Terre-Neuve-et-Labrador

 

                                                

En bref

Rassemblant environ 1,3 % de la population canadienne (T1 2025) et environ 1,31 % du PIB canadien en 2024, Terre-Neuve-et-Labrador est la province la plus orientale du Canada, dont les principales activités économiques, notamment à l’export, relèvent de la mer (pétrole offshore, pêche). La façade maritime constitue ainsi un atout économique important, tout comme son sous-sol, riche en minerais. Dépendante des redevances pétrolières et victime des problèmes financiers de la construction du barrage hydroélectrique de Muskrat Falls, la province connait toutefois une situation financière difficile depuis plusieurs années. Le gouvernement provincial garde comme objectif d’établir des budgets permettant un assainissement des finances publiques avec un retour à l’équilibre budgétaire désormais projeté pour l'exercice 2026-2027, selon les dernières prévisions budgétaires.

 

 Présentation générale

 

Terre-Neuve-et-Labrador (TNL) est une province de l’Est canadien, limitrophe du Québec et du Nunavut, d’une superficie de 405 720 km2. Le détroit de Belle-Isle sépare la province en deux territoires, le Labrador et l’île de Terre-Neuve où est concentrée la majeure partie de l’activité et environ 94 % de la population. La province comprend un archipel de plus de 7 000 îles.

La population terre-neuvienne s’élève à 545 579 au 1er janvier 2025. Terre-Neuve-et-Labrador est l’avant-dernière province canadienne par sa population (devant l’Ile-du-Prince-Edouard). Après une période de baisse, la population de la province a augmenté de 22 726 habitants entre début 2022 et début 2025, marquant une croissance notable. La capitale, St John’s, est la ville la plus peuplée de la province (agglomération de 239 316 habitants en 2024), suivie par des villes comme Conception Bay South (27 168 habitants en 2021), Mount Pearl (estimation de 23 646 habitants en 2024) et Paradise (22 957 habitants en 2021). Malgré la proximité géographique de la France (Saint-Pierre-et-Miquelon) et du Québec, le français n’est la langue maternelle que d'environ 0,5 % de la population (selon le recensement de 2021). La population autochtone représente une part importante de la population (9,3 % selon le recensement de 2021).

La façade maritime de Terre-Neuve-et-Labrador constitue un atout économique majeur. Cependant, l'économie de la province dépend de moins en moins de la pêche, ce secteur ne représentant plus la principale source de revenus pour la province, bien qu'il conserve une importance avec, par exemple, des débarquements de poisson d'une valeur de plus de 726 M CAD en 2023.

Terre-Neuve-et-Labrador exploite son potentiel fluvial pour produire de l'électricité en grande quantité, notamment grâce au barrage de Churchill Falls. Avec une puissance installée de 5 428,5 MW, Churchill Falls est la deuxième plus grande centrale souterraine au monde, juste après la centrale Robert-Bourassa située au nord du Québec.

Les gisements d'hydrocarbures off-shore représentent également une source de revenus importante pour la province. Les redevances issues de l'exploitation pétrolière offshore devaient représenter environ 15 % des revenus de la province dans le budget 2025-2026, bien que la production de pétrole ait connu des variations récentes, avec une production en février 2025 inférieure à celle de février 2024.

En outre, Terre-Neuve-et-Labrador est riche en ressources minérales, comprenant le fer, le cuivre, le zinc, l'argent et l'or. Ces ressources continuent de jouer un rôle crucial dans l'économie provinciale.

John Hogan (Parti libéral) est Premier ministre de la province depuis le 9 mai 2025.

Perspectives économiques
La Province rebondit après avoir surmonté des défis économiques importants

En 2023, Terre-Neuve-et-Labrador a enregistré un recul de son PIB réel de 2,6 %, étant l'une des rares provinces canadiennes à connaître une baisse cette année-là. Cette diminution était en partie attribuable à des baisses dans certains secteurs d'extraction.

En 2024, la province a rebondi avec une croissance du PIB réel de 2,4 %, et les prévisions pour 2025 tablent sur une croissance de 4,4 %. Cette reprise est notamment portée par une augmentation attendue de la production pétrolière et minière.

Le taux de chômage demeure très supérieur à la moyenne nationale. Il atteint 10 % en mars 2025 (contre 6,7 % au Canada), en baisse de 0,1 point par rapport à mars 2024 à Terre-Neuve-et-Labrador, tandis qu'au Canada, il a augmenté de 0,6 point sur la même période. L’indice des prix à la consommation annuel moyen a augmenté de 2,3 % à Terre-Neuve-et-Labrador en 2024 (contre 2,4 % au Canada).

