Présence française au Congo

Si la présence économique de la France au Congo-Brazzaville s’est érodée ces dernières années du fait, notamment, de l’impact de la crise latente depuis 2014 et de l’entrée de nouveaux entrants sur ce marché (Chine, Turquie, Inde), elle reste forte, les intérêts français reposant sur une centaine de sociétés opérant dans la plupart des secteurs. Nos entreprises restent en veille sur les futurs grands projets.

Le Congo a été durement touché par la chute brutale des prix pétroliers mi-2014, impactant fortement l’économie à partir de 2016 et laissant le pays dans une situation financière préoccupante et nos entreprises -très présentes sur la commande publique en particulier- en situation d’arriérés commerciaux importants vis-à-vis de l’État. Le Congo est aujourd’hui encore en récession, la COVID ayant creusé encore un peu plus les déficits et la dette.

La signature d’un programme économique et financier avec le FMI, le 11 juillet 2019, au titre d’une facilité élargie de crédit, avait vocation à rétablir la stabilité macroéconomique (rééquilibrage budgétaire et restructuration de la dette publique) du pays et à relancer une économie inclusive. Mais ce programme a toutefois été arrêté du fait du peu de progrès réalisés en termes d’endettement ou de gouvernance, laissant le Congo à la croisée des chemins.  

1- La centaine de sociétés françaises présentes au Congo opèrent dans la plupart des secteurs -avec une prépondérance de sociétés du parapétrolier et du BTP. Elles emploient directement et indirectement encore quelque 15 000 personnes (plus de 25 000 en 2015), essentiellement congolaises, plus d’une centaine d'expatriés français et une vingtaine de Volontaires Internationaux en Entreprise (100 VIE en 2015). Il n’existe cependant aucune structure bilatérale d’affaires opérationnelle, hormis le Club Congo-France Numérique créé en 2020, regroupant une trentaine  d’entités françaises et congolaises à part égale. Le Comité des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF), composé d’une dizaine de membres, et l’Agence Française de Développement (AFD) présente au Congo depuis 2010 avec des engagements de financement à hauteur de 680 M€, axés sur une quarantaine de projets -via une large palette de produits financiers, complètent le dispositif français. L’Agence Business France couvre le Congo depuis son bureau régional de Douala (Cameroun).

2- La France est un investisseur de premier rang au Congo. Elle demeure l’un des tout premiers investisseurs étrangers dans ce pays avec l’Italie, les États-Unis et la Chine. Elle totalise, selon la Banque de France, un stock (hors pétrole) de 3,8 Md€ en 2019. Il convient d’y ajouter les investissements de TOTAL E&P qui représentent plusieurs Mds d’USD. Nous restons par ailleurs le 1er fournisseur du Congo, avec une part de marché de 17%.  Le commerce entre la France et le Congo n’a cependant cessé de se dégrader depuis une dizaine d’années, et l’impact de la chute des prix du pétrole en 2014 a mis un coup d’arrêt à de nombreux projets porteurs d’exportations sur lesquels nos entreprises s’étaient positionnées. Nos ventes ont enregistré ainsi une baisse de 61% entre 2015 et 2020, à 255 M€  aujourd’hui. En 2021, notre commerce bilatéral devrait encore être affecté par la stagnation de l’économie congolaise et l’absence de grands projets.

3- Les entreprises françaises, traditionnellement très présentes sur les grands contrats publics, aujourd’hui en grande partie taris, doivent  désormais s’ouvrir à de nouveaux paradigmes de coopérations :

- qu’il s’agisse de PPP promus par les autorités du Congo pour pallier la contraction des ressources publiques, à l’instar de celui de Bolloré concessionnaire du terminal à conteneurs du Port autonome de Pointe Noire ou d’EGIS qui gère en DSP les 3 principaux aéroports du pays,

- d’association d’expertises avec des entreprises de pays tiers, à l’instar du consortium  franco-chinois EGIS - CSCEC sur le contrat de concession des routes nationales 1 et 2,

- ou de partenariats franco-congolais pour répondre à des projets privés ou publics.

4- Mais dans le contexte actuel, marqué aussi par une forte détérioration du climat d’affaires, rares sont les entreprises françaises à avoir pris récemment la décision d’investir. Elles restent en veille et mobilisées sur certains secteurs, comme le secteur des infrastructures et du transport. Nos entreprises sont fortement représentées dans ce secteur qui est un enjeu prioritaire au regard des projets en filigrane comme la rénovation du Chemin de fer (CFCO) ou les nouveaux développements ferroviaires et portuaires liés aux nombreux projets miniers ou de transport, en mode PPP (pont route rail devant relier Brazzaville à Kinshasa).

Antienne de la politique congolaise, les autorités mettent aussi l’accent, aujourd’hui, sur un certain nombre de priorités nouvelles comme le développement de l’agriculture et de l’agro-industrie, le tourisme, le développement des zones économiques spéciales et l’industrie, définis comme secteurs prioritaires dans la perspective du prochain PND 2022-2026, ainsi que le numérique qui bénéficie d’un support de la BEI (étude sur la transformation numérique) et de la Banque mondiale. L’accroissement de la production d’électricité figure parmi ces objectifs, avec le développement des énergies renouvelables (solaire).

Les financements actuels en APD représentent par ailleurs, dans le secteur de l’environnement et du développement durable, une opportunité nouvelle, et l’accent mis sur la diversification économique par la nouvelle mandature, en place pour les cinq années à venir, doit susciter l’attention de nos entreprises.

 

 

 

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