Relations bilatérales

Échanges commerciaux bilatéraux en 2024

Un commerce bilatéral en recul en 2024 mais des perspectives d’accroissement prometteuses pour l’année 2025 grâce à la récupération économique et à l’ouverture commerciale du pays

Les échanges commerciaux franco-argentin ont diminué de 8% par rapport à 2023, à 1,2 Mds EUR, une tendance qui résulte d’une baisse marquée des exportations françaises vers l'Argentine (-13%), à 766 M EUR. Cette évolution s'explique par l'effet récessif de la politique d'ajustement de J. Milei engagée dès son élection en décembre 2023, avec la contraction de la demande, les effets de la dévaluation de 54 % du Peso et l’accroissement de la fiscalité sur les importations (impôt PAIS sur l’achat de devises passant de 7,5 % à 17,5 %) pendant les 9 premiers mois de l’année. Néanmoins, ce recul des exportations françaises demeure moins prononcé que la baisse globale des importations argentines (-18 %), conduisant à une hausse de nos parts de marché en 2024, la France ayant réussi à se hisser au rang de 12ème fournisseur de l’Argentine contre le 14ème en 2023, avec une part de marché de 1,4 % et se positionne au 4ème rang parmi les pays européens derrière l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Les importations françaises de produits argentins ont, quant à elles, augmenté de 4,4%, atteignant 404 M EUR, en lien avec la reprise de la production agricole argentine après la sècheresse de 2023. L’Argentine est en effet le 3ème exportateur net de produits alimentaires au monde, dont les principaux clients sont l’Union européenne (15 %) et la Chine (13 %).

Par catégorie, les produits pharmaceutiques sont devenus le 1er poste d’exportation française (17 %) en 2024, malgré un recul de 19%. Ils ont ainsi détrôné les véhicules automobiles et les équipements pour automobiles (15,6%). Côté importations, les huiles et graisses végétales et animales ont augmenté de près de 50 % pour devenir le 1er poste d’importation (26,8%), suivies des préparations et conserves à base de fruits et légumes (15%), et des produits pharmaceutiques (8,7%). 

La France conserve un solde commercial positif vis-à-vis de l’Argentine en 2024, atteignant 362 M EUR, mais en recul (-27%) par rapport aux 494 M EUR enregistrés en 2023 et s’éloigne tendanciellement de son niveau record de 2015 (+ 853 M EUR). Sur la période 2009-2015, le solde commercial en faveur de la France progressait régulièrement (de + 173 MEUR en 2009 à + 853 M EUR en 2015), dans un contexte où l’Argentine bénéficiait d’une certaine croissance (1,7 % en moyenne annuelle), et d’un taux de change favorable qui avantageait nos exportations. A partir de 2015, le fort ralentissement de la croissance en Argentine (croissance quasi-nulle sur la période 2016-2023) résultant de la fin du super-cycle des matières premières et des crises successives qu’a connues l’Argentine (covid-19, sécheresse, renforcement du protectionnisme et pénurie de devises…), a conduit à un essoufflement des échanges commerciaux bilatéraux.

Les perspectives pour 2025 sont néanmoins prometteuses : alors qu’une reprise de la croissance est attendue (5% de croissance selon le FMI après une récession de -1,8% en 2024), les échanges commerciaux devraient s’accroître, au bénéfice des partenaires européens, notamment la France. En outre, les mesures d’ouverture de l’économie engagées par le gouvernement de J. Milei (suppressions de taxes et de barrières aux importations) et les mesures d’assouplissement du contrôle des changes devraient stimuler les importations. Cependant, des mesures entravent encore la libre-circulation des devises, la levée du contrôle des changes n’étant que partielle : obligation pour les exportateurs de liquider leurs devises auprès de la BCRA, délai d’accès aux devises pour les importations, blocage des dividendes réalisés avant 2025 par les entreprises étrangères (estimés à 7 Md USD).

 

Investissements directs français en 2024

Selon la Banque Centrale argentine, le stock d’IDE français en Argentine atteint à 7,6 Mds USD fin 2024, un niveau divisé par 3 en 20 ans mais en progression de 43% en un an. La France est le 6ème pays investisseur en stock en Argentine (vs au 8ème rang un an avant), derrière les Etats-Unis (19 % du stock d’IDE en Argentine), de l’Espagne (14 %), des Pays-Bas (11 %), du Brésil (14,3 Mds USD) et de l’Uruguay (8,7 Mds USD). Quant aux flux d’IDE, ils ont atteint 1,1 Mds USD en 2024, ce qui positionne la France au 5ème rang. D’importantes décisions d’investissements ont en effet été annoncées en 2024 de la part d’Eramet, Total, Carrefour, Renault et Stellantis.

Présence française

La présence française demeure néanmoins relativement forte et diversifiée (d’après une enquête OFATS, en 2021, 249 filiales représentant 160 groupes différents étaient présentes en Argentine, avec près de 53.000 employés). Seuls 7 membres du Cac 40 n’ont pas d’implantation physique en Argentine, la plupart des autres étant actifs souvent depuis des décennies. La présence française est très significative dans :

  • (i) la distribution, où Carrefour (1ère filiale française, 17.000 salariés) est n°1 sur le marché avec 24% de part de marché ;
  • (ii) l’automobile : Stellantis (1er rang avec 36,4% de parts de marché) et Renault (4ème rang avec 11% de parts de marché) emploient 5.000 personnes en Argentine ;
  • (iii) le négoce des céréales et des oléagineux (Louis Dreyfus, présent depuis 124 ans avec 22 sites et 1.300 salariés) et l’agroalimentaire, avec Boortmalt (filiale d’Axereal, n°1 mondial du malt) et Danone (6.000 employés) qui représente 56% du marché des produits laitiers et 45% pour l’eau minérale ;
  • (iv) les énergies renouvelables : TotalEnergies possède 4 centrales ENR (une solaire et trois parcs éoliens), Neoen possède un parc solaire de 200 MW ; (v) les mines notamment le lithium, où Eramet a mis en service le 4ème projet d’exploitation de lithium du pays et poursuit d’autres projets, Stellantis, Adionics et Imerys étant aussi présents ;
  • (vi) les hydrocarbures : TotalEnergies est le 1er producteur privé de gaz du pays (25% du total avec 216 000 b/j et 1.100 salariés) et a mis en service une nouvelle plateforme offshore.

 Des projets d’envergure dans le secteur de la transition énergétique, notamment dans le domaine minier

- Eramet investit massivement dans le lithium argentin : 870 M$ en juillet 2024 pour ouvrir sa première usine dans la province de Salta (production initiale de 25 000t LCE/an à partir de 2025) et rachat en octobre 2024 pour 700 M$ de la part détenue par son partenaire chinois Tsingshan. 

- Stellantis a investi 365 M$ pour sécuriser des minerais critiques essentiels à son plan d’électromobilité : 90 M$ ont été investis dans l’acquisition de 20% de la société minière Argentina Litio y Energia pour approvisionnement de 15 000 t LCE/an à partir de 2028, et 275 $ pour une participation de 19% dans l’entreprise Mc Ewen dans le cuivre (projet Los Azules, classé parmi les 10 plus grands gisements de cuivre non exploités au monde par Mining Intelligence).

- D’autres acteurs français sont présents dans le domaine minier (Adionics, Geolith, Imerys, BRGM) et le SER appuie dans ce cadre de nombreux projets (FASEP pour Adionics, FEXTE pour développer les études du BRGM, animation d’un groupe de travail au niveau européen sur le lithium, déploiement possible d’un ETI etc.).

 

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