L’investissement direct étranger en 2017

En 2017, le stock d’IDE entrants en Azerbaïdjan s’élève à 29,5 Mds USD, soit une hausse de 10,4% par rapport à l’année 2016 (26,7 Mds USD). Le stock d’IDE représente 72,4% du PIB 2017 azerbaïdjanais.  Le pays accueille 0,093 % des stocks d’IDE entrants mondiaux et constitue la première destination des IDE dans la région Sud Caucase. L’énergie (hydrocarbures) demeure de très loin le principal secteur de destination des IDE et la Grande Bretagne, via le pétrolier BP, reste le premier pourvoyeur d’IDE du pays. L’investissement français, traditionnellement engagé dans les hydrocarbures est en baisse mais grâce aux projets de TOTAL devrait bientôt repartir fortement à la hausse, tandis que le fonds souverain pétrolier SOFAZ a investi dans l’immobilier en France (Paris).

1. L’Azerbaïdjan, pôle d’attraction des IDE dans le Caucase

Selon les données de la CNUCED, les flux d’IDE entrant en Azerbaïdjan se sont élevés en 2017 à 2,8 Mds USD, en forte baisse par rapport à 2016 (4,5 Mds USD).  Le stock total d’IDE représente 29,5 Mds USD (contre 26,7 Mds USD en 2016), soit 72,3% du PIB. Le stock d’IDE a ainsi plus que triplé depuis 2008 (6,6 Mds USD), du fait des investissements dans le secteur pétrolier.

L’Azerbaïdjan accueille 0,093% du stock mondial d’IDE (soit le 76ème rang mondial, 80ème rang mondial en 2016, 104ème en 2010) : dans la région il se classe loin derrière la Russie (446 Mds USD ; 18ème rang mondial ), la Turquie (180 Mds USD ; 33ème rang), le Kazakhstan (147 Mds USD ; 39ème rang), l’Iran (53 Mds USD ; 58ème rang), le Turkménistan (35 Mds USD ; 69ème rang) mais devant la Géorgie (17,3 Mds USD ; 96ème rang) et l’Arménie (4,7 Mds USD ; 141ème rang).

Parmi les économies en transition de la typologie CNUCED, l’Azerbaïdjan se classe en 2017 au 4ème rang en termes de réception d’IDE (flux), rang stable par rapport à 2016. Un premier pic des flux d’IDE entrants a été enregistré dans le pays il y a 13 ans (3,5 Mds USD en 2004) ; après un recul entre 2005 et 2007, ils ont depuis régulièrement progressé jusqu’en 2014 pour atteindre 4,4 Mds USD. En 2015, ils ont connu une légère baisse de 9% pour atteindre 4,05 Mds USD, avant de repartir à la hausse en 2016, pour s’établir à 4,5 Mds USD, puis de connaître une chute sensible en 2017 (2,8 Mds USD).

Selon les données publiées par le Comité des statistiques d’Azerbaïdjan, le montant total des flux d’IDE en 2017 a atteint 5,7 Mds USD (contre 7,3 Mds USD en 2016). Seul 0,8 Mds USD a été consacré au secteur non-pétrolier (soit 14%), part en baisse par rapport à l’année précédente (23,2%). Le secteur des hydrocarbures continue ainsi de concentrer l’essentiel des IDE (86%). La compagnie pétrolière nationale SOCAR a à ce jour conclu 32 accords de partage de production avec des opérateurs étrangers. L’accord principal a été conclu en 1995 avec le consortium AIOC (Azerbaijan International Operating Company), chargé de mettre en exploitation le champ pétrolier ACG. L’AIOC est désormais composé des investisseurs suivants : BP (GB) 35,8%, SOCAR (AZ) 11,6% ; CHEVRON (USA) 11,3%; INPEX (Japon) 11% ; STATOIL (Norvège) 8,6%; EXXON MOBIL (USA) 8 %; TPAO (Turquie) 6,8%; ITOCHU (Japon) 4,3% ; ONGC (Inde) 3,7%. Les derniers IDE majeurs dans le secteur ont été annoncés en décembre 2013 pour le développement du champ gazier de Shah Deniz (coût d’environ 28 Mds USD) qui sera assuré par un consortium composé de BP (28,8 %), TPAO (Turquie ; 19%), SOCAR (16,7%), PETRONAS (Malaisie ; 15,5 %), LUKOIL (Russie ; 10%) et NICO (Iran ; 10%).

