CANADA
Ile-du-Prince-Edouard
En bref
Province la plus petite et la moins peuplée du Canada, l’Île-du-Prince-Édouard est bordée par le golfe du Saint-Laurent et par le détroit de Northumberland. En 2024, son économie représente 0,34 % du PIB canadien. Après la crise sanitaire qui l’a affectée comme les autres provinces du pays, l’Île-du-Prince-Édouard a retrouvé son activité pré-pandémique et a même dépassé le PIB de 2019 dès 2021, avec une croissance de 7,9% cette année-là.En 2024, la croissance s’est établie à 3,6% ; elle est estimée à 2,5% en 2025. La province possède un fort potentiel agricole, les terres arables couvrant 90 % de l’île. L’économie de la mer représente également une activité traditionnelle importante de l’économie de la province, symbolisée par la renommée de sa production d’huîtres. Son économie repose enfin sur le secteur en croissance des biotechnologies.
Présentation générale
L’Île-du-Prince-Édouard est la province la moins peuplée du Canada. Au 1er janvier 2025, elle compte environ 179 280 habitants. L’Île-du-Prince-Édouard est toutefois la province qui continue d'afficher une croissance démographique parmi les plus fortes au Canada ; après un taux de croissance de 3,9 % en 2023, la population a encore augmenté d'environ 2,8 % en 2024. Charlottetown, capitale provinciale et plus grande ville de la province, concentre dans son agglomération 78 858 habitants selon les données du dernier recensement (2021). Elle compte une université, une chambre de commerce, un aéroport et constitue une destination touristique privilégiée dans les provinces atlantiques.
La forte exposition au vent de la province favorise un recours important à l’énergie éolienne. L’île possède également des ressources en gaz naturel, dans le Golfe du Saint-Laurent, qui ne sont toutefois pas exploitées car trop réduites. La pêche représente une activité traditionnelle importante de l’économie de la province. La province possède également un fort potentiel agricole (pommes de terre), les terres arables couvrant 90 % de l’île.
Rob Lantz (« Progressive Conservative Party ») est le premier ministre de la province depuis le 21 février 2025.
Perspectives économiques
Une croissance économique soutenue
La province a connu une croissance économique significative de 2,2 % de croissance du PIB réel en 2023. En 2024, la croissance du PIB réel est estimée à environ 3,6 %. La province a continué de connaître une forte croissance démographique d'environ 3,0 % en 2024. Le marché du travail de l’Île-du-Prince-Edouard continue à être dynamique, le nombre d’emplois ayant augmenté d'environ 2,0 % en 2024. Selon les prévisions les plus récentes (2025), le PIB réel de l'Île-du-Prince-Édouard pourrait croître d'environ 2,5 % en 2025.
2024 : excédent commercial important sur la balance des biens
En 2024, l’Île-du-Prince-Édouard a continué d'afficher un excédent commercial substantiel. Les exportations se sont élevées à environ 2,5 Mds CAD. La province exporte principalement aux Etats-Unis (75,8% des exportations), suivis de très loin par la France (2,9%) et la Belgique (2,8%). Les exportations concernent avant tout les biens de consommation (45,7%), les produits agricoles et de la pêche (24,5%), les transactions spéciales commerciales (13,9%) et les aéronerfs et pièces de transport (6,7%). En 2024, les hausses les plus importantes ont concerné les minerais et mineraux non métalliques (+40%), les véhicules automobiles et pièces pour véhicules automobiles (+20%), les biens de consommation (+20%), les matériaux et pièces électroniques (+15%) et les produits forestiers et matériaux de construction (+12%). En 2024, la balance commerciale de l'Île-du-Prince-Édouard est restée largement bénéficiaire, atteignant environ 2,43 Mds CAD.
Les importations ont diminué de 1% en 2024, pour s’établir à 65,9 M CAD. L’Île-du-Prince-Édouard a importé principalement des engrais minéraux ou chimiques mixtes (22,2 M de CAD), des engrais azotés (14,6 M de CAD), des hormones (8 M de CAD), des engrais potassiques (6,72 M de CAD) et des centrifugeuses (3,45 M de CAD).L’Île-du-Prince-Edouard importe principalement ses biens des Etats-Unis (49% des importations), du Maroc (12.5%), des Pays-Bas (14%) et de la Suède (3%).
