2024, une année record marquée par la performance des exportations aéronautiques françaises vers le Chili, dans un contexte général de renforcement de la relation bilatérale

Depuis plusieurs années, le Chili est le troisième partenaire commercial de la France en Amérique latine, après le Brésil et le Mexique. Après une chute des échanges en 2023, l’année 2024 a été marquée par un fort rebond de l’activité commerciale, qui s’élève à un niveau record de 3,0 Mds EUR[i] (+33,2 % par rapport à 2023).[ii] Cette progression est principalement liée à la forte augmentation des exportations françaises de produits de la construction aéronautique et spatiale (+234,4 % par rapport à 2023). En 2024, les exportations de biens chiliens vers la France représentaient environ 1,1 % du total des exportations chiliennes[iii] tandis que les exportations de biens français vers le Chili représentent environ 0,3 % des exportations françaises.[iv] Malgré une certaine stabilité et des perspectives de renforcement dans des secteurs stratégiques, la relation commerciale franco-chilienne reste relativement peu diversifiée au vu de la domination du cuivre dans les exportations chiliennes et de l’aéronautique dans les exportations françaises.

2024, une année record marquée par la performance des exportations aéronautiques françaises vers le Chili, dans un contexte général de renforcement de la relation bilatérale.

Alors que l’année 2023 a été marquée par une contraction du commerce extérieur chilien, y compris vis-à-vis de la France, les échanges bilatéraux ont connu un nouvel essor en 2024. En ce qui concerne les échanges de biens, en 2024, les exportations françaises vers le Chili ont atteint un niveau record, à 1,7 Md EUR (+63,6 % par rapport à 2023), alors qu’elles n’étaient que de 710 M EUR en 2016.[v] Outre la performance aéronautique, ce résultat traduit un retour à la normale après la chute connue en 2023, et s’inscrit dans une tendance globale à la hausse sur la dernière décennie. Les importations de biens chiliens en France ont quant à elles augmenté à 1,3 Md EUR (+7,6 % par rapport à 2023), contre seulement 1,0 Md EUR en 2016. Malgré quelques turbulences (notamment en 2020 lors de la pandémie) les échanges entre les deux pays sont donc globalement en augmentation sur la période récente. En 2024, la balance commerciale est à nouveau favorable à la France de 378 M EUR (elle était en faveur du Chili en 2023 à hauteur de 183 M EUR). En effet, les exportations de biens français sont particulièrement dynamiques, et cela pourrait se renforcer grâce à l’entrée en vigueur du nouvel accord de commerce intérimaire UE-Chili, depuis février 2025 (cf. infra).

Les échanges de services, tout autant  dynamiques, traduisent de relations actives entre les deux pays et se soldent également par une balance positive pour la France (+281 M EUR en 2023). En 2023, les exportations de services français au Chili représentaient 544 M EUR (+38,4 % par rapport à 2022), soit près de deux fois plus qu’en 2014. Les importations de services chiliens vers la France représentaient 263 M EUR en 2023 (+38,4 % par rapport à 2022).[vi] Les principaux secteurs concernés par ces échanges sont les services de transports et les services aux entreprises.

 

Les complémentarités sectorielles et les ambitions partagées permettent d’envisager un renforcement de la relation commerciale, qui reste toutefois trop peu diversifiée.

Le point fort des relations commerciales France-Chili réside notamment dans la complémentarité sectorielle des deux économies. Les échanges bilatéraux sont dominés par deux grandes branches : les produits aéronautiques du côté des exportations françaises et le cuivre du côté chilien. En 2024, les exportations de produits français de la construction aéronautique et spatiale au Chili représentent environ 863 M EUR, soit 51,3 % des exportations françaises au Chili. Les deuxième et troisième postes d’exportations au Chili sont les produits de la construction automobile (environ 8,1 % des exportations françaises vers le Chili), et les parfums, cosmétiques et produits d’entretien (environ 5,5 % des exportations françaises vers le Chili).

