CONGO
La situation économique du Congo
Avec un PIB nominal prévisionnel de 12,8 Mds $ en 2021 (source FMI), le Congo a affiché un PIB/habitant de 2677 $. En raison d’une économie de rente axée sur le pétrole et peu distributive, son développement humain est bas (149ème au monde sur l'indice de développement humain en 2019) et les inégalités sont élevées (le Congo se classe à la 90ème place sur 105 pays dans l’index GINI). Bien que le pays ait réduit son niveau de pauvreté au cours de la décennie 2005-2015, grâce à une forte croissance économique, la récession de ces deux dernières années, alimentée par la COVID 19, a entrainé une augmentation de la pauvreté qui est passée de 51,9% de la population en 2020, à 53,9% en 2021. En 2022, la situation économique devrait s'améliorer avec un taux de croissance projeté par le FMI à +4,3 % du PIB (contre -0,1% en 2021 et -8,1 en 2020), sous l'effet notamment de la hausse des prix du pétrole.
1 - Le pays dispose de nombreux atouts très peu exploités et doit encore surmonter de nombreux défis
L’économie du Congo demeure sensible aux investissements pétroliers et aux fluctuations des prix instables ces dernières années. Elle est encore peu diversifiée, en dépit de la variété et de la richesse de ses ressources naturelles (pétrole, minerais, eau, forêts, etc.).Le pays dispose pourtant de nombreux atouts : son emplacement géographique stratégique en Afrique centrale : un port en eau profonde à Pointe-Noire relié à la capitale par un axe routier – la RN1 refaite en 2016- donné en concession en 2018 à un consortium privé sino-français en PPP avec l’Etat congolais, un axe ferroviaire -le chemin de fer Congo-Océan (CFCO), suspendu à plusieurs reprises en raison de fréquents heurts dans la région du Pool, qui doit être réhabilité.
D’autres projets pourraient être des leviers de développement du pays et, en particulier, le projet de pont route-rail Brazzaville/Kinshasa ou les projets dans le secteur minier (potasse – fer).
De nombreux défis constituent toutefois autant d’obstacle à surmonter : améliorer l’accès à l’eau, l’électricité, l’Internet, les infrastructures de transport, des facteurs pénalisant fortement la compétitivité de l’économie et l’avancée de certains projets. En outre, le secteur privé est paralysé par l’accumulation ces dernières années d’importants arriérés commerciaux de l’Etat. Le climat des affaires demeure, par ailleurs, un sujet de préoccupation.
2 - Si la reprise se confirme en 2022, dans un contexte d’envolée des prix du pétrole, la croissance reste fragile
En récession prolongée depuis 2015 du fait d’une succession de crise, l’économie du Congo a subi un ajustement important qui s’est traduit notamment par une forte réduction du budget de l’Etat (divisé par trois sur la période) et une forte hausse de son endettement (de 22% du PIB en 2010 à 116% en 2021, dont 2/3 de dette extérieure). Ayant bénéficié d’un soutien du FMI au travers d’une Facilité Elargie de Crédit (FEC) approuvé en 2019, le Congo n’a pu cependant s’extraire des difficultés, le programme ayant été abandonné en avril 2021 en l’absence de Revue possible. Un nouveau programme a cependant été approuvé en début d’année 2022 (FEC de 445 M $), la trajectoire de la dette, notamment, s’améliorant.
Sur la base des projections du FMI, la croissance atteindrait 4,3 % en 2022 tirée par le secteur pétrolier dont les investissements devraient repartir à la hausse (+6,1 %). La croissance hors pétrole serait de +3,3 % avec une inflation de 3,5 % en moyenne (contre 2% en 2021). Cette reprise de l’économie congolaise favorisée par l’augmentation des cours du pétrole (85% des exportations) est jugée néanmoins fragile au regard de la permanence de la pandémie de COVID, des effets de la guerre en Ukraine conduisant à une forte hausse des prix des produits importés et des risques de volatilité des cours du pétrole. Un Plan de résilience à la crise ukrainienne a été annoncée en mars dernier et devrait être mis en place avant la fin de cette année pour compenser l’impact négatif de cette nouvelle crise sur l’économie congolaise. Les marges de manœuvre budgétaire sont, à ce titre, plus importantes que par le passé, la préoccupation allant aussi au renforcement des dépenses sociales.
Un collectif budgétaire devrait être adopté d’ici la fin de cette année. La loi de finances initiale 2022 arrêtée à 1 935 Mds FCFA en recettes prévoit une hausse de 13,4% des revenus issus de la vente des cargaisons de pétrole (52,6% des ressources totales) et parallèlement une hausse des dépenses à 1 735 Mds FCFA (13,9%) tirées principalement par la progression de la charge financière de la dette. Le déficit de trésorerie projeté à -607,8 Mds ressortirait à -407,5 Mds, couverts par un excédent budgétaire et les financements intérieurs et extérieurs. L’apport des subventions promis par les Bailleurs dans le cadre de la nouvelle FEC du FMI -accompagné de réformes de substance conduisant à une meilleure gestion des finances publiques- devrait contribuer à diminuer ce besoin de financement ainsi que le hausse de revenus. Mais le poids du remboursement de la dette extérieure et intérieure (intérêts et capital) pèse fortement sur les comptes puisqu’en année pleine, cette dette serait globalement égale à près de 1 000 Mds FCFA.
3 - Le Congo est déterminé à mettre en œuvre un programme ambitieux de réformes afin de restaurer les équilibres de son économie
Le soutien du FMI et les réformes inscrites dans le programme économique adopté par le gouvernement congolais devraient permettre au pays d’accélérer la mise en œuvre des recommandations formulées au niveau sous-régional - dans le cadre du programme de réformes économiques et financières de la CEMAC -, et inscrites dans le Plan national de développement 2022-2026, notamment en termes de restauration des équilibres budgétaires, de diversification de l’économie et d’intégration régionale.
Sans minimiser l’ampleur des défis restant à relever -la nécessaire diversification de l’économie congolaise étant une forte priorité- la détermination des autorités à atteindre les différents repères structurels fixé dans la FEC du FMI s’est traduite par une appréciation positive formulée par le Fonds, au niveau des services, lors de la première revue du programme en avril 2022. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement devraient accompagner le soutien apporté par le FMI aux côtés de la France qui s’était déjà engagée à accompagner le précédent programme au travers de l’octroi d’un prêt de soutien budgétaire.
Les perspectives économiques sont donc meilleures, les prévisions de croissance pour les années à venir, même encore modestes, ressortant à 3,5% en moyenne sur la période 2023-2027.