Le commerce extérieur du Brésil

Après un excédent record en 2023, le solde commercial brésilien se maintient à un niveau très élevé en 2024 à 74,6 Md USD, soit 3,3% du PIB. Si les exportations sont restées stables, portées par les matières premières, le pétrole brut prenant le relai du soja comme principal produit d’exportation, les importations, principalement de produits manufacturés, ont progressé. Les ventes vers la Chine, premier client du pays, sont en repli tandis que les Etats-Unis restent le 2ème client du Brésil. Avec une part de marché de 2,4%, la France se hisse au 8ème rang des fournisseurs du Brésil (13ème place en 2022), alors qu’elle n’est que son 29ème client (0,9% des exportations).

 1.  Le solde commercial recule mais reste le deuxième excédent historique.

L’excédent brésilien pour le commerce international de biens a atteint 74,6 Md USD en 2024, l’équivalent de 3,3% de son PIB[i]. Il s’agit du deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré pour la balance commerciale du pays, derrière les 98,8 Md USD de 2023.

La baisse du solde commercial s’explique par une quasi-stagnation des exportations en valeur (‑0,8% à 337 Md USD), principalement en raison d’une mauvaise récolte de grains par rapport à l’année précédente, et par une forte progression des importations (+9% à 262,4 Md USD), portée par une activité économique dynamique. Ces flux d’importation atteignent leur niveau le plus élevé de la série historique, stimulés par l’augmentation des achats de produits manufacturés, destinés aussi bien à la consommation qu’à l’investissement. Du côté des exportations, les ventes de pétrole ont fortement progressé (5,2%), atteignant un niveau record et devenant, pour la première fois, le principal produit d’exportation du pays. Le pétrole supplante ainsi le soja, dont les exportations ont chuté (de 19%) dans un contexte de mauvaise récolte.

Ces résultats reflètent une stagnation du taux d’ouverture, qui s’établit à 26,4% en 2024, contre 26,5% en 2023. Après sept années marquées par une ouverture progressive au commerce international, le Brésil a amorcé un ralentissement depuis 2023. Le pays demeure l’un des pays les plus fermés parmi les grandes économies mondiales[ii]. Son marché interne reste marqué par des droits de douane élevés, des pics tarifaires et des barrières non-tarifaires, héritages d’une politique de développement économique axée sur la substitution des importations, datant des années 1940.

Malgré une solide performance commerciale, le Brésil affiche un déficit du compte courant à hauteur de 2,6% du PIB (soit 56 Md USD) en 2024. Ce déséquilibre s’explique principalement par le déficit des échanges de services (-49,7 Md USD) et de la balance des revenus primaires (-75,4 Md USD). Ce dernier reflète notamment les versements de dividendes effectués par les filiales des multinationales opérant au Brésil vers leur siège à l'étranger. Les besoins de financement externe sont couverts sans difficulté, grâce en particulier à un afflux d’IDE important (59,2 Md USD).

Pour 2025, le pays devrait enregistrer une amélioration de son solde commercial. Les exportations devraient rebondir grâce à une meilleure récolte de grains, tandis que les importations pourraient reculer sous l’effet de la forte dépréciation du taux de change observée en 2024 (-24,5% par rapport au dollar) et du ralentissement prévu de l’activité économique en 2025.

 

 

2. Les exportations de produits primaires restent prédominantes, bien que le secteur agricole soit en recul.

Le Brésil demeure un grand exportateur de produits primaires. Les activités extractives (pétrole compris) constituent le premier poste d’exportation du pays, représentant 28% des exportations totales. L'industrie agroalimentaire occupe la deuxième place, comptant pour 20,5%. Les produits agricoles non-transformés arrivent en troisième position, avec une contribution de 20%. Globalement, les matières premières brutes ou légèrement transformées (incluant l’industrie agroalimentaire notamment) représentent 74% des exportations du pays.

Les exportations des produits agricoles, bien que dominantes, ont connu un repli en 2024. Les ventes de produits comme le soja, jusqu’alors premier produit d’exportation, ont significativement diminué, reflétant une récolte moins favorable. Le café et le maïs restent des produits clés, mais avec des performances plus modestes. A l’inverse, les activités extractives continuent de progresser, portées par le dynamisme du pétrole, désormais principal produit d’exportation (13,3% des exportations totales, soit 44,8 Md USD en 2024), et par une solide demande en minerai de fer et concentrés. Parallèlement, les exportations de l'industrie de transformation, y compris l’industrie agroalimentaire, affichent une croissance soutenue, atteignant des niveaux records et représentent près de la moitié des exportations du pays, confirmant ainsi son rôle central dans la structure commerciale du pays.

Concernant les partenaires commerciaux, la part de la Chine dans les exportations brésiliennes a légèrement diminué (-2,7%), bien qu’elle reste le principal partenaire commercial du pays, en absorbant 28% de ses exportations. La Chine contribue toujours de manière significative à l’excédent commercial brésilien, à hauteur de 30,8 Md USD soit près de 41,3% de l’excédent total, bien que cette part soit en baisse par rapport à 2023 (51,7%). Les importations chinoises se concentrent sur le soja (33%), le pétrole brut (21%) et les minéraux de fer (21%).

Les Etats-Unis se maintiennent comme deuxième client du Brésil, représentant 12% des exportations (40,3 Md USD). Le pétrole brut (14,3%) et les produits semi-finis (8,7%) dominent leurs achats. L’Argentine suit en troisième position avec 4% des exportations, majoritairement composées de voitures et de pièces automobiles. L’Union européenne capte 14,3% des exportations brésiliennes, devançant les Etats-Unis en termes de part de marché. La France, pour sa part, reste au 29ème rang des partenaires commerciaux du pays, captant 0,9% de ses exportations.

 

3. Les importations brésiliennes atteignent leur plus haut niveau historique.

 

Les importations brésiliennes se composent majoritairement de produits transformés, qui représentent 91% du total. Le pétrole raffiné est le principal produit d’importation avec 6,4% du total. Viennent ensuite les engrais (5,7%), dont les principaux fournisseurs sont la Russie et la Chine.

La Chine (24,2% du total des importations), les Etats-Unis (15,4%), l’Allemagne (5,2%) et l’Argentine (5%) sont les principaux fournisseurs du Brésil. La Chine consolide son rôle de fournisseur clé avec une augmentation de 20% de ses exportations vers le Brésil en un an. Les principaux produits importés de Chine sont les panneaux solaires thermiques (7,1%) et les équipements de télécommunications (5,3%). Les achats depuis les Etats-Unis sont essentiellement des moteurs, dont les turbines pour avions (15,2%), et le pétrole raffiné (9,7%). L’UE a augmenté ses ventes au Brésil à 47 Md USD pour une part de marché de 18%, derrière la Chine mais devant les Etats-Unis. La France reste le 3ème fournisseur européen du Brésil[iii] avec 2,35% de part de marché, derrière l’Allemagne (5,2%) et l’Italie (2,4%).

 


[i] PIB 2024 calculé avec le taux de croissance estimé à 3,6% par le ministère des Finances brésilien.

[ii] Le taux d’ouverture moyen est de 50% pour les pays upper middle income et de 49,4% pour les pays de l’OCDE.

[iii] Selon le ministère du commerce extérieur brésilien, les exportations françaises atteignent 5,2 Md USD (5 Md EUR) sur les 10 premiers mois de 2024. En se basant sur les données des douanes françaises pour la même période, ces exportations sont de l’ordre de 3,4 Md EUR, ce qui représente un écart de 47%.

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