triennal, d’un montant de 689,5 M USD pour la période 2021-2024, sous la forme d’une Facilité élargie de crédit conjointe à un Mécanisme élargi de crédit. Celui-ci est axé sur : (i) la fiscalité, avec l’élargissement de la base fiscale et la lutte contre l’évasion fiscale, la mise en place du Compte Unique du Trésor, (ii) les entreprises publiques, avec des audits, et une limitation du risque contingent que font peser celles-ci sur les finances publiques, (iii) sur la gestion de la dette, pour limiter le risque de surendettement en limitant l’endettement extérieur, et enfin, (iv) sur l’amélioration du climat des affaires. La 4ème revue de programme a été réalisée en mai, et a débouché sur un accord au niveau des servies, permettant un passage et une validation de la revue au Conseil d’Administration du FMI, qui a eu lieu fin juin 2023.

Outre le FMI, le Cameroun bénéficie de l’appui de nombreux partenaires techniques et financiers (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Union européenne, France, etc.) dans de nombreux domaines : infrastructures (transport, énergie, télécommunications, eau et assainissement, etc.), secteurs sociaux (éducation, santé, etc.), développement du secteur rural, gouvernance, etc.

 

 

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