La balance commerciale a a connu une augmentation en 2024 (+8%) et reste toujours largement bénéficiaire (2,45 Md CAD)
Finances publiques
Un budget 2025-2026 avec d'importants investissements et un déficit accru
Le budget de l’Île-du-Prince-Edouard continue de mettre l'accent sur les investissements, notamment dans la santé et les mesures pour atténuer le coût de la vie, tout en prévoyant des déficits importants. Le budget 2025-2026 inclut 294,6 M CAD en nouvelles dépenses, soit une augmentation de 9,1 % par rapport à l'année précédente. Les revenus devraient quant à eux augmenter de 6,2 % pour atteindre environ 3,343 Mds CAD, tandis que les dépenses totales dépassent les 3,5 Mds CAD. Le budget 2025-2026 contient plusieurs mesures fiscales visant à réduire le coût de la vie et soutenir l'économie. Il est notamment proposé d'augmenter le montant personnel de base (montant minimum de revenu non imposable) à 14 650 $ pour 2025 et à 15 000 $ pour 2026 (une accélération par rapport aux bdugets précédents), et d'augmenter tous les seuils des tranches d'imposition de 1,8 % à partir de janvier 2026. Ces mesures de réduction de l'impôt sur le revenu des particuliers devraient coûter 5,1 M CAD au gouvernement. Des baisses de l'impôt sur les sociétés et une augmentation du seuil pour les petites entreprises sont également prévues, représentant 9,3 M de CAD en revenus perdus.
Pour l’exercice budgétaire 2025-2026, le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard prévoit un déficit de 183,9 M CAD, ce qui représenterait le déficit le plus important de l'histoire de la province et équivaut à environ 1,7 % du PIB nominal. Le gouvernement ne prévoit pas de retour à l’équilibre budgétaire au cours du plan financier, avec des déficits projetés de 167,8 M CAD pour 2026-2027 et de 119,5 M CAD pour 2027-2028.
La dette nette de la province est également appelée à augmenter. Le ratio dette nette / PIB devrait passer d'environ 29,0 % en 2024-2025 à 32,6 % en 2025-2026. Ce ratio devrait continuer à augmenter pour atteindre 35,0 % en 2026-2027 et 35,9 % en 2027-2028. La dette nette devrait augmenter d'environ 500 M CAD pour atteindre 3,5 Mds CAD d'ici la fin de l'exercice 2025-2026.
Aspects sectoriels
- Immobilier
Le secteur de l’immobilier est une composante importante du PIB de 2023 (15% du PIB).
- Construction
Le secteur de la construction s’est montré résilient depuis la crise du COVID 19. D’après le gouvernement canadien (Guichet-Emplois), le secteur est soutenu par des activités de construction à la fois résidentielle et non résident. Le secteur de la construction représentait 7,5% du PIB de la province en 2023.
- Pêche, agriculture et agroalimentaire
Les pommes de terre, les produits laitiers et les bovins et veaux sont les trois principaux produits de culture et d’élevage sur l’Île-du-Prince-Edouard et ont généré respectivement et en moyenne pour la période 2019-2023 : 293 M CAD, 98 M CAD et 37 M CAD. Le secteur agricole de l'Île-du-Prince-Édouard a généré 828M CAD en recettes monétaires agricoles en 2024, dont 524,3 M CAD en recettes de cultures et 212,8 M CAD en recettes de bétail. Les exportations agricoles et agroalimentaires de l'Î.-P.-É. en 2024 représentaient environ 40,4 % des exportations totales de la province, tous secteurs confondus. Les exportations du secteur agricole et agroalimentaire de l'Î.-P.-É. ont augmenté de 3,2 % en 2024 pour atteindre 1,05 Md CAD, atteignant un niveau record pour la troisième année consécutive. Dans cet ensemble, la production de pommes de terre est clé pour la province, avec plus de la moitié des revenus agricoles totaux de la province et plus de 100 variétées qui sont exportées. En 2024, les pommes de terre fraîches et transformées produites par la province représentaient environ 936 M CAD d'exportations internationales. La pêche occupe également une place importante avec notamment la pêche du homard, dont la valeur s’élève à 290 M CAD, soit 90% de la valeur totale de la pêche de l’Ile du Prince Edouard, et 16% de la pêche totale de homards du Canada. La province est également à l’origine d’une partie importante de la production nationale d’autres produits de la mer : moules (80% de la production canadienne) et huîtres (26%) notamment.
