Le 19 octobre s’est tenue la 6ème édition du séminaire franco-japonais sur la finance verte organisé par le Service économique régional de l’ambassade de France au Japon en partenariat avec Amundi. Tenu pour la première fois en format hybride, il a attiré une audience à la fois japonaise et internationale, avec près de 200 participants, dont 50 de haut niveau présents à la Résidence de France où avait lieu l’événement. Ce rendez-vous intervient alors que l’actualité en la matière est riche au Japon, avec le lancement fin septembre dernier de la « GX League », une coalition d’entreprises volontaires constituée sous l’égide du gouvernement qui, dès l’année prochaine, mettront en place un marché de crédits carbone au Japon.

ambassadeurLes propos introductifs de l’ambassadeur de France Philippe Setton (photo ci-contre) ont souligné que la crise énergétique mondiale actuelle mettait en lumière l’urgence de la transition vers une société bas-carbone – qui nécessitera la mobilisation de moyens financiers massifs : plus de 6 000 milliards d’euros selon le GIEC. Alors que la coopération internationale s’avère cruciale, l’ambassadeur a mis en avant l’excellence de la collaboration franco-japonaise dans ce domaine et appelé à poursuivre les échanges tant bilatéraux que multilatéraux.

 

kiharaDe fait, la stratégie verte mise en place par le Japon affiche des convergences prometteuses avec les stratégies française et européenne. Dans le cadre de l’intensification de ses investissements en faveur de la transition bas-carbone, le Japon se tourne ainsi vers de nouvelles modalités de financement éprouvées en France, avec l’émission de ses premières obligations souveraines vertes. Pour détailler la stratégie japonaise, le séminaire a bénéficié de la présence de représentants de haut niveau du gouvernement : Hiroshi Ono, vice-ministre de l’environnement, Shinichi Kihara, directeur général adjoint au ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie (photo ci-contre), et Hideki Takada, directeur de la stratégie à la FSA - le superviseur financier japonais.

S’agissant des entreprises japonaises, celles-ci font preuve d’une implication renforcée en matière de divulgation des informations non-financières, et représentent désormais plus de 30% du soutien privé aux recommandations TCFD (Task Force on Climate Related Financial Disclosures) du G20. Si l’approche japonaise se distingue par la priorité donnée au volontariat dans la divulgation de ces informations, elle n’en permet pas moins des avancées importantes grâce au consensus dont elle fait l’objet au niveau national. La « GX League » rassemble ainsi déjà 440 entreprises, représentant environ 40% des émissions du Japon. Comme indiqué par Amaury d’Orsay (Amundi), l’accélération du développement de la finance verte au Japon s’appuie sur les excellentes performances des actifs durables, dont les rendements, une fois ajustés aux risques, peuvent être considérés plus attractifs que ceux des actifs traditionnels.

Les axes de coopération potentiels sont nombreux : la présentation de la Banque de France par Thomas Allen a mis en évidence l’importance de la coordination des banques centrales mondiales – réunies au sein du NGFS (Network for Greening the Financial System) – dans la mise en place de stratégies sectorielles de réduction des émissions. Dès à présent, certaines stratégies intègrent le risque climatique dans la valorisation des collatéraux et réduisent le financement des activités les plus émettrices (e.g. exclusion du charbon). A l’avenir, la composition du portfolio pourra être structurée par ces enjeux.  

rkLe séminaire a également permis de mettre en avant le savoir-faire français en matière de financement innovant avec une session consacrée à la finance à impact : Christian Sautter, ancien ministre de l’économie et président d’honneur du réseau d’entreprenariat social France Active, et Jean-Baptiste Bernard, chef du pôle économie sociale et solidaire au sein de la direction générale du Trésor, ont présenté les opportunités portées par l’économie sociale en France, en détaillant ses mécanismes (impact bonds, label ISR – attribué aux fonds respectant les principes de l'investissement socialement responsable).

En clôture du séminaire, Raphaël Keller, ministre conseiller pour les affaires économiques (photo ci-contre), a rappelé que ces initiatives étaient susceptibles de rencontrer un fort écho dans un pays à la recherche de solutions innovantes pour faire face aux conséquences du déclin démographique, qui imposera d’accélérer la revitalisation régionale. Ces remarques conclusives ont également été l’occasion d’attirer l’attention de l’auditoire sur la riche actualité de la finance durable, avec deux événements phares dans les prochaines semaines : à Paris, le Climate Finance Day le 27 octobre, et à Tokyo, Paris Europlace le 15 novembre 2022.