Les relations économiques et commerciales entre la France et le Chili

 

Depuis plusieurs années déjà, tant en termes d’implantations que d’échanges commerciaux, le Chili est troisième partenaire de la France en Amérique Latine, derrière le Brésil et le Mexique. Environ 300 entreprises françaises de tous secteurs sont présentes au Chili, depuis lequel elles déploient souvent des activités régionales. En 2024, les échanges bilatéraux s’élevaient à 3,0 Mds EUR (+33,2 % par rapport à 2023), portés par la très bonne performance des exportations françaises (+ 63,6 %, à 1,7 Mds EUR) et particulièrement de l’aéronautique, occasionnant un excédent commercial de 379 M EUR. En termes de soutien public, quatre FASEP clos (Geolith, deux portés par Micr’Eau et Ecosun Innovations) sont en phase de développement commercial et un FASEP est en cours d’exécution (Biocéanor). En sus, de nombreuses PME approchent le service économique avec des solutions innovantes permettant de répondre aux enjeux particuliers du Chili (énergies renouvelables, hydrogène vert, connectivités…). Un ETI influence économique est en poste au ministère de l’énergie du Chili depuis le 1er mai 2023 sur les transports à nouveaux carburants et l’hydrogène vert. La relation bilatérale est également soutenue par un réseau d’acteurs français présents de longue date, structurés autour de la chambre de commerce bilatérale – qui a fêté ses 140 ans – et de nombreux réseaux d’entrepreneurs français.

Bénéficiant d’un niveau de développement élevé et d’un cadre des affaires favorable, le Chili est le troisième pays d’implantation des entreprises françaises en Amérique latine.

Malgré une taille de marché relativement limitée (20 millions d’habitants), le Chili est une destination attractive pour les investisseurs étrangers en raison de son niveau de développement. Le Chili est membre de l’OCDE et dispose en 2024 du 3ème PIB/habitant d'Amérique du sud avec 16 439 USD/habitant (derrière le Guyana à 30 962 USD/hab et l’Uruguay à 23 089 USD/hab, mais devant l’Argentine à 13 415 USD/hab et le Brésil à 10 214 USD/hab)[i]. Le pays bénéficie d’un climat d’affaires favorable et d’une profonde ouverture internationale (34 accords de libre-échange avec 65 pays). En croissance depuis une dizaine d'années surtout, la présence française au Chili serait actuellement de l'ordre de 300 filiales[ii] (160 en 2010), ce qui en fait le 3ème  pays d’implantation des entreprises françaises en Amérique latine, après le Brésil et le Mexique. Une bonne partie d’entre elles mène, par ailleurs, depuis Santiago, des activités régionales.

Le marché chilien représente un enjeu notable pour un certain nombre d'entreprises françaises. Sodexo par exemple, est le 1er employeur français au Chili et dans le top 5 du pays, avec près de 24 000 salariés. Le Chili représente ainsi le 5ème marché du groupe en termes de chiffres d’affaires (devant la Chine). Dans le secteur de l’énergie, Engie ou EDF se démarquent dans la production d’électricité (respectivement 4ème et 5ème producteurs) et la transmission (Engie est le 3ème  transporteur du pays). Veolia fournit 45 % de l'eau destinée aux ménages et est leader dans le traitement des déchets, segment dans lequel le Chili est le 12ème marché du groupe. Leurs filiales locales d’Engie et de Veolia (Aguas Andinas) sont par ailleurs cotées à la bourse de Santiago. Le principal investissement français (1,1 Mds USD) provient du Groupe ADP et de VINCI Airports, qui ont remporté en 2015 la concession de l’aéroport de Santiago. Suite à la crise du transport aérien consécutive à la pandémie de la Covid-19 (chute du trafic aérien par rapport à 2019 de -65 % en 2020, -73 % en 2021), cette concession fait l’objet d’un contentieux local depuis 2021, ensuite porté devant le Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), le consortium français proposant à l'État chilien une renégociation des paramètres économiques de la concession.

Aux côtés des secteurs de l’électricité, de l’environnement et des transports publics, où la présence française est traditionnellement forte, celui de l'hydrogène bas-carbone présente un potentiel de développement important dans les prochaines années pour un certain nombre d'entreprises françaises qui se positionnent (Engie, EDF, TotalEnergies, Air Liquide, Airbus, Alstom, entre autres), avec une mention particulière pour TotalEnergies qui a annoncé fin 2021 vouloir investir jusqu’à 15 Mds USD d'ici à 2030 pour produire 10 GWe d’électricité éolienne alimentant 8 GWe de puissance d’électrolyseur pour une production annuelle de 7 Mt d’ammoniac vert en 2031. Le projet devrait prochainement entrer en phase d’évaluation environnementale mais connaît un développement fastidieux du fait des incertitudes (notamment liées aux délais d’obtention des permis sectoriels et environnementaux) pesant sur le développement de la filière.

De manière plus générale, les entreprises françaises sont présentes dans la plupart des secteurs de l'économie chilienne : banque et assurance (Société générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, CIC, Coface, Cardiff...), industrie (Nexans, Air Liquide, Legrand, Alstom, Saint Gobain, Renault...), distribution (Decathlon, L’Oréal), automobile (Peugeot, Renault), aéronautique (Airbus), électronique (Idemia, Thalès...).

