Situation économique et financière

 

 

Depuis la reprise post-covid, l’Albanie connaît une conjoncture macroéconomique favorable (croissance entre 3-4 %), grâce à son secteur touristique en expansion et à une demande domestique dynamique. La gestion des finances publiques est prudente, ce qui laisse des marges de manœuvre pour des politiques publiques plus ambitieuses. La dette publique est contenue (env. 54 % du PIB), mais les besoins de financement sont importants.  

Depuis trois ans, l’Albanie enregistre des taux de croissance élevés (4,8 % en 2022 et 3,9 % en 2023 et en 2024), grâce aux secteurs du tourisme et de la construction, à une forte demande domestique (+3,7 % en g.a) et à une dynamique d’investissement porteuse (+4,5 %). La contribution nette du commerce extérieur est négative (-0,5 point de PIB), avec des exportations de biens peu compétitives (- 8,5 % en valeur) en raison de l’appréciation du lek, et des importations croissantes (+ 14 % en valeur). En avril, le FMI a revu sa prévision de croissance à la hausse, dans la ligne de celle des autorités (resp. 3,8 % et 3,9 %).

L’appréciation du lek vis-à-vis de l’euro a modéré la transmission de l’inflation importée, si bien que l’Albanie a enregistré les taux d’inflation les plus faibles de la région (6,7 % en 2022, 4,8 % en 2023). En 2024, l’inflation est descendue à 2,2 % en moyenne, sous la cible de la Banque d’Albanie de 3 %. Elle devrait progressivement monter vers ce seuil courant 2025, sachant que l’économie serait proche de son potentiel. Après une période de prudence (taux directeur inchangé depuis novembre, à 2,75 %), la Banque d’Albanie a abaissé son taux directeur de 25 pdb à 2,50 % en juillet.

Le déficit du compte courant s’est élargi de 1,3 % du PIB en 2023 à 2,4 % du PIB en 2024, en raison des importations du secteur du tourisme et de la construction. L’Albanie est caractérisée par une balance commerciale structurellement déficitaire, équivalente à 22 % du PIB en 2024 pour les biens. Ce déséquilibre externe est partiellement compensé par (i) la balance des services excédentaire (15,6 % du PIB, alors que les exportations de services représentent 30 % du PIB, essentiellement des recettes touristiques) et (ii) les remises de la diaspora, dont la part dans le PIB baisse depuis 2021 (de 5 % à 4,2 %). Le déficit courant est entièrement financé par des flux d’IDE (5,4 % du PIB en 2024, flux nets), qui sont concentrés dans le secteur de la construction et du tourisme.

La dette externe représente 42 % de la dette publique. Sa part libellée en euro est croissante, estimée à 78 % en 2024 contre 59 % en 2015 et elle est détenue à hauteur de 41 % par des organismes multilatéraux. L'administration albanaise a émis un Eurobond de 650 M en janvier 2025 à des conditions favorables, en partie pour couvrir l’amortissement de l’Eurobond de 2018 arrivant à échéance cet automne. La dette extérieure totale (publique et privée) a été réduite de 64 % du PIB en 2020 à 41 % du PIB en 2024.

Après avoir enregistré un déficit public contenu entre 1 et 2 % du PIB, l’Albanie devrait poursuivre une politique plus expansionniste dans les années à venir. L’exécution budgétaire pour l’année 2024 est globalement positive (surperformance des recettes ; sous-exécution des dépenses, en particulier d’investissement) avec un déficit public de 0,7 % du PIB, plus favorable que la dernière estimation (1,5 % en janvier). Le budget 2025 est plus expansif, prévoyant une augmentation des recettes (+ 6 % par rapport à l’exécution 2024) grâce à la conjoncture économique favorable et à la mise en œuvre de la Stratégie de Revenu à Moyen Terme (MTRS). Surtout, il inscrit une hausse importante des dépenses de capital (autour de 6 % du PIB, contre 4,5 % en 2024). Dans ce contexte, il prévu que le déficit se creuse à 2,6 % du PIB en 2025, mais il sera vraisemblablement inférieur à cette prévision. 

La dette publique est descendue à 54 % du PIB en 2024, soit une baisse de plus de 10 points de PIB depuis 2019 (65 % du PIB) – grâce à l’accumulation d’excédents primaires, mais aussi à l’appréciation du lek et à l’inflation. Les besoins de financement sont élevés (17 % du PIB à moyen-terme), et le profil de maturité de la dette reste court (maturité moyenne à 2,6 ans ; 39 % de la dette domestique arrivant à échéance dans l’année à venir). La dette domestique est intégralement libellée en lek. Reflétant la conjoncture macro-financière favorable, la notation souveraine de l’Albanie a connu trois réévaluations en un an (S&P en mars 2024 de B+ à BB-, puis en mars 2025 de BB- à BB ; Moody’s en octobre 2024 de B1 à Ba3) mais reste dans la catégorie spéculative.


 

 

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