La situation économique du Congo

La République du Congo, dont la capitale est Brazzaville, est la troisième économie, et la troisième population par la taille, dans la sous-région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

Structure de l’économie

Un pays à revenu intermédiaire

Le PIB nominal prévisionnel 2024 du Congo s’élève à 14,9 Mds USD[1] et le PIB/habitant se situe à 2 482,2 USD[2]. Ceci fait du Congo un pays à revenu intermédiaire.

Avec 342 000 km² la surface du Congo-Brazzaville représente 60% de la surface de la France. Ses 6,1 millions d’habitants[3] représentent 10% de la population de la France et la densité de population est de 17,96 habitants au km². Le taux de croissance annuel de la population de 3,2%, est élevé. La population vit à 58% dans des zones urbaines : la capitale politique, Brazzaville, et la capitale économique, Pointe-Noire.

Le Congo est une économie encore très centrée sur l’exploitation des hydrocarbures 

Le Congo est le premier pays pétrolier de la zone CEMAC en production annuelle. Celle-ci est estimée à 270 000 barils par jour actuellement, et il existerait un volume de réserves prouvées de l’ordre de 25 ans de production. Le pétrole génère  la moitié du PIB, un peu plus de la moitié des recettes budgétaires et près de 90 % des recettes dexportation en 2024. Les forêts couvrent 70% du territoire congolais mais le secteur forestier contribue seulement à 5,6% du PIB. L’agriculture est essentiellement vivrière, et les « produits alimentaires et boissons » constitueraient plus de 50% des importations de produits du pays.

Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) accuse toujours un fort ralentissement après une période très dynamique de 2012 à 2016.

Lindustrie manufacturière est limitée (production de sucre, brasserie, minoteries, première transformation du bois, ciment).

Le secteur tertiaire est essentiellement composé de commerces, de restaurants, dhôtels, dune dizaine de banques, de deux compagnies téléphoniques (Airtel et MTN), dune dizaine de fournisseurs daccès Internet (notamment lopérateur historique Congo Telecom et le Groupe Vivendi Africa (GVA), dopérateurs portuaires, de prestataires de services aux pétroliers, de sociétés de transport et des services des administrations publiques.

Le pays dispose de nombreux atouts et doit surmonter quelques défis

Pays fortement dépendant du pétrole, l’économie du Congo est sensible aux investissements pétroliers et aux fluctuations de ses prix.

Le Congo dispose de nombreux atouts  : un emplacement géographique stratégique à lentrée de lAfrique centrale, le principal port régional en eau profonde à Pointe-Noire, relié à la capitale par un bon axe routier (la route nationale n°1 -RN1, refaite en 2016 et donnée en concession en 2018 à un consortium privé sino-français), un important potentiel minier (cuivre, fer, phosphate, potasse), un potentiel agricole important, avec 10 Mha de terres arables très peu exploitées, et des réserves hydrauliques importantes. Et bien entendu le pétrole et le gaz. D’autres projets pourraient être des leviers de développement du pays et, en particulier, le projet de pont route-rail Brazzaville/Kinshasa.

Le pays doit surmonter toutefois un certain nombre de défis. Parmi ceux-ci on peut citer notamment, la faiblesse ou la vétusté de ses infrastructures : cest le cas pour les réseaux routiers (à l’exception de la RN1 susmentionnée) mais aussi pour le chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui relie, parfois avec difficulté, Brazzaville et Pointe-Noire. Le réseau et la distribution d’électricité souffrent de dysfonctionnements récurrents. Les opérateurs économiques font face à un niveau limité de formation de la population et à un système de santé de qualité moyenne. Le climat des affaires est souvent mentionné comme un sujet de préoccupation par les opérateurs qui évoquent notamment les difficultés d’apurement des créances détenues sur l’Etat et des contrôles fiscaux et administratifs qu’ils considèrent comme exagérément lourds et fréquents.

