BOSNIE-HERZÉGOVINE
Efficacité énergétique en Bosnie-Herzégovine
Résumé: La Bosnie-Herzégovine est en retard par rapport à la moyenne européenne dans l’efficacité énergétique, avec de grands taux de pertes et une absence de législation nationale énergétique. Ce sont ainsi principalement les IFIs et les agences de développement qui financent des projets de rénovation énergétique et de refonte des systèmes de chauffage urbains, tandis que les fonds européens de pré-adhésion IPA II sont suspendus en l’attente de l’adoption d’une stratégie nationale. Les principaux acteurs du marché sont les trois compagnies publiques d’électricité, et les groupes internationaux sont peu présents. L’importance des travaux à mener afin de rattraper la moyenne européenne implique de nombreux projets futurs et représente ainsi un intérêt pour les entreprises françaises spécialisées, aussi bien en rénovation énergétique qu’en chauffage urbain.
1. La Bosnie-Herzégovine souffre d’une efficacité énergétique faible et d’un blocage institutionnel qui l’empêche de finaliser l’intégration de l’acquis communautaire
La Bosnie-Herzégovine (BiH) est un des pays d’Europe avec la plus faible consommation énergétique par habitant, équivalant à 60% de la moyenne de l’UE. Dans les faits, cette faible consommation n’est pas le résultat d’une meilleure efficacité énergétique, secteur pour lequel la BiH a encore du retard par rapport à la moyenne européenne. Ainsi, c’est un des rares pays européens dont la consommation énergétique continue de croître. Ceci s’explique en partie par la non-conformité de la plupart des infrastructures et du parc immobilier aux normes énergétiques européennes, ainsi que par l’absence d’effort structurel de réduction de la consommation énergétique.
Les trois principaux points sur lesquels la BiH doit travailler pour améliorer son efficacité énergétique sont les pertes d’énergie lors du transport de l’électricité, qui s’élèvent à 8% contre 6,5% en moyenne dans l’UE, la rénovation urbaine pour lutter contre les déperditions d’énergie, avec 57% de la consommation énergétique en provenance du logement contre une moyenne de 40% dans l’UE, ainsi que les transports avec 70% du parc automobile qui a plus de 15 ans.
Depuis son adhésion à la Communauté de l’Energie en 2006, le pays doit intégrer l’acquis communautaire dans le secteur énergétique pour accéder au marché commun de l’énergie. Néanmoins, l’intégration de cet acquis au niveau national n’atteignait que 30% en 2016 et est bloquée par l’organisation institutionnelle du pays qui attribue aux entités, la Fédération de Bosnie-Herzégovine (FBiH) et la Republika Srpska (RS), la gestion de la politique énergétique alors que leurs prises de position sont souvent divergentes. Une stratégie énergétique portant jusqu’en 2035 est prête, mais son adoption est bloquée. Malgré ce blocage, la situation évolue au niveau des entités. Ainsi, la RS a adopté dès 2013 une loi sur l’efficacité énergétique intégrant une partie de l’acquis communautaire, quand la FBiH ne l’a effectué qu’en février 2017.
2. Le secteur de l’efficience énergétique en Bosnie-Herzégovine connaît des investissements importants de la part des IFIs et des agences de développement, même si les fonds européens dédiés sont pour l’instant bloqués, et des projets sont en cours et en prévision
Le secteur de l’efficacité énergétique en BiH est souvent privilégié par les programmes d’aides internationaux qui y jouent un rôle important. Ainsi, le PNUD et l’Agence de développement suédoise SIDA mènent un programme « Green economic development project », financé par le gouvernement suédois, qui vise à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments publics dont la consommation est trois fois supérieure à la moyenne européenne. Dans ce cadre, grâce à 111 mesures prises, la consommation des bâtiments publics a baissé de 50% et a permis d’économiser 1,5 M EUR.
Pour les IFIs, très investies dans le secteur, on peut aussi mentionner le programme de la BERD « Green economy financing facility » pour les Balkans occidentaux, qui a accordé près de 22 M EUR de prêts verts résidentiels pour la rénovation énergétique. La BERD a aussi un programme « Green cities framework » pour la rénovation des systèmes de chauffage urbain, comme par exemple à Banja Luka pour 20 M EUR. De même, le CIBO (Cadre d’investissement des Balkans occidentaux) a financé trois projets en BiH pour la rénovation énergétique d’un hôpital, la rénovation de trois réseaux de chauffage urbain et la modernisation de l’éclairage public, pour un montant total de 125 M EUR. Les fonds de pré-adhésion IPA II, quant à eux, sont bloqués dans le secteur énergétique à cause de l’absence d’adoption d’une politique énergétique d’envergure nationale.
3. Le secteur de l’efficacité énergétique en BiH est un marché majoritairement public, où les groupes internationaux et français ne sont encore que partiellement présents malgré des opportunités à venir
Les acteurs locaux de l’efficacité énergétique en BiH sont les Ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines de RS et FBiH. La législation traitant de l’efficacité énergétique se décide donc à leurs niveaux et aucun plan d’ampleur nationale n’a pour l’instant été acté, bloquant les fonds européens. Il y a trois compagnies publiques d’électricité : Elektroprivreda HZHB et Elektroprivreda BiH en FBiH et Elektroprivreda Republike Srpske en RS. Ces entreprises sont les principales responsables des projets d’efficacité énergétique où les entreprises étrangères n’interviennent qu’en appui dans l’ingénierie. Dû à la taille modeste du marché bosnien et à la décentralisation de la prise de décision du pays, perçue parfois comme décourageante, peu de grands groupes internationaux se sont implantés en BiH dans ce secteur pour le moment.