Déficit commercial enregistré par le Japon au 1er semestre 2019, avec un déficit sur 8 mois qui dépasse celui observé sur 2018 : simple tassement des importations en raison de la baisse des prix du pétrole (-1,1%) mais recul marqué des exportations (-4,7%), tiré par un contexte international défavorable. Les États-Unis retrouvent leur place de 1er client du Japon, qu'ils avaient perdue l'an dernier pour la 1ère fois au profit de la Chine; celle-ci reste toutefois, de loin, le 1er fournisseur.

Le commerce extérieur, et notamment la capacité export, représente, traditionnellement, un important contributeur à la croissance au Japon: toutefois, alors qu'elles représentaient 18% du PIB sur 2018, les exportations japonaises ont apporté une contribution nulle à la croissance -0,8%- sur l'année passée (après une contribution de l'ordre de 0,6 points de pourcentage sur 2017, sur une croissance du PIB de 1,9%). Cette performance décevante semble se confirmer sur le premier semestre de 2019, avec une croissance pourtant supérieure aux attentes (acquis de croissance proche de 1%) mais tirée avant tout par la consommation.

Des performances commerciales erratiques depuis l’accident de Fukushima mais une confirmation de la dégradation du solde commercial, amorcée en 2018.

Le 1er semestre 2019 témoigne d’une aggravation du déficit commercial nippon (plus de 7 Mds €), sous l’effet principalement d’une baisse marquée des exportations. À fin août, le déficit s’est encore creusé à 10,4 Mds€, soit un niveau déjà supérieur à celui observé sur l'ensemble de 2018.  Le solde commercial avait basculé dans le rouge dès 2018 (-9 Mds €) alors qu'il affichait un excédent depuis 2015, après 5 années de déficit consécutives à l'accident de Fukushima. En 2018, le commerce extérieur japonais avait été pénalisé par la survenance de catastrophes naturelles (inondations, tremblements de terre, et typhons durant l’été et l’automne 2018), qui avaient affecté les hubs logistiques stratégiques pour les exportations (aéroport du Kansai notamment); la hausse du cours du pétrole avait également pénalisé un pays très dépendant des énergies fossiles (75% du mix énergétique).

Une baisse quasi généralisée des exportations (-4,7%) au 1er semestre 2019

Au Japon, les trois secteurs clés à l’export sont les matériels de transport (24% du total), les machines-outils (21%) et les appareils électriques (17%). Les exportations dans ces secteurs ont décliné respectivement de 2,7%, 6,5% et 7,1%. Au sein des appareils électriques / électroniques, les semi-conducteurs (-6,6%), l’appareillage électrique (-10,5%), les téléphones (-20%), les appareils audio-visuels (-14%) accusent une baisse généralisée. En contribution, les équipements pour semi-conducteurs (-0,5pp de contribution), les pièces d’automobiles (-0,4 pp), et les produits sidérurgiques (-0,4 pp) ont le plus impacté à la baisse les exportations.

À l’instar de 2018, plus de la moitié des exportations (53%) se sont dirigées vers l’Asie, notamment la Chine (18%), la Corée du Sud (6%) et Taïwan (6%). On notera une hausse des exportations vers les Etats-Unis (22% du total), à hauteur de +5,2%, permettant aux Etats-Unis de retrouver leur rang de 1er client du Japon, qu'ils avaient perdu l’an passé au détriment de la Chine. Pour mémoire, sur la même période, les négociations entre les Etats-Unis et le Japon se sont poursuivies pour aboutir à la signature du premier volet d'un accord commercial, avec l'espoir pour les américains de réduire l’excédent affiché par le Japon à leur égard (+28 Mds € sur le seul 1er semestre, ce qui continue d'en faire le 1er excédent commercial dans le monde).

Une stabilisation des importations (-1,1%) grâce à la baisse des cours du pétrole

Fondamentalement, la bonne tenue de la demande domestique japonaise (croissance du PIB inattendue de +0,5 et +0,3% sur les 1ers et 2ème trimestre) a été un facteur de soutien aux importations et c'est plutôt  la baisse du prix du pétrole qui explique le léger tassement des importations au 1er semestre 2019. Les combustibles minéraux (22% du total, -2%), les appareils électriques (15%, +1%), et les machines (9,8%, -0,9%) accusent tous une baisse. La baisse du prix du pétrole (-4,1% en moyenne par rapport au 1er semestre 2018) a permis de diminuer la facture énergétique du Japon auprès de ses partenaires du Golfe. À noter que les importations iraniennes ont cessé en juin 2019 (fin des exemptions américaines). Parmi les autres secteurs, ce sont surtout les importations de matériels de transports qui ont augmenté (13,8%, +5%), en relation avec les livraisons d’avions Airbus commandés par JAL et ANA (+49,6%). Comme en 2018, le 1er fournisseur du Japon reste la Chine (23% du total, +0,1%), largement devant les États-Unis (11%, +1,8%). Au 3ème rang, l’Australie (6%, +5,1%) devance de manière inédite la Corée du Sud (4%, -7,4%). Les importations de l’UE (12% du total) ont bénéficié de manière encore marginale de l’Accord de Partenariat UE/Japon, puisque les importations depuis l'UE n'ont augmenté que de 2%.

Un contexte international mouvant, qui explique largement les moindres performances du commerce extérieur nippon
  • Le ralentissement de l’économie chinoise est l’un des principaux facteurs baissiers des exportations. Au 1er semestre 2019, les exportations vers la Chine ont baissé de 8,2%. La baisse des exportations de machines-outils (-6,5%) et autres automatismes industriels illustre le déclin de l’investissement productif en Chine. Au 1er semestre 2019, la Chine représente 23% des exportations. La Chine reste le 1er déficit commercial du Japon dans le monde (-16 Mds€).
  • Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis interfèrent sur les chaînes de valeur mondiales et pénalisent indirectement les entreprises japonaises. Selon une étude récente du Cabinet Office, les 2 000 Mds$ d’exportations chinoises sont constituées de 36 Mds de biens produits au Japon et exportés en Chine, soit 6% des exportations totales annuelles japonaises.
  • Les exportations japonaises sont également pénalisées par le retournement du cycle des semi-conducteurs, enclenché depuis mi-2018. Au 1er semestre, la contribution de ce secteur qui représente plus de 8% du total exporté a été de -0,5%. Cette évolution ne fait que renforcer un facteur plus ancien mais prégnant, la concurrence entre le Japon et ses voisins dans l’électronique : le Japon n’est plus le 1er exportateur de composants électroniques depuis la crise de 2008 et a perdu des parts de marché au profit de Taïwan et de la Corée du Sud.
  • Le cours de change effectif nominal du yen s’est apprécié en moyenne de +3,7% entre les premiers semestres 2018 et 2019 (+2,3% en termes réels). Un yen plus fort se traduit généralement par une baisse de la compétitivité prix et un effet négatif sur les exportations.  Le taux de change effectif du yen reste toutefois en-dessous de sa moyenne depuis 2008.

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