ALBANIE
Commerce extérieur de l'Albanie en 2021
Sous l’effet de la reprise économique (+7,8 % en 2021), les échanges commerciaux ont progressé de près de +33,3 % en 2021, les exportations (3,0 Mds EUR) et les importations (6,5 Mds EUR) ayant respectivement progressé de +35,6 % et de +32,3 %. Le déficit commercial s’est dégradé de 29,6 %, pour s’établir à -3,5 Mds EUR. Avec un indice de complexité économique de -0,44 (83e rang), l’économie albanaise demeure peu diversifiée. Le pays importe de fait l’essentiel de ses besoins et exporte principalement des produits de l’habillement (31,1 % des exportations) et des minéraux (18,8 %). L’Italie demeure le principal partenaire commercial de l’Albanie, absorbant 42,2 % de ses exportations et représentant 24,3 % des importations. Les IDE ont progressé de +10,2 % en 2021, à 7,4 % du PIB. Les principaux détenteurs du stock d’IDE (67,9 % du PIB) demeurent la Suisse (18,5 % du stock), les Pays-Bas (16,3 %), le Canada (12,6 %) et l’Italie (10,6 %).
1/ Réduction du déficit courant grâce à des exportations de services dynamiques
En 2021, le déficit commercial, très élevé, s’est dégradé de 29,6 %, à -3,5 Mds EUR, les exportations (3,0 Mds EUR) et les importations (6,5 Mds EUR) ayant respectivement progressé de +35,6 % et de +32,3 %.
Selon la Banque centrale[1], le déficit commercial s’est détérioré de 4,3 pp, à -27,3 % du PIB, tandis que le déficit courant s’est réduit de 0,4 pp, à -9,0 % du PIB. Selon le FMI, le déficit courant devrait poursuivre sa réduction sous l’effet, à moyen terme, de la baisse des importations générées par les dépenses de reconstruction dans le cadre du tremblement de terre de 2019 et, à long terme, de l’extension des capacités de production énergétique du pays.
L’important déficit de la balance commerciale des biens a été partiellement compensé par :
- La progression des exportations nettes de services du pays, tirées par le retour du tourisme international et la levée des restrictions de déplacement - avec un solde excédentaire en hausse de +3,4 pp par rapport à 2019 et de +4,6 pp en g.a., à 12,7 % du PIB en 2021.
- D’importants flux nets de remises migratoires, estimés à 5,0 % du PIB en 2021 par le FMI (contre 5,2 % en 2020), malgré des coûts de transferts élevés[2] ;
- Les flux d'IDE entrants, de l'ordre de 7,4 % du PIB en 2021 (contre 7,2 % en 2020)
[1] Les écarts significatifs constatés entre les données de la Banque centrale et celles de l’institut national des statistiques (écart de 302 M EUR pour le déficit commercial) nous ont conduits à utiliser les données Banque centrale pour l’analyse de la balance des paiements en points de PIB.
[2] Les coûts de transferts sont les plus élevés de la région, notamment en provenance de Suisse, où ils ont en moyenne atteint 7,6 % au T3 2021. Ils ont toutefois chuté de -2,4 pp en glissement annuel.
2/ L’Albanie, dépendante des importations, exporte des produits peu diversifiés
L’Albanie souffre de l’étroitesse de sa base productive, en témoigne son indice de complexité économique à -0,44[1] (83e rang) : le pays continue d’importer l’essentiel de ses besoins[2] et ses exportations sont peu diversifiées.
En 2021, les principaux postes d’importations albanaises sont, dans l’ordre :
- Combustibles minéraux (12,6 % des importations ; +98,1 % en g.a.) ;
- Véhicules autres que ferroviaires et tramway (7,1 % ; +33,6 % en g.a.) ;
- Machines, appareils et engins mécaniques, chaudières (7,0 % ; +20,0 % en g.a.) ;
- Machines, appareils et matériels électriques (6,9 % ; +25,2 % en g.a.)
- Fer et acier (5,9 % ; +61,4 % en g.a.) ;
En 2021, les principaux postes d’exportations albanaises sont, dans l’ordre :
- Produits textiles et de l’habillement (31,1 % des exportations ; +10,1 % en g.a.), notamment les textiles et articles textiles (16,6 %) et les chaussures (13,9 %) ;
- Minéraux (18,8 % ; +73,7 %), notamment les combustibles minéraux (13,7 %) ;
- Fer et acier (13,1 % ; +126,9 %).
[1] Selon l’Atlas of economic complexity du Growth Lab de l’université d’Harvard (2019). L’indice de complexité économique (ICE) mesure la diversité et la complexité des exportations d’un pays. Plus la structure des exportations d’un pays est complexe, plus son ICE est élevé. A titre de comparaison, la France avait en 2019 le 19e indice de complexité économique le plus élevé au monde, à 1,31.
[2] Le taux de couverture des importations par les exportations est limité à 46,1 % en 2021.
3/ L’UE, notamment l’Italie, demeure son principal partenaire commercial
Pour mémoire, l’Albanie est membre de l’Accord de libre-échange centre-européen (ALECE). Le pays a également conclu un accord d’association et de stabilisation avec l’UE, des accords de libre-échange avec la Turquie, les Etats-Unis et l’Association européenne de libre-échange (AELE), ainsi que plusieurs accords bilatéraux de coopération économique et commerciale. Le 26 mars 2020, le Conseil européen a donné son aval au principe d’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie à l’UE.
