Situation économique et financière de l’UEMOA

 

Activité économique

Entre 2012 et 2019, la zone UEMOA a enregistré un taux de croissance moyen du PIB réel excédant 5,5% par an. En 2020, la région a fait preuve d'une certaine résilience face à la pandémie avec un taux de croissance estimé à 1,8% (contre une contraction de 1,7% pour l'Afrique subsaharienne) avant d'enregistrer un important rebond à 5,6% en 2021, tiré par l'accélération de la consommation privée et la reprise des exportations. Cette tendance a été particulièrement marquée au Bénin (7,2%), en Côte d'Ivoire (7%) et au Burkina Faso (6,9%), alors qu’elle s’inscrit dans un contexte où les risques sécuritaire et humanitaire (déplacements de population, famine) dans la zone sahélienne se sont aggravés et qu’ils menacent les zones septentrionales des pays du golfe de Guinée.

En 2021, en raison de perturbations dans les chaînes d'approvisionnement et de la reprise de l'activité économique, les pressions inflationnistes se sont accentuées dans la zone, le taux d'inflation s'établissant en moyenne annuelle à 3,5% (contre 2,2% en 2020). La hausse des prix des denrées alimentaires importées a été le principal moteur de l'inflation et a engendré une hausse de l'insécurité alimentaire, particulièrement dans les pays sahéliens.

En 2022, la croissance devrait confirmer sa vigueur avec une projection à 5,3% avant de se stabiliser autour de 6% pour les années 2023 et 2024, en raison principalement de l'opérationnalisation des projets d'hydrocarbures au Sénégal et au Niger. Toutefois, ce dynamisme est tributaire de nombreux risques parmi lesquels : (i) la prolongation du conflit en Ukraine, débuté en février 2022 et qui a provoqué une flambée des prix de certains produits (blé, engrais, pétrole), dont les Etats de l'UEMOA sont quasi-exclusivement importateurs ; (ii) la dégradation de la situation sécuritaire et l'instabilité politique ; (iii) la résurgence de la pandémie.

Finances publiques et endettement

Les efforts de consolidation budgétaire qui avaient permis de respecter collectivement le plafond de déficit public de 3% du PIB dès 2019 (-2,3% du PIB) ont été mis à mal par la crise liée à la COVID-19. Ainsi, en 2020, le déficit public consolidé s’est fortement creusé à 5,7% du PIB, du fait de l’effet combiné d’une augmentation des dépenses (+3,2 points de PIB) liées à la pandémie et d’une baisse des recettes internes (-1,1 point de PIB) du fait du ralentissement économique et de certaines mesures d’exemption. En 2021, le déficit public est resté stable à 5,7% du PIB et les besoins de financement ont été couverts en grande partie par le marché régional ou par l'émission d'Eurobonds (Bénin, Côte d'Ivoire, Sénégal). Pour 2022, le déficit budgétaire de l'UEMOA est projeté par le FMI à 4,9% du PIB, mais pourrait se dégrader davantage au regard du contexte inflationniste et des mesures de réponse mises en œuvre par les Etats pour atténuer les effets du conflit en Ukraine.

Le taux d’endettement de l’UEMOA est estimé à 56,1% du PIB en 2021 selon le FMI, soit une augmentation de 5 points de PIB par rapport à 2020 et de 11,7 points de PIB par rapport à 2019. Cette évolution se justifie en grande partie par la hausse des besoins de financement engendrée par la pandémie à COVID-19. Dans l'Union, la Guinée Bissau (80,7% ; risque de surendettement élevé selon le Fonds) et le Sénégal (75,7%) dépassent le plafond communautaire de l’UEMOA de 70% du PIB tandis que le Togo s'en rapproche (63,8% du PIB). Si la part de la dette extérieure demeure la plus importante (33,7% du PIB en 2021 contre 22,4% pour la dette domestique), elle a néanmoins enregistré une diminution de 0,9 p.p. par rapport à 2020, traduisant la volonté des Etats d'accroître la part des ressources issues du marché régional. A noter qu'en termes de part, le Bénin dispose de la proportion la plus importante de dette extérieure (71,5% du total de la dette), suivi par la Côte d'Ivoire (64,4%) et le Niger (62,4%) tandis que le Togo dispose de la plus faible proportion (40,4%). Pour 2022, l'encours de la dette publique devrait légèrement progresser à 56,5% du PIB avant de se réduire pour atteindre 50% du PIB à l'horizon 2026, d’après les prévisions du FMI, au début de la crise Ukraine/Russie. Mais l’appréciation récente du dollar US par rapport à l’euro va renchérir à court terme le service de la dette extérieure des Etats libellés en dollar US et, si elle se maintient durablement, pourrait contraindre la soutenabilité de la dette de certains pays.

