Indicateurs et conjoncture 2019

La Bosnie-Herzégovine va fêter en 2020 le vingt-cinquième anniversaire de la paix, issue de l'Accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine (BiH), généralement  dénommé « les accords de Dayton » et signé le 14 décembre 1995 à Paris.

Selon ces accords, le pays est constitué de deux entités, la Republika Srpska et la Fédération de Bosnie-Herzégovine, et du district de Brcko. Les deux entités rassemblent, pour une large part, les communautés du pays : la Republika Srpska est majoritairement peuplée de Serbes, orthodoxes, alors que la Fédération de Bosnie-Herzégovine regroupe les Bosniaques, musulmans, et les Croates, catholiques. La Fédération est elle-même subdivisée en dix cantons.


 Carte de la Bosnie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La Bosnie-Herzégovine a subi, lors du conflit post-yougoslave, l’une des plus grandes contractions économiques connues dans l’histoire contemporaine : 70 % environ du potentiel agroindustriel et 80 % des infrastructures du pays ont été détruits. La Banque Mondiale a estimé les dégâts entre 15 et 20 Mds USD. Au sortir de la guerre, le PIB était équivalent à 25 % de celui de 1991. Depuis lors, la consolidation du pays reste longue et difficile : il convient tout à la fois de reconstruire les infrastructures, de renforcer l’Etat et d’achever la transition du système socialiste à l’économie de marché dans un contexte politique complexe.

C’est dans ce contexte que le pays insère de plus en plus ses échanges économiques avec les pays de l’UE. Il s’inscrit pleinement depuis quelques années dans une trajectoire européenne comme l’atteste sa demande d’adhésion à l’Union Européenne (UE) le 15 février 2016, marquant le début d’un processus particulièrement exigeant.

Ce processus de rapprochement avec l’UE recèle des opportunités économiques pour nos entreprises encore peu présentes sur ce marché.

Historique : Faits marquants de l’évolution du pays depuis 1995 :

  • l’établissement de la Banque centrale en 1997, puis la nouvelle monnaie (le Mark convertible), introduite en 1998. La Banque joue un rôle unificateur majeur par la monnaie, gérée dans le cadre d’une caisse d’émission (« currency board ») avec un taux nominal fixe avec l’euro (2 Marks bosniens = 1 Euro). Elle est la seule institution étatique supra- communautaire en Bosnie-Herzégovine ;
  • l’introduction de la TVA en 2006 et la création d’une Direction nationale pour la collecte des taxes indirectes (ITA) ;
  • le secteur bancaire, largement privatisé, est solide et bien capitalisé ; les principales banques bosniennes sont aujourd’hui des filiales de grands établissements étrangers (notamment autrichien et italien ; pas de banque française) ;
  • le régime sans visa pour les citoyens de Bosnie-Herzégovine ayant un passeport biométrique, pour voyager dans l’Union européenne (depuis décembre 2010) ;
  • la conclusion de l’Accord de stabilisation et d’association (« ASA »), en 2007, entre la Bosnie-Herzégovine et l’Union européenne ; l’accord est entré en vigueur en juin 2015 ;
  • des progrès importants ont été accomplis dans la coopération régionale, tant dans le cadre du traité de libre-échange centre européen (« CEFTA ») que dans les relations bilatérales avec les pays voisins ;
  • enfin, le dépôt  de demande d’adhésion à l’Union Européenne (UE) le 15 février 2016, marquant le début d’un processus particulièrement exigeant. L’octroi du statut de pays candidat à l’Union européenne par la Conseil, qui pourrait résulter de ce processus, sera un levier important pour accélérer les réformes et la mise à niveau institutionnelle en Bosnie-Herzégovine.

Depuis la crise financière de 2008 qui a durement frappé le pays, la croissance s'est stabilisée mais elle reste inférieure aux taux d'avant la crise.

Croissance

Source: Banque mondiale, « Systematic country diagnosis update», 2020

 

Le modèle de développement actuel de la Bosnie-Herzégovine ne permet pas d’augmenter significativement la croissance potentielle en raison des facteurs suivants :

  • la consommation (publique et privée) est le principal moteur de la croissance ;
  • l’investissement en capital est faible contrairement aux  dépenses courantes élevées (salaires, retraites, transferts etc…)
  • les  sociétés publiques (SOE’s) de très basse productivité pèsent lourdement sur les finances publiques;
  • la participation du secteur industriel et agricole dans la valeur ajoutée est  faible ;
  • la balance commerciale est structurellement déficitaire ;
  • l’offre bosnienne à l’export se concentre aujourd’hui sur quelques secteurs : la métallurgie, le textile et cuir, le bois et l'industrie chimique (coke, soude) ;
  • le tissu industriel est vulnérable aux facteurs extérieurs, tels que la baisse du prix des métaux sur le marché mondial et la baisse de la demande des principaux clients européens en temps de crise économique ;
  • le stock d’investissements directs étrangers est faible, les investissements sont concentres sur les services (56 %) ;
  • le chômage est élevé et touche très largement les jeunes ;
  • les tendances démographiques sont négatives et présentent une menace importante pour le  développement du pays (migration sortante rapide, diminution de la population,  vieillissement de la population)

A contrario, on note, parmi les avantages comparatifs du pays :

  • la position géographique favorable et sa proximité avec l’Union européenne : la modernisation et l'expansion des infrastructures de transport offrent des opportunités d'investissements supplémentaires, notamment grâce à des partenariats public-privé ;
  • certaines expertises industrielles pourraient attirer les IDE orientés vers l’exportation  et ainsi intégrer  le pays dans les chaines de valeur européennes et globales. 
  • la diaspora importante est la première source de financement de l’économie, devant les IDE. Les transferts courants représentant entre 10 et 11 % du PIB. Elle pourrait devenir un investisseur potentiel et contribuer plus largement au développement du pays.
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