AZERBAÏDJAN
Présentation économique du pays
1. La croissance économique a ralenti sur fond d’essoufflement du moteur pétrolier.
Avec un PIB nominal de 72,4 Md USD en 2023 et 10,2 M d’habitants, l’Azerbaïdjan fait partie des « pays à revenu intermédiaire supérieur » selon la Banque Mondiale (PIB par habitant d’environ 7 000 USD). Le développement de l’économie a reposé à l’origine presque intégralement sur l’exploitation des hydrocarbures (19èmes réserves mondiales prouvées de pétrole et 12èmes réserves de gaz), secteur qui reste aujourd’hui au cœur du modèle de croissance. Le pétrole et le gaz représentent ainsi plus d’un tiers du PIB, la moitié des recettes budgétaires et plus de 90% des exportations, en dépit du plan de diversification « Azerbaïdjan Vision 2030 » (voir infra).
Après la récession de 2020 (contraction du PIB de -4,2%) et le rebond de 2021 (+5,6%), confirmé en 2022 (+4,6%), la croissance a enregistré un net ralentissement en 2023, à +1,1%, en raison notamment d’un affaiblissement de l’activité du secteur non pétrolier (+3,7%) et d’une contribution négative du secteur des hydrocarbures (-1,7%). De fait, la baisse structurelle de la production locale de pétrole (620 000 barils/ jour en 2023, -6,2% en glissement annuel) n’a été que partiellement compensée par la montée en puissance de la production de gaz (48,3 Md de m3 ; +3,4% en g.a.) – nb. la production du champ gazier d’Absheron a été officiellement lancée en juillet 2023. Pour 2024, le FMI prévoit une croissance de +3,2%.
2. L’excédent du compte courant se réduit.
Concernant la balance des paiements, l’excédent du compte courant, qui avait connu un pic de +29,8% du PIB en 2022, grâce notamment à la hausse exceptionnelle des exportations de pétrole et des remises de fonds en provenance de Russie (3 Md USD en 2022 contre 1 Md USD en 2023), est retombé à +11,5% du PIB en 2023. Cet excédent a alimenté la progression des réserves de change, estimées à 67,7 Md USD fin 2023, soit environ 50 mois d’importations (Banque centrale d’Azerbaïdjan : 11,6 Md USD ; fonds souverain SOFAZ : 56,1 Md USD). Pour 2024, le FMI prévoit un excédent courant de +6,1% du PIB. Le stock d’investissements directs étrangers, en grande partie concentrés dans le secteur des hydrocarbures, s’élevait pour sa part à 29,4 Md USD fin 2022, soit 52% du PIB – le Royaume-Uni, la Turquie et l’Iran comptent parmi les principaux investisseurs étrangers dans le pays.
3. La trajectoire budgétaire se dégrade.
Le solde budgétaire est demeuré positif en 2023, à 7,9% du PIB (contre 6% en 2022 et 4,2% en 2021) selon le FMI. La trajectoire budgétaire devrait toutefois se dégrader en 2024 selon le FMI, qui table sur un excédent réduit à 1% du PIB, en raison notamment du recul attendu des revenus (-6,9 points). De manière générale, les autorités se sont engagées dans la mise en œuvre d’une politique budgétaire prudente au cours des dernières années, afin notamment de renforcer la résilience de l’économie aux chocs extérieurs. Suspendue pendant la crise sanitaire et économique du Covid-19, la « règle d’or » budgétaire est à nouveau appliquée depuis mars 2022 avec deux objectifs principaux : limiter le déficit primaire hors hydrocarbures à 25% au maximum du PIB (hors hydrocarbures) et contenir l’endettement public en deçà de 30% du PIB. Le niveau de la dette publique s’est établi à 21,8% du PIB en 2023 selon le FMI.
4. Les tensions inflationnistes s’apaisent.
Réapparues dans le sillage de la crise du Covid-19, les tensions inflationnistes se sont renforcées en 2022 (+13,9%, après +6,7% en 2021), tirées en particulier par la hausse des prix des matières premières importées – notamment agricoles –, avant de partiellement refluer en 2023 (+8,8%). A la faveur de la réduction des tensions sur les prix et les chaines d’approvisionnement au niveau mondial, l’inflation devrait poursuivre son ralentissement en 2024, à 2,1% en moyenne selon le FMI. La Banque centrale d’Azerbaïdjan (BCA), qui avait relevé à plusieurs reprises son principal taux directeur depuis l’été 2020 pour contrer la hausse des prix, a entamé un assouplissement progressif de sa politique monétaire depuis novembre 2023, ramenant le taux directeur à 7,25 % en mai 2024 (contre 9 % un an auparavant).
En matière de politique de change, alors que les dévaluations de 2015 avaient ébranlé la confiance de la population et des acteurs économiques dans la monnaie nationale, les autorités ont fait le choix d’instaurer une politique de taux de change fixe du manat azerbaïdjanais vis-à-vis du dollar américain (1,70 AZN/USD depuis 2017). Concentrant moins l’attention des autorités monétaires, le taux de change EUR/AZN connaît pour sa part un peu plus de flexibilité, notamment en lien avec les variations de la paire euro-dollar. Fin 2024, le manat s’échangeait ainsi au taux de 1,77 AZN/EUR, soit une appréciation de 5,9 % par rapport à l’euro sur un an.
5. A plus long-terme, l’Azerbaïdjan souhaite diversifier son économie et mieux tirer parti de son positionnement géographique.
Conscientes des fragilités structurelles du modèle économique azerbaïdjanais, les autorités ont élaboré un plan stratégique à moyen terme l’« Azerbaïdjan Vision 2030 » afin de favoriser la transition du pays vers une économie post-pétrole. Ce plan, dont la mise en œuvre demeure à un stade très préliminaire, fixe cinq grandes priorités en partie interdépendantes : i) soutenir la croissance à moyen terme et en diversifier les moteurs ; ii) assurer une société plus inclusive fondée sur la justice sociale ; iii) encourager l’innovation et accroître la formation et l’expertise des employés ; iv) développer économiquement et repeupler les territoires recouvrés – via notamment la création de zones économiques spéciales – et v) rendre la croissance plus verte et plus durable. Ces ambitions restent toutefois soumises à une amélioration significative de l’environnement local des affaires. L’Azerbaïdjan entend par ailleurs affirmer son rôle de hub logistique régional, via le renforcement ou la mise en place de nouvelles liaisons – corridor transcaspien notamment – entre l’Asie et l’Europe d’une part et entre la Russie et l’Iran d’autre part.