Selon l'indicateur de la Banque centrale chilienne[iii] – peu représentatif de la réalité économique en raison des mécanismes de comptabilisation des investissements et de l’organisation des groupes multinationaux – le stock d’investissement directs étrangers français au Chili serait de 1,7 Mds USD, soit 0,6 % du stock d’investissements étrangers au Chili (2023), ce qui positionnerait la France au 15ème rang des investisseurs étrangers et au 7ème rang des investisseurs européens, derrière l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Italie, la Belgique et la Suède. La concrétisation de plusieurs projets d’envergure – notamment dans l’hydrogène vert et la production d’énergies renouvelables – pourrait augmenter drastiquement le volume d’investissemnets français dans le pays au cours de la prochaine décennie. En contrepartie, la France se situe au 20ème rang des pays destinataires des investissements chiliens (0,3 Mds USD). Les investissements chiliens en France reposent, pour l’essentiel, sur Sigdo Koppers (propriétaire du producteur français de systèmes explosifs Davey Bickford), et surtout sur le Groupe Luksic (actionnaire de référence de Nexans). Ce dernier vient toutefois de mettre en vente – en avril 2025 –- l’équivalent de 10 % de la compagnie en actions, après avoir déjà réduit sa participation dans le groupe en novembre 2024.

 

Porté par les exportations chiliennes de cuivre et les exportations françaises dans le secteur aéronautique, le Chili est le troisième partenaire commercial de la France en Amérique latine.

En 2024[iv] – 8ème année consécutive où le Chili est le 3ème partenaire latino-américain de la France – les exportations françaises se sont élevées à 1,7 Md EUR derrière le Brésil (4,1 Mds EUR) et le Mexique (4,0 Mds EUR), soit une augmentation de +63,6% par rapport à 2023. Cette progression est principalement liée à la forte augmentation des exportations françaises de produits de la construction aéronautique et spatiale (+234,4 % par rapport à 2023) premier poste d’exportations françaises au Chili (863 M EUR, soit 51,3 % des exportations françaises au Chili cette année). De leur côté, les importations ont également c’est donc augmenté par rapport à 2023 (1,3 Md EUR ; +7,6%). Les métaux non ferreux – quasiment uniquement du cuivre – représentent 62,4% des importations du Chili vers la France (814 M EUR, en hausse de 18 % par rapport à 2023). En conséquence, en 2024, le solde commercial de la France au Chili est redevenu excédentaire (+378 M EUR) après un déficit en 2023.

Les échanges de services, tout autant  dynamiques, traduisent des relations actives entre les deux pays et se soldent également par une balance positive pour la France (+281 M EUR en 2023). En 2023, les exportations de services français au Chili représentaient 544 M EUR (+38,4 % par rapport à 2022), soit près de deux fois plus qu’en 2014. Les importations de services chiliens vers la France représentaient 263 M EUR en 2023 (+38,4 % par rapport à 2022). Les principaux secteurs concernés par ces échanges sont les services de transports et les services aux entreprises.

 

En raison de conditions de financement favorables dans le pays, le Trésor déploie peu d’instruments financiers au Chili, à l’exception notable du FASEP qui permet à des PME innovantes d’accéder à des secteurs stratégiques traditionnellement fermés.  

Compte tenu de son niveau de développement, le Chili n’est pas ouvert aux interventions de l’AFD et n’est éligible de facto qu’à un seul instrument financier de la DG Trésor – le Fasep – qui suscite un intérêt important de la part des autorités et entreprises publiques chiliennes, dans un climat de finances publiques toujours plus contraint. Avec quatre projets menés sur Fasep au cours des quatre dernières années, pour un montant total de 2,4 M EUR, le Chili a pu déployer des solutions innovantes dans le secteur énergétique et/ou minier, ayant en commun d’être tous portés par des PME et de cibler des sites isolés et/ou très pollués, notamment : pour l’extraction directe du lithium des saumures (Geolith), le traitement de l’arsenic dans l’eau (Micr’Eau), l’installation de générateurs à hydrogène vert dans des sites miniers (Micr’eau avec la technologie de l’entreprise H2SYS) et le déploiement d’un champ photovoltaïque autonome sur l’île de Pâques (Ecosun Innovations). Plus récemment, un nouveau projet de Fasep a été attribué à l’entreprise Biocéanor pour déployer un système de suivi et de prédiction de l’oxygène dissous dans les élevages de saumon (2ème secteur d’exportations du pays). En revanche,  le Fasep attribué à Blue Solutions – en lien avec le CEA – et visant à évaluer la faisabilité pour le Chili d’une montée en compétences sur la chaîne de valeur du lithium a été abandonné en raison d’une réorientation stratégique de l’entreprise bénéficiaire.

Enfin, un 1er ETI influence économique, positionné sur les transports à nouveaux carburants et l’hydrogène vert a pris ses fonctions en mai 2023 au sein du Ministère de l’Énergie chilien. Un second, envisagé dans le secteur de la mine et du lithium a été proposé à la partie chilienne, sans retour à ce stade du ministère des Mines. La coopération dans ce secteur demeure limitée au niveau institutionnel, le secteur minier restant un secteur sensible pour les autorités chiliennes.



[i] Perspectives économiques mondiales du FMI, avril 2025.

[ii] Base de données Orbis et estimations du service économique.

[iv] Douanes françaises

 

 
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