CANADA
Saskatchewan
En bref
Reposant sur l’exploitation de ses ressources naturelles, l’économie de la Saskatchewan est exposée aux fluctuations de la production agricole et des prix des produits miniers, notamment la potasse et l’uranium. La province possède plus de 40 % des terres arables du Canada et est la plus grande productrice et exportatrice de céréales, de légumineuses et d’oléagineuses du pays. Son économie est fortement tributaire du secteur énergétique, la province se classant au 2ème rang en termes de production de pétrole et au 3ème pour la production de gaz naturel au niveau national et au 2ème rang mondial pour la production d’uranium (derrière le Kazakhstan) et au 1er pour la prodution de potasse. La grave sécheresse de 2021 à affecté l’économie provinciale, la seule dont le PIB s’est contracté cette année-là (-0,6 %). Après avoir rebondi en 2022 avec une croissance de 6%, la croissance a ralenti à 1,4% en 2023, sous l’effet de la réduction des prix des matières premières (surtout de la potasse) et du resserrement monétaire engagé par la Banque du Canada. Selon les prévisions du secteur privé, l’économie provinciale devrait croitre de 1% en 2024, un niveau supérieur à la moyenne du pays (0,6%).
Présentation générale
La Saskatchewan est la 6ème province la plus peuplée du Canada : avec 1,2 million d’habitants, elle représente 3% de la population canadienne. Elle constitue l’une des trois provinces des Prairies canadiennes (avec le Manitoba et l’Alberta). La langue officielle de la Saskatchewan est l’anglais, mais 4,8 % de la population (environ 52 000 personnes) était bilingue (français et anglais) en 2023. La province accueille environ 16 800 Fransaskois (habitants de la Saskatchewan dont la langue maternelle est le français), soit 1,4 % de la population de la province.
Le territoire de la Saskatchewan possède de nombreuses ressources minières, agricoles et en hydrocarbures. La Saskatchewan possède plus de 40 % des terres arables du Canada et constitue ainsi le 1er grenier à blé du pays. Les bassins de l’Athabasca et de Cold Lake se partagent entre la Saskatchewan à l’ouest et l’Alberta, où des gisements très importants d’uranium ainsi que des gisements de charbon de faible profondeur y sont exploités. Son sous-sol abonde de minerais et d’hydrocarbures (2ème producteur national de pétrole, 3ème de gaz naturel) et les sous-sols des montagnes de Cyprès (Cypress Hills) sont riches en sédiments : la province possède également d’importants gisements de potasse (1er producteur mondial), d’uranium (2ème producteur mondial ; la mine de McArthur River abrite le plus grand gisement uranifère à haute teneur au monde), de charbon et, plus marginalement, de radium et d’antimoine. Des gisements diamantifères y ont également été découverts plus récemment. La partie septentrionale de la Saskatchewan appartient au bouclier canadien où s’étend la forêt boréale, qui alimente l’industrie forestière.
Scott Moe («Parti Saskatchewanais » - parti de centre-droit à droite) est le Premier ministre de la province depuis février 2018 (suite à la démission de Brad Wall). Il a été réélu en 2020 ; les prochaines élections se tiendront le 28 octobre 2024. Scott Moe est candidat à sa réelection. Le Parti Saskatchewanais gouverne la province depuis 2007.
Perspectives économiques
La quatrième province la plus dynamique en 2023
La province a connu la plus forte croissance parmi les provinces canadiennes en 2022 (6%), tiré par la hausse des prix du blé et de l’énergie dans le contexte de la reprise post-pandémie et du déclenchement du conflit ukranien. La production des grandes cultures a augmenté en 2022 (+ 67% pour la production de blé et + 41% pour la production de canola), une dynamique qui devrait se poursuivre en 2023 ; en juin 2023, les agriculteurs saskatchewanais ont déclaré avoir semé du blé sur une superficie de 14,2 millions d’acres (+6,9% par rapport à 2022) et 12,4 millions d'acres de canola (+8,8% par rapport à 2022). Toutefois, la province n’échappe pas au ralentissement économique du fait de la politique restrictive de la Banque du Canada et du recul du prix des matières premières (et particulièrement la potasse), qui aurait coûté 0,3 point de PIB à l’économie saskatchewanaise. Ainsi, l’estimation préliminaire de la croissance du PIB réel de la province est de 1,4% en 2023 (contre 1% pour le Canada), tandis que la croissance anticipé en 2024 est à 1% (contre 0,6% pour le Canada). La Sasktchewan devrait ainsi être la quatrième province la plus dynamique en 2023, derrière l’Alberta, le Manitoba, et l’Île-du-Prince-Edouard. L’inflation a atteint 3,9% en 2023 (3,9% au niveau national), après avoir atteint 6,6% en 2022 (6,9% au niveau national). Elle devrait s’élever à 2,6% en 2024 avant de revenir à 2% en 2025. Enfin, le taux de chômage moyen préliminaire en 2023 s’élève à 4,8% (5,4% au national), bien en-dessous de la moyenne sur cinq ans (6,3%), et devrait se stabiliser à 5,5%-5,6% à partir de 2024 (6,2% au national).
