Les projets intégrateurs de la CEMAC

Le Congo est partie prenante du Programme Economique et Régional (PER) de la CEMAC, adopté en 2011, qui vise, selon la vision qu’en ont ses auteurs, à consolider et achever l’intégration régionale. La mise en œuvre du PER a connu divers retards et vicissitudes, les Chefs d’Etat de la CEMAC, ayant décidé en 2019, sur son volet infrastructures, de se concentrer sur 11 projets, dits intégrateurs, pour tenter d’accélérer le rythme. A la recherche de financements, dans un contexte budgétaire contraint dans chacun des pays de la région et d’endettement intenable, la CEMAC veut s’efforcer néanmoins de mobiliser les bailleurs de fonds autour de ces projets.

Le Congo est membre de deux organisations d’intégration régionale en Afrique centrale. La première est la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), créée en mars 1994. Elle comprend six Etats, à savoir le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine et le Tchad. Ces Etats partagent une monnaie commune ainsi qu’un Tarif Extérieur Commun (TEC). La seconde est la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), née en décembre 1981 et qui 10 Etats membres[1].  

Malgré les nombreuses déclarations et protocoles signés pour doper le commerce intra régional au sein de la CEMAC depuis sa création, les résultats sont restés en deçà des attentes. La part du commerce intra régional entre pays de la CEMAC ne dépasse pas 4 % du commerce extérieur des pays membres.

Les exportations du Congo vers les pays de la CEMAC sont, quant à elles, essentiellement destinées au Gabon et constituées notamment de gaz butane et plus récemment de ciments. Elles représentent plus de 10 à 15 % de ces échanges intra régionaux (hors ré-export de barges et navires entre les pays). Les importations du Congo des autres pays de la CEMAC (20% du commerce intra régional) sont plus importantes et concernent principalement des produits agroalimentaires en provenance du Cameroun. Dans le cadre de la CEEAC, les échanges commerciaux intracommunautaires sont, par ailleurs, très faibles et affichent une tendance à la baisse depuis plusieurs années.

 Le Programme Economique et Régional (PER) de la CEMAC

Afin de parvenir à inverser la tendance et intensifier le commerce entre Etats, La CEMAC a adopté en 2011 un programme de transformation économique et sociale, appelé aussi Programme Economique et Régional (PER). Il est attendu que le PER joue un rôle de catalyseur et les objectifs qui lui ont été assignés consistent à vouloir « faire de la CEMAC en 2025 un espace économique intégré émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain ».

Le PER reste toujours le document de référence de l’action communautaire en matière de développement économique et chaque Etat membre[2] a initié son propre programme d’élaboration d’un PER. Afin de tenter d’accélérer le rythme, la CEMAC a décidé en juillet 2019 de se concentrer sur onze grands projets d’infrastructures, dites projets intégrateurs, chiffrés à 4,1 Mds EUR.

Les programmes retenus ont trait à la construction de ponts ou de routes, à l’aménagement d’infrastructures hydroélectriques ou au déploiement de la fibre optique, à la construction de ports secs et au développement d’une Université inter-États. Leur réalisation, censée s’étaler entre 2021 et 2025, vise à accélérer le développement de la Communauté.  Dans le contexte budgétaire contraint dans chacun des pays de la région, l’équation est toutefois difficile à résoudre, ces pays faisant face à des déficits et un endettement important.

 Etat d’avancement du PER

Une Table ronde pour le financement des Projets intégrateurs de la CEMAC a ainsi été organisé les 16 et 17 novembre 2020 à Paris. A l’issue, les organisateurs ont annoncé avoir reçu 3,8 Mds EUR de promesses de financements de la part de six bailleurs (y compris, 710 millions EUR déjà mobilisés) : BDEAC – BAD – AFREXIMBANK – Banque Mondiale – SX Capital Holdings – CCA en Scandinavie (cf. annexe 2). 