Hors hydrocarbures, les IDE les plus significatifs sont ceux de KEPPEL (Singapour) qui en 2013 a pris 10% du chantier naval Baku Shipyard (projet de 160 M USD) ; LIFAN (Chine) pour l’assemblage d’automobiles au Nakhitchevan (2010) ; LafargeHolcim (Suisse) qui contrôle 70% d’une cimenterie (300 M USD en 2012) ; RAO (Allemagne) qui dispose de 10% de AGSTAFA (matériel et services agricoles ; 5,9 M USD en 2012). Quelques institutions financières internationales ont également investi dans le secteur privé local comme la BERD dans LafargeHolcim (10%) et MILK PRO (10% ; 12,2 M USD) et la BANQUE ISLAMIQUE DE DEVELOPPEMENT (27% de Caspian International Investment Cy en 2008). Des investissements étrangers sont également recensés dans le secteur bancaire : AccessBank (BERD et KfW), Unibank (BERD), Nikoil (Lukoil-Russie), VTB (Russie), YapiKredi Bank (Turquie), Bank Melli (Iran).

Selon les données du Comité des statistiques, qui recense les investissements étrangers orientés vers le capital fixe[1], la Grande-Bretagne est le premier investisseur dans le pays en 2017 (26,5%). Cela s’explique par sa position dominante dans le secteur pétrolier (BP opérateur sur le champ ACG et Shah Deniz). Les autres sources majeures d’IDE sont la Turquie (13,4%), la Malaisie (9,7%), la Suisse (7,1%), la Russie (6,2%), l’Iran (6,2%), et le Japon (5,2% - en raison notamment des activités d’INPEX). La France, qui se positionnait à la 5ème place en 2014 (6,7%), n’a effectué qu’un investissement marginal de 0,7 M AZN en 2017.

1.1          SOCAR et SOFAZ sont à l’origine des principaux investissements publics azerbaïdjanais à l’étranger

Selon les données de la CNUCED, 2,5 Mds USD ont été investis par l’Azerbaïdjan en 2017 dans des économies étrangères (flux), chiffre stable par rapport à 2016 (2,5 Mds USD). En ce qui concerne le stock d’IDE à l’étranger, il augmente de manière régulière depuis 15 ans et a atteint 22 Mds USD en 2017 (soit une augmentation de 80,7% par rapport à 2014).

SOCAR dispose de filiales en Turquie (investissements dans le complexe pétrochimique Petkim, dans le projet de gazoduc TANAP), en Géorgie (gestion du terminal pétrolier de Kulevi, actionnaire des consortia opérant l’oléoduc BTC et le gazoduc BTE, réseau de stations-services depuis 2006), en Ukraine (depuis 2009 avec un réseau de 60 stations-services), en Roumanie (depuis 2011, 14 stations-services) et en Suisse (depuis 2012, 64 stations-service). Le fonds souverain SOFAZ investit à l’étranger par des prises de participations dans le secteur privé à travers des organismes spécialisés et notamment la SFI. SOFAZ dispose ainsi de participations dans cinq fonds impliqués dans des investissements sur les zones Amérique du sud et Afrique, dans les infrastructures globales et des opérations relatives au changement climatique. Le fonds a également investi dans l’immobilier, essentiellement de bureau ou de commerce, dans des grands centres urbains : Londres (acquisition en 2012 pour 285 M USD), Moscou (en 2012 pour 133 M USD), Paris (en 2013 pour 135 M EUR), Séoul (en 2014 pour 477 Mds KRW), Tokyo (en 2015 pour 432 M USD) et Milan (en 2016 pour 97 M EUR).

2. Les investissements entre la France et l’Azerbaïdjan

 

La France et l’Azerbaïdjan ont signé le 1er septembre 1998 un accord de protection et d’encouragement réciproques des investissements, entré en vigueur le 24 août 2000. Une convention de non double imposition a été conclue entre les deux pays le 13 octobre 2005 (J.O. du 21 octobre 2005).

2.1 Les IDE d’origine française en Azerbaïdjan sont concentrés dans l’énergie

D’après les données indicatives de la Banque de France, en 2017, les flux d’IDE français entrant en Azerbaïdjan se sont élevés à 48 M EUR, en forte hausse, après un flux négatif de -5,5 M EUR en 2016, -2,4 M EUR en 2015 et -73,5 M EUR en 2014. Le stock d’IDE a atteint en 2017 397 M EUR, en légère baisse par rapport à 2016 (399 M EUR). Après le pic enregistré en 2007 à 586 M EUR (presque exclusivement concentré dans le secteur des hydrocarbures), le stock a très fortement chuté en 2008 (72,8 M EUR), avant de croître à nouveau.

