Indicateurs et conjoncture

La Bulgarie, Etat membre de l’Union européenne (UE) depuis 2007, compte une population de 6,5 millions d’habitants - en déclin de 11,5 % au cours de la dernière décennie - et un PIB de 94 Mds EUR à prix courants en 2023. Le pays présente un PIB/hab. en SPA de 62 % de la moyenne de l’UE. La Bulgarie a enregistré une récession de -4 % en 2020 en lien avec la pandémie de Covid-19, suivie d’une reprise de +7,7 % en 2021, de +3,9 % en 2022 et de 1,8 % en 2023. La croissance devrait s’accélérer cette année sous l’effet de la formation brute de capital fixe. Dotée d’un régime de caisse d’émission, la Bulgarie suit une politique budgétaire prudente avec des déficits limités. Le pays a l’ambition d’adhérer à la zone euro le 1er janvier 2025.

1/ Résilience face aux chocs externes (croissance, emploi, inflation, comptes courants, IDE)

Après avoir enregistré une croissance de 3,9 % en 2022, l’économie bulgare a ralenti à 1,8 % en 2023 en raison du ralentissement de la formation brute de capital fixe et des exportations de biens et services. Les projections de croissance pour 2024 varient entre +1,9 % selon les prévisions d’hiver de la Commission européenne et +3,2 % de la Loi de finances 2024. Les projections de janvier 2024 de la Banque centrale sont plus modérées et tablent sur une croissance de 2,5 % cette année.

L’inflation moyenne annuelle s’est établie à +13 % en 202en raison de la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie et a ralenti à 8,6 % en 2023. Les prévisions d’hiver de la Commission européenne l’estiment à +3,4 % en 2024 sous l’effet du ralentissement des prix des produits alimentaires et énergétiques, ainsi que des prix des services. Le panier de consommation moyen en Bulgarie est composé à 31,3 % de produits alimentaires et à 15 % de dépenses liées à l’habitat et l’énergie.

La situation de plein emploi est maintenue. Le taux de chômage était de 4,3 % en 2023, pratiquement au même niveau qu’en 2022. Le taux d’emploi (15-64 ans) à 70,7 % et 2,8 M de personnes en valeur absolue en 2023 est aussi quasiment identique à celui de l’année précédente.

Le solde commercial des biens s’est amélioré, passant de -5,9 % du PIB en 2022 à -3,8 % en 2023 en raison d’une baisse des importations plus importante que celle des exportations. Le solde commercial déficitaire est compensé par la balance positive des services : 6,1 % du PIB en 2022 et 7 % du PIB en 2023. En 2023, le solde courant s’est établi à 0,3 % du PIB, contre -1,4 % en 2022, alors qu’il était excédentaire de 2013 à 2020. Le solde du compte courant serait de 0 % du PIB cette année selon les projections du ministère des Finances avant de passer en territoire négatif en 2025 en raison d’une détérioration attendu du déficit commercial des biens.

A 3,6 % du PIB en 2023, les flux d’IDE dans le pays restent relativement faibles. Lе ministère des Finances prévoit un niveau de flux d’IDE de l’ordre de 3,8-3,9 % du PIB en 2024 et 2025.


2/ La situation des finances publiques reste saine

Dotée d’un régime de caisse d’émission, la Bulgarie suit une politique budgétaire prudente. Les avoirs en réserves de la Banque centrale représentaient 9,3 mois d’importations en 2023, signe de sa capacité à assurer la stabilité du régime de change fixe par rapport à l’euro.

Déjà solide avant la pandémie, la situation des finances publiques reste saine. Le budget était à l’excédent chaque année depuis 2016 jusqu’en 2019 inclus, suivi d’un déficit de -3,8 % du PIB en 2020 et de -3,9 % en 2021[1] en lien avec les mesures Covid. Le solde public a été limité à -2,8 % du PIB en 2022 et à -2,2 % en 2023. La Loi de Finance 2024 a été calibrée par l’actuel ministre des Finances dans l’objectif affiché de rejoindre la zone euro au 1er janvier 2025 et le déficit du PIB est limité à 2,9 %.