- Tourisme
Le secteur connaît une reprise depuis 2022. Bien que le tourisme ait été fortement affecté par la crise sanitaire, avec seulement 532 000 visiteurs en 2020 et 651 000 en 2021, l’année 2022 a marqué le retour des touristes. L’année 2024 représente quant à elle une année record avec 1,7 million de visiteurs, soit une augmentation de 6% par rapporté à 2023 et de 5% par rapport à la dernière année record en 2019. Les recettes issues du tourisme en 2024 pour l’Ile-du-Prince-Edouard se sont élevées à 520,7 M CAD, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2023 et de 7 % par rapport à 2019.
- Energie
La Province ne produit actuellement ni pétrole ni gaz naturel, malgré la présence de quelques réserves. Elle ne possède pas non plus de raffinerie. En 2024, l’Île-du-Prince-Edouard a produit 0,5 TWh d’électricité, dont 93% issue de l’énergie éolienne (441 MW de capacités installés). Le réseau stabilise un tel afflux d’énergie intermittente par l’importation de la majorité de ses besoins depuis le Nouveau-Brunswick (environ 70% par deux câbles sous-marins). L’Île-du -Prince-Edouard mise sur une croissance des énergies renouvelable en particulier le solaire, associées avec du stockage sous forme de batterie et hydrogène mais sans aucun objectif chiffré, tout en maintenant le lien avec le Nouveau Brunswick pour équilibrer son réseau.
Pionnère en matière d’énergie éolienne, dès le début des années 2000, l’Île héberge l’Institut de l’énergie éolienne du Canada, un organisme à but non lucratif à North-Cape qui opère un parc éolien de recherche et développement de 10,6 MW et qui possède un laboratoire disposant d’un terrain d’essai pour le stockage d’énergie, de deux tours météorologiques, d’un terrain d’essai de petites éoliennes et d’autres installations. Les recherches menées concernent les performances des éoliennes, leur résistance, mais aussi le stockage (batteries) et le transport de l’électricité. L’environnement marin difficile et hautement corrosif permet notamment de tester la durée de vie des éoliennes. L’Institut dispose également d’une installation photovoltaïque de 109 kW, permettant de faire des recherches sur les avantages des panneaux solaires bifaciaux.
Relations économiques bilatérales
Les échanges bilatéraux entre la France et l’Ile-du-Prince-Edouard diminuent en 2024
Les échanges de biens entre la France et l’île-du-Prince-Edouard se sont établis à 37,3 M CAD (23,9 M €) en 2024, en forte baisse (-44%) par rapport à 2023 ; la France est traditionnellement un partenaire modeste de la province.
Les exportations françaises vers l’Île-du-Prince-Edouard se sont établies à 32 900 CAD (21 037 €) en 2024, en baisse de 61% par rapport à 2023.
Les importations françaises en provenance de l’Ile-du-Prince-Edouard étaient de 37 M CAD (23,6 M €) en 2024, soit moins d’un pourcent des importations françaises en provenance du Canada. En 2024, les importations de produits chimiques représentaient 30% des importations totales et les produits agricoles et de la pêche (8%).
La France a ainsi une balance commerciale largement déficitaire vis-à-vis de l’Ile-du-Prince-Edouard (-37,3 M CAD, soit 23,8 M €).
Une présence française discrète sur l’île mais dans des secteurs porteurs
Quelques entreprises françaises sont présentes dans la province, notamment dans des secteurs qui, comme l’énergie éolienne, apparaissent porteurs :
- Vinci et Lafarge ont pris part à la construction du pont de la Confédération en 1997, reliant l’Île-du-Prince-Édouard au Nouveau-Brunswick en franchissant le détroit de Northumberland. Ces sociétés participent depuis à la gestion, à l’entretien et à l’exploitation de ce pont, et ce jusqu’en 2032.
- Engie possède deux parcs sur les 11 (332 MW) de l’île : le plus important, West Cape Wind dispose de 55 éoliennes pour une capacité totale de 99 MW ; le second Norway Wind Farm, dispose de 3 éoliennes et développe une capacité de 9 MW.
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