Finances publiques
Un retour à l'équilibre budgétaire prévu à horizon 2026-2027

 

Un déficit budgétaire est à prévoir pour les exercices 2024-2025 et 2025-2026. La province de Terre-Neuve-et-Labrador a connu il y a plusieurs années une crise de ses finances publiques, aggravée par la pandémie et la baisse du prix du pétrole. La province a connu un déficit de 433 M CAD (1,1 % du PIB) sur l’exercice 2023-2024 et un déficit de 252 M CAD pour 2024-2025. Le déficit prévisionnel est de 372 M CAD pour 2025-2026. Le retour à l’équilibre budgétaire ne devrait avoir lieu qu’à partir de l’exercice 2026-2027.  

Un budget axé sur la santé, le logement et les aînés. Le Budget 2025 prévoit des investissements importants dans le secteur de la santé, représentant 40 % des dépenses. Des investissements sont également prévus pour le logement et les aînés.

Un ratio dette nette / PIB élevé. Le ratio de la dette nette au PIB est estimé à 44,4 % du PIB nominal pour l'exercice 2024-2025 et devrait légèrement augmenter à 44,7 % en 2025-2026. Pour l’exercice 2024-2025, la province a prévu un programme d’emprunts bruts révisé de 2,8 Md CAD, après un programme d’emprunts bruts de 2,8 Md CAD en 2023-2024. Pour 2025-2026, les emprunts bruts projetés s'élèvent à 4,1 Md CAD. La dette nette à la fin de l'exercice 2024-2025 est projetée à 18,5 Md CAD.

Aspects sectoriels

L’économie de Terre-Neuve-et-Labrador repose essentiellement sur une économie de services (63 % du PIB) mais l’extraction de produits minéraux (pétrole, minerai de fer) demeure très importante (23 % du PIB en 2023).

Services

L’économie de la province s’appuie avant tout sur les services, qui représentent environ 63 % de son PIB en 2024 Le secteur des services immobiliers et le secteur de la santé et des services sociaux sont les secteurs les plus importants d’un point de vue économique. Ils représentent respectivement 11 % et 10 % du PIB en 2023.

Hydrocarbures

L’exploitation des hydrocarbures a permis la restructuration d’une économie auparavant fortement dépendante des recettes provenant de la pêche. La province de Terre-Neuve-et-Labrador est la troisième province productrices de pétrole du Canada (4,5% du pétrole produit au Canada en 2024) : elle concentre plus de 80 % des ressources pétrolières en mer et a produit 12 % du pétrole brut léger classique du pays en 2023. Le secteur de l’extraction pétrolière représentait plus de 20% du PIB en 2023, une proportion plus élevée qu’en Alberta et en Saskatchewan. Dans la province, les redevances pétrolières représentaient 15% des revenus du 2023-2024.

Il y 4 grands projets offshore au large de la province : Hibernia, Terra Nova, White Rose et Hebron.

Tandis que l’exploitation du champ Terra Nova a été interrompue en 2019, un retour en service a eu lieu en novembre 2023. Six nouveaux champs de pétrole ont été découverts au large de Terre-Neuve-et-Labrador ces dernières années, parmi lesquels le site de Bay du Nord. Le projet d’Equinor, qui consiste en l’exploitation de 60 puits d’extraction pétrolière, a obtenu l’autorisation d’exploitation du gouvernement fédéral en avril 2022, malgré les nombreuses controverses autour de ce projet ; les réserves récupérables seraient supérieures à 500 millions barils selon Equinor. Equinor a toutefois annoncé le 31 mai 2023 reporter son projet pour une période pouvant aller jusqu’à trois ans afin de vérifier sa rentabilité économique.

Saint John's est la plaque tournante de l'exploration, de la mise en valeur et de la production du pétrole sur la côte Est canadienne.

Mines

 

Le secteur minier représente l’une des principales et des plus anciennes industries de Terre-Neuve-et-Labrador, employant plus de 8 000 personnes en 2024. Les mines actives produisent essentiellement du fer ; mais aussi du nickel, cuivre, zinc, cobalt, antimoine et de l’or alors que de nombreuses carrières exploitent des produits non-métalliques. L’extraction minière et l’exploitation en carrière (hors extraction gaz-pétrôle) représentait près de 1,9 Md CAD en 2024 (+4% par rapport à 2023), soit environ 6% du PIB de la province, dont 1,5 Md CAD pour le minerai de fer uniquement.

Parmi les principaux projets en cours, on peut mentionner l’extension du projet de mine souterraine de nickel de Voisey’s Bay (Vale). Alors que la construction a débuté en 2018 pour une entrée en production initialement prévue en 2023, la fin de construction et mise en service sont intervenues fin 2024. Cette extension augmentera la production de nickel sous forme de concentré à 45 000 tonnes (45kt) par année et ajoutera 20 kt/an de cuivre et 2,6 kt/an de cobalt. La montée en cadence complète du projet est prévue pour le second semestre 2026.

