La situation économique du Congo

La République du Congo, dont la capitale est Brazzaville, est la troisième économie, et la troisième population par la taille, dans la sous-région de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

Structure de l’économie

Un pays à revenu intermédiaire

Le PIB nominal prévisionnel 2023 du Congo s’élève à 14,2 Mds USD[1] et le PIB/habitant se situe à 2 448 USD[2]. Ceci fait du Congo un pays à revenu intermédiaire.

Avec 342 000 km² la surface du Congo-Brazzaville représente 60% de la surface de la France. Ses 6,1 millions d’habitants[3] représentent 10% de la population de la France et la densité de population est de 17,96 habitants au km². Le taux de croissance annuel de la population de 3,2%, est élevé. La population vit à 58% dans des zones urbaines : la capitale politique, Brazzaville, et la capitale économique, Pointe-Noire.

Le Congo est une économie encore très centrée sur l’exploitation des hydrocarbures :

Le Congo est le premier pays pétrolier de la zone CEMAC en production annuelle. Celle-ci est estimée à au moins 270 000 barils par jour en 2023, et il existerait un volume de réserves prouvées de l’ordre de 25 ans de production. Le pétrole génère 1/4 du PIB, les 2/3 des recettes budgétaires et plus de 80 % des recettes dexportation en 2023. Les forêts couvrent 70% du territoire congolais mais le secteur forestier contribue seulement à 5,6% du PIB. L’agriculture est essentiellement vivrière, et les « produits alimentaires et boissons » constitueraient plus de 50% des importations de produits du pays.

Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) accuse toujours un fort ralentissement après une période très dynamique de 2012 à 2016.

Lindustrie manufacturière est limitée (production de sucre, brasserie, minoteries, première transformation du bois, ciment).

Le secteur tertiaire est essentiellement composé de commerces, de restaurants, dhôtels, dune dizaine de banques, de deux compagnies téléphoniques (Airtel et MTN), dune dizaine de fournisseurs daccès Internet (notamment lopérateur historique Congo Telecom et le Groupe Vivendi Africa (GVA), dopérateurs portuaires, de prestataires de services aux pétroliers, de sociétés de transport et des services des administrations publiques.

Le pays dispose de nombreux atouts et doit surmonter quelques défis

Pays fortement dépendant du pétrole, l’économie du Congo est sensible aux investissements pétroliers et aux fluctuations de ses prix.

Le Congo dispose de nombreux atouts  : un emplacement géographique stratégique à lentrée de lAfrique centrale, le principal port régional en eau profonde à Pointe-Noire, relié à la capitale par un bon axe routier (la route nationale n°1 -RN1, refaite en 2016 et donnée en concession en 2018 à un consortium privé sino-français), un important potentiel minier (cuivre, fer, phosphate, potasse), un potentiel agricole important, avec 10 Mha de terres arables très peu exploitées, et des réserves hydrauliques importantes. Et bien entendu le pétrole et le gaz. D’autres projets pourraient être des leviers de développement du pays et, en particulier, le projet de pont route-rail Brazzaville/Kinshasa).

Le pays doit surmonter toutefois dun certain nombre de défis. Parmi ceux-ci on peut citer notamment, la faiblesse ou la vétusté de ses infrastructures : cest le cas pour les réseaux routiers (à l’exception de la RN1 susmentionnée) mais aussi pour le chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui relie, parfois avec difficulté, Brazzaville et Pointe-Noire. Le réseau et la distribution d’électricité souffrent de dysfonctionnements récurrents. Les opérateurs économiques font face à un niveau limité de formation de la population et à un système de santé de qualité moyenne. Le climat des affaires est souvent mentionné comme un sujet de préoccupation par les opérateurs qui évoquent notamment les difficultés d’apurement des créances détenues sur l’Etat et des contrôles fiscaux et administratifs qu’ils considèrent comme exagérément lourds et fréquents.

Conjoncture économique

Après des années de crise, la croissance semble enfin de retour avec une inflation modérée

Le Congo sest retrouvé confronté à partir de 2015 à une crise économique et financière majeure causée par le repli du prix international du baril de pétrole, conduisant à une forte chute des revenus de ses exportations. Après deux années de récession, la croissance a repris légèrement en 2018 et 2019, puis la crise COVID a entrainé une nouvelle récession de 8,1% en 2020. La reprise qui a suivi s’est accélérée à 1,5% en 2021 et 1,7% en 2022. Selon le FMI, la croissance atteindrait 4,% en 2023, tirée à la fois par la croissance du PIB pétrolier (+4,4%) et la croissance du secteur non pétrolier (+3,9%). La croissance pourrait s’accélérer à 4,4% en 2024. Néanmoins la croissance de moyen terme serait de l’ordre de 4%, selon le FMI.

L’inflation qui avait atteint 3,0% en moyenne en 2022, accélèrerait à 4,5% 2023, sous l’effet notamment de la déréglementation des prix du carburant, de la hausse des prix de l’électricité (du fait du changement du processus de facturation) et du maintien des prix des intrants à un niveau élevé. L’inflation pourrait toutefois décélérer à 3,6% en 2024 et revenir au seuil communautaire de 3% en 2025 selon le FMI.

Le programme de la Facilité élargie de crédit conclu avec le FMI en 2022 a connu quatre revues conclues avec succès

Le Congo a conclu au début 2022 un accord avec le FMI pour un accès à la Facilité élargie de crédit. Depuis, quatre revues semestrielles du programme se sont conclues positivement lors du passage au Conseil d’Administration du FMI.

Sans minimiser l’ampleur des défis restant à relever -la nécessaire diversification de l’économie congolaise étant une forte priorité, la détermination des autorités à mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du programme s’est traduite par une appréciation positive formulée par le Fonds lors de la quatrième revue du programme en décembre 2023. Le Fonds encourage les autorités congolaises à poursuivre l’assainissement budgétaire par une gestion renforcée des finances publiques et de la dette, tout en augmentant les dépenses sociales et de développement.

Les finances publiques seraient en voie de rétablissement

Le projet de loi de finances 2024  prévoit des ressources budgétaires à 2 605,7 Mds FCFA et des dépenses à  2 069,7 Mds FCFA. Le solde budgétaire global, serait de 536,0 Mds, En ce qui concerne la trésorerie, le gap de trésorerie prévisionnel serait de 1 174,0 Mds. Dès lors, le gap de financement budgétaire global serait de 638 Mds.

Le Congo est en situation de surendettement mais sa dette est viable selon le FMI

La crise avait conduit à des déficits publics élevés sur la période 2013-2016, aggravant l’endettement. La viabilité de la dette n’a été rétablie que récemment, dans le cadre du programme FMI, grâce à une restructuration importante de la dette et une amélioration des prix du pétrole. L’analyse de viabilité de la dette effectuée par les services du FMI a conclu que le Congo est en situation de surendettement, mais que sa dette est viable. Selon le Fonds, la dette publique totale du Congo s’élèverait à 13,0 Mds $ en 2022 (92,5% du PIB en 2022). Elle est composée à 47% de dette extérieure et de 53,5% de dette intérieure. Le FMI indique des arriérés de dette intérieure pour 1 450 Mds FCFA en 2022 (sans plus de précisions sur les arriérés commerciaux et sociaux) et 312 Mds FCFA d’arriérés extérieurs).



[1] Prévisions FMI pour 2023.

[2] Banque Mondiale 2023.

[3] Au 17 mai 2023, la population du Congo comptait 6 142 180 habitants selon les premiers résultats du recensement général de la population publiés en décembre 2023.

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