L'Autriche, un petit pays européen doté d’une économie de niche performante, mais actuellement affecté par le repli de l’économie allemande

L’Autriche est un Etat alpin d’environ 84 000 km² et qui est couvert à plus de 60 % par des zones montagneuses. Le territoire autrichien est limitrophe de huit Etats, dont six de l’Union européenne. Il s’agit d’une république fédérale composée de 9 Länder (régions politiques) et dont le système constitutionnel est qualifié de fédéralisme centralisé avec un parlement bicaméral. La population est essentiellement concentrée à l’Est : la capitale (et Bundesland), Vienne, qui compte environ 2 millions d’habitants et ses deux régions voisines, la Basse-Autriche (1,7 million) et le Burgenland (plus de 300 000 hab.). En raison des multiples crises migratoires survenues depuis 1950, 26,7 % de la population autrichienne a ses racines à l’étranger et 19,6 % des habitants de l’Autriche sont des ressortissants étrangers.

Suite aux élections législatives du 29 septembre 2024, remportées par le parti populiste d’extrême-droite FPÖ (28,8 % des voix), le pays est actuellement dirigé par un gouvernement démissionnaire, issu d’une coalition négociée en janvier 2020 entre le parti conservateur (ÖVP), dont est issu le chancelier Karl Nehammer (entré en fonctions en décembre 2021), et le parti des Verts (Die Grünen, vice-chancelier Werner Kogler).

Ce gouvernement assurera la gestion des affaires courantes jusqu’à la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. Comme aucun parti n’a réussi à obtenir la majorité absolue au Parlement et qu’actuellement aucun n’accepte de travailler avec le parti populiste FPÖ et son chef de file, la formation d’une nouvelle coalition alliant deux voire trois partis pourrait nécessiter de longues négociations de plusieurs mois avant la signature d’un accord de coalition.

 

 Carte Autriche

 

Membre de l'Union européenne depuis 1995, pays prospère avec un produit intérieur brut de 473,2 Mrd EUR en 2023 pour plus de 9,1 millions d'habitants, l'Autriche affiche, en termes de PIB par habitant, un des plus hauts niveaux de l’Union européenne (51 828 EUR/hab). Après un rebond significatif de l'activité économique à +4,8 % du PIB en 2022, l'Autriche a subi, comme de nombreux pays européens et notamment son premier partenaire commercial, l'Allemagne, une contraction de son PIB à -1,0 % en 2023, dans un contexte de crise énergétique et de forte inflation, généré par l'invasion russe en Ukraine.

Le succès économique de l’Autriche est notamment lié à ses entreprises de taille intermédiaire (ETI), généralement familiales, très industrielles et centrées sur des marchés de niche à haute valeur ajoutée. L’industrie manufacturière représentait ainsi 16,1 % du PIB en 2023.

Largement ouverte vers l'extérieur, l'économie autrichienne profite du marché européen : l’UE a capté 68,4 % des exportations de l’Autriche en 2023 et fourni 64,7 % de ses importations.

Actuellement, en raison des conséquences de la crise énergétique et du ralentissement de l’économie allemande, l’Autriche connaît après un recul du PIB de 1 % en 2023 une période de récession qui s’avère tenace : selon les prévisionnistes autrichiens, 2024 devrait être marqué par une contraction de la croissance de 0,6 %, suivie d’une modeste reprise en 2025 à environ +0,9 %.

Après une tendance ascendante en 2021 et 2022, le commerce extérieur a été affecté par la crise de l'inflation, à l'instar de nombreuses économies : les exportations n’ont progressé en 2023 que de 3,1 % (après +17,6 % en 2022) quand les importations reculaient de 5,8 % (après +20,6 % en 2022). Toutefois, malgré la récession tenace mais grâce à l'allégement de la facture énergétique par rapport à 2022, le déficit commercial de l’Autriche, qui avait atteint 20,6 Mrd EUR en 2022, s'est replié à 2 Mrd EUR en 2023.

