La situation économique de la RD Congo

 

Dans une conjoncture aujourd’hui plus difficile et incertaine, l’économie congolaise fait preuve de résilience, la croissance en 2023 devant cependant être légèrement inférieure aux prévisions annoncées. La RDC, fortement dépendante du secteur minier, en l’absence de diversification véritable, demeure exposée aux variations des cours internationaux des matières premières, la baisse des cours ayant eu notamment un impact significatif sur les finances publiques. Celles-ci ont été soumises tout au long de l’année 2023 à de fortes pressions et la situation budgétaire s'est détériorée, l'inflation s’accélérant. Pour autant, le programme FMI approuvé en 2021 pour stabiliser le cadre macro-économique et soutenir le programme de réformes des autorités, continue de se dérouler de manière satisfaisante selon les services, la 5ème revue de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) du FMI ayant été conclue positivement en décembre 2023.

1-Une croissance en 2023 légèrement inférieure aux prévisions

-La croissance de la RDC, qui devrait atteindre 6,2 % en 2023, repose majoritairement sur le développement du secteur minier. Si les exportations de cuivre ont augmenté, la baisse des prix du cobalt a entrainé une réduction de leurs exportations. Alors que la croissance pour 2023 était projetée à 6,8 %, elle serait selon le FMI de 0,6 point inférieure aux projections de la 4ème revue du programme pour 2023, et sous le niveau de croissance de 8,8 % en 2022. A moyen-terme, la stabilisation de la production minière pourrait entrainer un ralentissement de la croissance estimée à 4,8% en 2024. Elle devrait cependant ensuite progresser avec la reprise de l’activité du secteur extractif, et grâce, également, à l'accélération progressive de la croissance du secteur non extractif.

- Ces perspectives de croissance, qui restent supérieures à d’autres pays de la sous-région, sont cependant soumises à de forts aléas négatifs en raison d’une part de la situation sécuritaire dans l’est du pays et d’une conjoncture internationale incertaine d’autre part. La poursuite des combats dans l'Est du pays est un facteur de risque important alors que la RDC est le pays d'Afrique qui compterait le plus grand nombre de personnes déplacées sur son sol. Sur le plan extérieur, un ralentissement de la croissance mondiale pourrait entrainer une réduction des exportations du pays.

-L’inflation atteindrait 19,4 % en 2023, contre 14,8 % prévu lors de l’examen de la 4ème revue du FMI et 9,3 % en 2022. Le Franc congolais s’est déprécié de 28,4 % et 21,3 % par rapport au dollar américain sur les taux de change officiel et parallèle à fin 2023, alimentant l’augmentation des prix, et particulièrement des prix de l’énergie et de l’alimentation. La hausse des prix impacte fortement le pouvoir d’achat des Congolais et la diminution progressive de l’inflation en 2024, prévue par le FMI, pourrait être moins forte qu’initialement anticipée.

2-De fortes pressions sur les finances publiques

-Les pressions sur les dépenses publiques ont entrainé une dégradation du déficit budgétaire. Les principaux postes d’augmentation des dépenses publiques sont celles liées à l’organisation des élections de décembre 2023, l’augmentation des dépenses de sécurité liées à la situation sécuritaire dans l’est et à l’augmentation des dépenses d'investissement. Les dépenses publiques sont toutefois en baisse de 17,5 % du PIB en 2022 à 15,9 % en 2023. En parallèle, la mobilisation des recettes publiques s'est dégradé, avec la réduction des prix des matières extractives et la diminution des impôts exceptionnels. Les recettes publiques hors dons représentent 12,6 % du PIB, contre 15,3 % en 2022. Le déficit budgétaire s’est dégradé à 2,1 % du PIB en 2023.

-Le déficit du compte courant resterait élevé, à 5,3 % du PIB en 2023. La diminution des prix à l’exportation du cobalt et du cuivre et les importations plus élevées qu’initialement prévu ont creusé le déficit courant au premier semestre 2023. Les réserves internationales ont atteint néanmoins 4,9 Md$ à la fin d'octobre 2023 (soit près de 2 mois 'importations) de 4,5 Md$ à la fin 2022. Le déficit du compte courant devrait s'établir à -4,1 % du PIB en 2024 et se réduire progressivement selon le FMI.

-La dette publique – à 21 % du PIB à la fin 2022 – reste peu élevée et est en diminution. Les capacités d’endettement de la RDC sont toutefois contraintes par de faibles capacités de remboursements du fait de la faiblesse des recettes et de leur vulnérabilité face aux fluctuations des prix des matières premières. L’endettement externe représente 71,1 % du stock total soit 9,8 Mds USD (14,9 % du PIB), et est désormais dominé par les créanciers multilatéraux (soit 7,2 % du PIB, ou 4,7 Mds USD). S’ensuit les créanciers bilatéraux (Eximbank of China principalement) qui totalisent 4,6 Mds USD. La dette intérieure de 4,0 Md USD (6,1 % du PIB), se compose en quasi-totalité d’arriérés.

3- La poursuite du programme FMI

Le cinquième décaissement dans le cadre du programme triennal du FMI -en cours depuis juillet 2021- est intervenu en décembre 2023 et les résultats sont estimés globalement satisfaisants par le FMI. Des politiques économiques prudentes sont néanmoins encouragées par le Fonds, y compris une limitation des dépenses non essentielles, ainsi que des efforts pour améliorer la gestion des finances publiques, la mise en œuvre de la politique monétaire, la gouvernance et la transparence.

La conclusion positive de cette 5ème revue est un facteur favorable à la mobilisation des bailleurs de fonds multilatéraux (Banque mondiale – BAD) dont les déboursements viennent par ailleurs abonder les besoins de financement de l’économie. Le total cumulé des financements alloués aux projets et programmes par les principaux bailleurs serait passé de 3 Mds USD fin 2020 à plus de 10 Mds en 2023.

 

 

 

 

 

 

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