L'Autriche, une économie de niche, frappée par une récession persistante

L’Autriche est un Etat alpin d’environ 84 000 km² et qui est couvert à plus de 60 % par des zones montagneuses. Le territoire autrichien est limitrophe de huit Etats, dont six de l’Union européenne. Il s’agit d’une république fédérale composée de 9 Länder (régions politiques) et dont le système constitutionnel est qualifié de fédéralisme centralisé avec un parlement bicaméral. La population est essentiellement concentrée à l’Est : la capitale (et Bundesland), Vienne, qui compte environ 2 millions d’habitants et ses deux régions voisines, la Basse-Autriche (1,7 million) et le Burgenland (plus de 300 000 hab.). En raison des multiples crises migratoires survenues depuis 1950, 26,7 % de la population autrichienne a ses racines à l’étranger et 19,6 % des habitants de l’Autriche sont des ressortissants étrangers.

Suite aux élections législatives du 29 septembre 2024, remportées par le parti populiste d’extrême-droite FPÖ (28,8 % des voix), le pays est maintenant dirigé depuis le 3 mars 2025 par un gouvernement de coalition tripartite, négociée entre les partis conservateur (ÖVP), dont est issu le chancelier Christian Stocker, social-démocrate du SPÖ (vice-chancelier Andreas Babler) et libéral (NEOS, emmenés par la ministre des affaires étrangères Beate Meinl-Reisinger).

Cette coalition tripartite, inédite en Autriche sous la Seconde République, a été le résultat de difficiles et longues négociations qui ont duré 155 jours, marqués par deux échecs entre ces mêmes partis d'abord, puis entre le parti d'extrême-droite FPÖ et les conservateurs de l'ÖVP.

 

 Carte Autriche

 

Membre de l'Union européenne depuis 1995, pays prospère avec un produit intérieur brut de 481,9 Mrd EUR en 2024 pour près de 9,2 millions d'habitants, l'Autriche affiche, en termes de PIB par habitant, un des plus hauts niveaux de l’Union européenne (52 490 EUR/hab). Après un recul de la croissance de 1 % en 2023, provoqué par la crise énergétique et dans un contexte de forte inflation, l'Autriche n'a pas réussi à sortir de la récession et a vu son économie se contracter en 2024 de 1,2 %, dans le sillage de la récession également constatée en Allemagne, son premier partenaire commercial.

Fort de plus de 730 000 entreprises (données 2022), le tissu économique de l’Autriche est majoritairement constitué de microentreprises et de PME (99,8 % du total des entreprises, jusqu'à 250 employés) qui emploient plus de 4,8 millions de salariés. Les entreprises de taille intermédiaire (ETI), généralement familiales, sont très industrielles et centrées sur des marchés de niche à haute valeur ajoutée. 13,3% des entreprises sont actives dans le secteur primaire, 13,5 % dans le secteur manufacturier et 76,1 % dans les services. La Haute-Autriche, avec sa capitale Linz, est le creuset industriel du pays, bassin des secteurs sidérurgique, métallurgique et automobile.

Le succès de l'économie autrichienne réside dans ses "champions cachés" comme Doppelmayr, Kapsch ou Blum. L’industrie manufacturière représentait ainsi 16,1 % du PIB en 2023.

Largement ouverte vers l'extérieur, l'économie autrichienne profite du marché européen : l’UE a capté 69,4 % des exportations de l’Autriche en 2023 et fourni 75,6 % de ses importations.

Actuellement, conséquence de la crise énergétique et du ralentissement de l’économie allemande, l’économie connait une longue période de récession (-1,0 % en 2023 ; -1,2 % en 2024) qui s’avère persistante : selon les dernières perspectives macroéconomiques autrichiennes, 2025 devrait être marqué par une nouvelle contraction de la croissance de 0,3 %, suivie d’une modeste reprise en 2026 à environ +1,2 %. 

Après un recul en 2023 à hauteur de -5,8 %, les importations autrichiennes de biens ont encore diminué de -6,7 % en 2024 pour atteindre 189,3 Mrd EUR. De leur côté, les exportations de biens de l’Autriche qui, en 2023, avaient été orientées à la hausse (+3,1 %) ont baissé de -4,9 % en 2024 pour atteindre 191,0 Mrd EUR. Pour la première fois depuis 16 ans, l’Autriche a donc affiché en 2024 un excédent commercial, mais en trompe-l’œil, la valeur des échanges tombant sous le seuil des 200 Mrd EUR dans chacun des deux sens.

