ANA

En 2019, le déficit commercial bilatéral entre la France et le Japon s'est réduit de 1 Mds€ (atteignant -2,6 Mds€, le plus bas niveau sur les 4 dernières années) mais porté essentiellement par le doublement exportations aéronautiques, qui représentent désormais près d’un quart des exportations françaises vers le Japon. Les résultats sont encourageants pour le secteur agroalimentaire français (exportations en hausse de 7%) qui profite de l’entrée en vigueur de l’accord de partenariat économique (APE) entre le Japon et l’union Européenne.

Le contexte international a été particulièrement tendu en 2019 : le commerce mondial devrait croître de 1% en 2019, en nette décélération au regard d’une croissance de 3,6% en 2018 et près de 5% en 2017.  En dépit du contexte mondial morose, les échanges extérieurs français ont fait preuve de dynamisme en 2019 et le solde commercial français s’est amélioré, après 3 années de détérioration. Les exportations françaises ont progressé de 3,3% et le déficit commercial sur les biens s’est réduit de près de 4 Mds€ à -59 Mds€. En volume, la part de marché de la France dans le monde est restée stable à 3,5%. À titre de comparaison, la part de marché du Japon est de 3,7% et celle de la Chine de 11,8% (1er exportateur mondial devant l’Allemagne).

1. L’excellente performance de nos exportations vers le Japon (7,7 Mds€, en hausse de 17%) est tirée par les livraisons aéronautiques.

Les exportations françaises vers le Japon ont progressé de 17% en 2019 à 7,7 Mds€, après une hausse de +2,5% en 2018. Hors aéronautique, les exportations françaises vers le Japon ont néanmoins accusé une très légère baisse à -0,9%.

* Grâce aux livraisons d’avions de la marque Airbus, les exportations de matériels de transport ont doublé en 2019 à 2,2 Mds€. Le secteur des matériels de transport devance désormais le secteur agroalimentaire et devient le 1er poste d’export au Japon avec 28% du total exporté, dont 24% pour les seuls aéronefs.  Des contrats majeurs ont en effet été signés avec plusieurs compagnies aériennes japonaises entre 2013 et 2016 pour près de 80 appareils. Sur 2019, 19 avions Airbus ont été livrés dont 11 avions A320, 1 avion A321, 5 avions A350 et 2 avions A380. 

* Le secteur de l’agroalimentaire (16% du total exporté, 2ème poste à l’export en 2019) a également tiré son épingle du jeu en 2019, affichant une performance de +7% (à 1,27 Mds€), en lien avec l’entrée en vigueur au 1er février 2019 de l’APE UE-Japon et la promotion des produits européens qui a accompagné toute la phase de négociation. Les exportations de vins (+12%) ont pleinement bénéficié de la suppression totale des droits de douane, les exportations de produits laitiers et fromages ont également progressé de 7,5%, malgré certaines difficultés relatives aux règles d’origine et à l’accès aux contingents tarifaires mais une amélioration est attendue sur l’année 2020.

* Le secteur des produits textiles, habillement, cuir et chaussures enregistre également une excellente performance (+15%) et représente 9% des exportations françaises au Japon. Les produits de luxe semblent avoir bénéficié de la bonne tenue de la consommation des ménages japonais et de l’afflux de touristes sur les trois premiers trimestres 2019.

* Plusieurs secteurs affichent en revanche des replis : -10% pour les exportations françaises de machines industrielles et agricoles, - 5% pour les produits manufacturiers, - 5% sur les produits métallurgiques. Le secteur des produits pharmaceutiques, qui pèse 11% des exportations françaises au Japon, confirme sa baisse, avec un repli de 13% en 2019 (après -7% en 2018). Au-delà de la tendance baissière des prix des médicaments (désormais très règlementés au Japon dans un contexte d’encadrement du déficit des caisses d’assurance maladie), certaines entreprises du secteur affirment s'approvisionner auprès de leurs usines locales d'autres pays. Dès lors, le repli des exportations françaises de produits pharmaceutiques ne traduirait pas encore nécessairement une perte de part de marché des sociétés françaises.

2. Les importations françaises ont connu une hausse modérée à 10,3 Mds€ (+2%)

Les importations françaises de produits japonais ont augmenté de +2% en 2019, après une hausse de 1% en 2018. L’appréciation du yen en 2019 (+6% en moyenne contre euro) a certainement participé à la hausse en valeur des importations françaises. La structure sectorielle des importations françaises est restée inchangée avec une part majeure d’importations de biens d’équipement et biens intermédiaires :

* Les importations françaises de matériels de transport ont progressé de 4% et représentent 32% des importations françaises (dont 14% pour les véhicules automobiles, 4% pour les motocycles et 10% pour les accessoires et pièces détachées). Les matériels de transport restent le 1er poste à l’import et le 1er  déficit commercial de la France vis-à-vis du Japon : le déficit commercial sur les véhicules automobiles/motocycles et accessoires atteint 2,6 Mds€.

* Les importations françaises de machines industrielles et agricoles se sont contractées de 2% et représentent le 2ème poste à l’import (23% du total).

* Enfin, bien que représentant une part infime des importations, notons que les importations de produits alimentaires japonais) 1% du total importé) ont crû de 8% en 2019, profitant vraisemblablement de la communication autour de l’APE UE/Japon et traduisant l’attrait des consommateurs français pour l’art culinaire nippon (et notamment le saké/nihonshu).

3. Le déficit commercial de la France avec le Japon atteint -2,6 Mds€ en 2019 vs -3,4 Mds€ en 2018

Le déficit commercial de la France avec le Japon a été réduit de près de 1 Md€ sur 2019. Il s’agit du plus faible déficit commercial bilatéral observé en 4 ans. Le déficit français vis-à-vis du Japon reste néanmoins structurel sur les 14 dernières années.  Le solde commercial français est significativement bénéficiaire sur 3 segments seulement : l’agroalimentaire, les pharmaceutiques, et les produits du textile, habillement, chaussures. Selon les douanes françaises, le Japon est le 12ème client de la France (stable par rapport à 2018), son 12ème fournisseur (-1 place) et son 2ème partenaire commercial asiatique après la Chine.

Les statistiques du déficit bilatéral font toutefois l’objet d’un débat, ancien, avec le Japon. Les douanes françaises communiquent sur un déficit bilatéral de 2,6 Mds€ tandis que le Japon communique lui-même sur un déficit de 569 MdsY envers la France (-4,7 Mds€). 2 principaux facteurs expliquent cet écart : 1) la mesure des flux réalisée au moment des départs/arrivées (une exportation française d'un bien sera comptabilité en fonction du prix de vente du bien tandis que l'importation du bien au Japon sera comptabilisée en prix de vente + fret + assurance, et vice versa pour un bien exporté par le Japon 2) l’importance probable du transit des exportations de marchandises japonaises, via notamment les ports de Rotterdam et Anvers, qui masquent une partie des flux bilatéraux.

 

Annexe (voir pièce-jointe pour la totalité des annexes)

Solde commercial France - JaponEvolution Solde commercial global de la FranceEvolution
Structure des exportations françaises vers le JaponStructure  Structure des importations françaises du JaponStructure

Les informations présentées dans ce point d'actualité sont identifiées par le SER de Tokyo. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. L'illustration de l'article est une image du journal Asian Nikkei Review/Reuters.

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