CANADA
Un commerce extérieur canadien record malgré les tensions économiques et géopolitiques
Le commerce extérieur canadien: une reprise dynamique, quoique freinée par les tensions sur les chaînes d’approvisionnement
NB : cette fiche s’appuie sur les données canadiennes de Statistique Canada.
A l’unisson de la tendance mondiale, le commerce extérieur canadien avait vigoureusement rebondi en 2021 (+16,7%), grâce notamment au secteur énergétique, avec à la clef le 1er excédent commercial depuis 2014 (15,3 Md CAD/10,5 Md€). Malgré le ralentissement de l’économie mondiale, l’année 2022 a confirmé la dynamique de 2021, avec des exportations et des importations en forte hausse (respectivement +21,8 et +20%), ce qui consolide l’excédent commercial du pays (38,2 Md CAD/26,3 Md€, soit 2 fois et demi celui de 2021). Le Canada tire en particulier parti de la vigueur des échanges avec son voisin du sud (235 Md CAD/162 Md€), toujours aussi prépondérant dans les évolutions de la balance commerciale (49% des importations, 77% des exportations).
La croissance des exportations canadiennes observée en 2021 s’est amplifiée en 2022
Engagée en 2021, la dynamique des exportations canadiennes[1] s’est confirmée en 2022. 2021 avait vu les exportations canadiennes de marchandises rebondir de 21,8% avec la reprise post-pandémie, à 631 Md CAD (435 Md€), établissant un nouveau record après celui de 2019. Cette reprise s’est confirmée en 2022 : les exportations ont atteint 776,6 Md CAD (535,4 Md€), soit une hausse de 23% par rapport à 2021 (Annexe I). Si les Etats-Unis expliquent 85% de cette augmentation, une dynamique se dessine en faveur des pays de l’Indopacifique : la Corée du Sud (+37% ; 8,6 Md CAD/6 Md€) l’Inde (+78% ; 5,3 Md CAD/3,6 Md€), et l’Indonésie (+43% ; 3,2 Md CAD/2,2 Md€) sont ainsi parmi les destinations qui ont le plus augmenté. A contrario, les exportations se sont effondrées à destination de la Russie (-67% ; 215 M CAD/148 M€), conséquence du conflit ukrainien, ainsi que vers l’Arabie Saoudite, suite notamment à la mise en place depuis 2018 d’un moratoire sur la délivrance de nouvelles licences d’exportation canadiennes (-41%, 1,3 Md CAD/900 M€) (Annexe II, Fig.1).
Une dynamique qui profite à l’ensemble des secteurs, à commencer par l’énergie. Tous les secteurs ont connu une augmentation de leurs exportations entre 2021 et 2022 : les exportations de produits énergétiques confirment leur rebond (+56%) et représentent désormais près d’un tiers des exportations du Canada en 2022 (224 Md CAD/154 Md€, soit 29% du total), grâce à l’augmentation de 40% du prix du pétrole au premier semestre 2022 (les volumes d’exportations n’ont pas varié en 2022) ; les biens de consommation suivent à 87 Md CAD (60 Md€ ; +11%). Dans un contexte toujours prégnant de pénuries de semi-conducteurs, l’automobile (+9% à 70,6 Md CAD/47 Md€) et l’aéronautique (+19% ; 23,7 Md CAD/16,3 Md€) se démarquent quelque peu puisque, malgré la hausse de leurs exportations, ce sont les seuls secteurs à ne toujours pas avoir retrouvé leur niveau de 2019 - respectivement -17% et -13% - (Annexe II Fig. 3).
Les exportations vers les Etats-Unis (598 Md CAD/412 Md€), de très loin le principal partenaire commercial du Canada (77%), ont fortement progressé. Les exportations vers les Etats-Unis (598 Md CAD/ 412 Md€ ; +26% par rapport à 2021) représentaient en 2022 77% des exportations canadiennes – en hausse de 2 points par rapport à 2021 - malgré la volonté des autorités de diversifier les marchés à l’export. Aucun autre pays ne capte plus de 5% des exportations canadiennes en 2022 : l’Union européenne et la Chine, respectivement en 2ème et 3ème position, comptent respectivement pour 4,6% et 3,6% des exportations (31 Md CAD/21 Md€ pour l’UE, 28 Md CAD/19,3 Md€ pour la Chine), suivis par le Royaume-Uni et le Japon, qui comptent chacun pour 2,3% des exportations canadiennes (Annexe II, Fig.2).