En 2024, le volume des importations françaises de cathodes de cuivre raffiné depuis le Chili représentent environ 814,1 M EUR soit 62,4 % des importations de produits chiliens en France. Cela reflète une forte dépendance de la France au cuivre chilien, puisqu’environ 60,6 % des importations françaises de cuivre raffiné et d’alliages de cuivre sous forme brute sont chiliennes[vii]. En deuxième et troisième postes d’importations chiliennes figurent les produits agricoles et agroalimentaires (environ 22,9 % des importations françaises de produits chiliens), et notamment des fruits, légumes et leurs préparations qui représentent 11,6 % des importations françaises depuis le Chili, du fait de la spécialité fruiticole chilienne et des saisons inversées qui permettent d’abonder les marchés européens pendant l’hiver. Les importations de produits de la pêche et de l’aquaculture, ainsi que des préparations à base de poissons – autre avantage comparatif du Chili – représentent 6,0 % des importations françaises depuis le Chili.

 

Un cadre institutionnel propice aux échanges et des accords commerciaux renouvelés permettent d’envisager une expansion des relations bilatérales.

Suite à la ratification de l’accord-cadre avancé, le nouvel accord commercial intérimaire UE-Chili est entré en vigueur en février 2025. Le Chili et l’UE ont signé le 13 décembre 2023, à Bruxelles, l'accord-cadre avancé (ACA) modernisant l’accord de 2002, contenant un « pilier politique et de coopération » ainsi qu’un « pilier commerce et investissement » et permettant l’entrée en vigueur de l'accord commercial intérimaire (ACI). Cet accord vise à faciliter les échanges en simplifiant les procédures douanières et en introduisant des règles plus flexibles. Ce nouvel accord libéralise 96 % des lignes tarifaires non encore libéralisées du côté chilien et 66 % du côté de l’UE, sur une période maximale de sept ans. Cela signifie que plus de 95 % des échanges entre l'UE et le Chili feront l’objet de droits de douane réduits voire exemptés.[viii] L’accord présente également un nouveau chapitre sur le commerce et le développement durable, et prévoit des dispositions pour faciliter l’accès au marché des petites et moyennes entreprises. En 2023, l'UE était le deuxième marché d'exportation de marchandises du Chili, et le Chili le troisième partenaire commercial de l'UE en Amérique latine. De plus, les échanges de marchandises entre l'UE et le Chili ont augmenté de plus de 160 % dans le cadre de l'accord UE-Chili de 2002.[ix]  

Ainsi, le cadre institutionnel stable et la coopération sectorielle entre les deux pays annoncent un maintien voire un renforcement des relations commerciales pour les années à venir. Les secteurs de l'énergie, notamment renouvelable et de l'hydrogène bas carbone offrent des opportunités de coopération accrues entre les deux pays. Des entreprises françaises se positionnent pour participer au développement de ces filières au Chili, renforçant ainsi les liens économiques bilatéraux. La signature d’une déclaration d’intention visant à renforcer la formation technique et professionnelle dans l'industrie de l'hydrogène vert au Chili est un bon exemple de cette large coopération bilatérale qui suscite des investissements dans ces secteurs mais dont la génération d’importations de produits associés est encore incertaine.

Les principaux défis actuels résident dans la montée de la concurrence internationale, notamment de la forte présence chinoise, premier partenaire du Chili et destinataire de près de 40% des exportations et environ 25% de ses importations[x]. L’adaptation à la réglementation locale  représente également un sujet de difficultés pour les échanges commerciaux. Cependant, la bonne lisibilité et le respect des procédures, ainsi que les réformes en cours visant à simplifier les processus permettent une fluidité satisfaisante. 

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Alors que les relations commerciales bilatérales franco-chiliennes semblent se renforcer, les bonnes relations politiques entre les deux pays, le cadre institutionnel chilien et les ambitions partagées en termes de transition énergétique devraient permettre d’entretenir cette dynamique. Les échanges dans les secteurs traditionnels que sont les produits miniers pour le Chili et l’aéronautique pour la France se confirment en 2024. Toutefois, il est aujourd’hui nécessaire de penser à la diversification des échanges bilatéraux, notamment grâce au développement de la coopération dans les secteurs de la transition énergétique, du numérique ou encore de l’innovation.

 

 



[i] Les données commerciales peuvent présenter des différences – parfois importantes – selon les sources utilisées en raison de la méthodologie utilisée, des actualisations opérées par les différents organes statistiques ou pour des raisons de fiabilité. Ces différences pourront notamment apparaître dans la note entre les sources douanières françaises, chiliennes, et celle des organismes internationaux.

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