Situation économique

Huitième pays du monde par sa superficie (2,8 M km², soit plus de 5 fois la France), l’Argentine compte la 4ème plus grande population d’Amérique latine (40 M d’habitants selon le recensement de 2010, après 37 M recensés en 2001), derrière le Brésil, le Mexique et la Colombie. Avec un PIB d'environ 455,2 Mds USD en 2021, l’Argentine est la 3e économie d’Amérique latine, derrière le Mexique et le Brésil, et la 21e économie mondiale. Son revenu par habitant (environ 9.900 USD en 2021) la place au 3e rang en Amérique latine, derrière l’Uruguay et le Chili. L’Argentine est considérée par les agences des Nations-Unies comme un pays à « très haut niveau de développement humain », avec un indice de développement humain qui s’établit à 0,845 en 2020. L’Argentine est toutefois en recul, occupant désormais la 2nde place d’Amérique latine après le Chili, et la 46e place mondiale, alors qu’elle était la 1ère de la région et 40e mondiale en 2014.    

Situation politique

 

À la tête de la coalition Frente de Todos, regroupant la mouvance péroniste et kirchnériste, Alberto Fernandez (situé au centre-gauche) a été élu Président le 28 octobre 2019 à l’issue du 1er tour, avec près de 48% des voix. Cristina Fernandez de Kirchner, colistière durant la campagne électorale, devient vice-présidente. Le cabinet du président Alberto Fernandez est dirigé par Juan Luis Manzur avec Martín Guzmán comme ministre de l’Economie.

Les priorités annoncées par l’administration d’Alberto Fernandez portent sur la restructuration de la dette argentine (locale et étrangère) et l’établissement d’un nouveau programme avec le FMI. A cet égard, le président Alberto Fernandez a annoncé une entente avec les services du FMI, après des mois de négociation. Alors que les discussions achoppaient sur le rythme de consolidation budgétaire, le programme négocié envisage une réduction graduelle du déficit primaire de 2,5% du PIB en 2022 à 0,9% en 2024. L’amélioration des comptes publics permettra de réduire progressivement le recours au financement monétaire (7,3% en PIB en 2020, niveau particulièrement élevé en raison de la pandémie, à 0,6% du PIB en 2023). Une fois adoptée, le programme de 44,5 Mds USD servira, en partie, à honorer les prochaines échéances dues au FMI au titre du Stand-By Arrangement (SBA) de 2018 (40 Mds USD, dont 19 Mds à rembourser respectivement en 2022 et 2023).

Situation économique et sociale

 

L’activité économique argentine a progressé, en désaisonnalisé, de 1,7% sur un mois en novembre, après avoir enregistré un repli de 0,9% en octobre. En rythme annuel, l’économie croît de 10,3%. Ces bons résultats s’expliquent par le rebond en sortie de crise sanitaire, en particulier dans l’hôtellerie et restauration (+59,8%), les mines (+20,4%) et le transport et les communications (+14,3%).

Si la reprise dans l’industrie manufacturière reste très vigoureuse (+10,6% sur un an), le taux d’utilisation des capacités installées (68,8% en moyenne en novembre) connaît de fortes disparités entre, d’une part, les secteurs performants (86,9% pour l’industrie métallique de base) et, d’autre part, les secteurs qui affichent une reprise plus lente (54,1% pour la transformation des métaux, hors automobiles).

Malgré la rapide propagation du variant Omicron, les symptômes moins graves ont permis de maintenir la saison touristique, minimisant à court terme le risque sanitaire sur la croissance. Sur le plan extérieur, le pays a également bénéficié d’une conjoncture exceptionnelle avec la hausse du cours des matières premières, qui a notamment permis d’enregistrer un excédent commercial très confortable (14,7 Mds USD).

Dans ce contexte, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance du PIB argentin de 10% en 2021, en hausse de 2,5 points de pourcentage (pp) par rapport aux prévisions publiées dans l’édition d’octobre des Perspectives de l’économie mondiale. À ce rythme, l’économie argentine efface le recul de 9,9% qui avait été enregistré en 2020. Néanmoins, la dissipation de l’effet statistique entraînera un net tassement de la croissance, à 3% en 2022 et 2,5% en 2023 (respectivement à +0,5 p.p. par rapport aux prévisions d’octobre 2021).

Des risques baissiers pourraient également peser sur la croissance. En effet, l’Argentine aborde l’année 2022 dans une position fragile, à cause notamment des incertitudes sur la politique économique en absence de programme avec le FMI, mais aussi de la persistance des tensions inflationnistes et les aléas climatiques et sanitaires. Les relais de croissance issus du commerce pourraient aussi être moins puissants en raison d’une conjoncture internationale moins favorable, avec une croissance mondiale abaissée à 4,4% en 2022 (0,3% pour le Brésil, 4,0% pour les États-Unis et 4,8% pour la Chine).

