Le commerce extérieur de l'UEMOA en 2020

Selon la BCEAO, en 2020, les échanges commerciaux de biens de l'ensemble des pays de l'UEMOA avec l'extérieur aura atteint 48 Mds EUR, soit le même niveau qu'en 2019 (+0,2%), alors que le commerce mondial se contractait cette même année (-7,5% en 2020 par rapport à 2019) sous l’effet de la pandémie à Covid-19. La zone UEMOA a fortement réduit son déficit commercial en 2020, à hauteur de 866,3 M EUR (contre 2,2 Mds EUR en 2019). Cette évolution favorable se justifie notamment par la progression des exportations à 23,6 Mds EUR (+3,2% en un an), en lien avec la hausse des ventes d'or (+36,6%) grâce à la bonne tenue des cours internationaux du cacao (+2,3%), du caoutchouc (+12,4%) et de la noix de cajou (+1,3%). A l'inverse, les importations ont enregistré un déclin de 2,5% pour se situer à 24,4 Mds EUR, en lien avec l'allègement de la facture énergétique (-10,4%) et le repli des acquisitions de biens d'équipement et intermédiaires (-3,4%). Comme l'année précédente, le principal client de la zone est la Suisse (24,5% du total des ventes), suivie du Nigeria (9,7%) et de l'Afrique du Sud (8%) tandis que le principal fournisseur est la Chine (15,7% du total des achats), suivie de la France (14%) et du Nigeria (6,5%). Enfin, les échanges intracommunautaires demeurent faibles, autour de 14,7% du total des exportations, largement en deçà de l’objectif communautaire de 25%.

Une légère progression des exportations (23,6 Mds EUR, +3,2% en g.a.) dans un contexte de bonne tenue des cours de l'or et du cacao, malgré un repli des ventes de produits pétroliers

Des exportations composées quasi-exclusivement de matières premières ou de produits faiblement transformés

En 2020, les exportations de biens des pays de l'UEMOA sont ressorties à 23,6 Mds EUR, en hausse de 3,2% en g.a. Elles sont composées quasi-exclusivement de matières premières ou de produits faiblement transformés, au premier rang desquels l'or (31,8%) et le cacao (16,8%), suivis des produits pétroliers (6,8%), du coton (4,6%) et de l'anacarde (3,9%). L'analyse de l'indicateur de diversification des exportations (indice de Theil[1]) montre une légère détérioration du degré de diversification des produits exportés par l'Union par rapport à l’année 2019, en lien avec la hausse des parts de l'or et des produits du cacao dans les exportations totales. D’après l’indice, le Sénégal et le Togo restent les pays dont la structure des ventes est la plus diversifiée de la zone, tandis que la Guinée-Bissau est le pays dont les exportations sont les moins diversifiées. A l’exception de la Guinée-Bissau (hausse des ventes de noix de cajou) et du tandem Burkina Faso – Mali (hausse des ventes d'or) qui ont vu leur indice se détériorer, le degré de diversification des autres pays de l’Union est demeuré quasi-stable sur la période 2016-2020.

La progression des exportations est largement imputable à la hausse des ventes d'or (+36,6% à 9 Mds EUR au total), en lien avec l'évolution favorable des cours internationaux mais également grâce à son rôle de valeur refuge dans un contexte pandémique. Les ventes de produits du cacao ont connu une augmentation plus nuancée (+2,3% à 4,5 Mds EUR) en raison de la baisse du volume expédié tandis que celles de noix de cajou (+1,4% en g.a. à 1 Md EUR) bien qu'en hausse, ont toutefois été limitées en raison de la baisse des prix mondiaux pour ce produit. Ces tendances favorables ont été atténuées par le repli des ventes de produits pétroliers de 41,3% pour s'établir à 1,6 Md EUR en raison de l'affaiblissement des cours internationaux.

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Des exportations originaires de Côte d’Ivoire à près de 41%

L'analyse des parts des exportations par pays fait ressortir la prédominance de la Côte d'Ivoire, qui représente 40,8% des ventes extérieures de l’UEMOA en 2020 – une part pourtant à son plus bas niveau ces 10 dernières années. Elle est suivie du Burkina Faso (15,6%), du Mali (14,6%) et du Sénégal (13,7%). A noter que les principaux contributeurs à la croissance des exportations ont été le Burkina (+2,6 points) et le Mali (+2,4 points).

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Des ventes toujours principalement destinées à l’Europe malgré l’augmentation du poids des géants asiatiques

Les produits exportés depuis l’UEMOA sont principalement destinés à l’Europe (48,9% dont 4,9% à la France), suivie de l'Afrique (23%), en lien avec les exportations d'or en Afrique du Sud et de produits pétroliers au Nigeria, ainsi que de l'Asie (18,8% ; +4,8 p.p. depuis 2012), dont l'Inde et la Chine qui comptent respectivement pour 23,3% et 17,5% du total des ventes vers le continent asiatique. Les exportations à destination d'Amérique restent marginales à 5,5%. Enfin, par pays, les principaux clients de la région en 2020 sont la Suisse (24,5% du total des ventes), le Nigeria (9,7%) et l'Afrique du Sud (8%).

