Le secteur agricole au Congo-Brazzaville

 

Le Congo-Brazzaville dispose d’un fort potentiel agricole, avec 10 millions d’hectares de terres arables. Toutefois aujourd’hui la consommation congolaise est fortement dépendante des importations de denrées alimentaires pour une valeur annuelle estimée à plus de 600 Mds FCFA. Seulement 4%[1] de ces terres arables seraient exploitées, pour des exploitations vivrières à très faible rendement. Le secteur agricole emploie environ 40% de la population active mais ne contribue qu’à raison de 5% du PIB. Depuis l’arrêt des fermes d’État en 1986, le secteur agricole qui ne repose plus que sur les exploitations familiales pour 80% des surfaces utilisées a connu une chute drastique de la production. Les exportations agricoles qui représentaient environ 30% des exportations du pays jusqu’au début des années 70 sont devenues quasi inexistantes. Les autorités ont fait de l’agriculture un des six axes prioritaires du nouveau Plan National de Développement. La France est présente dans le secteur agricole, tant en termes de production que d’appui.

I.        Etat des lieux du secteur agricole et de ses défis

L’agriculture est l’un des six axes prioritaires du nouveau Plan National de Développement (PND) 2022-2026. Ce secteur pourrait représenter un levier important à la diversification de l’économie qui demeure fortement dépendante de la rente pétrolière. Par ailleurs, le secteur agricole est confronté à de nombreux obstacles du fait de la déficience de la chaîne de valeur agricole. Les difficultés d’accès aux semences de qualité, le faible taux de mécanisation, l’absence d’une véritable industrie de transformation et de conservation des produits agricoles ainsi que l’absence d’un mécanisme de financement adapté sont autant de difficultés qui handicapent le secteur agricole.

La nouvelle stratégie adoptée par le Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche pour développer le secteur dont il a la charge consiste à créer des Zones agricoles protégées (ZAP)[2] sur toute l’étendue du territoire national. Une dizaine de ZAP[3] étaient déjà opérationnelles dans le pays à l’été 2023. L’objectif étant d’en créer 100 d’ici 2026. Ces espaces aménagés au bénéfice des groupements agricoles consistent à sécuriser les terres agricoles, agglomérer les structures de production agricole et améliorer la souveraineté alimentaire du pays. Au travers des ZAP, le gouvernement espère construire un vivier d’agriculteurs sur lequel il s’appuierait pour mécaniser le secteur agricole.

Deux importantes lois agricoles ont été promulguées en 2020 pour structurer le secteur, à savoir les lois du 26/02/2020 portant respectivement création de l’Agence nationale de développement de l’agriculture et de l’élevage (ANDE) et de l’Agence nationale de développement de la pêche et de l’aquaculture (ANDPA). L’ANDE est chargée de la recherche, la mobilisation et la sécurisation des espaces fonciers agricoles pour assurer l’extension des périmètres agro-pastoraux et le développement des cultures et de l’élevage à haute valeur ajoutée. Quant à l’ANDPA, elle a pour mission de mettre en œuvre les politiques nationales en matière de développement durable de la pêche, de l’aquaculture et de préservation des ressources halieutiques. Ces deux structures peuvent par ailleurs rechercher des financements et établir des partenariats pour promouvoir les investissements dans le secteur agricole.

II.        Des projets de développement agricole

Plusieurs projets menés par les investisseurs étrangers, français notamment, concourent à dynamiser l’agriculture congolaise. La présence française dans le secteur agricole au Congo est essentiellement représentée par la Société agricole et de raffinage industriel du sucre (SARIS CONGO), filiale de la Société de management pour le développement des industries agro-alimentaires (SOMDIAA). La SARIS qui produit le sucre consommé au Congo prévoit également de contribuer à la diversification de l’économie congolaise dans d’autres activités au-delà du secteur sucrier notamment à travers la diversification des sous-produits du sucre. Un autre de ses projets concerne la culture industrielle du maïs à destination des brasseries locales ou des minotiers pour en faire de la farine de maïs.

Les principaux brasseurs du pays sont pour leur part engagés au Congo dans la transformation de leurs chaines d’approvisionnement en matières premières céréalières pour réduire leurs importations de maïs et sorgho.

La grande distribution souhaite améliorer son offre en produits locaux (notamment maraichers mais également produits transformés). Les démarches initiées se heurtent actuellement à la difficulté d’établir des partenariats durables (en termes de respect des quantités et de délai de livraison) avec des acteurs locaux.

