CONGO
La présence française au Congo
La présence économique de la France au Congo-Brazzaville demeure réelle, bien qu’elle se soit érodée ces dernières années du fait, notamment, de l’impact de la crise latente depuis 2014 et de l’entrée de nouveaux partenaires sur ce marché (Chine, Turquie, Inde). La présence française est forte dans l’industrie, particulièrement dans le secteur pétrolier, mais aussi dans l’agro-industrie, dans l’aéroportuaire, dans le transport routier, dans la forêt, et enfin dans les industries de loisir. Les intérêts français reposent ainsi sur quelques grands groupes mais aussi sur une centaine de sociétés, notamment des entreprises françaises de l’étranger opérant dans de nombreux secteurs. Nos grandes entreprises restent en veille sur les futurs grands projets mais aussi sur les opportunités que devrait offrir la diversification économique du pays.
1- Le Congo a été durement touché par la chute brutale des prix pétroliers mi-2014, impactant fortement l’économie à partir de 2016 et laissant le pays dans une situation financière préoccupante. Après plusieurs années de récession, la reprise de la croissance au Congo est intervenue en 2021 et s’est poursuivie depuis et devrait atteindre 2,8% en 2024. Le pays demeure toutefois en situation de surendettement, même si sa dette est, selon le FMI, soutenable. Nos entreprises, qui étaient très présentes sur la commande publique en particulier, ont cumulé des arriérés commerciaux importants vis-à-vis de l’État dont l’apurement est prévu pour être majoritairement achevé en 2031. Le Congo a conclu un programme économique et financier avec le FMI en 2022 pour rétablir ses équilibres macroéconomiques. Ce programme a connu cinq revues qui se sont conclues positivement grâce aux réformes actuellement mises en œuvre par les autorités congolaises.
2- Les intérêts français reposent sur quelques grands groupes mais aussi sur une centaine de sociétés, notamment des entreprises françaises de l’étranger. Près de 70 filiales françaises sont présentes au Congo. Elles opèrent dans de nombreux secteurs -avec une prépondérance de sociétés du parapétrolier. Elles emploient directement et indirectement encore quelque 10 000 personnes (contre 25 000 en 2015), essentiellement congolaises, plus d’une centaine d'expatriés français et une vingtaine de Volontaires Internationaux en Entreprise (100 VIE en 2015). Outre les filiales d’entreprises françaises, l’écosystème entrepreneurial français au Congo compte une soixantaine d’EFE (Entreprises Françaises de l’Etranger). Ces entreprises appartiennent à des entrepreneurs français installés de longue date dans ce pays.
3- On trouve des investisseurs français dans la production de pétrole, ainsi que des parapétroliers, souvent des EFE. Nos entreprises sont aussi présentes dans le transport-logistique, l’industrie sucrière et la meunerie, l’afforestation et le bois, le numérique, les industries du loisir et la distribution. Les entités du BTP n’opèrent qu’à la marge dans le pays avec quelques projets de développement menés par l’AFD qui assurent le maintien sur place d’un courant d’affaires (eau – assainissement - port). Les entreprises françaises, traditionnellement très présentes sur les grands contrats publics, aujourd’hui en grande partie taris, doivent désormais s’ouvrir à de nouveaux paradigmes de coopération, i) qu’il s’agisse de Partenariat public ou privé (PPP) promus par les autorités du Congo pour pallier la contraction des ressources publiques, à l’instar de la délégation de service public des 3 principaux aéroports du pays, ii) d’association d’expertises avec des entreprises de pays tiers, comme sur le contrat de concession des routes nationales 1 et 2, iii) ou de partenariats franco-congolais pour répondre à des projets privés ou publics.
4- La France demeure l’un des tout premiers investisseurs étrangers dans ce pays avec la Chine, l’Italie et les États-Unis. Elle totalise, selon la Banque de France, un stock de 2,4 Md EUR d’IDE en 2023. La France est le deuxième fournisseur du Congo après la Chine, avec une part de marché de 10,5% en 2022. Le commerce entre la France et le Congo n’a cependant cessé de se réduire depuis une dizaine d’années et l’impact de la chute des prix du pétrole en 2014 a mis un coup d’arrêt à de nombreux projets porteurs d’exportations sur lesquels nos entreprises s’étaient positionnées. Nos ventes ont enregistré ainsi une baisse de 61% entre 2015 et 2021, mais les années 2022 et 2023 ont permis une reprise à la hausse de nos ventes jusqu’à 367 M EUR à la faveur de la reprise des activités économiques après la crise sanitaire du Covid-19. Cette reprise reste toutefois inférieure au niveau de 2015 où nos exportations vers le Congo s’élevaient à 655 M EUR.
5- Il n’existe aucune structure bilatérale d’affaires opérationnelle, hormis le Club Congo-France Numérique créé en 2020. Il existe toutefois un cercle d’affaires français au Congo (CAF Congo) créé en 2023. Le Comité des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF) est composé d’une quinzaine de membres. L’Agence Française de Développement (AFD) est présente au Congo avec des engagements de financement à hauteur de 648 M EUR, axés sur une vingtaine de projets -via une large palette de produits financiers. L’Agence Business France, qui couvre le Congo depuis son bureau régional de Douala (Cameroun), a désigné début 2024 deux entreprises locales dans le cadre d’un référencement pour des prestations d’amorçage commercial au Congo.
6- Dans le contexte actuel, marqué aussi par un climat d’affaires considéré comme difficile, rares sont les entreprises françaises à avoir pris récemment la décision d’investir. Elles restent toutefois en veille et mobilisées sur certains secteurs, comme celui des infrastructures et du transport. Nos entreprises sont fortement représentées dans ce secteur qui est un enjeu prioritaire au regard des projets en filigrane comme la rénovation du Chemin de fer (CFCO) ou les nouveaux développements ferroviaires et portuaires liés aux nombreux projets miniers ou de transport, en mode PPP (pont route rail devant relier Brazzaville à Kinshasa).
Antienne de la politique congolaise, les autorités mettent aussi l’accent, aujourd’hui, sur un certain nombre de priorités nouvelles comme le développement de l’agriculture et de l’agro-industrie, le tourisme, le développement des zones économiques spéciales et l’industrie, définis comme secteurs prioritaires de l’actuel Pan national de développement -PND 2022-2026, ainsi que le numérique qui bénéficie d’un support de la Banque européenne internationale (étude sur la transformation numérique) et de la Banque mondiale qui a approuvé en 2022 un financement de 100 M EUR pour le Projet d’appui à la transformation numérique (PATN).