L’essentiel des investissements français sont traditionnellement concentrés dans l’extraction de pétrole brut et de gaz naturel. Le principal acteur français de ce secteur, TOTAL, a depuis 2014 largement réduit ses investissements dans ce pays : la société a cédé ses parts (10% soit 15 Mds USD) dans le consortium international chargé du développement du champ gazier Shah Deniz et s’est désengagé du gazoduc reliant Bakou, Tbilissi et Erzurum (BTE). A ce jour, TOTAL conserve dans ce pays 5% du capital du consortium international exploitant l’oléoduc reliant Bakou, Tbilissi et Ceyhan (BTC) qui écoule le pétrole du champ azerbaidjanais ACG. Elle prépare cependant le développement du gisement gazier off-shore d’Absheron, pour lequel elle a conclu un accord de partage de production avec SOCAR (50% chacun). Il a été complété le 21 novembre 2016 par un accord sur les conditions commerciales et contractuelles de lancement d’une première phase de production, prévue dès 2020. Ce seul accord devrait augmenter considérablement les investissements français. Par ailleurs, TOTAL se positionne pour deux autres champs gaziers qui nécessiteront de très gros investissements, Umid et Babek. La CNIM a installé à Bakou une usine d’incinération de déchets (capacité 500 000t) et de production d’électricité (35 MW) qu’elle opère depuis début 2013 dans le cadre d’un contrat de gestion sur 20 ans d’un montant de 340 M EUR. AXA (via sa filiale espagnole) et GROUPAMA (via sa filiale turque) ont investi dans des assureurs locaux, respectivement AXA MBASK (100% des parts aujourd’hui) et BASHAQ INAM (16%).

2.2 Les IDE d’origine azerbaïdjanaise en France demeurent marginaux

Selon la Banque de France, le stock d’IDE d’origine azerbaïdjanaise en France s’est élevé en 2017 à 6 M EUR, en recul par rapport à 2016 (12,6 M EUR). Ce montant reste marginal, le stock total d’IDE en France s’élevant en 2017 à 729 Mds EUR. Ce stock est répertorié principalement dans les activités immobilières et d’architecture. Un investissement majeur (135 M EUR) a été celui du fonds souverain SOFAZ pour le rachat en 2013 du complexe immobilier « 8 Place Vendôme » à Paris.

2.3 En dépit d’avantages comparatifs, le pays peine à attirer les IDE en raison d’un environnement des affaires qui doit encore être amélioré

Indépendant depuis 1991, l’Azerbaïdjan n’est pas membre de l’OMC et plusieurs obstacles aux investissements subsistent sur ce marché : le difficile accès aux financements pour les PME, l'absence de concurrence, l’existence de monopoles. Des efforts réels ont été menés en manière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. L’introduction de l’e-gouvernement (agence ASAN établie en 2013) a permis d’annihiler la petite corruption pour la gestion de formalités administratives.

En raison de la dégradation de la situation économique en 2015-2016, la diversification de l’économie est devenue une priorité pour les autorités. Bien conscientes que les investissements étrangers sont indispensables pour y parvenir, elles se sont lancées dans différents travaux afin d’améliorer le climat des affaires et faciliter la reprise de l’activité économique. Tous les opérateurs et observateurs notent avec satisfaction la réforme des douanes qui assure plus de transparence et d’équité. L’attribution des licences professionnelles a été profondément modifiée et simplifiée (décret présidentiel de décembre 2015) et sa gestion a été confiée à l’agence ASAN, garantie de transparence et d’absence de corruption.

Les autorités ont également pris des mesures pour favoriser les investissements privés, notamment avec le lancement en 2016 d’une procédure simplifiée de validation d’un investissement, y compris étranger. D’importants avantages fiscaux sont accordés pendant 7 ans. Les autorités continuent de créer des zones économiques spécialisées (industrie mécanique, chimie et pétrochimie, nouvelles technologies, environnement) offrant des conditions d’implantation attractives.

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[1] « Les investissements étrangers orientés vers le capital fixe comprennent des investissements réalisés par des investisseurs étrangers dans de nouvelles constructions, des reconstructions et le développement d’activités, des achats de machines et d'équipements. Cela inclut également les crédits étrangers, les dons destinés aux travaux de construction, y compris l'aide humanitaire. » (Précision méthodologique du Comité des statistiques azerbaïdjanais)

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