Les besoins de compensation carbone des entreprises, notamment européennes, devraient également profiter au secteur agricole, plusieurs projets sont en cours avec TotalEnergie, la Société nationale des pétroles du Congo SNPC, ou encore la banque franco-allemande Oddo BHF. La France dispose d’un opérateur expérimenté dans les projets d’afforestation en zone tropicale : FRM (Forest Ressources Management) qui est l’opérateur de plusieurs des projets carbone au Congo.

Le groupe italien ENI se lance à son tour dans le secteur agricole et ambitionne de produire des biocarburants à base de la culture du ricin.

III.        Dispositifs de soutien au secteur
1.    Projets de l’AFD

La France coopère avec le Congo sur le plan agricole, notamment au travers de l’Agence Française de Développement (AFD) qui met en œuvre trois projets à savoir :

  • Le Programme d’utilisation Durable des Terres (PUDT) visant à définir un processus inclusif et concerté de planification des usages et d’utilisation des terres rurales au niveau national. Celui-ci est financé par l’AFD et le Central African Forest Initiative (CAFI) ;
  • Le programme d’investissement du PUDT (KOPEKOBA), visant à proposer des itinéraires techniques, des moyens matériels et mécanismes de financement dans la continuité du PUDT, et à mettre en place des guichets d’appui aux agriculteurs et autres acteurs agricoles et alimentaires. Ce programme est subventionné par l’AFD, par le CAFI et par l’Union Européenne.
  • Le Projet d'Appui à la Relance du Secteur Agricole (PARSA) visant (i) la relance de la filière du cacao dans la Likouala, la Sangha et la Cuvette et (ii) la structuration du maraichage à Brazzaville.

À travers le dispositif « Initiative Organisations de la société civile (OSC) », l’AFD finance également les projets d’Accompagnement et Consolidation de la Transition Agroécologique (ACTA) de l’ONG Essor, de Développement des Filières Piscicoles (DéFiP) de l’ONG ADPRA, et le programme d’appui aux entreprises axé sur la jeunesse, l’emploi et l’entreprenariat porté par l’ONG IECD.

2.    Autres projets de coopération soutenus par la France

Parallèlement aux actions de l’AFD, l’Ambassade de France appuie régulièrement les organisations de la société civile dans la mise en œuvre de projets agricoles pour l’autonomisation des populations vulnérables, via ses différents dispositifs de financement dédiés à la société civile (FACS, FSD, FSPI PISCCA, crédits d’intervention).

Par ailleurs, la coopération décentralisée française est également active dans le renforcement du secteur agricole congolais, grâce au partenariat avec la ville de Ribeauvillé en Alsace .

La volonté du gouvernement de développer le secteur agricole est également soutenue par de nombreux bailleurs, notamment par la Banque Mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne.

 

ANNEXE

Que sont les ZAP ?

Le ministère de l’agriculture tente de promouvoir, en dehors du cadre des zones économiques spéciales, les ZES, un autre concept : les Zones Agricoles protégées. Des avantages fiscaux et douaniers seraient offerts.

Il s’agit ici d’un concept qui semble assez différent des ZES. Il s’agirait de zones qui seraient aménagées par le ministère au profit d’éleveurs, d’agriculteurs et de producteurs aquacoles, dans un cadre coopératif. Les rendements seraient augmentés grâce à l’irrigation, à des semences et fertilisants de qualité, à la mécanisation et la formation. La taille des exploitations serait augmentée. Le pays serait quadrillé d’une centaine de ZAP.

Le dispositif institutionnel comprendrait un comité de pilotage, une cellule de suivi et d’évaluation, une unité de coordination, avec un coordonnateur, un responsable administratif et financier et du personnel d’appui.

Il est également indiqué que pour qu’une ZAP soit mise en place il faut que des terres soient disponibles, notamment des terres d’Etat. Eventuellement des propriétaires producteurs antérieurs seraient expropriés et indemnisés. Il est également nécessaire que des groupements de producteurs, disposant d’un projet, soient identifiés.

Les sols seraient préparés et des infrastructures mises en place, notamment des logements. Le ministère sélectionnerait ensuite les candidats ou des groupements de producteurs à qui du matériel serait distribué et qui bénéficieraient de formations.

Des ZAP auraient déjà été installées et d’autres continuent à se créer.



[1] YearBook – Rapport économique, Congo 2021-2022

[2] Que sont les ZAP ? Voir annexe

[3] Il s’agit notamment des ZAP de Malolo (département du Niari), Mayomina et Kingoma (département de la Bouenza), Oyendzé, Owando et Olongonet (département de la Cuvette), Estsouali et Ngo-Kouraté (département des Plateaux), Mapoumako (département du Pool

Publié le