Deuxième séminaire dédié à la finance verte et responsable. Intérêt marqué des investisseurs japonais pour la finance verte et responsable. Le pays mise sur les acteurs privés et les initiatives de place pour rattraper son retard. Relative prudence face aux travaux de l’Union Européenne en matière de taxonomie.

Le Service économique régional a organisé, le jeudi 10 octobre 2019 à l'Ambassade, en partenariat avec Green Finance Network Japan et Amundi, un 2ème séminaire dédié à la finance verte et responsable, qui a rassemblé quelques 110 personnes issues du milieu financier, avec plusieurs intervenants de haut niveau.

 open remarks par Monsieur l'Ambassadeur

Au plan mondial, le développement de la finance verte et responsable est urgent.

Selon l’ONU, 5 000 à 7 000 Mds dollars de capitaux sont nécessaires à la mise en place des Objectifs de Développement Durable (ODD) chaque année jusqu’en 2030, ce qui représentait à leur lancement, fin 2015, une enveloppe avoisinant 90 000 milliards USD. A l’échelle mondiale, les placements financiers à caractère responsable et durable représentent aujourd’hui 28 000 milliards d’USD selon le directeur de l’investissement responsable d’Amundi, dont 14 000 milliards USD en Europe, 12 000 milliards aux Etats-Unis et 2 200 milliards seulement au Japon. Les émissions d’obligations vertes devraient dépasser 250 milliards USD en 2019 selon le Président du Climate Bond Initiative, dont 6,5 milliards USD émises au Japon. Le chemin restant à parcourir reste donc immense et le temps presse. Les acteurs de la finance (banques, gestionnaires d’actifs, assureurs-vie) doivent jouer le rôle de passerelle entre les investisseurs et la société pour répondre au défi de la réalisation des ODD. Selon le représentant de l’International Finance Corporation (Banque Mondiale), les efforts doivent également porter sur l’offre : aussi la Banque Mondiale encourage l’émission d’obligations souveraines à vocation verte et/ou sociale, y compris dans les pays émergents.

 
La France et l'Europe apparaissent comme moteurs de la finance verte.

Le séminaire a été l’occasion de rappeler le leadership de la France : rôle majeur dans la négociation de l’Accord de Paris, rôle pionnier avec la Loi sur la transition énergétique pour la croissance verte en 2015, émission par l’AFT de la 1ère obligation verte souveraine de référence en 2017, initiative de la Banque de France pour la création du « Network for Greening the Financial System », initiative de la place de Paris « Finance for Tomorrow », incitation au financement de la transition écologique grâce à la loi PACTE.

Les travaux liés à la taxonomie européenne ont été détaillés à l’occasion du séminaire (secteurs visés et méthodologies retenues). Les travaux de taxonomie européenne soulèvent plusieurs inquiétudes côté japonais (entreprises et Gouvernement). Conscients que la taxonomie européenne constitue un 1er pas vers une taxonomie mondiale, les Japonais souhaitent anticiper les évolutions futures susceptibles d’impacter leur économie. En effet, le pays est très dépendant des énergies fossiles depuis l’accident de Fukushima et reste le dernier pays du G7 à investir massivement dans des projets charbon. Le Japon se soucie également de la compétitivité de ses entreprises : si une taxe carbone devait être appliquée au plan international, les entreprises japonaises devront faire face à une hausse sévère des coûts de l’électricité, déjà très élevés sur l’archipel en dépit de très faibles taxes gouvernementales.  

 

Les considérations ESG trouvent de plus en plus d'échos au Japon.

Si le Japon est en retard dans la mise en œuvre des ODD (15ème place d’après l’indice SDG Dashboard 2019, 4ème place pour la France), le pays affiche une politique volontariste et médiatique comme en témoigne la présence à notre séminaire du fondateur du Green Finance Network Japan (170 membres depuis la création fin 2018) également président  du Japan Center for International Finance. Le potentiel au Japon est d’autant plus grand que le montant des actifs financiers détenus par les ménages et les entreprises s’élève à 28 000 milliards USD à 06/2019 soit près de 6 fois le PIB. Ainsi, l’assistance a été particulièrement attentive à l’intérêt grandissant en Europe des particuliers pour les placements verts et responsables (répartition : 25% particuliers 75% institutionnels). Si cette tendance devait gagner le Japon (18 000 milliards USD d’épargne détenue par les ménages), les gestionnaires d’actifs et assureurs-vie devront faire évoluer leur offre.

 

Des opportunités de coopération entre la France et le Japon.  

La France peut être un partenaire de premier choix pour le Japon à plusieurs titres :

La France pourrait apporter son expertise et son retour d’expérience en tant qu’émetteur au Gouvernement Japonais. A ce jour, en dépit d’appels nombreux (METI, MoE) le Ministère des Finances reste prudent voire réticent à une émission gouvernementale mais les choses pourraient évoluer sous la pression des acteurs privés. Il convient à ce titre de saluer le mémorandum de coopération signé en juin 2019 entre Tokyo FinCity et Paris Europlace qui inclut une coopération des 2 places financières autour de la finance verte.

La France peut mettre en valeur les produits d’investissement durable français, leur gage de qualité en termes d’impact environnemental et sociétal. Le gestionnaire d’actif Amundi l’a bien compris et mise clairement sur le marché nippon qui a connu une progression de 34% en 2 ans sur le segment des placements responsables.

Enfin, Japonais et Français pourraient développer leur coopération en matière d’innovation financière, à l’instar de la banque Norinchukin qui a créé son 1er incubateur directement inspiré du village, le réseau d’accélérateur portée par les caisses régionales du Crédit Agricole.  

 

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