Course

Du 24 juillet au 9 août prochains, Tokyo accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques pour la 2ème fois de son histoire. La première était en 1964, Sapporo et Nagano ayant également accueilli les jeux d’hiver, respectivement en 1972 et 1998. Le Japon en attend de fortes retombées à un moment où la croissance (1% environ d'acquis de croissance) subit de plein fouet l'impact de la situation en Chine et des tensions commerciales mondiales.

 I. Des investissements publics et privés substantiels (d'environ 80 Mds € étalés entre 2014 et 2020, avec un pic en 2017 et 2018).
* L’investissement public et institutionnel cumulé approcherait 30 Mds euros.

La quatrième version du budget officiel prévisionnel (« infrastructures des JO et opérations liées») s’élève à 11,2 Mds € (1,35 trillions JPY, avec un taux d'1€ pour 120 JPY), réparti entre trois acteurs : pour 44,5%, le comité d’organisation (TOCOG dont les revenus sont issus du comité international olympique, des produits de sponsoring et de la vente de billets); pour 44,5% également, la métropole de Tokyo (TMG); pour 11%, le gouvernement japonais. Plus de 52% du budget est alloué à la construction et à l’aménagement d’infrastructures (avec 8 nouveaux sites permanents, dont le grand stade olympique financé exclusivement par l’Etat). Le solde, dédié aux frais de fonctionnement, est détaillé en annexe 1. Le Comité d'audit japonais a publié, en 2019, un rapport critique vis-à-vis du budget officiel, mentionnant un montant de 8 Mds € non comptabilisé dans les dépenses du gouvernement (budgétées à 1,2 Mds €).

Selon d’autres estimations, plus de 17 Mds € supplémentaires auraient financé des projets de rénovation urbaine, en lien plus ou moins étroit avec les JO : déménagement du marché aux poissons de Tsukiji vers Toyosu (et transformation de l’ancien marché en parking de stationnement pour les JO, à hauteur de 4,6 Mds €) qui était certes envisagé de longue date, mais pour lequel l’organisation des Jeux a contribué à accélérer la décision de transfert ; construction par Tokyo Metro Co. d’un quai dans la station du quartier touristique de Shibuya (220 Mi €).

* L’investissement privé est estimé à plus de 50 Mds € en cumulé.

L’investissement cumulé du secteur de l’hôtellerie est estimé à 7 Mds €. Face au risque de pénurie de logements pendant les Jeux, 80 000 chambres ont été ou seront construites d’ici 2021 dans les 9 plus grandes villes du Japon, dont 30 000 à Tokyo. Les investissements ont porté sur : (i) la construction de nouveaux hôtels, (ii) la rénovation d’hôtels existants. Les JO ont aussi encouragé dans la métropole tokyoïte les projets d’infrastructures, notamment de transport (ouverture d’une nouvelle station de la ligne Yamanote à Shinagawa par l’opérateur privé JR East Japan) et les projets immobiliers (construction de nombreuses tours résidentielles et de bureaux).

II. Un surplus de consommation créé par les Jeux Olympiques et Paralympiques (également estimé à 80 Mds €)
* Un effet tiré essentiellement par le tourisme

Sur les 3 dernières années, en rythme annuel, 10 Mi de touristes supplémentaires ont visité le Japon. En 2020, il est attendu 36 Mi de visiteurs étrangers (proche de l'objectif gouvernemental de 40Mi), et jusqu’à 10 millions de visiteurs (y compris japonais) sur la seule période des Jeux, dont 625 000 étrangers. L’impact sur le PIB du tourisme étranger, encouragé par les Jeux est estimé à 74 Mds € en cumul sur 2015-2020, dont 23,5 Mds € sur les seules années 2019-2020. La dépense moyenne par séjour et par touriste pourrait atteindre 1 700 € en 2020, contre 1 200 € ces dernières années.

* Un effet net en revanche plus limité sur les dépenses des ménages japonais

Les dépenses des ménages japonais liées à l’événement correspondent en 2019 à la vente de tickets et accessoires, en 2020 aux dépenses d’électroménagers (TV…) mais aussi à une consommation attendue à la hausse durant l'évènement (effet psychologique général mais aussi regroupement de 4 jours fériés sur fin juillet 2020 pour coller à l’ouverture des JO). L’impact global sur la consommation domestique est estimé à 6 Mds € sur 2019 et 2020. Une augmentation des dépenses inhérentes aux JO pourrait toutefois induire une réduction de la consommation dans d’autres secteurs: ainsi, une enquête publiée par le RIETI en 2017 alerte sur un «effet de substitution». Une majorité des japonais interrogés (57%) ne prévoient pas de changement de leurs dépenses de consommation.

III. … mais un impact global sur le PIB annuel limité à +0,1% de croissance

L’impact global (160 Mds €) peut paraître élevé en valeur brute mais correspond à une période longue de 7 ans, étalée entre 2014 et 2020. Dès lors, l’apport des JO correspondrait seulement à 0,1% de croissance annuelle du PIB sur la période. Les craintes de certains commentateurs concernant un effet récession post-Jeux Olympiques méritent toutefois d'être relativisées : les carnets de commandes sont pleins jusqu’en 2024 pour le secteur de la construction. Le gouvernement a annoncé fin 2019 un plan de relance historique, comprenant un pilier « financement d’investissements publics et privés » de 110 Mds USD (11,7 trillions JPY) pour précisément éviter le contrecoup des JO.

Les informations présentées dans ce point d'actualité sont identifiées par le SER de Tokyo. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. L'illustration de l'article est extraite du site Pixabay.

Vous pouvez aussi vous abonner à la lettre bimensuelle d'actualités économiques Japon Corée et suivre le SER de Tokyo sur Twitter.