Situation Economique et Financière

Structure de l'économie

Avec un PIB nominal de 40 Mds USD et un PIB par habitant de 3 345 USD en 2021, la Bolivie est, selon la Banque mondiale, une économie à revenu intermédiaire inférieur classée 95ème au monde et 11ème en Amérique Latine.

La Bolivie, peuplée de 12 millions d'habitants répartis sur 1,1 million de km² (deux fois la taille de l'Espagne), dispose d'importantes ressources minières, agricoles et en hydrocarbures. Le pays exporte de l'or, de l'argent, du zinc, de l'étain, du plomb et détient les premières ressources en lithium, encore très peu exploitées (estimées à plus de 20 millions de tonnes). Le gaz naturel, exporté essentiellement vers l’Argentine et le Brésil, a été le moteur de l’économie bolivienne. La zone agricole, à l’est du pays, permet une production agricole importante, particulièrement de soja, de noix et de viande.      

L’économie bolivienne a connu une croissance solide et régulière durant la décennie 2010 (+4,6% en moyenne avec un pic à +6,8% en 2013). Elle a vu son PIB doubler en quinze ans pour atteindre 40,1 Mds USD en 2019, ainsi qu’un PIB par habitant de 3 552 USD (pre-covid), bien qu’il demeure toutefois l’un des plus faibles d’Amérique latine.

Le taux de pauvreté a fortement reculé au cours de la dernière décennie. Il reste cependant encore élevé : il est passé de 43% en 2016 à 36% en 2021 (et de 19% à 11% pour l’extrême pauvreté).  L’indice de GINI des revenus est, quant à lui, tombé de 0,6 à 0,42 entre 2005 et 2021. L’économie informelle représente environ 62% de l’activité économique (FMI, étude de 2018) et entre 60 et 80% de l’emploi (estimation variable selon les sources). Dans ce contexte d’informalité élevée, le taux de chômage est revenu à des niveaux pré-crise de 3,04% en novembre 2022 (p).

Selon les dernières données de l’Institut National de Statistiques, en 2021, les activités ayant eu le plus de poids dans le PIB sont l’administration publique (18%) ; l’agriculture, la sylviculture, la chasse et pêche (13%) ; l’industrie manufacturière (11%) ; l’extraction minière et d’hydrocarbures (10,5%) et le secteur financier, assurances, immobilier et services aux entreprises (10%).

S’agissant du secteur exportateur, entre janvier et novembre 2022, l’industrie manufacturière est le principal poste d’exportation (50,9%), suivies par les exportations des hydrocarbures (21,9%), et l’extraction minière (21,5%).

Eléments d'analyse conjoncturelle

Après une chute de 8,7% en 2020, le PIB bolivien a rebondi de 6,1% en 2021 et devrait croitre de 3,8% en 2022 (selon le FMI), dépassant le résultat obtenu en 2019. L’inflation a conservé des taux relativement bas pendant la crise : 1,5% en 2019 ; 0,7% en 2020 ; 0,9% en 2021; mais 3,12% en 2022.

Du point de vue de l’activité économique, la Bolivie a récupéré de la période de crise politique de 2019 et sanitaire de 2020, toutefois certaines faiblesses demeurent. Au niveau macroéconomique, les moyens déployés pour la gestion de l’épidémie ont aggravé les déséquilibres macroéconomiques préexistants et ont notamment amené le pays à creuser son endettement. Le déficit budgétaire, de 5,8% du PIB en 2019, est passé à 11,2% en 2020, se maintient à 8% en 2021 et pourrait atteindre 6,6% en 2022. La dette publique est, quant à elle, passée de 59,3% du PIB en 2019 (dont 27,4% de dette externe) à 80,5% en 2021 (dette externe 30,3%) et pourrait atteindre 82,3% en 2022 (30,8% externe).

La Bolivie enregistre depuis 2020 un excédent commercial. En 2021, il est de 1,5 Md USD (et de 761 Mds USD entre janvier et novembre 2022), grâce notamment à la hausse des prix des matières premières. Toutefois, les réserves internationales nettes (RIN) continuent leur chute ininterrompue depuis 2015 et atteignent un niveau de 3,8 Mds USD en décembre 2022 (4 mois d’importations ; 11% du PIB). Le FMI estime que ces réserves pourraient passer sous le seuil de 3 mois d’importation dès 2023. La Bolivie a par ailleurs approuvé la loi de l’or (« Ley del oro »), permettant à la Banque centrale de vendre ses réserves en or contre des devises, afin d’augmenter la liquidité des réserves (passées sous le seuil de 1 Md USD fin septembre 2022, le reste des devises étant principalement détenues en or).

Politique économique

La croissance bolivienne de cette dernière décennie a été nettement liée aux revenus issus de l’exportation de gaz, secteur contrôlé par la société publique YPFB. Le secteur gazier a ainsi représenté jusqu’à la moitié des exportations de la Bolivie à la fin du "super cycle des matières premières" (49% en 2013, contre 21% en 2021). L’entrée importante de devises au cours de la période du boom du gaz a encouragé le gouvernement à soutenir l’économie via l’investissement public : autour de 13% du PIB avant-crise, (alors qu’il avoisine les 5% dans le reste de la région). La quasi-totalité des ventes boliviennes est exportée à destination du Brésil et de l’Argentine.

S'il a favorisé la croissance économique et amélioré les indicateurs de développement du pays, le modèle économique bolivien a également ses fragilités, par exemple la perte de compétitivité des exportations dans une situation de taux de change fixe BOB/USD depuis 2011, qui ne favorise pas l'industrie locale et entraîne une dépendance aux importations. Les observateurs soulignent également le manque d'incitations à l'investissement privé.

Ces dernières années, la baisse des prix du pétrole, et par conséquent celle des entrées de devises, ont accentué ces vulnérabilités : les réserves internationales déclinantes sont utilisées pour maintenir le taux de change fixe de (6,96 BOB vente et 6,86 achats). Le Brésil et l’Argentine ont réduit leur demande de gaz lors des dernières renégociations des contrats gaziers et cette dernière entend développer une industrie gazière locale (reposant notamment sur les réserves de Vaca Muerta), ce qui risque d’avoir un impact sur les exportations boliviennes vers ce pays.

Publié le