L’activité minière provinciale sera également marquée en 2025 par l’amorce de deux projets aurifères : le projet Valentine Gold devrait finalement entrer en service à la fin du 3ème trimestre 2025 et la mine d'or Hammerdown (de Maritime Resources Corp.), dont la production devrait s’accélérer au cours de la deuxième moitié de l’année à mesure que la mine à ciel ouvert sera développée. L'exploration aurifère et les investissements devraient rester importants dans l’année à venir, alors que l’exploration de nouvelles ressources (lithium, uranium, terres rares…) est également active.

Energie électrique

Grâce à l’hydroélectricité, le mix électrique de la Province est décarboné à environ 99%. L’un des grands projets en développement concerne la centrale hydroélectrique Lower Churchill, considéré comme le principal potentiel hydroélectrique en Amérique du Nord (plus de 3 000 MW). Ce projet est développé en deux phases : Muskrat Falls (824 MW), autorisé en 2012 par le gouvernement de TNL, dont la mise en service a eu lieu mi-2023 après des retards dus à la pandémie, à des soucis techniques et à de nombreux surcoûts (de 7,4 à 13,5 Md CAD (9,22 Md EUR)), puis Gull Island (2 250 MW). Selon le nouvel accord signé le 12 décembre 2024 entre TNL et le Québec, les nouveaux projets d’hydroélectricité augmenteront la capacité du Labrador de 3,9 GW. Hydro-Québec versera à Newfoundland and Labrador Hydro 3,5 Mds CAD pour le droit de co-développer ces projets et ces fonds seront utilisés pour payer la participation de Newfoundland and Labrador dans les nouveaux actifs. La centrale de Gull Island sera construite avec une capacité installée de 2 250 MW, ainsi qu’une nouvelle centrale à Churchill Falls, pour une puissance supplémentaire de 1 100 MW. Le Québec assumera l'entière responsabilité des risques de construction et des dépassements de coûts de ces nouveaux projets.

Ce mégaprojet hydroélectrique, en grande partie responsable de l’explosion de la dette provinciale, était géré par la société d’état Nalcor, établie par le gouvernement provincial en 2007 pour développer de nouveaux projets énergétiques. Le gouvernement de TNL a indiqué en juin 2021 que Nalcor serait intégrée à Hydro Terre-Neuve-et-Labrador, société de la Couronne, fournisseur d’électricité de la province pour économiser des fonds publics. Le gouvernement fédéral avait annoncé le 28 juillet 2021 une contribution fédérale de 5,2 Md CAD (3,8 Md EUR) pour aider Terre-Neuve-et-Labrador à couvrir les coûts de ce projet hydroélectrique et ainsi éviter une hausse des tarifs d’électricité. En sus, depuis l’achèvement du barrage de Muskrat Falls, l’infrastructure n’a eu de cesse d’être confrontée a des problèmes de fonctionnement (remplacement nécessaire d’une unité de production sur 4 et une production en conséquence inférieure à la capacité de la centrale, panne régulières des lignes de transmission - la ligne de transmission avec la Nouvelle-Ecosse a ainsi été coupée pendant plusieurs semaines en avril 2024 etc.).

Suite à la signature en août 2022 à Terre-Neuve-et Labrador d’une déclaration d’intention conjointe concernant la création d’une alliance entre le Canada et l’Allemagne pour l’hydrogène, la province souhaite développer des projets éoliens pour produire de l’hydrogène vert. L’objectif est de produire de l’hydrogène à Stephenville. L’Allemagne devrait se charger de construire un corridor maritime pour la transporter de l'autre côté de l'Atlantique. Les premières exportations étaient initialement annoncées pour 2025 mais les projets éoliens s ne sont pas encore sortis de terre à date. Le gouvernement de TNL a levé le moratoire sur le développement de l’éolien dans le Province et a lancé en décembre 2022 un appel d’offres pour les projets éoliens. Il a également publié en février 2023 un nouveau cadre fiscal qui fixe précisément les frais et impôts applicables pour ces projets éolien-hydrogène. Six entreprises poursuivent des projets d'énergie éolienne et d'hydrogène dans la province : EverWind NL Company, Exploits Valley Renewable Energy Corporation, Toqlukuti'k Wind and Hydrogen, World Energy GH2 Ltd, Argentia Renewables LP et North Atlantic Refining Limited.