Fin 2019, la dette publique n’était que de 20 % du PIB et a par la suite augmenté à 24-25 % du PIB en 2020-2021, en lien avec la crise Covid, pour diminuer à 22,9 % fin 2022 et à 21,6 % fin 2023. La dette publique devrait s’accroître à 23,3 % du PIB cette année et rester contenue à un niveau inférieur à 30 % à moyen terme.

Le PNRR bulgare est structuré en 4 piliers : Bulgarie innovante (25,3 % des ressources), Bulgarie verte (41,9 %), Bulgarie connectée (18,3 %) et Bulgarie juste (14,6 %). Initialement doté de 6,3 Mds EUR de subventions européennes[2], il a été réduit de presque 600 M EUR à 5,7 Mds EUR, soit 8 % du PIB 2021, en raison de la meilleure performance que prévu de l’économie bulgare.

Fin 2023, certaines lignes budgétaires du PNRR ont été modifiées pour tenir compte de cette réduction mais également du risque de perte de fonds en raison de l’impossibilité de mettre en œuvre certains projets pendant la période d’éligibilité (août 2026).

Pendant la période 2021-2027, la Bulgarie devrait également recevoir environ 11 Mds EUR au titre de la politique de cohésion, soit 15 % du PIB 2021. 

3/ La perspective d’adhésion à la zone euro

Les autorités bulgares souhaitaient voir le pays rejoindre la zone euro le 1er janvier 2024, date qui a été reportée d’un an au 1er janvier 2025. Pour adhérer à la monnaie unique, la Bulgarie doit respecter les critères nominaux de convergence et le critère de conformité de la législation nationale. Le respect de ces critères fera l’objet des rapports de convergence de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne qui seront publiés en juin 2024.

3.1.  Des réformes structurelles nécessaires pour accélérer la convergence réelle

Si le rattrapage économique du pays a été réel depuis son accession à l’Union européenne en 2007, il reste toutefois insuffisant. En 2022, le PIB/hab. en SPA de la Bulgarie ne représentait que 62 % de la moyenne de l’UE 27. A noter qu’entre 2011 et 2019, le PIB/hab. en SPA en Bulgarie n’augmentait que de 1 pp/an environ : il est passé de 46 % de la moyenne de l’UE 27 en 2011 à 53 % en 2019. La vitesse de convergence s’est quand même accrue par la suite mais cette hausse est en partie due à la diminution de la population.

Il existe de fortes disparités régionales : le PIB/hab. en SPA varie entre 40 % de la moyenne de l’UE 27 dans le Nord-Ouest du pays à 97 % dans l’Ouest, où se situe la capitale Sofia.

Les disparités sont également intergénérationnelles : en 2022, près de 46 % des plus de 65 ans étaient exposés à un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale contre une moyenne nationale de 32,2 %. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que la population du pays est âgée et vieillissante. La pyramide des âges se détériore : en 2022, près de 24 % de la population est âgée de plus de 64 ans ; ce ratio pourrait atteindre près de 30 % en 2050.

Le niveau de la croissance de la Bulgarie reste freiné par des investissements encore limités. En 2022, l’investissement total restait faible à 17,1 % du PIB (contre 23 % en moyenne pour l’UE), les dépenses en R&D demeuraient modestes à moins de 1 % du PIB (contre 2,23 % en moyenne pour l’UE). Les investissements publics dans les domaines de l’éducation (4,4 % du PIB) et de la santé (5,6 % du PIB) s’avéraient inférieurs à la moyenne européenne (de respectivement 4,8 % pour l’éducation et 8,1 % pour la santé).

Dans ce contexte, la mise en œuvre du PNRR constituera un élément de réponse important aux défis que doit relever la Bulgarie. En mobilisant les investissements publics autour de projets structurants dans les domaines de l’énergie, de l’environnement ou des transports, il devrait permettre d’attirer les investissements privés, d’améliorer la productivité du pays et de rehausser le niveau de la croissance nécessaire à la dynamisation de la convergence.



 

 

 

                                                

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