Indicateurs et conjoncture

 

L'activité économique devrait ralentir en 2024 après un cycle de croissance soutenue postpandémie.

1. L’économie brésilienne devrait décélérer en 2024 après une croissance soutenue depuis 2021

Le PIB du Brésil s’établit à 2127 Mds USD en 2023 selon les dernières projections du FMI, soit la 9ème économie mondiale devant le Canada et juste derrière l’Italie. La croissance a été soutenue en 2023 (+3,1%), suivant la même trajectoire que 2022 (+2,9%) après le rebond postpandémie observé en 2021 (+5%). La chute de 2020 (-3,3%) avait été limitée par la mise en place de mesures de soutien inédites contre la pandémie. Le PIB brésilien est désormais bien supérieur à son niveau prépandémie (+7,7% en 2023 par rapport à 2019 en termes réels).

Pour 2024, l’activité devrait ralentir au 1er semestre avec une reprise prévue au 2ème semestre. Les estimations actuelles font état d’une croissance de +1,6%, même si elles pourraient être révisées à la hausse (autour de 2%). Malgré une augmentation des dépenses sociales et de l’investissement public, l’activité devrait encore pâtir des effets restrictifs de la politique monétaire et de la conjoncture mondiale. La Banque centrale a entamé début août 2023 un processus de desserrement monétaire au rythme de 50 points de base, avec un taux directeur à 11,25% en février 2024, après l’avoir maintenu à 13,75% pendant un an. Celui-ci reste néanmoins l’un des plus élevés au monde en termes réels (autour de 7,5%). L’Institution monétaire a fait de la lutte contre l’inflation sa priorité, ce qui lui a permis de ramener l'inflation à 4,6% en 2023, un niveau conforme à son objectif (3,25% +/-1,5 p.p.). Sous l’effet de l’assouplissement monétaire, la baisse des taux devrait bénéficier dès le 2nd semestre de 2024 à la consommation des ménages et à l’investissement. Le secteur manufacturier, principalement la production de biens d’investissement et durables - fortement dépendants du crédit – devrait également en bénéficier.

Du côté de l’offre, la croissance en 2023 a surtout été tirée par le secteur agricole, grâce à une récolte record, toutes cultures céréalières confondues, mais notamment le soja en hausse de 24%. Les services, qui représentent 70% du PIB, sont restés tout aussi dynamiques, soutenus par l’activité agricole et par la bonne tenue de la consommation des ménages.

Du côté de la demande, la consommation des ménages a progressé (+3,7% sur les 12 mois glissants), soutenue par le dynamisme persistant du marché du travail et la baisse de l’inflation. Le marché du travail a été plus résilient que prévu, avec un taux de chômage s’établissant à 7,4% en décembre 2023, en forte baisse par rapport à 2022 (-1,9 points). La demande des ménages a également été soutenue par des mesures gouvernementales comme le renforcement du programme Bolsa Familia (minimas sociaux d’au moins 600 BRL – soit 110 EUR – pour 20 M de ménages), l’augmentations du salaire minimum (+8,9% à 260 EUR) et des salaires des fonctionnaires (+9%) et le relèvement du seuil d’exonération de l’impôt sur le revenu (+11% à 400 EUR mensuel).

Sous l’effet de la hausse des dépenses en termes réels (+12,5%), le déficit primaire s’est creusé pour atteindre -2,1% en 2023, après un excédent de +0,5% du PIB en 2022. Le poids de la dette publique a augmenté, passant à 88,1% du PIB selon les critères du FMI, contre 85,3% 12 mois auparavant. Cette situation a renforcé les inquiétudes quant à la soutenabilité des finances publiques à moyen et long terme.

 

2. Le gouvernement Lula III, en fonction depuis le 1er janvier 2023, fait avancer son agenda de réformes économiques

Investi le 1er janvier 2023, le Président Lula a annoncé un changement de cap, donnant la priorité au renforcement des programmes sociaux, à la relance des investissements publics et à la réindustrialisation du pays. Toutefois, l’exécutif ne devrait pas revenir sur les réformes menées par l’administration précédente, telles que la réforme de la protection sociale (notamment le régime des retraites), la réforme du travail et l’autonomie de jure de la Banque centrale.

L’équipe économique a accompli deux réformes jugées prioritaires :

i/ les nouvelles règles de contrôle budgétaire ont été introduites en août 2023, en remplacement des anciennes règles qui limitaient l’augmentation des dépenses au niveau de l’inflation. Elles doivent permettre de concilier les objectifs du programme présidentiel d’augmentation des dépenses publiques tout en maitrisant le niveau d’endettement  ; 

ii/ la réforme fiscale, dont le premier volet portant sur la fiscalité indirecte (consommation et production), avec la création d’une TVA, a été approuvée par le Congrès en décembre 2023. Un deuxième volet, prévu pour 2025, porterait sur les impôts directs (sur les ménages et entreprises), y compris sur les dividendes. Cette réforme fiscale est perçue comme essentielle pour renforcer la compétitivité du pays et ainsi augmenter le PIB potentiel brésilien. 

Les progrès réalisés sur ces deux réformes, tout comme les bons indicateurs économiques, ont conduit à une amélioration de la note souveraine du Brésil par les agences de notation Fitch et S&P, qui ont relevé la note du pays de BB- à BB.

 

Publié le