Agriculture et pêche

L’activité agricole de la province est assez modeste en raison notamment des défis liés à sa géographie et à son climat. Sur la période 2019-2023, la production est dominée par les produits laitiers (49 M CAD), les œufs (21 M CAD) et la floriculture (9 M CAD). La province connaît également un secteur halieutique fort, avec un revenu de la pêche de 725 M CAD en 2023, soit 20% du revenu des pêche national. Le secteur de la pêche de la province est dominé par la production de crabes des neiges (253 M CAD), de crevettes (152 M CAD) et de homards (121 M CAD). La province pêche plus de la moitié des crabes des neiges du Canada et se classe deuxième, après la Nouvelle-Ecosse, pour l’ensemble des pêches du Canada. Le secteur de la pêche emploie 16 000 personnes dans la province et les produits de la pêche issus de la province ont été exportés en 2023 vers 38 pays pour une valeur de 1,09 Mds CAD. Les Etats-Unis sont le principal partenaire à l’export de la province pour les produits de la mer (733 M CAD exportés) et la Chine le deuxième (215 M CAD).

Recherche et développement, technologies marines, experise arctique

 

L'abondance des ressources naturelles en organismes aquatiques cultivés et sauvages et des connaissances spécialisées de longue date dans les eaux océaniques ont favorisé les activités de recherche et développement de premier plan sur la vie marine. Par la mise en place du Fonds d’Innovation de l’Atlantique (FIA), l’agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA) a largement accru les capacités de la province pour mener des travaux de recherche et développement de pointe en favorisant une économie axée sur le savoir et l’émergence de marchés nouveaux. Le Centre de recherche en génie océanique, côtier et fluvial, du Canada se situe à St-John’s et est un chef de file dans la création et l’évaluation de technologies pour les conditions marines difficiles grâce aux laboratoires, aux bassins d’études et au programme de recherche Océans. A noter également l’expertise arctique dans de nombreux secteurs d’activité : exploitation pétrolière, gestion des glaciers et icebergs, design d’oléoducs…

Terre-Neuve-et-Labrador est également, avec Halifax en Nouvelle-Ecosse, le siège de la supergrappe fédérale de l’économie océanique, qui vise à favoriser l’innovation, à améliorer les connaissances et la protection de l’océan et de ses ressources. Cette supergrappe, qui regroupe des acteurs privés, publics et académiques, ambitionne de devenir un centre d’innovation de pointe dans les industries du secteur maritime.

Relations économiques bilatérales
Les échanges de biens entre la France et Terre-Neuve-et-Labrador ont fortement augmenté en 2024

Le commerce bilatéral de biens entre la France et Terre-Neuve et Labrador s’est établi à 428 M CAD (273 M €) en 2024, en hausse de 139% par rapport à 2023 (179 M CAD (115 M€)). Selon Statistique Canada, les échanges entre la France et Terre-Neuve-et-Labrador représentent 3,1% des échanges totaux entre la France et le Canada : la proportion a plus que doublé par rapport à 2023, où les échanges ne représentaient que 1,4% des échanges totaux

Les exportations françaises vers Terre-Neuve et Labrador se sont établies à 122 M CAD (78 M €) en 2024, soit 7,7% des exportations françaises au Canada. Après une baisse importante (-83%) des exportations entre 2022 et 2023, ces dernières ont considérablement augmenté en 2024, passant de 7 M CAD (4,5 M€) en 2023 à 122 M CAD (78 M CAD) en 2024. Cette augmentation s’explique par une hausse des exportations françaises d’aéronefs et de matériel de transport, passées de 51 000 CAD en 2023 à 48 M CAD en 2024. Les exportations sont principalement composées d’aéronefs et de matériel de transport (40%), de produits chimiques, plastiques et en caoutchouc (23%) et de produits énergétiques (22%). Les exportations françaises de produits énergétiques étaient inexistantes en 2023 et ont atteint 27 M CAD en 2024.

Les importations françaises en provenance de Terre-Neuve et Labrador atteignent 306 M CAD ( 196 M€) en 2024, soit 7,7% des importations françaises en provenance du Canada. Elles ont connu une augmentation de 77,5% par rapport à 2023 et étaient essentiellement composées de produits énergétiques (86%) et de minerais et minéraux non métalliques (12%).

La France enregistre un déficit par rapport à la province (- 184 M CAD), qui se creuse de 11,3% par rapport à 2023 (- 165 M CAD).

 
Une présence française discrète  

La présence française dans la province est limitée. On peut citer :

- la ville de St John’s abrite le siège social de la filiale canadienne de Technip : Technip Canada Ltd.

- Air Liquide possède une unité de conditionnement de gaz spéciaux près de St John’s.

- Vallourec produit des connexions premium VAM filetées et offre des services de réparation de puits à des entreprises des secteurs pétrolier et gazier..

- Veolia possède une filiale Eau Technologies Canada à St John’s.  

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