Conjoncture économique

Après des années de crise, la croissance semble enfin de retour avec une inflation modérée

Le Congo sest retrouvé confronté à partir de 2015 à une crise économique et financière majeure causée par le repli du prix international du baril de pétrole, conduisant à une forte chute des revenus de ses exportations. Après deux années de récession, la croissance a repris légèrement en 2018 et 2019, puis la crise COVID a entrainé une nouvelle récession de 8,1% en 2020. La reprise qui a suivi s’est accélérée à 1,5% en 2021 et 1,8% en 2022. Selon le FMI, la croissance en 2023 a été plus faible qu’attendu en s’établissant à 2,0% au lieu des 4,0% projetés. Cette révision à la baisse est essentiellement due à la contreperformance du secteur pétrolier qui affiche une croissance négative de -0,5% (au lieu des 4,4% prévus). De même, les 3% de croissance du secteur non pétrolier ont été inférieurs aux prévisions de +3,9%. De même, la prévision de croissance pour 2024 a été révisée à 2,6%, tirée par le secteur non pétrolier (3,1%) davantage que par le secteur pétrolier (0,8%). La croissance de moyen terme se situerait entre 3,5% et 3,8%, selon le FMI.

L’inflation qui avait atteint 3,0% en moyenne en 2022, accélèrerait à 4,3% 2023, sous l’effet notamment de la déréglementation des prix du carburant, de la hausse des prix de l’électricité (du fait du changement du processus de facturation) et du maintien des prix des intrants à un niveau élevé. L’inflation (en moyenne annuelle) aurait toutefois légèrement décéléré à 3,1% en 2024. Le Congo resterait ainsi au-dessus de la norme communautaire de 3,0% jusqu’en 2026 inclus.

Le programme de la Facilité élargie de crédit conclu avec le FMI en 2022 s’est terminé avec succès après six revues

Le Congo a conclu au début 2022 un accord avec le FMI pour un accès à la Facilité élargie de crédit. Le programme a conclu sa sixième et dernière revue lors du passage au Conseil d’Administration du FMI le 12 février 2025.

La détermination des autorités à mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du programme s’est traduite par une appréciation positive formulée par le Fonds lors de la sixième et dernière revue du programme. Conscientes des défis restant à relever, notamment la nécessaire diversification de l’économie qui est une forte priorité, les autorités congolaises se sont engagées à poursuivre les réformes notamment en matière de gestion des finances publiques afin de préserver les résultats atteints dans le cadre du programme. Les autorités congolaises ont par ailleurs marqué leur intérêt pour poursuivre la collaboration avec le FMI.

Un effort de rééquilibrage des finances publiques dans un contexte de fortes tensions de trésorerie

La loi de finances (LF) 2025 prévoit des ressources budgétaires à 2 550,7 Mds FCFA, en baisse de 2% par rapport à 2024, et des dépenses à 2 198,7 Mds FCFA en hausse de 6%. Le solde budgétaire global serait de 352 Mds. Ceci s’explique notamment par la diminution des recettes pétrolières et la progression de la charge de la dette.

Dans un contexte de fortes tensions de trésorerie, la LF 2025 prévoit une contraction de 38% des charges de trésorerie, à 849 Mds FCFA, ce qui permettrait de réduire le déficit de trésorerie qui ressortirait à -352 Mds FCFA. Le gap de trésorerie serait entièrement couvert par l’excédent budgétaire de 352 Mds FCFA. Il n’est envisagé aucun gap de financement pour 2025.

Le Congo est en situation de surendettement mais sa dette est viable selon le FMI

La crise avait conduit à des déficits publics élevés sur la période 2013-2016, aggravant l’endettement. La viabilité de la dette n’a été rétablie que récemment, dans le cadre du programme FMI. L’analyse de viabilité de la dette effectuée par les services du FMI a conclu que le Congo est en situation de surendettement, mais que sa dette est viable. Selon le Fonds, la dette publique totale du Congo s’élèverait à 94,6% du PIB en 2024 (contre 99% du PIB en 2023). La dette publique a légèrement diminué en % du PIB mais elle a augmenté en volume depuis 2020. En effet, selon la Caisse congolaise d’amortissement (CCA), la dette publique du Congo s’élève 8 536 Mds FCFA au 31 décembre 2024 (92,3% du PIB) contre 6 596 Mds FCFA en 2020, soit une augmentation de près de 30% sur la période 2020-2024. Cette augmentation résulte d’une forte hausse de la dette intérieure qui est passée de 47,6% du PIB fin 2020 à 56% du PIB fin 2024. À contrario, la dette extérieure a diminué, passant de 63,5% du PIB fin 2020 à 36,3% du PIB fin 2024. La CCA indique des arriérés de dette intérieure pour 1 745 Mds FCFA au 31 décembre 2024 et 355,41 Mds FCFA d’arriérés extérieurs.



[1] 6ème revue FMI, février 2025.

[3] Au 17 mai 2023, la population du Congo comptait 6 142 180 habitants selon les premiers résultats du recensement général de la population publiés en décembre 2023.

 

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