BOSNIE-HERZÉGOVINE
SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE EN 2022
L'économie de la Bosnie-Herzégovine fait preuve de résilience, avec une croissance 2021 de +7,1% (après une récession de -3,2% en 2020[1]) tirée par les exportations industrielles et la consommation. Le taux de chômage (au sens du BIT) a se situe autour de 16 % (37 %, pour les jeunes). Du fait de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, la population est touchée par une forte inflation (+10,2% en mars 2022/ga), même si l’inflation sous-jacente reste stable, en phase avec la progression de la productivité (+ 2,5% en mars 2022/ga). Selon le FMI, entre 2024 et 2027, la croissance devrait se situer 3% par an., avec une stabilisation de la dette publique autour de 35% (hors garanties). Seul exportateur net d’électricité des Balkans occidentaux, la BiH est toutefois dépendante aux importations de gaz russe qui ne représentent néanmoins que 5 % du mix énergétique du pays. Les effets de la guerre en Ukraine devraient être contenus avec une perte de croissance de l’ordre de 0,7 pp selon la BERD, limitant la progression du PIB à 2,3% avec une inflation moyenne autour de 6,5% (FMI) en 2022. La Banque Centrale joue un rôle majeur dans la stabilité du pays, doté depuis 1998, d’un régime de caisse d’émission.
Une situation macroéconomique stabilisée, mais avec des perspectives incertaines
Impactée par les effets de la crise sanitaire, la Bosnie-Herzégovine a enregistré une récession de -3,2 % en 2020., mais a fait preuve de dynamisme en 2021 avec une croissance de +7,1% tirée par les exportations industrielles[2] (+35,7 % des exportations par rapport à 2020 et +27,9 % pour les importations) et la consommation. Les IDE ont augmenté de +22,1% en 2021 et le tourisme a rebondi (+91,7 % par rapport à 2020).
Le taux de chômage (au sens du BIT) se situe autour de 16 % (mais atteint 37 %, pour les jeunes). Sous l’effet d’une émigration massive -en moyenne, 140 000 personnes quittent chaque année le pays-, la population de Bosnie-Herzégovine a fortement diminué entre 1991 et 2020, passant de 4,4 millions d’habitants en 1991 à 3,5 millions d’habitants en 2020.
Le pays est impacté par la hausse mondiale de l’inflation, de +7 % par rapport à janvier 2021, et les estimations de la Banque centrale pour le premier semestre 2022 portent sur une inflation à +9,2 %.
La dette publique a augmenté de 4 points pour atteindre, en 2021, 34,8 % du PIB. L’année 2021 a été marquée par des collectes fiscales record à hauteur de 8,445 Mds KM (4,33 Mds EUR) d’après l'Autorité des impôts indirects (ITA). Le déficit budgétaire prévu par le FMI pour 2022 est de -0,6% du PIB. Malgré les dissensions politiques, les agences de notation Moody’s et Standard and Poor's ont confirmé la note de crédit souverain du pays, respectivement B3 et « B » avec une perspective stable.
La Banque Centrale joue un rôle majeur dans la stabilité du pays, doté depuis 1998, d’un régime de caisse d’émission, qui garantit la stabilité monétaire ainsi que la confiance dans les institutions financières. Le système bancaire reste, selon le FMI, bien capitalisé et les prêts non-performants sont en régression. Il importe désormais que puisse être élaboré, à l’échelle nationale, un mécanisme de résolution unique, sur le modèle du MRU de l’UE.
Urgente nécessité de réformes structurelles, clé pour la soutenabilité économique du pays et l’obtention du statut de candidat à l’UE
La BiH bénéficie d’importants financements de la part des institutions financières internationales. Pour faire face à la crise sanitaire, elle a bénéficié d’un soutien important de l’Union européenne, ainsi que de 756,87 M EUR de la BEI[3]. La Banque mondiale a engagé des prêts d’une valeur de 196 M EUR.