Dans ses échanges commerciaux avec l’Autriche, le déficit de la France s’est en partie résorbé (0,83 Mrd EUR en 2023 après -1,4 Mrd EUR en 2022) principalement lié à une inversion de tendance relative aux produits pharmaceutiques.

 

La France devient le sixième client de l'Autriche (3,6 % des exportations autrichiennes), en progression de deux places et maintient son rang de neuvième fournisseur, représentant 2,7 % des importations autrichiennes.

Selon les Douanes françaises, les exportations autrichiennes vers la France ont atteint en 2024 un montant de 6,17 Mrd EUR (-0,4 % en glissement annuel), quand les importations depuis la France se sont établies à 5,19 Mrd EUR (-3,2 %).

Grâce à un système de partenariat social entre représentants des employeurs et des employés, les évolutions salariales sont fixées dans le cadre des négociations collectives de branches entre la Chambre fédérale de commerce et d’industrie, la WKO, qui regroupe l’ensemble des employeurs, et la Confédération des syndicats ÖGB à travers la Chambre fédérale des salariés. L’adhésion à cette dernière est obligatoire pour tous les salariés, comme celle des entreprises à la WKO.

Après avoir atteint en 2022, avec +8,6 %, un niveau inégalé depuis 1974, et 7,7 % en 2023, l'inflation (IPCH) a fortement décéléré en 2024 pour se tasser à +2,9 % en raison notamment du repli des prix de l'énergie. 2025 devrait connaitre une progression des prix à la consommation comparable, comprise entre +2,7 % et +2,9 %, selon les prévisionnistes. Toutefois, en raison du contexte international tendu, de fortes incertitudes demeurent.

Malgré la récession, le chômage n'a finalement que peu progressé, affichant en 2024 un taux de 5,2 % (après 5,1 % en 2023) de la population active. Déjà affecté en sortie de crise sanitaire par un manque de main d'œuvre qualifiée, le secteur industriel avait préféré en 2023 retenir ses effectifs, même sous-employés, dans la perspective d'une reprise rapide. Toutefois, en l’absence de rebond de l’activité économique, 2024 a vu une détérioration perceptible du marché de l’emploi, notamment dans les bassins industriels comme la Haute-Autriche qui a affiché en 2024 une hausse du chômage en glissement annuel de 17,2 %. Selon les prévisionnistes, le chômage pourrait croître à 5,4 % en 2025 et se replier très légèrement à 5,3 % en 2026.

Le dispositif d’apprentissage (formation duale) permet toujours d’éviter un chômage de masse des jeunes (10,3 % en 2024) mais connaît un déclin perceptible que le gouvernement tente d'enrayer par la formation de migrants et de jeunes majeurs issus de pays tiers.

 

Fin 2023, le déficit budgétaire s'établissait à 2,6 % du PIB mais sous l'effet de la crise inflationniste et la récession induite, il a fortement dérapé en 2024 pour atteindre 22,5 Mrd EUR, soit 4,7 % du PIB. L’endettement public, qui avait rebondi à 83,2 % fin 2020 (après 71,0 % fin 2019), se repliait à 78,5 % fin 2023 pour rebondir à 81,8 % fin 2024, atteignant 394,1 Mrd EUR.

 

Dans un contexte de récession tenace et grâce à une réduction drastique des dépenses publiques (-6,9 Mrd EUR en 2025), le gouvernement espère pouvoir ramener le déficit budgétaire en 2025 à un niveau plus supportable, sans toutefois pouvoir revenir sous la barre des 3%.  

 

Selon les prévisionnistes et compte tenu des efforts de consolidation mis en avant par le ministère des Finances, le déficit public pourrait atteindre 3,3 % du PIB en 2025 (3,5 % en 2026).

 

Selon les statistiques les plus récentes (2022), 296 entreprises filiales de groupes français sont présentes en Autriche ; elles emploient plus de 27 800 personnes et y réalisent un chiffre d’affaires de 10,2 Mrd EUR. Par ailleurs, l’institut autrichien de la statistique dénombrait en 2022 près de 192 filiales autrichiennes en France employant près de 16 400 personnes et dégageant un CA de plus de 7 Mrd EUR.

 

 

(mis à jour le 4 avril 2025)

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