Le secteur de l’électricité en Azerbaïdjan

 

Le secteur de l’électricité azerbaïdjanais est dominé par l’Etat, appuyé par les bailleurs de fonds internationaux. Si plus de 90% du bouquet énergétique est issu de centrales thermiques, les engagements environnementaux de l’Etat ainsi qu’une volonté de flécher davantage de gaz (naturel et transformé) à l’exportation poussent les autorités à attirer des investisseurs internationaux pour développer des centrales éoliennes et solaires de grande envergure. Des opportunités existent pour l’offre française dans ce domaine ainsi qu’en matière de mise à niveau des infrastructures électriques.

1/ Un secteur dominé par l’Etat, soutenu par les bailleurs de fonds

Le secteur de l'électricité en Azerbaïdjan est actuellement dominé par des entités publiques. Le rôle central revient au ministère de l’Energie, qui conçoit et met en œuvre la politique de l'État dans ce secteur, y compris l'électricité. Il chapeaute les agences d'État opérant dans le secteur (l’Agence de régulation de l'énergie, en charge notamment des tarifs, et l’Agence d'État pour les énergies renouvelables), issues d’anciens départements du ministère. Ce ministère supervise également les deux grandes entreprises publiques du secteur de l'électricité : Azerenerji est responsable de la production (contrôlant 85 % des capacités de génération du pays) et de la transmission d'électricité, tandis qu'Azerishiq est responsable de la distribution. Enfin, le Service énergétique de la République autonome du Nakhitchevan contrôle à la fois la production et la distribution dans l'exclave azerbaïdjanaise.

Quelques entreprises privées détiennent et exploitent des centrales thermiques en autoproduction (principalement BP) ainsi que des centrales hydroélectriques de petite taille. L'Azerbaïdjan a longtemps maintenu le contrôle de l’Etat sur le secteur de l'électricité, marqué par les pratiques de captation privée et la gestion défaillante de la société turque Babek qui contrôlait le secteur électrique de Bakou entre 2002 et 2006. Les autorités accueillent désormais les entreprises privées étrangères désireuses d'investir en Azerbaïdjan pour y construire de nouvelles centrales, thermiques et surtout renouvelables.

Les bailleurs de fonds fournissent un soutien technique et financier important pour le développement du secteur de l’électricité en Azerbaïdjan. La BERD travaille étroitement avec le ministère de l’Energie pour préparer les actes législatifs nécessaires au développement des énergies renouvelables (ENR), et afin d’identifier les besoins liés à la grille énergétique du pays. La Banque asiatique de développement a ouvert en 2016 une ligne de crédit de 750 M USD pour l’amélioration des réseaux électriques (ligne de transmission de 220 kV Mingatchevir-Apchéron-Khirdalan, sous-stations d’Agdash et d’Apchéron). L’Agence française de développement suit également avec attention les opportunités de financement dans le secteur.

2/ Prépondérance des centrales thermiques, demande intérieure et exportations en hausse

L’Azerbaïdjan dispose de capacités de génération estimées à 7 516,5 MW dont 6 237,7 MW issus des centrales thermiques au gaz (83% des capacités) et 1 278,8 MW des ENR (17% des capacités, principalement hydroélectricité) selon le ministère de l’Energie. Les principales centrales thermiques sont celles de Janub (780 MW), Soumgaït (525 MW), Shimal 1 et 2 (400 MW chacune) et Sangachal (300 MW). Les capacités de production d’électricité renouvelable se composent presque exclusivement d’installations hydroélectriques, au premier rang desquelles les centrales de Mingatchevir (424 MW) et Shamkir (380 MW). Les centrales hydroélectriques du Nakhitchevan permettent de répondre aux besoins de l'ensemble de l’exclave. A noter que l’Azerbaïdjan ne dispose ni d'installations nucléaires ni de centrales thermiques au charbon.

En 2019, la production effective d’électricité en Azerbaïdjan s’est élevée à 26 072,9 M kWh (+3,3%), assurée à 92% par les centrales thermiques (24 162,6 M kWh). En dépit de capacités hydroélectriques importantes, la production n’était assurée qu’à hauteur de 8% par les ENR, dont l’hydroélectricité (1 564,8 M kWh, 6% du bouquet énergétique), l’incinération des déchets (195,9 M kWh, assurée par le site de Balakhani exploité par la société française CNIM), l’éolien (105,4 M kWh) et le solaire (44,2 M kWh).