2023 : le deuxième plus large excédent commercial sur la balance des biens
Les exportations de la Saskatchewan ont reculé de 6,4% en 2022, atteignant 49 Md CAD, ce qui en fait la 5ème province exportatrice du Canada. La province exporte principalement aux Etats-Unis (55% des exportations), en Chine (11%), au Brésil (5%) et en Inde (3%). Les exportations concernent avant tout des produits non transformés : les produits agricoles et de la pêche (41%), les produits énergétiques (29%) et les minerais et minéraux non métalliques (24%). Les exportations ont connu une évolution contrastée en 2023, avec des hausses pour les exportations de produits agricoles (+9,7%), les machines et pièces industrielles (+3%), les produits en métal et produits minéraux non métalliques (+23,5%) et les produits chimiques (+12,4%). Les baisses concernent les exportations de produtis énergétiques (-3%), les minerais et minéraux non métalliques (-28,4%) et les produtis forestiers et matériaux de construction (-29%), notamment en raison du recul du cours des produits de base fin 2022, qui s’est confirmé en 2023.
Les importations ont augmenté de 4,5% en 2023, pour atteindre 15,7 Md CAD. La Saskatchewan importe princpalement ses biens des Etats-Unis (80% des importations), de l’Allemagne (4%), de la Chine (4%) et du Mexique (3%). Les importations sont composées de produits transformés à forte valeur ajoutée comme des machines et pièces inudstrielles (38%), des produits chimiques (17%) et des véhicules et pièces de véhicules industrielles (12%). Les importations ont elles aussi connu une évolution contrastée en 2023 avec des hausses pour les machines et pièces industrielles (+11,3%), les véhicules et pièces automobiles (+8,5%), les biens de consommation (+10%) et les pièces électroniques (+13,4%) et avec des baisses pour ce qui relève des produits chimiques (-4,2%) et les produits agricoles (-16,8%). La balance commerciale de la province demeure largement bénéficiaire (33,3 Md CAD/22,8 Md€) en 2023, quoiqu’en diminution de 11% sur un an. Il s’agit du deuxième plus large excédent commercial de la Saskatchewan (après 2022) depuis une vingtaine d’années.
Finances publiques
Un budget 2024-2025 tourné vers la santé, l’éducation et les services sociaux
Pour le budget 2024-2025 publié fin mars, le gouvernement de la Saskatchewan prévoit un déficit de 273 M CAD, quoique moins important que lors de l’exercice précédent (483 M CAD). Pour ce dernier budget avant les élections, les trois grandes priorités de dépenses du gouvernement provincial restent inchangées à l’an dernier : l’éducation, la santé et les services sociaux. Les principales sources de dépenses sont l’amélioration des infrastructures et du personnel de santé (7,6 Md CAD, 37% des dépenses, soit une hausse de 8,3% par rapport au budget 2023-2024), l’éducation (4,4 Md CAD, 22% des dépenses, en hausse de 9,4% sur un an) et les services sociaux, (1,8 Md CAD, 9% des dépenses, en hausse de 3,9% sur un an). A eux trois, ils constituent environ 70% des dépenses totales du budget. Le budget provincial prévoit aussi la création d’un Fonds d’investissement pour préparer l’achat de petits réacteurs modulaires (SMR) pour un montant de 570 M CAD d’ici la fin de l’année fiscale 2024-2025. Enfin, le gouvernement annonce subventionner sa société d’Etat Saskpower à hauteur de 140 M CAD pour qu’elle n’augmente pas les prix de l’énergie en 2024. Au total, le budget 2024-2025 prévoit donc 20,1 Md CAD de dépenses supplémentaires, soit 7,9% de plus que l’an dernier.
Projection de la dette nette/PIB de la Saskatchewan (source : Scotiabank)
Avec des revenus estimés à 19,9 Md CAD, le gouvernement de la province s’attend à un déficit, limité, de 273 M CAD (soit -0,2% PIB) pour l’exercice 2024-2025, en amélioration par rapport au déficit de 483 M CAD prévu pour l’année fiscale 2023-2024 (0,4% PIB). En effet, la division par six du prix de la potasse entre son pic en avril 2022 et février 2024 s’est accompagné d’une division par trois des revenus issues de la potasse dans la Saskatchewan (800 M CAD en 2023-2024). La province repousse à l’année fiscale 2025-2026 le retour à une position budgétaire exécedentaire (18 M CAD, soit un situation de quasi-équilinre) et 2025-2026 (225 M CAD, soit 0,2% du PIB).