 

Dans ses échanges commerciaux avec l’Autriche, le déficit de la France s’est en partie résorbé (0,83 Mrd EUR en 2023 après -1,4 Mrd EUR en 2022) principalement lié à une inversion de tendance relative aux produits pharmaceutiques.

La France devient le septième client de l'Autriche (3,6 % des exportations autrichiennes) et son neuvième fournisseur, représentant 2,6 % des importations autrichiennes (2,4 % en 2022).

Selon les Douanes françaises, les exportations autrichiennes vers la France ont atteint en 2023 le montant de 6,2 Mrd EUR (-8,9 % en glissement annuel), quand les importations depuis la France se sont établies à 5,36 Mrd EUR (-0,5 %).

Grâce à un système de partenariat social entre représentants des employeurs et des employés, les évolutions salariales sont fixées dans le cadre des négociations collectives de branches entre la Chambre fédérale de commerce et d’industrie, la WKO, qui regroupe l’ensemble des employeurs, et la Confédération des syndicats ÖGB à travers la Chambre fédérale des salariés. L’adhésion à cette dernière est obligatoire pour tous les salariés, comme celle des entreprises à la WKO.

Après avoir atteint en 2022, avec +8,6 %, un niveau inégalé depuis 1974, l'inflation (IPCH) s'est légèrement modérée en 2023 à +7,7 %, portée notamment par l'envolée des prix de l'alimentation, alors que les prix de l'énergie reculaient. 2024 devrait voir un recul notable de l’inflation qui, selon les prévisionnistes, devrait atteindre 3,1 %.

 

Malgré la récession, le chômage n'a finalement que peu progressé, affichant en 2023 un taux de 5,1 % (après 4,8 % en 2022) de la population active, malgré un climat des affaires peu optimiste. Déjà affecté en sortie de crise sanitaire par un manque de main d'œuvre qualifiée, le secteur industriel a préféré en 2023 retenir ses effectifs, même sous-employés, dans la perspective d'une reprise rapide. Toutefois, en l’absence d’un rebond de l’activité économique, alors que la récession économique s’avère persistante, 2024 pourrait voir une détérioration du marché de l’emploi avec une hausse perceptible du chômage (5,2 % voire 5,3 % en 2024 et 2025).

Le dispositif d’apprentissage (formation duale) permet toujours d’éviter un chômage de masse des jeunes (13,1 % en août 2024) mais connait un déclin perceptible que le gouvernement tente d'enrayer par la formation de migrants et de jeunes majeurs issus de pays tiers.

 

Sous l'effet de la pandémie et des mesures de soutien engagées par le gouvernement, le déficit public avait enregistré une forte dégradation en 2020 (-8,0 %). Fin 2023, poursuivant sa contraction, il s'est établi à 2,7 % du PIB (après 3,3 % en 2022). L’endettement public, qui avait rebondi à 83,2 % fin 2020 (après 71,0 % fin 2019), s'est replié fin 2023 à 78,6 % du PIB (après 78,4 % en 2022).

Avec la récession tenace et le manque de recettes fiscales conjuguées à une hausse des dépenses de l’Etat afin de pallier la crise inflationniste et énergétique, le déficit budgétaire attendu en 2024 par le ministère des Finances pourrait atteindre 3,3 % du PIB, voire 3,7 % selon les prévisionnistes. Sans changement notable de politique budgétaire, ceux-ci estiment le déficit public à 4,0 % du PIB fin 2025.

Sous ces conditions, l’endettement public augmenterait alors à 82,4 % du PIB. La dette publique autrichienne atteignait fin juin 2024 394,8 Mrd EUR.

Selon les statistiques les plus récentes (2022), 296 entreprises filiales de groupes français sont présentes en Autriche ; elles emploient plus de 27 800 personnes et y réalisent un chiffre d’affaires de 9 Mrd EUR. Par ailleurs, l’institut autrichien de la statistique dénombrait en 2022 près de 192 filiales autrichiennes en France employant près de 16 400 personnes et dégageant un CA de plus de 7 Mrd EUR.

 

 

(mis à jour le 16 octobre 2024)

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