Structure du marché de l’électricité au Chili

Libéralisé depuis les années 1980, le secteur de l’électricité au Chili se caractérise par un rôle réduit de l’Etat. L’ensemble des activités de génération, de transmission et de distribution a été confié à des acteurs privés.

Génération : La capacité énergétique totale installée au Chili était de 22.500 MW en 2017. En décembre 2017, le principal réseau, le SEN,  représentait une capacité nette installée de 22 369 MW soit plus de 99% de la capacité totale installée du pays. 46% de la capacité installée correspond à des énergies renouvelables (30% hydraulique, 8% solaire, 6% éolien, 2% biomasse et 0,2% géothermie). Les 54 % restant correspondent à des sources thermiques (21% charbon, 20% gaz naturel et 13% diesel).

Une quarantaine d’entreprises privées sont acteurs dans la génération électrique au Chili, mais 5 grands groupes privés détiennent 75% des capacités installées : Endesa (Endesa Espagne et Enel Italie / 6.700 MW), Colbún (groupe chilien Matte /  3.600 MW), AES (Etats-Unis / 3.400 MW), Engie (France /1.800 MW ; ce dernier, présent depuis 1996 au Chili, représente plus de 50% de la capacité électrique installée dans le réseau du grand nord) et EDF (1.126 MW avec ses partenaires locaux).

Les acteurs français (principalement Engie / EDF / Total Solaire) occupent une place importante sur le marché de l’électricité chilien en disposant de 3.300 MW de capacités installées (avecde nouvelles entrées en production de 900 MW prévues d’ici 2020).

Transmission: L’ensemble des lignes de transmission électriques (supérieures à 23 kV) au Chili représentent 16.000 km. Il existe trois réseaux électriques au Chili et quelques producteurs indépendants.

Les deux réseaux principaux le SIC (Système Interconnecté Central et nord / 74% du réseau national) et le SING (Système Interconnecté du Grand Nord / 25%) ont, à l’issu du projet de connexion TEN inauguré en novembre 2017 réalisé par Engie (interconnexion de 600 Km), été reliés pour former désormais le SEN, Sistema Electrico Nacional. Les deux autres réseaux au sud du pays, le SEA (Système de Aysen) et le SEM (Système de Magellan), ne sont pas connectés au SEN.

Six entreprises opèrent dans le secteur de la transmission électrique au Chili dont deux principaux représentent 87,5% du réseau national. La principale, Transelec (investisseurs canadiens et anglais) détient 10 000 km de lignes haute tension de la région d’Arica (nord du Chili) jusque celle des Lacs (centre sud) ; fin 2017, elle représentait 100% du SING et 78% des lignes de transmission du SIC. La seconde, CGED (Groupe CGE appartenant à l’espagnol Gas Natural Fenosa) détient environ 4.000 km de lignes principalement sur le réseau SIC.

Distribution: Le réseau de distribution chilien représente 153.000 km de lignes pour des ventes d’environ 36.000 Gw/H.

Si l’on compte près d’une quarantaine de distributeurs électrique au Chili (dont 15 principaux vendant entre 9 et 15.600 Gw/h), le marché est dominé par deux principaux acteurs. CGE (filiale de l’espagnol Gas Natural Fenosa) est l’entreprise de distribution électrique disposant de la couverture la plus importante au Chili, avec 43% du marché (plus de 2,6 millions de clients) mais 37% des ventes (13.300 Gw/H), suivi par Chilectra (Groupe italien Enel Distribucion Chile) avec 30% du marché (1,8 millions de clients environ, essentiellement dans la région de Santiago), mais 44% des ventes (16.000 Gw/H). 

L’essor remarquable des ERNC au Chili

L’évolution des besoins électriques du Chili a été estimée en 2016 à 50 % avec un objectif de disponibilité de capacité de 25.000 MW en 2020. 

Le gouvernement chilien de la Présidente Bachelet a adopté en 2014 un « agenda énergétique » ambitieux pour répondre à ce besoins via une stratégie de diversification de la matrice énergétique du pays à court, moyen et long terme par le développement d’énergies renouvelables non-conventionnelles (ENRC, hors hydraulique) ; cet agenda s’est fixé des objectifs de 20% de l’énergie produite d’origine ENRC d’ici 2025 (niveau qui sera obtenu dès 2018, avec 7 années d’avance) et 70% d’énergies renouvelables (dont jusqu’à 50% d’ERNC) à l’échéance 2050. De même, avant son départ, la Présidente Bachelet a décrété la disparation de toute production d’électricité à base de charbon d’ici 2050 (contre 21% de la matrice énergétique actuellement). A son arrivée au pouvoir (03/2018), le Président Pinera a accentué le trait en prévoyant une génération 100% renouvelable d’ici l’horizon 2040 engendrant la construction de 10 GW additionnels de centrales ERNC sur les vingt prochaines années.

L’institut Bloomberg a classé en 2016 le Chili en 10éme position mondiale des pays investisseurs en ERNC. L’édition 2017 du « New Energy Finance Climascope”, réalisé par l’institut Bloomberg et la Banque Interaméricaine de Développement (BID), place le Chili comme le leader dans l’investissement en ERNC dans la zone Amérique latine et Caraïbes.

Le Chili est un pays particulièrement favorable au développement d’ERNC, et notamment d’énergie photovoltaïque, du fait de son taux de résonance / de radiation solaire le plus élevé au monde (radiation annuelle moyenne de 310 watts par mètre carré qui peut s’élever jusqu’à 1.000 W/M2 dans certaines zones du nord du pays / En avril 2017, le quotidien américain “ The Washington Post” a qualifié le Chili « d’Arabie Saoudite Solaire”),  mais également de son potentiel important concernant l’énergie éolienne et, à terme, l’énergie marine.

Selon les données du ministère chilien de l’énergie, les projets d’énergie solaire au Chili sont passés de 11 MW en 2013 (un parc) à 2.000 MW (81 centrales solaires) début 2018. L’énergie solaire est ainsi passée de 1% (en 2001) à 8% de la matrice énergétique chilienne (2017) représentant 44% des ERNC dans le pays. L’ensemble des acteurs français (Engie / EDF / Total Solaire / Cap Vert Energie) disposent d’un parc photovoltaïque global au Chili de 774 MW, soit 39% des capacités solaires actuellement existantes du pays.

L’énergie éolienne est également une source de diversification et de développement ; elle représente actuellement 5% de la matrice énergétique chilienne (1.300 MW) avec notamment les présences d’Engie et d’EDF.

Des opportunités existent par ailleurs de développement des énergies marines. Naval Group (ex DCNS), associé à l’italien ENEL, a ainsi obtenu en 2016 l’appel d’offre public pour la création du centre d’excellence Meric consacré au développement des énergies marines. Un des objectifs de ce projet est de créer au Chili un pôle d’excellence mondiale sur les énergies marines en s’appuyant sur le savoir-faire et la technologie française.

 

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