Indicateurs et conjoncture

L’Albanie a connu une récession moins forte que prévu en 2020, suivie par un rebond de +8,5 % du PIB en 2021, porté par la reprise du tourisme et les travaux de reconstruction liés au séisme. 

1. Une économie résiliente face à la crise sanitaire

L’économie albanaise s’est montrée résiliente face à la crise sanitaire, enregistrant une croissance de +8,5 % du PIB en 2021, portée par la reprise du tourisme à des niveaux proches de 2019 (3,3 M de nuitées, soit 85 % du volume pré-crise), et par les travaux de reconstruction liés au séisme de novembre 2019 (985 M EUR de dégâts).

Selon la Banque centrale, le déficit commercial s’est détérioré de 4,3 pp en 2021, à -27,3 % du PIB, tandis que le déficit courant s’est réduit de 0,4 pp, à -9,0 % du PIB. Mais le déficit de la balance commerciale des biens a été partiellement compensé par :

  • La progression des exportations nettes de services du pays, tirées par le retour du tourisme international et la levée des restrictions de déplacement - avec un solde excédentaire en hausse de +3,4 pp par rapport à 2019 et de +4,6 pp en g.a., à 12,7 % du PIB en 2021. 
  • D’importants flux nets de remises migratoires, estimés à 5,0 % du PIB en 2021 par le FMI (contre 5,2 % en 2020), malgré des coûts de transferts élevés[1] ;
  • Les flux d’IDE entrants, de l’ordre de 7,4 % du PIB en 2021 (contre 7,2 % en 2020).
2. Les effets de la guerre en Ukraine devraient être contenus

La guerre en Ukraine pourrait provoquer une perte de croissance de l’ordre de -0,4 pp de PIB selon la BERD (croissance de +3,3 % en 2022), sous les effets direct du renchérissement des importations énergétiques (électricité), agricoles (engrais azotés) et alimentaires (céréales), et indirect du ralentissement de la croissance des pays de l’UE - grands partenaires commerciaux, financiers et touristiques de l’Albanie, et principaux émetteurs de remises migratoires. En avril dernier, l’inflation s’est élevée à 6,2% (glissement annuel), très au-dessus de l’objectif d’inflation de la Banque centrale fixé à 3%, qui maintient néanmoins une politique accommodante avec un accroissement modéré (50 points de base) en mars dernier de son taux directeur à 1%.

La flexibilité du taux de change, les importantes réserves de change (estimées à 6,9 mois d’importations en 2022 par le FMI), que la Banque centrale a annoncé renforcer, et l’extension, jusqu’au 15 janvier 2023, de la ligne repo de la BCE (400 M EUR) permettent d’amortir les effets de ce 3e choc externe sur la balance des paiements.

3. Dépenses publiques
 

En réponse à l’accélération de l’inflation, le gouvernement a mis en place le 12 mars dernier un « paquet de résistance sociale », budgétairement neutre selon le Premier ministre, qui anticipe une hausse des recettes, avec pour principales mesures : un dispositif de lutte contre la hausse des prix de l’électricité (160 M EUR), une indexation des pensions de retraites (29 M EUR), la mise en place de chèques alimentaires pour les personnes vulnérables, la mise en œuvre anticipée d’une exemption d’IR pour les salaires mensuels inférieurs à 327 EUR et une réduction de l’IR de  50 % pour les salaires compris entre 327 et 412 EUR.

 

La dette publique, hors PPP[2], qui est passé de 66,3% en 2019 à 74% du PIB début 2022, est libellée pour moitié en devises[3].

Au vu du niveau de ses recettes fiscales (27,0 % du PIB en 2021[4]), l’Albanie a annoncé son intention de mettre en place une  stratégie à moyen terme sur les revenus (Medium Term Revenue Strategy, MTRS) et ainsi revenir à l’équilibre primaire en 2024[5].

4. Lutte contre la corruption et le blanchiment

Selon l’indice 2021 de perception de la corruption de l’ONG Transparency International, l’Albanie a perdu 6 places pour se retrouver au 110ème rang (sur 180) ex aequo avec la Bosnie Herzégovine.

Selon MONEYVAL, l'Albanie a amélioré les mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, démontrant ainsi des progrès dans le niveau de conformité aux normes du Groupe d'action financière (GAFI). L’Albanie a atteint une conformité totale pour sept des 40 recommandations du GAFI constituant la norme internationale en matière de LBC/FT. Il subsiste des défaillances mineures dans la mise en œuvre de 29 recommandations pour lesquelles l'Albanie a été jugée "largement conforme". Le pays reste " partiellement conforme " à quatre recommandations relatives aux sanctions financières ciblées sur le financement de la prolifération, aux nouvelles technologies, à la transparence et à la propriété effective des constructions juridiques, et à la surveillance des entreprises et professions non financières désignées.


[1] Les coûts de transferts sont les plus élevés de la région, notamment en provenance de Suisse, où ils ont en moyenne atteint 7,6 % au T3 2021. Ils ont toutefois chuté de -2,4 pp en glissement annuel.

[2] Estimés à 50% du PIB.

[3] L’Albanie fait face à une ample euroïsation de son économie, elle-même liée à l’ampleur de l’économie informelle (30-50% de l’activité selon les secteurs), qui réduit l’influence de la Banque centrale.

[4] Contre 45,7 % en moyenne dans l’UE

[5] Selon le FMI, la mise en œuvre de la MTRS permettrait une augmentation des recettes publiques de 2,3 pp de PIB sur 4 ans.

 

 

Principaux indicateurs

 
Publié le