Malgré ce nouveau déficit, la Saskatchewan reste la deuxième province du Canada la moins endettée, après l’Alberta. La dette nette/PIB atteint 12,8% en fin d’exercice 2023-2024 et devrait passer à 13,3% au cours de l’exercice fiscale 2024-2025. Elle devrait ensuite atteindre 14% PIB en 2025-2026, puis se stabiliser à 14,6% au cours de l’exercice 2026-2027 et à 14,3% en 2027-2028. Le Saskatchewan est ainsi la deuxième province la moins endettée du Canada, derrière l’Alberta (9,7% PIB).
Aspects sectoriels
-
Minerais
La potasse et l’uranium constituent les principales richesses minières exploitées. La Saskatchewan est le 1er producteur mondial de potasse (22,9 M tonnes produites sur l’année 2023). La production a diminué en 2023 de de 3% pour le muriate de potasse pour la production et de 10,5% pour les ventes d’après le Ministère de l’Energie en raison de la baisse de 36% du cours de la potasse sur un an (de 453 USD/tonne en mars 2023 à 289 USD/tonne un an après). En 2018, PotashCorp, alors 5ème capitalisation boursière du Toronto Stock Exchange (TSX), et Agrium ont fusionné pour créer Nutrien, premier producteur de potasse du monde et spécialisée dans la production d’engrais. La mine Jansen de BHP devrait entrer en production fin 2026, avec une capacité de production de 4,35 M tonnes par an. La province possède également la 2ème plus importante production d’uranium au monde après le Kazakhstan avec 22% de la production mondiale, qu’elle exporte à plus de 85% : les minerais d’uranium et leurs concentrés sont exportés aux Etats-Unis, les oxydes d’uranium sont exportés aux Etats-Unis et en France et de l’hexaflorure d’uranium est exporté vers le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Allemagne. La production d’uranium a augmenté de 49% entre 2022 et 2023, poussant les ventes de 67,7% d’après le gouvernement provincial, dans la lignée de la réouverture en novembre 2022 de la mine de McArthur River et de son usine de Key Lake, fermées depuis 2018 en raison de la baisse des cours du minerais. Si la mine de McArthur abrite le plus grand gisement uranifère à haute teneur au monde, la mine de Cigar Lake est celle qui a produit le plus d’uranium dans le monde en 2022 (6 928 tonnes, soit 14% de la production mondiale). La production dans la mine de Cigar Lake a légèrement reculé de 1,1% en 2023 (6 849 tonnes) en raison de quelques difficultés techniques de minage rencontrées : Cameco vise une production de 9 000 tonnes en 2024, soit 31,4% de plus qu’en 2023. La province possède également l’unique site de traitement de terres rares du pays et le seul hors de Chine : il a été inauguré en septembre 2022 par le Saskatchewan Research Council, suite à l’envoi de la première cargaison de minéraux depuis la mine Nechalacho (Territoires du Nord-Ouest).
-
Energie
La province est l’un des rares territoires du monde produisant du pétrole, du gaz naturel, de l’uranium, du charbon, des biofuels, ainsi que de l’électricité d’origine hydraulique, éolienne et solaire. L’extraction de pétrole et de gaz représente 13% du PIB de la province et les exportations de produits énergétiques comptaient pour plus d’un quart des exportations de la Saskatchewan en 2022. Elle est la deuxième province productrice de pétrole du Canada, derrière l’Alberta (10% de la production de pétrole brut canadienne) et la troisième pour le gaz naturel, derrière l’Alberta et la Colombie-Britannique (1% de la production canadienne en 2022).
-
Agriculture
La Saskatchewan est surnommée « le grenier du Canada » en raison des nombreuses céréales qui y sont produites. La province détient plus de 40% des terres agricoles cultivées du Canada et fait partie des plus grands producteurs et exportateurs de céréales, légumineuses et d’oléagineux du Canada, raison pour laquelle le gouvernemen fédéral a placé le siège de la supercluster Protein Industries à Regina. En 2023, la province était le premier producteur de lentilles (91%), pois chiche (87%), graines de lin (82%), blé durum (80%), moutarde (76%) et canola (53%) du Canada. Au niveau national, la province est le premier exportateur de pois-chiche (91%), lentilles (88%), graines de lin (84%), blé durum (80%), graines à canari (70%), pois secs (67%), graines de moutarde (59%), huile de canola (53%), orge (52%) et avoine (51%). Au niveau mondial en 2022, la Saskatchewan demeure un exportateur important de graines à canaris (56%), lentilles (45%), pois secs (37%), blé durum (33%), graines de moutarde (24%), huile de canola (23%), avoine (20%). La province détient également le 2ème plus grand cheptel de bœufs du Canada et a exporté pour 207 M CAD de bovins vivants en 2023.