Cette production permet de couvrir la demande intérieure (18 666,2 M kWh en 2019, en hausse de 4,8% par rapport à 2018), tirée par l’augmentation de la consommation de l’industrie chimique et pétrochimique (507,9 M kWh, +85% grâce à la mise en activité des usines d’urée et de polymères de SOCAR) et la construction (667,6 M kWh, +15%). Selon le ministère de l’Energie, la demande d'électricité devrait atteindre 25,5 Mds kWh à l’horizon 2025.

L'Azerbaïdjan, autrefois dépendant des importations d'électricité, est depuis 2007 un exportateur net d'électricité. L’année 2019 a marqué un nouveau record de volumes d’électricité exportés (1 490,9 M kWh, +3,2%) alors que les volumes importés ne s’élevaient qu’à 136,9 M kWh (+4,3%). L’électricité azerbaïdjanaise est exportée vers la Géorgie, l’Iran, la Turquie et la Russie.

3/ Calendrier législatif : trois projets de loi soumis à la validation du Président

Le Ministère de l’Energie a finalisé trois projets de loi, soumis actuellement à la validation du Président. Le projet de loi sur les ENR, annoncé depuis deux ans et préparé avec le soutien de la BERD, permettra de fixer le cadre législatif pour l’attribution des prochains lots d’usines d’électricité renouvelable. Le projet de loi sur la libéralisation du secteur de l’électricité devrait prévoir la privatisation de certains actifs de l’entreprise publique Azerenerji, en particulier des centrales thermiques au gaz. Enfin, le projet de loi sur l’efficacité énergétique pourrait ouvrir des opportunités pour les entreprises françaises dans la rénovation thermique des bâtiments et l’amélioration de l’efficacité énergétique.

4/ Des opportunités pour l’offre française dans le solaire, l’éolien et la modernisation du réseau

Afin de réduire ses émissions et de diriger davantage de gaz à l’exportation, le gouvernement azerbaïdjanais a décidé de miser sur les ENR et l’efficacité énergétique. Le pays s’est engagé dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat à diminuer de 35% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, et ambitionne d’étendre à 30% la part des ENR dans les capacités de génération d’électricité  à l’horizon 2030 (17% en 2020). L’objectif est aussi de ralentir la consommation intérieure croissante de gaz, tirée par la croissance démographique et la pétrochimie afin d’en réserver davantage à l’exportation. Le potentiel de génération du pays est estimé à 23 040 MW pour le solaire, 3 000 MW pour l’éolien, 520 MW pour les petites centrales hydroélectriques et 380 MW pour la biomasse.

L’Azerbaïdjan prévoit ainsi le lancement de 7 à 8 centrales éoliennes et solaires de grande ampleur : deux premiers lots ont été attribués début 2020 à ACWA (éolien, 240 MW) et Masdar (solaire, 200 MW). Le ministère de l’Energie finalise les règles d’attribution avec la BERD et espère lancer les prochains appels d’offre au premier trimestre 2021 ; de nouveaux projets pour un total de 460 MW sont prévus pour la période 2023-2025, puis 600 MW supplémentaires en 2026-2030. Le gouvernement prépare par ailleurs une stratégie pour le développement des centrales hydroélectriques de petite taille, qui ouvrira de nouvelles opportunités au secteur privé. Hors renouvelables, un appel d’offres est en cours pour la construction d’une centrale à cycle combiné (550 MW).

Enfin, le ministère met l’accent sur la modernisation du réseau. De nombreux chantiers de restauration des capacités de production ont été engagés depuis la coupure électrique générale de 2018, qui a mis en lumière la déliquescence de la station hydroélectrique de Mingatchevir. Les travaux de modernisation engagés ces dernières années ont permis de réduire les pertes dans le transport et la distribution d'électricité de 45% entre 2009 (4 100,3 M kWh) et 2019 (2 225,6 M kWh). La mise à niveau des infrastructures électriques dans les territoires repris par l’armée azerbaïdjanaise ouvrent de nouvelles opportunités de marché en générant des besoins de sous-stations et de compteurs électriques. A titre d’exemple, Azerishiq prévoit d’acquérir 626 000 compteurs en 2021 à travers 5 appels d’offres de plus de 3 M USD chacun.

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