Situation macroéconomique et financière de la République Démocratique du Congo

1. Situation économique et financière en bref

La RDC dispose d’une situation macroéconomique relativement favorable. Le pays s’était engagé dans plusieurs réformes structurelles soutenues par un programme FMI dont la 6ème et dernière revue s’était achevée en juin 2024 sur une « note positive ».

L’économie congolaise avait fait preuve de résilience en 2023, avec une croissance de +7,5 %. L’année 2024 poursuivait en hausse à +6%. Toutefois, la prévision d’une croissance de +5,4% pour 2025 pourrait être révisée à la baisse en lien avec la guerre dans l’Est du pays contre les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda.

Sauf rebondissement, à moyen-terme, la croissance de la production minière devrait se poursuivre. Les termes de l’échange devraient aussi s’améliorer suite à l’embargo sur les exportations de cobalt pour une durée de quatre mois, décrété par la RDC le 22 février 2025. Ce pays fournit actuellement 70% de la production mondiale de cobalt ce qui lui donne une voix indiscutable pour cette matière première.

La dynamique est également entretenue grâce au secteur des services (télécom, banques, services de transport et logistique).

En contrepartie, l’activité économique dans les territoires occupés de l’Est (Nord-Kivu et Sud-Kivu) est fortement ralentie, voire interrompue pour ce qui concerne le secteur formel. Quant aux recettes fiscales et parafiscales, elles ne sont plus perçues par l’Etat central.  

 

Principaux indicateurs

 

 

2023

2024

2025 (prév)

PIB (Md USD)

66,9

70,1

76,1

PIB/Habitant (USD courants)

649

686

723

Croissance du PIB

8,4

6,0

5,4

Croissance démographique (%)

3,2

3,2

3,2

Inflation moyenne (%)

19,9

17,7 (11,7 en déc.)

< 12

Solde public (% du PIB)

-2,3

-2,7

-1,8

Solde transactions courantes (% du PIB)

-6,2

-5,1

-2,8

Réserve de change

9 semaines

9,9 semaines

11 semaines

Service de la dette (% du PIB)

2,2

1,9

1,6

Dette publique totale[1] (% du PIB)

24,1

22,8

21,5

Dette extérieure (% du PIB)

17,7

16,0

17,2

IDE (% du PIB)

2,9

3,0

2,5

Notation OCDE

7

7

7

Notation Moody’s/S&P

Caa1 / CCC+

Caa1 / B-

B3 / B- (stable)

 

 [1]La dette publique totale contractée ou garantie par l’État (CGE) englobe la dette de l’administration centrale, de la Banque centrale du Congo (BCC), des provinces et d’une partie des entreprises publiques.

 

 2. La situation budgétaire se tend en 2025

En 2025, la situation budgétaire s’est tendue en raison d’un besoin additionnel pour le conflit dans l’Est du pays. Le budget initial avait été augmenté de 20% pour atteindre 17 Mds$ ce qui reste nettement insuffisant pour les besoins de cet immense territoire enclavé de 2,3 millions de km2 (deuxième plus grand pays d’Afrique après l’Algérie). L’autre défi porte sur la couverture des dépenses sociales (santé, éducation) dans un pays où 75% de la population vit au seuil de pauvreté (population totale de 106 millions d’habitant en croissance de 3,3% par an). Enfin, un autre objectif était d’endosser à terme le rôle de puissance agricole régionale (80 millions d’hectares cultivables) avec un effet attendu sur l’emploi et l’inflation.

La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est a conduit à une baisse des recettes (estimée à 5% par le ministère des Finances) et à une augmentation de la dépense (rémunération des militaires doublée, achat de matériel militaire, réfugiés).

L’équilibre budgétaire de la RDC demeure fragile. Il dépend notamment du secteur minier qui représente plus d’un tiers des recettes (DGI, DGDA, DGRAD) et de l’aide extérieure attendue à hauteur de 27% en 2025 (21% en 2024) grâce à 2,9 Mds$ de dons projets + 1,1 Md$ d’emprunts projets + ABG de 500 M$ et dont 75% délivrés par la banque mondiale.

 

 3. Deux programmes FMI initiés en 2025 pour changer la donne

A compter du 15 janvier 2025, la RDC et le FMI ont conclu un accord et ont initié deux nouveaux programmes.

Tout d’abord une Facilité Elargie de Crédit (FEC) d’1,77 Md$ sur 3 années, destinée à poursuivre les réformes engagées lors de la précédente FEC (achevée en juin 2024). Ensuite une Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) de 1,04 Md$ sur trois ans. Ces deux programmes sont assortis d’une aide budgétaire de la Banque mondiale répartie en deux lignes de 500 Mios$ chacune sur deux années.

Les attentes sont évidemment fortes pour améliorer la gouvernance et lutter et améliorer le climat des affaires qui reste largement détérioré en raison d’une corruption omniprésente et des tracasseries administratives.

 

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