SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE

Croissance économique et développement

La Côte d'Ivoire fait figure de puissance économique sous régionale, contribuant à 40% du PIB de l'UEMOA et des exportations de la zone. Le pays possède également la base industrielle la plus importante de l’UEMOA. Il demeure le 1er producteur mondial de cacao (plus de 40% de part de marché) et est depuis 2015 le 1er producteur mondial d’anacarde (autour de 40% de la production mondiale en 2023). Le secteur primaire est principalement axé sur l’agriculture (20% du PIB en 2021) ; le secteur secondaire (29% du PIB) concerne principalement l’industrie extractive, l’énergie, l’agro-alimentaire et le BTP ; enfin, le secteur tertiaire (51% du PIB), est dominé par les télécommunications, les transports, le commerce et les activités financières. La performance et la résilience de l’économie ivoirienne reposent également sur la stabilité monétaire que lui confère son appartenance à l’UEMOA et qui se traduit par une inflation relativement faible.

Placée depuis 2012 sur un sentier de croissance soutenue, l’économie ivoirienne présente des signes de transformation structurelle, comme en témoignent l’émergence d’une transformation locale de matières premières et la diversification des exportations. Le PND 2021-2025, en cours de mise en œuvre, se fixe pour objectifs entre autres : l’accélération de la transformation structurelle de l’économie, avec une croissance moyenne sur la période de plus de 7% ; et l’accès de la Côte d’Ivoire au rang des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030. Ce plan prévoit un investissement global sur la période d’environ 90 Mds EUR, porté au ¾ par le secteur privé.

En 2020, du fait de l’impact de la COVID-19, la croissance a ralenti à +2% puis a marqué un fort rebond en 2021, à +7%. Elle s’est établie à 6,7% en 2022, tirée principalement par la consommation privée et l’investissement public.

Le maintien d’une croissance dynamique témoigne de la résilience de l’économie en dépit des chocs externes. En 2023, la croissance s’élève à 6,2% (un peu plus de 9% en nominal), un niveau stable par rapport à 2022 (en baisse par rapport aux 7,1% de 2021), porté, s’agissant de la demande, par des investissements dans les infrastructures en lien avec la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2024, et s’agissant de l’offre par le secteur extractif via la mise en service du champ pétrolier Baleine en août 2023 et, par le secteur tertiaire (en particulier par les transports et communications). La croissance en 2024 est projetée à 6,5%, soutenue par la consommation et l’investissement privé.

A moyen terme, les perspectives sont toutefois soumises à d’importants risques baissiers, dont principalement l’impact du conflit en Ukraine, le durcissement des conditions d’emprunt et l’instabilité sécuritaire dans le Sahel.

En dépit de ces bonnes performances économiques, le pays reste marqué par la persistance de disparités socio-économiques et géographiques majeures. Sa population est estimée à 31,1 M d'habitants en 2023, dont environ 22% d’étrangers principalement constitués des communautés de la CEDEAO (Mali, Burkina Faso…). Avec une espérance de vie à la naissance estimée à 59 ans en 2022 (2 ans de moins que la moyenne subsaharienne), le pays se classe 166ème sur 193 au classement IDH 2022 du PNUD et l’incidence de la pauvreté est évaluée à 37,5% en 2021. Des disparités géographiques majeures persistent entre Abidjan, capitale économique, et le reste du pays : 80% de l’activité économique du pays relèverait d’Abidjan (abritant 22% de la population). Par ailleurs, l’économie est largement informelle (estimée à 51% du PIB) ; l’emploi informel occupant, lui, plus de 90% de la force de travail.

Finances publiques

La consolidation budgétaire se poursuit et repose principalement sur la hausse des recettes fiscales, conformément au programme avec le FMI qui prévoit une hausse des recettes fiscales de 12,8% du PIB en 2022 à 15,9% en 2026 (là où le seuil communautaire de convergence recommande 20% du PIB). A noter que les recettes fiscales se situent à 13,6 % du PIB en 2023. Le déficit budgétaire s’est réduit en 2023, passant de 6,8% du PIB en 2022 à 5,2%, reflétant selon le FMI les fortes mesures en recettes prises au cours de l’année 2023. Il est projeté à 4% du PIB en 2024, soutenu principalement par une amélioration des recettes fiscales et une baisse des dépenses totales, portée principalement par une baisse des transferts et subventions ainsi que dépenses de sécurité et d’élection. En 2025, le déficit budgétaire devrait atteindre la cible communautaire de 3% du PIB.

Dette publique

La Côte d’Ivoire fait partie des pays d’Afrique subsaharienne ayant accès aux marchés internationaux. Elle a été le premier pays du sous-continent à revenir sur les marchés internationaux après le resserrement des conditions financière de 2022, avec l’émission d’un double eurobond en janvier 2024 pour un total de 2,6 Mds USD à des conditions financières relativement attractives (taux d’intérêt moyen de 6,61% au terme de l’opération de couverture de change dollar-euro). La Côte d’Ivoire a profité de cette levée sur le marché international pour procéder à un reprofilage de sa dette en particulier sur les maturités courtes. L'opération a généré une économie cumulée sur le service de la dette de 2,3 points de PIB entre 2024 et 2032, avec un pic de 0,9 points du PIB en 2025. Par ailleurs, la notation souveraine de la Côte d’Ivoire a été relevée à « Ba2 » par Moody's en mars 2024 et S&P a maintenu sa note à « BB- », mais en relevant la perspective de « stable » à « positive » en mai 2024.

La Côte d’Ivoire est vulnérable aux chocs externes, sur les exportations notamment, et dispose d’un espace budgétaire limité pour y faire face. Le risque de surendettement global et externe de la Côte d'Ivoire est jugé modéré.

La dette publique a fortement augmenté ces dernières années, passant de 38,4% du PIB en 2019 à 58,1% du PIB en 2023, soit une augmentation de près de 20% du PIB en 4 ans. Cette hausse substantielle est liée aux importants besoins de financement engendrés par la COVID-19 et les pressions inflationnistes engendrées par la guerre en Ukraine depuis 2022. En 2023, la dette publique est majoritairement externe (62% de la dette totale).

Publié le