La première réunion du comité technique de suivi de la mobilisation des financements et de la mise en œuvre de projets intégrateurs s’est tenue à Douala en fin d’année dernière (https://projetsintegrateurscemac.com)

 Le Congo est concerné par cinq projets (cf. annexe 1) :

  • l’aménagement hydroélectrique du barrage de Chollet, et les projets de lignes électriques Cameroun/Gabon/Congo/RCA ;
  • la construction du port sec de Dolisie (corridor Gabon-Congo) ;
  • l’interconnexion du réseau de fibre optique entre le Cameroun et les autres pays de la CEMAC ;
  • la construction des tronçons manquants de la route Ndende-Dolisie du corridor Libreville-Brazzaville ;
  • l’université inter états Cameroun-Congo (UIEEC)[3]

 A l’exception du projet de construction de l’université inter états Cameroun-Congo qui sera financé sur dons, les autres projets intégrateurs devraient être financés sous forme de prêts selon les conditionnalités de chaque bailleur, ou en mode PPP. L'aménagement électrique du barrage de Chollet et des lignes électriques associées a été confié en mode BOT à la société chinoise China Gezhouba Company Ltd (CGGC) suite à l'AOI restreint du 19 décembre 2019.

Tableau  1 : déclinaison des intentions de financement (Table ronde Paris) 

 

Montants confirmés M€

 

Commentaires

BDEAC

471 M€

confirmés

Pour le financement de 6 projets sur 11 (cf. infra)

BAD

1 Md €

470 M€ déjà mobilisés

Reste 530 M€ à engager. Un montant de 141 M€ est déjà mobilisé sur le projet d’interconnexion fibre optique (Cameroun – Congo- RCA)

AFREXIMBANK

1 Md €

Annoncés

500 M€ annoncés pour le financement du projet d’aménagement du barrage de Chollet + 400 M€ annoncés pour la construction de la route Kogo-Akurenam (GE)

BANQUE MONDIALE

385 M$

déjà engagés

Financement de l’aménagement hydroélectrique du CholletLignes électriques (Cameroun/Gabon/Congo/RCA) – interconnexion du réseau de fibre optique entre le Cameroun et les autres pays de la CEMAC

SX Capital Holdings

2 M€

engagement

Financement sur don du projet de construction de l’université inter états Cameroun-Congo

CCA en Scandinavie

1 Md €

engagement

ligne de crédit  mise à disposition de la BDEAC (divers projets – cf. infra)

Source : SECPER CEMAC

Tableau 2 : recommandations du comité de pilotage (décembre 2020)

Projets

financement

Construction d’un pont sur le fleuve Nam et facilitation du transport et de la sécurité routière sur la route transnationale Kribi-Campo Bata (GE)

BAD chef de file / possibilité de cofinancement BAD + autres (BDEAC – Afreximbank ?)

Construction de la voie expresse Lolabé-Campo entre le Cameroun et la GE

BAD chef de file / possibilité de cofinancement BAD –BDEAC ?)

Construction des tronçons manquants de la routeNdende-Dolisie du corridor Libreville-Brazzaville

Saisine des autorités gabonaises sur leur volonté d’aller de l’avant – prise en compte du contexte économique côté congolais

Construction de la route Kogo-Akurenam (Sud Est Guinée Equatoriale – Gabon)

BDEAC  et Afreximbank / + CC Scandinave (prêt concessionnel ?)

Construction du corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena

BDEAC  et Afreximbank / + CC Scandinave (prêt concessionnel ?)

Aménagement du barrage hydroélectrique de Chollet

Lignes électriques Cameroun/Gabon/RCA

Mode PPP - appui de la BM (modalités d’appui ?) et annonce par  Afreximbank d’un montant de 500 M€.  

Interconnexion des réseaux électriques Cameroun-Tchad

BAD

interconnexion du réseau de fibre optique entre le Cameroun et les autres pays de la CEMAC

BM - BDEAC + autres partenaires publics et privés intéressés

Construction du port sec de Beloko (corridor Douan-Bangui)

Restructuration du projet dans une logique PPP

Construction du port sec de Dolisie (corridor Gabon-Congo)

Choix du PPP adapté ?

Construction de l’université inter états Cameroun-Congo

Don / SX Capital Holding

Source : SECPER CEMAC

[1] Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République Démocratique du Congo, Sao Tomé et Principe, Tchad.

[2] Pour le Congo, il est logé dans son plan national de développement (PND 2018-2022).

[3] Créée le 21 décembre 2012 par une convention signée entre la République du Congo et la République du Cameroun, l’Université Inter-États Cameroun-Congo (UIECC) /  deux sites : Sangmélima au Cameroun et Ouesso au Congo.

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