L’Ontario reste le moteur des exportations (31%) du pays mais l’Alberta (28%) progresse, à la grâce de l’augmentation du cours des hydrocarbures. Avec près d’un tiers des exportations canadiennes (225 Md CAD/155 Md€), l’Ontario demeure le centre de gravité des exportations du pays, grâce notamment à son industrie automobile (59 Md CAD/40 Md€ ; 26% des exportations de la province), aux produits en métal et produits minéraux non métalliques (45,5 Md CAD/31,4 Md€ ; 20%) et aux biens de consommation (40 Md CAD/28 Md€ ; 17%). Sa part dans le total des exportations est toutefois en baisse de 8 points par rapport à 2021 (39%), en grande partie du fait de la dynamique des exportations albertaines (de 22 à 28% du total), portées par les produits énergétiques (158 Md CAD/109 Md€, soit 77% de ses exportations). Le Québec a quant à lui exporté pour 200 Md CAD (145 Md€, 15% des exportations du pays) de marchandises, dont 23 Md CAD (15,8 Md€) de produits en métal et produits minéraux non métalliques (21%), 17 Md CAD (12 Md€) de biens de consommation (15%) et 15 Md CAD (10 Md€) de produits forestiers (14%) (Annexe IV Fig.1).
[1] Sauf indication contraire, tous les chiffres de commerce cités dans cette note reposent sur les données de douanes canadiennes. Le Canada distingue les données de douanes et les données de balance de paiement : les données de douanes reposent sur la règle d'origine (là où le produit a été produit) alors que les données de balance de paiement reposent sur l'origine de l'importation. Ces données intègrent donc le principe de réexportation.
Les importations canadiennes ont également poursuivi leur croissance, à un rythme toutefois légèrement moindre que les exportations
Les importations canadiennes ont continué de progresser en 2022, à un rythme similaire à 2021. La tendance haussière des importations canadiennes se confirme en 2022 avec une augmentation de 20% entre 2021 et 2022, comptant au total pour 738,4 Md CAD (509 Md€). Les Etats-Unis expliquent 50% de la croissance des importations du Canada en 2022 (+21% ; 362 Md CAD/249 Md€). Hors Etats-Unis, les dynamiques haussières les plus importantes sur la période concernent, comme pour les exportations, les pays de l’Indopacifique : la Chine (+16% ; 100 Md CAD/69 Md€), le Japon (+11% ; 17 Md CAD/12 Md€), la Corée du Sud (+27% ; 13,2 Md CAD/ 9,1 Md€), Taïwan (+21% ; 9,4 Md CAD/6,5 Md€) et l’Inde (+38% ; 8,3 Md CAD/5,7 Md€). A contrario et logiquement, les volumes d’importations reculent depuis la Russie (-65% ; 760 M€/524 M€) (Annexe V, Fig.1).
Les importations progressent dans tous les secteurs, même si l’industrie aéronautique n’a toujours pas retrouvé son niveau d’importation prépandémie. Les biens de consommation, à 155 Md CAD (107 Md€), demeurent le premier poste d’importation de l’économie canadienne (21% du total des importations), progressant de 15% entre 2021 et 2022, de même que les machines et matériels industriels (+ 24%, à 85,2 Md CAD / 58,8 Md€). Malgré la persistance des pénuries de semi-conducteurs, les importations de pièces et véhicules automobiles ont crû de 17%, atteignant 114 Md CAD (78,6 Md€ ; 15% des importations), soit quasiment leur niveau de 2019. L’industrie aéronautique, en revanche, demeure en deçà de son niveau prépandémie, malgré une croissance en 2022 (15,4 Md CAD/10,6 Md€; +19% en glissement annuel, mais -11% par rapport à 2019) (Annexe V, Fig.3).
Les Etats-Unis restent le 1er fournisseur du Canada avec 49% des importations canadiennes. Après une reprise des importations de 12,2% en 2021 par rapport à 2020, les importations en provenance des E-U ont augmenté de 21% en 2022, portées par les véhicules et pièces pour véhicule (+16%), les biens de consommation (+8%) et les produits chimiques, de plastique et en caoutchouc (+26%). La Chine est le second fournisseur du Canada, à l’origine de 14% des importations canadiennes (100 Md CAD/69 Md€), suivie de l’UE27 à 11% (79 Md CAD/54,5 Md€), en hausse de 18% (Annexe V, Fig. 2).
L’Ontario capte 60% des importations canadiennes, très loin devant les autres provinces. En 2022, l’Ontario a importé pour 438 Md CAD (302 Md€), notamment des biens de consommation (99 Md CAD/68 Md€ ; 23% du total des importations de la province), des véhicules et autres pièces automobile (91 Md CAD/ 62 Md€ ; 21%) et du matériel électrique et électronique (59 Md CAD/41 Md€ ; 13%). Le Québec représente 14% des importations canadiennes (106 Md CAD/73 Md€), devant la Colombie-Britannique, à 10% (77 Md CAD/53 Md€). Les provinces des Prairies (Alberta, Manitoba, Saskatchewan) importent peu, respectivement 6%, 4% et 2% des importations du pays, soit 84 Md CAD à elles trois (57 Md€). Enfin, les provinces atlantiques comptent pour un peu plus de 1% des importations totales du pays, soit 12 Md CAD (9 Md€) (Annexe IV, Fig.2).
