Indicateurs et conjoncture

 Eléments structurels sur l’économie

La Centrafrique est un PMA profondément affecté par trois années de guerre civile (2013-2016). Sur cette période, son indice de développement humain a reculé, et le pays fait aussi partie des plus pauvres du monde avec un PIB/hab de 525 USD, et 69,1 % de la population vivant en situation d’extrême pauvreté en 2022, et près de la moitié de celle-ci est désormais en insécurité alimentaire

L’insécurité qui frappe une grande partie du territoire depuis 2013 a causé l’effondrement de nombreux secteurs. Les secteurs du coton et du café, qui constituaient jadis les principales cultures de rente du pays, sont tributaires de l’évolution de la situation sécuritaire dans les bassins de production. Enfin, l’industrie manufacturière (boissons, sucre, cigarettes, etc.) et le commerce conservent une importance non négligeable dans la formation du PIB (environ 18 % et 14 % respectivement en 2018). L’agriculture de subsistance représente également une source importante d’activité économique.

 

Conjoncture économique

Estimé à environ 1 530 Mds FCFA (environ 2,3 Md EUR) en 2022, le PIB centrafricain reste, en termes réels, inférieur de 20 % au niveau atteint en 2012. L’insécurité chronique qui frappe une grande partie du territoire depuis 2013 a causé l’effondrement de nombreux secteurs. L’exploitation forestière, l’extraction d’or et de diamants de qualité réputée sont (avec le BTP), les principaux moteurs de la croissance économique récente, mais aussi les moteurs des conflits qui minent le pays. La croissance observée depuis 2016 reflétait avant tout un phénomène de rattrapage après l’effondrement de 2013 (-36,7 %), à un rythme resté cependant très inférieur aux attentes. Alors que les autres pays de la CEMAC ont amorcé une reprise, la croissance économique centrafricaine est restée modeste en 2022 (+0,5 %), après une faible croissance déjà en 2020 et 2021 (+1,0 %), ces faibles performances s’expliquent par la succession des crises, sanitaire, sécuritaire, et par l’environnement international défavorable depuis le début de la guerre en Ukraine. La croissance devrait augmenter progressivement en 2023 (+2,2 %) et 2024 (+3 %), mais celle-ci est soumise à de nombreux aléas, notamment concernant l’approvisionnement en carburants.

L’inflation devrait rester élevée, à 6,3 % en 2023, après 5,8 % en 2022, et 4,3 % en 2021. Ce niveau s’explique principalement par l’augmentation des prix alimentaires et énergétiques mondiaux, et les perturbations des circuits d’approvisionnement internationaux, qui ont accentué des difficultés structurelles préexistantes. Pour faire face à la chute des revenus de l’Etat depuis 2022, les autorités ont augmenté sensiblement les prix des carburants à la pompe début janvier 2023, faisant passer le litre de gasoil de 855 à 1 450 FCFA, l’essence de 865 à 1 300 FCFA, et le pétrole de 645 à 1 150 FCFA. Cette forte hausse a entrainé en parallèle une augmentation de la contrebande, alimentée par la différence élevée avec les pays voisins, ce qui n’a pas permis d’atteindre l’objectif initial de rétablissement des recettes de l’Etat. L’effet de cette inflation élevée sur la population est important, près de 44 % de la population centrafricaine serait en situation d’insécurité alimentaire. La crise survenue au Soudan accentue par ailleurs ces tensions inflationnistes dans les régions frontalières de la RCA.

Sur le plan budgétaire, la Centrafrique reste fortement dépendante des financements extérieurs en raison d’un taux de recouvrement fiscal extrêmement faible (7,1 % du PIB en 2021). Le déficit budgétaire a atteint 4,5 % en 2022, après 5,1 % en 2021. En 2022, la baisse des recettes mensuelles, a impliqué des autorités une diminution des dépenses non prioritaires ainsi qu’une utilisation prononcée du marché régional du titre (46 Mds FCFA de levées), et l’utilisation des amortisseurs disponibles (DTS alloués par le FMI). Le déficit s’améliorerait à 3,6 % du PIB en 2023 (-0,9 % pt), en lien avec une diminution en points de PIB des dépenses primaires maintenues stables en niveau, et, selon le FMI, grâce à une meilleure mobilisation des recettes intérieures, (131,7 Mds FCFA, soit 7,9 % de son PIB, contre 119 Mds/7,8 % en 2022)

La dette publique a continué à augmenter à 51,9 % du PIB fin 2022, contre 47,6 % en 2021 (et 43,4% en 2020), alors qu’elle suivait une trajectoire baissière jusqu’en 2020. Cette augmentation est due à la hausse de la dette intérieure (représentant 13,2% du PIB en 2021 et estimée à 17,6% du PIB en 2022). Le pays est toujours considéré à risque de surendettement élevé par le FMI au regard notamment de la faiblesse des capacités de remboursement de sa dette.

 

Croissance du PIB (prix constants)

PIB

Source : FMI

 

Relations avec la communauté financière internationale

La Centrafrique était engagée depuis juillet 2016 dans un programme avec le FMI appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) pour un montant initial de 118,1 M USD, porté à 189 M USD au terme de deux augmentations successives. Après la conclusion de la 6ème et dernière revue de ce programme en juillet 2019, le pays a signé en décembre 2019 un nouveau programme, également appuyé par la Facilité élargie de crédit pour un montant de 115 M USD (75 % de son quota). Les première et deuxième revues de cet accord ont été validées en janvier 2021, donnant lieu au décaissement de 34,4 M USD. Cependant, l’accompagnement du Fonds a été transformé en un programme de référence sans financements qui a été approuvé en décembre 2021. La première revue du programme de référence a été validée en avril 2022, mais les suivantes n’ont pas eu lieu, et celui-ci a expiré en 2022. Après des discussions avec les services du FMI, un nouveau programme avec le FMI a été approuvé début 2023, sur 38 mois, avec un accès à 127,18 % du quota (141,68 M DTS, soit 189,5 M USD), et des revues semestrielles.

Outre le FMI, de nombreux partenaires techniques et financiers (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Union européenne, etc.) sont présents en Centrafrique et leurs interventions couvrent des projets dans de nombreux domaines : infrastructures, notamment numériques, éducation, santé, protection sociale, gouvernance, agriculture, etc.

 

Publié le