Le commerce extérieur de l'UEMOA en 2021

Les échanges commerciaux de biens de l'ensemble des pays de l'UEMOA marquent une nette augmentation (+16,3%) et s’élèvent à 64,2 Mds EUR en 2021 contre 55,2 Mds EUR en 2020. Après s'être résorbé, le déficit commercial des biens de la zone UEMOA s’est significativement aggravé de 1 point de pourcentage, passant de 0,2% du PIB (0,2 Md EUR) en 2020 à 1,2% du PIB (1,8 Md EUR) en 2021. Cette évolution s’explique par une hausse des importations de 17,4% en 2021 pour se situer à 33 Mds EUR en raison de l’alourdissement de la facture énergétique (+24,9%) et de la hausse des achats en valeur des biens d’équipement et intermédiaires (+28,1%). Les exportations ont également augmenté de 12,1% pour atteindre 31,2 Mds EUR, principalement en raison de la hausse cours internationaux qui a entraîné la hausse des ventes de caoutchouc (+42,8%), de produits pétroliers (+34,4%), de coton (+31,8%) et de cacao (+11,5%). Comme en 2020, le principal client de la zone est la Suisse (21,5% du total des ventes), suivie du Nigeria (13%) et de l'Afrique du Sud (6,6%) tandis que le principal fournisseur est la Chine (16,2% du total des achats), suivie de la France (11,6%) et du Nigeria (5,6%). Enfin, les échanges intracommunautaires demeurent faibles, autour de 14,7% du total des exportations, largement en deçà de l’objectif communautaire de 25%.

Une progression marquée des exportations (+12,1% à 31,2 Mds EUR) en 2021 dans un contexte de hausse des cours du caoutchouc, du pétrole, du coton et du cacao et de spéculation sur les marchés de l’anacarde et de l’or

Des exportations composées essentiellement de matières premières ou de produits faiblement transformés

En 2021, les exportations de biens des pays de l'UEMOA sont ressorties à 31,2 Mds EUR, en hausse de 11,8% par rapport à l’an passé. Elles sont composées essentiellement de matières premières ou de produits faiblement transformés, au premier rang desquels l'or (30,9%), le cacao (16,3%), les produits pétroliers (7,5%), le coton (5,4%), le caoutchouc (4,2%) et l'anacarde (4%). L'analyse de l'indicateur de diversification des exportations (indice de Theil[1]) montre une amélioration légère en 2021 du degré de diversification des produits exportés par l’UEMOA. Cette amélioration s’explique principalement par la hausse de la part des recettes d’exportations issues des produits agricoles ainsi que de la baisse de celles issues des produits miniers. Cette amélioration est attribuable majoritairement à l’amélioration observée au Bénin et en Côte d’Ivoire. A l’inverse, La Guinée-Bissau a vu sa diversification se détériorer en raison d’une plus grande concentration de ses exportations sur la noix de cajou. De même, le Mali et le Burkina-Faso présentent une plus grande concentration de leurs exportations sur l’or. Le Sénégal et le Togo demeurent les pays les plus diversifiés de l’UEMOA.

La progression des exportations est largement imputable à la hausse cours internationaux qui a entraîné la hausse des ventes de caoutchouc (+42,8% à 1,3 Md EUR au total), de produits pétroliers (+34,4% à 2,3 Mds EUR), de coton (+31,8% à 1,7 Md EUR) et de cacao (+11,5% à 5,1 Mds EUR). La hausse des ventes d’anacarde (+41,9% à 1,2 Md EUR) et d’or (+7,3% à 9,7 Mds EUR) s’explique, quant à elle, par une hausse en volume des ventes dans un contexte de baisse des prix sur les marchés internationaux.

 

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Des exportations originaires de Côte d’Ivoire à près de 41%

L'analyse des parts des exportations par pays fait ressortir la prédominance de la Côte d'Ivoire, qui représente 40,6% des ventes extérieures de l’UEMOA en 2021 – une part pourtant à son plus bas niveau sur ces 10 dernières années. Elle est suivie du Burkina Faso (15%), du Sénégal (13,9%) et du Mali (13,6%). A noter que les principaux contributeurs à la croissance des exportations ont été le la Côte d’Ivoire (+6,1 points) et le Sénégal (+2,4 points).

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Des ventes toujours principalement destinées à l’Europe malgré l’augmentation du poids des géants asiatiques

Les produits exportés depuis l’UEMOA sont principalement destinés à l’Europe (44,1%, contre toutefois 48,9% en 2020), dont 4,1% à la France, suivie de l'Afrique (24,9%, contre 24,3% en 2020), en lien avec les exportations d'or en Afrique du Sud et de produits pétroliers au Nigeria, ainsi que de l'Asie (20,7% ; +7 p.p. par rapport à 2012) dont l'Inde et la Chine comptent respectivement pour 5,3% et 3,5% du total des ventes de l’Union. Les exportations à destination de l'Amérique restent marginales à 5,9%. Enfin, par pays, les principaux clients de la région en 2020 sont la Suisse (21,5% du total des ventes), le Nigeria (13% contre 9% en 2020) et l'Afrique du Sud (6,6%).