Malgré une situation économique meilleure qu’anticipée, le contrôle des capitaux – dit « cepo » (expression traduisant une situation de blocage) est maintenu. Alors qu’elles avaient été levées à la fin 2015, ces restrictions ont été rétablies en septembre 2019 suite à la réaction adverse des marchés après la victoire d’Alberto Fernandez lors de la primaire d’août 2019 Ce dispositif s’est progressivement durci avec, en septembre 2020, l’adoption de nouvelles restrictions sur l’accès au marché cambiaire pour les particuliers et les entreprises. Les contraintes sur les opérations de changes ont entrainé le développement de transactions cambiaires parallèles, à travers des opérations boursières (CCL ou MEP) ou informelles « blue », conduisant à l’apparition d’une multiplicité de taux de change.

Les indicateurs sociaux se sont également dégradés ces dernières années. Le taux de pauvreté en zone urbaine enregistre une forte augmentation, passant de 25,7% au S2 2017 à 35,5 % au S2 2019 (à 12,9% en prenant en compte la norme Banque mondiale à 5,5 USD/jour en PPA). Il monte à 40,6% au S1 2021, avec un taux d’indigence de 10,7%, en raison notamment de la crise sanitaire.

Situation des comptes publics

 

L’Argentine souffre d’un déséquilibre budgétaire chronique. La stratégie de redressement des finances publiques menée en partenariat avec le FMI a permis d’améliorer le solde primaire (de -3,8% du PIB en 2017 à -0,4% du PIB en 2019) mais s’est dissipée en raison du ralentissement économique et de la propagation du covid-19. La trajectoire budgétaire s’est inversée en 2019 avec la réapparition des déséquilibres macroéconomiques et la pandémie qui a fortement creusé le déficit budgétaire (-8,3% du PIB, dont -6,4% pour le solde primaire). A la faveur de la reprise de l’activité économique (+10% en 2021) et de l’arrêt des mesures d’urgences adoptées lors de la crise sanitaire, le déficit budgétaire est descendu à 5,4% du PIB en 2021, dont -3,5% du PIB pour le solde primaire.

La restructuration de la dette obligataire en devises réduit la dette publique à 86,5% du PIB, contre 89,4% à la fin 2019 (soit 324 Mds USD). La dette publique est libellée à 70% en monnaie étrangère (essentiellement dollar et euro) ou assimilée (peso indexé sur le dollar). Près d’un tiers de la dette de l’État est détenu par des entités publiques argentines (provinces, Banque centrale, organisme de sécurité sociale, etc.). Le reste est notamment détenu par des créanciers privés (environ un tiers de la dette publique) et des organismes multilatéraux et bilatéraux (environ 1/5e). Après 6 mois de négociation avec les créanciers privés, l’Argentine a, en septembre 2020, restructuré 99% de la dette obligataire en devises sous législation nationale et étrangère (correspondant à près d’un tiers de la dette publique). Cette restructuration permet à l’Argentine d’économiser 37,7 Mds USD sur la période 2020-2030.

Les avantages comparatifs de l’Argentine

 

L’Argentine dispose d’un avantage comparatif dans le secteur primaire. En prenant en compte les produits primaires transformés (21,8 Mds USD en 2021), ce secteur représente près d’une tiers des exportations argentines. Les ventes à l’étranger de la filière soja (grains et dérivés) s’élèvent à 23 Mds USD, grâce notamment à l’envolée des cours mondiaux. L’Argentine détient également la 2e réserve mondiale de gaz de schiste (22.710 Mds de m3) et la 4e réserve de pétrole de schiste (27 Mds de barils).

L’Argentine est réputée pour la qualité de son capital humain (2nd pays d’Amérique latine après le Chile), en particulier dans la formation des ingénieurs. S’agissant des nouvelles technologies, en particulier le développement de logiciels et services informatiques, l’écosystème argentin est dynamique et collabore avec les grandes entreprises internationales. La facturation du secteur informatique (logiciels et services) s’élevait à 3,5 Mds USD en 2016, dont 1,5 Md USD liés à l’export. Qui plus est, sur les 9 licornes que compte l’Amérique latine, 4 sont argentines (Despegar.com, MercadoLibre, Olx, Globant).

 

Pour plus d'informations sur les derniers indicateurs, vous pouvez consulter :

 

-le site de l'Institut de Statistiques argentin (INDEC) : https://www.indec.gob.ar/index.asp

-le site de la Banque Centrale d'Argentine : http://www.bcra.gov.ar/

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