Les principaux partenaires commerciaux de l’Albanie sont les Etats membres de l’Union européenne (54,4 % des importations albanaises ; 72,2 % des exportations) et les pays de l’ALECE (8,3 % des importations ; 18,7 % des exportations), dont la Serbie (6e fournisseur[1] ; 7e client). L’Italie reste, de loin, le premier fournisseur (24,3 % des importations) et client de l’Albanie (42,2 % des exportations).
L’Albanie se fournit principalement en textiles (17,5 % des importations) et en machines et équipements électriques (15,2 %) auprès de l’Italie, et y exporte des chaussures et des produits textiles (56,6 % des exportations).
Après l’Italie, la Turquie (2e fournisseur ; 11e client) et la Chine (3e fournisseur ; 8e client) sont les principaux fournisseurs du pays.
Parmi les Etats membres, sont également des partenaires commerciaux importants :
- La Grèce : 4e fournisseur (8,0 % des importations) et 4e client (5,8 % des exportations) ;
- L’Allemagne : 5e fournisseur (6,9 %) et 5e client (5,5 %) ;
- La France : 11e fournisseur (1,6 %) et 15e client (1,1 %).
[1] Près de 35 % des importations (79,1 M EUR) en provenance de Serbie sont alimentaires.
4/ Les flux d’IDE demeurent robustes en 2021
Si le climat des affaires demeure sous-optimal[1], l’Albanie dispose d’un corpus législatif favorable aux IDE, qu’il s’agisse de l’égalité de traitement des investisseurs étrangers et nationaux, de la protection étatique élargie pour les investissements supérieurs à 10 M EUR, de la loi sur les investissements stratégiques[2] ou de la loi sur les concessions et les PPP[3].
Les flux d’IDE, résilients, ont enregistré une hausse de +10,2 % en 2021, et ont atteint 7,4 % du PIB. En 2021, les principaux émetteurs de flux d’IDE en Albanie ont été les Pays-Bas (23,0 % des flux), l’Italie (13,8 %), la Turquie (8,6 %) et la France (6,8 %), dont les flux ont enregistré une hausse de +76,6 %.
Le stock d’IDE[4] a poursuivi sa progression en 2021, pour s’établir à 9,5 Mds EUR au T4 2021 selon la Banque centrale (+12,5 % en g.a. ; 67,9 % du PIB). Selon la méthode de l’investisseur intermédiaire, la Suisse (18,5 % du stock d’IDE), les Pays-Bas (16,3 %), le Canada (12,6 %), l’Italie (10,6 %) et la Turquie (7,6 %) demeurent les principaux investisseurs en Albanie. La Grèce, qui était le premier investisseur en Albanie jusqu’en 2017, figure désormais à la 9e place (2,7 % du stock), derrière la France (3,9 % du stock ; 8e place).
Les principaux secteurs récipiendaires demeurent l’énergie (28,2 % du stock d’IDE en 2021), l’industrie minière et extractive (14,7 %), les activités financières et d’assurance (12,9 %), le secteur de l’information et des communications (11,4 %) et l’industrie manufacturière (8,7 %).
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Le déficit commercial, structurellement élevé, s’est dégradé à -27,3 % du PIB en 2021, mais a été partiellement compensé par des exportations robustes de services - permises par la levée des restrictions de déplacement et le retour du tourisme international estival - ainsi que par des flux de remises migratoires et d’IDE résilients. Le déficit courant, également important (-9,0 % du PIB), pourrait se réduire sous l’effet, à moyen terme, de la réduction des importations générées par la reconstruction post-tremblement de terre et, à long terme, de l’extension et de la diversification des capacités de production énergétique du pays, pour l’heure très vulnérable aux chocs externes.
À l’exception d’importations de céréales (40,7 M EUR) et de combustibles minéraux (33,5 M EUR) russes, l’Albanie était, en 2021, commercialement peu exposée aux parties prenantes à la guerre en Ukraine, qu’il s’agisse de la Russie (8e fournisseur soit 1,9 % des importations albanaises ; 88e client, soit 0,003 % des exportations), de l’Ukraine (36e fournisseur ; 38e client) ou de la Biélorussie (92e fournisseur ; 61e client).
[1] L’Albanie se classe au 110e rang mondial de l’indice de perception de la corruption de Transparency International (2021)
[2] La loi n°55/2015 introduit des procédures administratives spéciales et des facilités fiscales, pour promouvoir et attirer les investissements domestiques et étrangers dans les secteurs définis comme stratégiques, à savoir l’énergie, les infrastructures, le tourisme, l’agriculture, les mines et les zones de développement économique. Elle offre la possibilité pour le gouvernement dans le cadre d’investissements jugés stratégiques de céder des terrains à des investisseurs.
[3] La loi n°125/2013 réduit les délais et les procédures nécessaires pour obtenir les différents permis et permet de simplifier les procédures en cas de contentieux contractuels.
[4] Selon la méthode de l’investisseur intermédiaire, qui sous-estime, par exemple la place de la Chine (31e investisseur), dont le groupe Geo-Jade Petroleum a racheté le canadien Bankers Petroleum.
Commerce extérieur de l’Albanie, M EUR :
Source : Douanes albanaises
Principaux postes d’exportations et d’importations en 2020 et en 2021 :
Source : Douanes albanaises
Principaux fournisseurs de l’Albanie en 2020 et en 2021 :
Source : Douanes albanaises
Principaux clients de l’Albanie en 2020 et en 2021 :
Source : Douanes albanaises
Stocks et flux d’IDE en Albanie, en M EUR :
Source : Banque Centrale (BoA)
Principaux pays investisseurs en fonction de la part du stock d’IDE, en 2020 et en 2021 :
Principaux pays investisseurs en fonction de la part du stock d’IDE, en 2020 et en 2021 :