Une diminution des importations (24,4 Mds EUR, -2,5% en g.a.) en lien avec l'allègement de la facture énergétique

Des pays largement importateurs de leurs biens de consommation finale et intermédiaires

Les importations de biens des pays de l’UEMOA sont ressorties à 24,4 Mds EUR en 2020, en repli de 2,5% en g.a.. Le premier poste est constitué de biens de consommation (33,6% des importations totales, dont 56,7% de produits alimentaires), que les pays de la région produisent encore en faible quantité du fait de la faible diversification de leurs tissus productifs, et qu’ils sont par conséquent contraints d’importer dans leur majorité. Les biens d’équipement représentent ensuite 21,6% des importations totales, suivi des produits énergétiques (19,8%) et des biens intermédiaires, principalement des matériaux de construction et des produits chimiques (17,8%).

Si les achats de biens de consommation courante ont progressé de 5% en g.a., le déclin global des importations (-2,5% en g.a.) est imputable à : (i) l'allègement de la facture énergétique (-10,4% en g.a.), en raison du repli des cours du pétrole sur le marché international en moyenne en 2020 ; (ii) le recul des importations de biens d'équipement (-4,6% en g.a.), en raison du ralentissement des investissements pétrolier et gazier notamment au Sénégal et au Niger ; (iii) le repli des achats de biens intermédiaires (-2% en g.a.), en lien avec la baisse de l'activité économique suite aux restrictions prises par les pays dans la lutte contre la pandémie.

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L'analyse des parts de marché des importations selon le pays fait ressortir la prédominance de la Côte d'Ivoire (29,5% du total des achats) et du Sénégal (20,6%) qui concentrent à eux deux presque la moitié des achats de la zone. Ils sont suivis du Mali (13,3%), du Burkina Faso (10,9%) et du Bénin (10,2%). A noter que les principaux contributeurs à la diminution des importations ont été le Sénégal (-1 point) et le Burkina Faso (-0,3 point).

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Depuis 2016, un maintien de la Chine au rang de 1er fournisseur de la zone (15,7%), devant la France (14%)

Les continents européens et asiatiques représentent respectivement 43,3% et 33,5% des achats de la zone UEMOA en 2020, soit plus de ¾ des importations. Les pays de la région s’approvisionnent principalement en Chine (15,7% des importations totales, toutefois en diminution de 0,8 point en g.a.) et en France (14%, en hausse de 0,5 point), devant le Nigeria (6,5%) et l’Inde (5,9%). La part des importations en provenance des autres pays de la CEDEAO dans les importations totales de l’UEMOA a progressé de 0,3 points en 2020 pour s'établir à 9,4%. A noter que les achats extérieurs de l'Union en produits énergétiques se sont majoritairement effectués sur le continent africain (42,3% du total dont 85% pour le seul Nigeria) et européen (41,8%).

Une amélioration notable du déficit commercial de l’UEMOA de 2,2 Mds EUR en 2019 à 866 M EUR en 2020

Après s'être déjà résorbé de 22,3% à 2,2 Mds EUR entre 2018 et 2019, le déficit commercial a de nouveau enregistré une amélioration notable en 2020, s'établissant à 866 M EUR soit 0,6% du PIB 2020, traduisant une réduction de 1 point de PIB. En 2020, en plus de la Côte d'Ivoire, structurellement excédentaire (2,6 Mds EUR), le Burkina Faso (1,2 Md EUR) et le Mali (442 M EUR) ont également dégagé un excédent commercial tandis que le Sénégal enregistre pour sa part le plus important déficit de la région (2,4 Mds EUR).

Des échanges intercommunautaires limités, reflet de la faiblesse de l’intégration commerciale régionale

Les échanges intra-UEMOA en 2020 sont estimés à 4,1 Mds EUR (dont 28,8% de produits pétroliers), à un niveau stable par rapport à l’année précédente (-0,7% en g.a.), soit 14,7% des exportations totales de la région – une part en baisse de 0,5 p.p., les exportations totales ayant progressé à un rythme plus soutenu. La Côte d'Ivoire et le Sénégal, dont les tissus industriels sont les plus développés, sont ainsi logiquement les principaux fournisseurs intra-régionaux, avec respectivement 33,6% et 26,9% des exportations intra-régionales totales en 2020. A l’inverse, le Mali et le Burkina – pays géographiquement enclavés – occupent les 1ère et 2ème places des importateurs intra-communautaires, avec respectivement 40,7% et 20,4% des approvisionnements.

La part des échanges intracommunautaires demeure faible et très en deçà de l’objectif de 25% fixé par le programme régional de développement des échanges commerciaux dans l’espace UEMOA. Plusieurs facteurs expliquent cette faiblesse au premier rang desquels l’homogénéité des biens et services échangés dans cet espace ; cette intégration souffre du manque de complémentarité entre les économies nationales, du fait de la similarité des biens exportés (matières premières brutes ou produits faiblement transformés) et importés (biens de consommation finale et intermédiaires) par chaque pays, reflétant la faible diversification de leurs tissus productifs. Par ailleurs, outre la faiblesse des infrastructures routières, la commerce intra-régional souffre des défauts de bonne gouvernance sur les axes d’échanges avec des contrôles, prélèvements et frais non justifiés. La zone se caractérise également par des distorsions en matière de concurrence, en particulier, des difficultés pour certaines entreprises à avoir accès aux marchés, notamment publics, de certains pays de l’Union.



[1] L’indice de Theil prend en compte le nombre de produits exportés par un pays et le degré de concentration de la structure des exportations sur quelques produits. Il est compris entre 0 et 1

 

 

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