Une hausse des importations de 17% en 2021 (à 33 Mds EUR) en raison de l’alourdissement de la facture énergétique et de la hausse des prix des biens d’équipement et intermédiaires 

Des pays largement importateurs de leurs biens de consommation finale et intermédiaires

Les importations de biens des pays de l’UEMOA sont ressorties à 33 Mds EUR (en valeur FOB) en 2021, en hausse de 17,4% en g.a. Cette hausse est principalement imputable à la hausse des importations de biens d’équipement et intermédiaires (+28,1% en g.a.) ainsi qu’à l’alourdissement de la facture énergétique (+24,9% en g.a.). L’augmentation des importations s’explique également par l’augmentation des approvisionnements en biens de consommation (+22,5% en g.a.), en particulier les achats de produits alimentaires qui ont augmenté de 24,8% en g.a. suite à la hausse des cours mondiaux.

Le premier poste d’importation est constitué par les biens de consommation (32,9% des importations totales, dont les produits alimentaires qui représentent à eux seuls 19,8% des importations), que les pays de la région produisent encore en faible quantité du fait de la faible diversification de leurs tissus productifs, et par conséquent contraints d’importer dans leur majorité. Les produits énergétiques représentent ensuite 21,1% des importations totales, suivi des biens d’équipements (20,6%) et des biens intermédiaires (18,3%).

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L'analyse des parts de marché des importations selon le pays fait ressortir la prédominance de la Côte d'Ivoire (31,1% du total des achats, contre 29,5% en 2020) et du Sénégal (20,9%) qui concentrent à eux deux plus de la moitié des achats de la zone. Ils sont suivis du Mali (14,1%), du Burkina Faso (10,2%) et du Bénin (9,4%).

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Depuis 2016, un maintien de la Chine au rang de 1er fournisseur de la zone (16,2%), devant la France (11,6%)

Les achats de la zone UEMOA proviennent principalement des continents européens (39,3%, contre 43,3% en 2020) et asiatiques (37,2%, contre 33,5% en 2020) en 2021, soit plus de ¾ des importations. Les pays de la région s’approvisionnent principalement en Chine (16,2% des importations totales, en augmentation de 0,5 point en g.a.) et en France (11,6%, en baisse de 2,4 points en g.a.), devant l’Inde (7,8%, en hausse de 1,9 point en g.a) et le Nigeria (5,6%). La part des importations en provenance des autres pays de la CEDEAO dans les importations totales de l’UEMOA a diminué en 2021, passant à 8,2% contre 9,4% en 2020. A noter que les achats extérieurs de l'Union en produits énergétiques se sont majoritairement effectués sur les continents européen (38,7%) et africain (34,5% du total, dont 27,9% pour le seul Nigeria).

Une détérioration du déficit commercial de l’UEMOA de 1,8 Md EUR en 2021 

Après s'être déjà résorbé en 2019 et 2020, le déficit commercial des biens s’est significativement aggravé de 1 point de PIB, passant de 0,2% du PIB (0,2 Md EUR) en 2020 à 1,2% du PIB (1,8 Md EUR) en 2021.

Alors qu’en 2020, parmi les pays excédentaires, à la Côte d'Ivoire (2,6 Mds EUR en 2020) s’ajoutaient le Burkina Faso (1,2 Md EUR en 2020) et le Mali (442 M EUR en 2020), seule la Côte d’Ivoire présente un excédent en 2021 et contribue à hauteur de 1,6 point de PIB au solde commercial de l’Union, quand le Sénégal enregistre pour sa part le plus important déficit de la région et contribue négativement de 1,7 point de PIB au déficit.

Des échanges intercommunautaires limités, reflet de la faiblesse de l’intégration commerciale régionale

Les échanges intra-UEMOA en 2021 sont estimés à 4,8 Mds EUR (dont 31,5% de produits pétroliers), en hausse de 17,3% par rapport à 2020 et soit 13,7% des exportations totales de la région – une part en baisse de 1 p.p., les exportations totales ayant progressé à un rythme plus soutenu. La Côte d'Ivoire et le Sénégal, dont les tissus industriels sont les plus développés, sont les principaux fournisseurs intrarégionaux, avec respectivement 36,4% et 29,2% des exportations intrarégionales totales en 2021, contre respectivement 35,8% et 28,8% en 2020. A l’inverse, le Mali et le Burkina – pays géographiquement enclavés – occupent les 1ère et 2ème places des importateurs intra-communautaires, avec respectivement 46,8% et 20,4% en 2021 des approvisionnements, contre 42,8% et 21,6% en 2020.

La part des échanges intracommunautaires demeure faible et très en deçà de l’objectif de 25% fixé par le programme régional de développement des échanges commerciaux dans l’espace UEMOA. Plusieurs facteurs expliquent cette faiblesse au premier rang desquels l’homogénéité des biens et services échangés dans cet espace ; cette intégration souffre de la faiblesse de complémentarité entre les économies nationales, du fait de la similarité des biens exportés (matières premières brutes ou produits faiblement transformés) et importés (biens de consommation finale et intermédiaires) par chaque pays, reflétant la faible diversification de leurs tissus productifs. Par ailleurs, outre la faiblesse des infrastructures routières, le commerce intrarégional souffre des défauts de bonne gouvernance sur les axes d’échanges avec des contrôles, prélèvements et frais non justifiés. La zone se caractérise également par des distorsions en matière de concurrence, en particulier, des difficultés pour certaines entreprises à avoir accès aux marchés, notamment publics, de certains pays de l’Union.



[1] L’indice de Theil prend en compte le nombre de produits exportés par un pays et le degré de concentration de la structure des exportations sur quelques produits. Il est compris entre 0 et 1

 

 

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