L’année 2022 a marqué une accentuation de l’excédent de la balance commerciale
Le Canada enregistre un excédent record, après cinq années de déficit commercial entre 2015 et 2020. En 2021, le Canada enregistrait son premier excédent commercial (15,3 Md CAD/10,5 Md€) depuis 2014 dans un contexte de rebond du commerce extérieur (+16,7% au total). 2022 confirme cette tendance avec un nouvel excédent à 38,2 Md CAD (26,3 Md€), soit 2,5 fois plus que l’année précédente. Cet excédent record s’explique par l’augmentation des exportations de produits énergétiques (225 Md CAD/155 Md€ ; +56%), soutenues par la hausse du cours du pétrole avec la reprise post-pandémie et la guerre en Ukraine (+50% au cours du S1 2022) (Annexe VI, Fig. 1).
L’excédent commercial canadien couvre toutefois deux dynamiques de sens contraire : un excédent majeur vis-à-vis des Etats-Unis de 235 Md CAD (162 Md€) mais un déficit à l’égard de ses autres partenaires commerciaux de 197 Md CAD (135,8 Md€). En 2022, la balance commerciale du Canada avec les Etats-Unis a atteint un niveau excédentaire record, en progression par rapport à 2021 : 235,5 Md CAD (162 Md€ ; +33%). Les exportations de produits énergétiques, passées du quart au tiers des exportations canadiennes vers les Etats-Unis en un an (200 Md CAD/138 Md€ ; +55% par rapport à 2021), sont la principale source de l’excédent commercial avec les E-U (165 Md CAD ; 114 Md€), suivies des produits issus du bois et de la forêt (26,2 Md CAD/18 Md€) et des produits minéraux métalliques et non métalliques (24,6 Md CAD/17 Md€) (Annexe III, Fig. 1). En dehors des E-U, le Canada entretient un déficit commercial équivalant à 197,4 Md CAD (135 Md€), qui s’est encore creusé entre 2021 et 2022 (+22%). Ce déficit commercial canadien en 2022 s’est accentué notamment envers la Chine (68,8 Md CAD/47,4 Md€ ; +18%), le Mexique (57,6 Md CAD/40 Md€ ; +29%) et le Japon (8 Md CAD/5,5 Md€ ; +11%) (Annexe VI, Fig. 2).
L’UE et la Chine sont au coude à coude pour être le 2ème partenaire commercial du Canada. Les données de Statistique Canada placent la Chine devant l’Union européenne en total des échanges bilatéraux avec 128,6 Md CAD (88,7 Md€) d’échanges contre 115,3 Md CAD (80 Md€) pour l’UE, soit une différence de 13,3 Md CAD (9,2 Md€) en faveur de la Chine en 2022. En 2021 cet écart était évalué à 15,8 Md CAD (11 Md€), soit une réduction de 3,3 Md CAD (2,3 Md€) sur un an (Annexe VII).
Chiffres-clés (2022)
- Balance commerciale de biens: +38,2 Md CAD (26,3 Md €).
- Exportations totales: 776,6 Md CAD ; 535 Md € (+ 21,8 %).
- Importations totales: 738,4 Md CAD ; 509Md € (+20 %).
- Principaux partenaires commerciaux :
1. Etats-Unis : 75% des exportations - 50% des importations.
2. Chine : 4,5% des exportations - 14% des importations.
3. Union Européenne (UE27*): 7,4% des exportations - 12,3% des importations
- Principaux clients du Canada dans l’UE (UE27) :
1. Allemagne (7,5 Md CAD; 5,2 Md €)
2. Pays-Bas (6,5 Md CAD; 4,5 Md €)
3. Belgique (4,6 Md CAD; 3,2 Md €)
4. France (3,9 Md CAD; 2,6Md €)
- Principaux fournisseurs du Canada dans l’UE (UE27):
1. Allemagne (22,4 Md CAD; 15,4 Md €)
2. Italie (12 Md CAD ; 8,3 Md €)
3. France (7,7 Md CAD; 5,3 Md €)
- Rang de la France:
0,50% des exportations totales du Canada : 12ème client du Canada et 3ème client au sein de l’UE.
1,04% des importations totales du Canada : 113me fournisseur du Canada et 4ème fournisseur au sein de l’UE.