Cependant, les désaccords politiques ont conduit au blocage, fin 2020, de la négociation sur une facilité (750 Millions de dollars) du FMI, ainsi qu’à la suspension du décaissement de la deuxième tranche de l'assistance macro-financière de l’UE (125 M EUR. Selon l’indice 2021 de perception de la corruption, la Bosnie Herzégovine au 111ème rang mondial (ex aequo avec l’Albanie) perdant 21 places par rapport à 2018. Il n’existe pas de parquet spécialisé anti-corruption. Les lanceurs d’alerte ne font pas l’objet d’une protection suffisante L’absence de registre des bénéficiaires effectifs, ainsi que d’un registre centralisé des comptes bancaires, privent le pays des instruments nécessaires.
Les bailleurs de fonds internationaux s’accordent sur plusieurs objectifs clé, dont :
- la préservation de l’intégrité de l’Autorité des Impôt Indirects (ITA [4]) indispensable au financement des institutions de l’État et au service de la dette extérieure;
- la réforme des marchés publics afin de les rendre conformes à l’Accord de Stabilisation et d’Association avec l’UE (fin de toute discrimination, mise en place d’une plate-forme numérique), essentielle à l’assainissement de la gouvernance publique ;
- un renforcement du rôle de coordination fédérale du Conseil budgétaire, avec, a minima, une base de données statistiques transparentes couvrant les entités ;
- une plus grande transparence dans la gestion des entreprises publiques (au nombre de 550 : 315 en FBiH et 235 en RS) dont la pandémie a aggravé la situation financière et où les salaires sont 40 % plus élevés que dans le secteur privé, malgré une productivité plus faible : établissement d'indicateurs de performance, conditions de concurrence équitables entre les entreprises d'État et le secteur privé, prévention des conflits d’intérêts et intensification de la lutte contre la corruption endémique de haut niveau ;
- un fonctionnement indépendant du système judiciaire, indispensable à un cadre concurrentiel équitable entre secteurs public et privé (vérification des déclarations de patrimoine des juges et des procureurs, ainsi que des membres du Conseil supérieur des juges et des procureurs, pour lutter contre la corruption et le blanchiment/ prévention des conflits d’intérêts/ objectivation des règles relatives à la nomination, la promotion, l'avancement de la carrière/ responsabilité disciplinaire des juges et des procureurs).
Producteur d’acier, d’aluminium et d’électricité carbonée (50% de sa production d’électricité repose sur le charbon-lignite), le pays -dont plus de 70% des exportations sont absorbées par l’UE- doit se préparer au mécanisme d’ajustement carbone. La Bosnie-Herzégovine possède un potentiel non négligeable de production d’énergie solaire et éolienne, Il importe aussi que la Bosnie-Herzégovine respecte les engagements pris sur la transition climatique : mise en conformité avec le 2ème paquet énergie, transposition du 3ème paquet énergie pour améliorer sa compétitivité et son intégration régionale du marché de l’électricité avec la Serbie et le Monténégro.
[2] Les exportations ont été tirées par la forte demande des économies UE (73,7 % de la demande externe adressée à la BH), qu’il s’agisse notamment des minerais de fer, plomb, zinc (+60,9 %), du bois et des produits du bois (+31,4 %), des armes et munitions (+27 %), des plastiques et caoutchouc (+27,1 %).
[3] Depuis 2019
[4] La création de l’Autorité des impôts indirects (ITA), lancée en 2003, opérationnelle depuis 2005, a permis en 2006 l’établissement d’une TVA fédérale, salué à l’époque comme un progrès économique majeur pour la Bosnie Herzégovine (BH). La bonne organisation de l’ITA a permis d’augmenter chaque année le montant des recettes, en partie réaffectées aux entités constitutives sur la base du principe de lieu de consommation, favorable à la Republika Srpska (RS) République Serbe (RS) de Bosnie Herzégovine : 44,2 % des recettes publiques de la RS proviennent de l’ITA, contre 41,9 % pour la Fédération de Bosnie Herzégovine (FBiH).Les recettes collectées par l’ITA reposent à plus de 60 % sur la TVA nationale (considérée par le FMI comme l’une des plus performantes en Europe), et pour plus d’un tiers sur les droits d’accises et péages.