Relations économiques bilatérales
Les échanges bilatéraux entre la France et la Saskatchewan en baisse en 2023
Les échanges de biens entre la France et la Saskatchewan se sont établis à 279 M CAD (189 M€) en 2023, en baisse de 22% par rapport à 2022. Selon Statistique Canada, ils représentaient 2,2% des échanges France-Canada en 2023, ce qui place la Saskatchewan au sixième rang des provinces canadiennes avec lesquels la France commerce.
Les exportations françaises vers la Saskatchewan se sont élevées à 59 M CAD (40M€) en 2023, soit 0,7% des exportations françaises au Canada. En baisse de 39% par rapport à 2022, les exportations françaises étaient composées essentiellement de machines, matériel et pièces industriels (58%), ainsi que de produits en plastique et en caoutchouc (23%).
Les importations françaises en provenance de la Saskatchewan étaient de 220 M CAD (149M€) en 2023, soit 5,8% des importations françaises en provenance du Canada. Elles ont connu une hausse de 69% par rapport à 2022, année particulière en raison du quasi-arrêt des importations de produits énergétiques. En 2023, les importations de produits énergétiques réprésentaient 48% des importations totales, suivies des importations de minerais et minéraux non métalliques (28%) et des produits agricoles (23%).
La France a donc toujours une balance commerciale déficitiaire vis-à-vis de la Saskatchewan (-161 M CAD, soit 109M€) , mais le déficit s’est creusé (-33 M CAD, soit 22 M€ en 2022).
La présence d’entreprises françaises en Saskatchewan
Construction : Soprema, Vinci
Energie – Transports : Orano, Air Liquide, Rexel, Schneider Electric, Veolia Water
Agroalimentaire : Louis Dreyfus, Sodexo
T.I.C. : Nexans, Vivendi
Industrie manufacturière : Saint-Gobain
Les principaux investissements et contrats remportés par les entreprises françaises
Orano Canada Inc. (anciennement Areva Resources Canada Inc.) constitue l’un des principaux investisseurs français au Canada et l’un des premiers investissements étrangers en Saskatchewan. La société, dont le siège social est basé à Saskatoon, emploie environ 450 personnes, dont plus de 50 % résident dans le Nord et 48% se déclarent de populations aborigènes. Les actifs miniers d’Orano se situent principalement dans le Nord de la province. La société est partenaire de Cameco dans les mines de McArthur et de Cigar Lake.
Orano est principalement investi dans la production d’uranium provenant de la mine de Cigar Lake, qui a été responsable de 14% de la production mondiale d’uranium en 2022, ce qui en a fait le premier site de production mondial. L’uranium extrait de la mine de Cigar Lake (détenue par Orano à 40% et par Cameco à 55% et le japonais Tepco à 5%) est traité dans l’usine de traitement McClean Lake, opérée par Orano, qui la détient à 70 %. Située à 700 km au nord de Saskatoon, l’usine McClean Lake est la plus avancée technologiquement au monde pour traiter du minerai d’uranium à forte teneur sans le diluer. Cameco vise une production de 9 000 tonnes en 2024, soit 31,4% de plus qu’en 2023.
Le minerai extrait des mines de McArthur River (détenues à 30% par Orano et 70% par Cameco) est traité dans l’usine de Key Lake, opérée par Cameco (détenue à 17% par Orano et à 83% par Cameco), à 80 km environ au sud du gisement. Parallèlement, le groupe maintient son activité d’exploration, dans les régions du Nord du Canada et autour du bassin de l’Athabasca. Il opère 35 projets d’exploration en Saskatchewan et en Alberta. Il s’occupe aussi du démantèlement des mines qu’il n’opère plus, comme à Cluff Lake (elle a été en opération entre 1980 et 2002) ; depuis 2013, le site est en accès libre pour pêcher et chasser, notamment.
Veolia Water a conclu en 2013 un important contrat avec K+S Potash Canada pour fournir l’ingénierie de détail d’une nouvelle unité de production dans la province de la Saskatchewan. Les technologies fournies par Veolia permettront à K+S Potash Canada de produire près de 3 millions de tonnes par an de potasse à l’horizon 2023.
En juin 2015, le consortium « SaskLink Global Transportation Partners », composé de Vinci Construction (38 %), de Parsons Canada Ltd (25 %), du fonds Connor Clark&Lunn GVest (25 %) et de Gracorp Capital (12 %) a remporté le projet périphérique de Regina (« Regina Bypass Project »). Ce projet d’autoroute de 61 km, au coût total de 1,9 Md CAD (1,3 Md €), a été inauguré en octobre 2019. L’autoroute sera exploitée jusqu’en 2049 par Regina Bypass Operations and Maintenance, une filiale détenue à 100 % par Vinci.