Equilibre extérieur

L’union exporte principalement des matières premières au premier rang desquelles l’or (32% en 2020 – dernières données disponibles), le cacao (17%), les produits pétroliers (7%), le coton (5%) et l’anacarde (4%). Ses principaux clients sont la Suisse (notamment pour l’or), le Nigeria et l'Afrique du Sud. Le principal exportateur de la zone est la Côte d’Ivoire, qui représente à elle-seule autour de 40% des ventes. Les achats de l’UEMOA sont par nature très diversifiés, les Etats-membres étant largement importateurs de biens intermédiaires et de consommation finale. Le principal fournisseur est la Chine (16%), suivie de la France (14%). Les échanges intracommunautaires demeurent faibles autour de 15% des échanges.

Si le déficit du compte courant s'est établi à un niveau relativement faible en 2020 (4,6% du PIB) en raison, entre autres, de l'allègement de la facture énergétique, le retournement à la hausse des cours du brut a participé à son creusement à 6,1% du PIB en 2021. De plus, le renchérissement des denrées importées et les conséquences du conflit en Ukraine sur les prix de l'énergie devraient encore le dégrader pour atteindre 7,3% du PIB en 2022 d’après les prévisions du FMI. Cette projection pourrait même être dépassée avec l’appréciation récente du dollar US par rapport à l’euro qui renchérit encore plus les importations de la sous-région.

Pour autant, en 2021, les réserves de change ont progressé, en lien avec l'allocation spéciale de DTS du FMI, représentant 1,3% du PIB de l'UEMOA en 2021, et les émissions d'Eurobonds de certains membres (2,6% du PIB). Ainsi, elles se sont établies à 5,8 mois d'importations de biens et services en 2021 (contre 5,5 mois en 2020), mais devraient se réduire sur le court terme pour atteindre 5 mois d'importations en 2023, en raison notamment de la réduction des entrées de capitaux et du coût des importations.

Secteur bancaire

Le système bancaire de l'UEMOA s'est montré résilient face à la pandémie à COVID-19, notamment grâce aux mesures de riposte prises par la BCEAO parmi lesquelles la réduction du taux directeur de 2,5% à 2% en juin 2020 ou encore le lancement de nouvelles fenêtres de refinancement à 6 et 12 mois pour les titres publics au taux de soumission minimal de 2%. Aussi, le ratio global d'adéquation des fonds propres est passé de 11,5% en décembre 2019 à 12% fin juin 2021, donc au-dessus du seuil réglementaire de 9,5%. Le taux de dégradation du portefeuille de prêts est resté stable, passant de 11,4% en décembre 2019 à 11,3% en juin 2021. Cependant, le secteur des institutions de microfinance a enregistré une augmentation de son taux de prêts non performants, passant de 6,5% fin 2019 à 12,6% en juin 2020 avant de redescendre à 9% fin juin 2021. Enfin, en juin 2022, afin de lutter contre la montée des pressions inflationnistes, la BCEAO a procédé à une hausse de son taux directeur à 2,25% (+25 points de base), amorçant ainsi une tendance de resserrement de sa politique monétaire à l’instar des principales banques centrales du monde.

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